Traduisant toujours Ketil Bjørnstad, je tombe sur cette phrase: "Hun er mesteren." Littéralement, la phrase signifie: "Elle est le maître." Problème: d'un côté un sujet féminin, de l'autre un attribut masculin. Maître doit s'entendre ici dans le sens de maestro (la femme en question est pédagogue, professeur de piano). Évidemment, on ne peut pas employer le substantif maîtresse, auquel cas les plus scolaires d'entre nous penseront à une institutrice tandis que les plus malins d'entre nous songeront à une espèce de Demonia.
Pourquoi, dans ce sens, le terme maître n'a-t-il pas de féminin? Parce que, en musique, en littérature, bref, dans l'art, la femme ne peut pas être unE maestro? Le mot maestra n'existe pas. Une femme ne peut être qu'une muse, nous souffle en substance la langue française. Ce qu'on savait. Exemples:
Un homme n'est pas muse, il est maître. Booon. Une femme materne, un homme ne paterne pas (il est simplement paternaliste ou une vieille baderne). Re-booon. Un homme parraine un autre homme ou une femme, mais une femme ne marraine pas ces mêmes homme et femme. Re-re-booon.
Il ne reste plus qu'à écouter Louise Bourgeois et, à son instar, inventer des néologismes. Le morceau ci-dessous est un extrait du poème Otte, produit en 1996 (à l'occasion de l'exposition masculin féminin) par Brigitte Conrand et mis en musique par Ramuntcho Matta (oui, l'ancien compagnon d'Elli Medeiros, qui avait composé son album en 1984, remember…).
PS: (17h45) Toujours pas résolu ce f**** problème de maestro/maestra. Je tente Google, c'est toujours une bonne source de vérification pour prendre le pouls des habitudes linguistiques de nos congénères. Je tape donc "une maestro" dans le moteur de recherche et… miracle… J'obtiens 4810 réponses.
Je déchante vite. En fait, tout a trait à une carte de débit baptisée Maestro. Exemple:
je viens de changer d'une maestro pourrave pour une mastercarde
Donc la maestro est, dixit, pourrave, je le note, ça rime avec marave et c'est Louise Bourgeois qui va être contente. Du coup, je limite ma recherche en tapant "une maestro" + musique. J'obtiens cette fois 124 réponses, dont celle-ci, des paroles de chansons. Je cite:
Tu peux l'avoir ce soir, salope
Et toute la nuit, salope, mon beat vient d'une (Maestro)
Putain de trop bonne de salope
C'est de mieux en mieux! Amis de la pouèsie phallocrate, bonjour.
3 commentaires:
Voilà qui ravigotte !
DB
LA MISERE DU MÂLE
Sur le grand échiquier de la séduction les mâles sont devenus des limaces.
Les mollusques quadragénaires ont pris leurs marques dans cette société de célibataires où rien ne dure entre Mars et Vénus. La concurrence pour l'incessante conquête amoureuse les rend pitoyables jusqu'à l'indignité : dans l'espoir de gagner les faveurs incertaines des femmes ces caniches épilés rampent, fléchissent le front, avalent la poussière, tous attributs masculins rentrés.
C'est à celui qui passera pour le plus veule.
Le grand gagnant sera celui qui se montrera le plus mielleux, convenu, effacé, lisse auprès de la femelle convoitée qui lui octroiera la récompense suprême : un collier de toutou pour le promener auprès d'elle dans sa vie de dominé.
Et il prendra sa docilité pour de la galanterie...
L'homme a perdu sa crinière. Les femmes ont bien compris l'avantage qu'elles peuvent tirer de l'émasculation cérébrale des prétendants à l'alcôve, profitant pleinement de leur récent statut de dominantes pour imposer leurs règles du jeu à la gent soumise.
L'ordre séculaire de l'amour a été inversé. Hier le lion désignait sa partenaire, impérial. L'homme était un seigneur, un cerf, un conquérant.
Aujourd'hui les lois de l'hymen sont dictées par la femme.
Dévirilisé, déjà trop abâtardi pour se résoudre à séduire la femme avec les arguments martiaux inspirés par sa nature, le sexe fort a adopté les moeurs aseptisées du féminisme ambiant. Désormais c'est lui qui est choisi par la femme.
C'est le mâle qui se prosterne aux pieds du sexe opposé !
Ayant perdu toute fierté, pudeur, décence, honneur, la génération des castrés "propose sa candidature" à la femme...
Voilà le comble de la misère masculine à mes yeux : courber l'échine pour conquérir l'amante ! Tristes normes de l'époque...
Dans ma conception saine et glorieuse des rapports amoureux, c'est la femme qui baisse les yeux devant son prince.
C'est elle qui pleure, implore, espère.
Chez moi c'est la femme qui, soumise, heureuse de son sort, se réjouit d'avoir été élue par le sceptre du phallocrate et non le gentil basset rasé de la tête aux pieds qui fait le beau devant sa maîtresse !
Les porteurs de bouquets de fleurs sont des minables, des poltrons prostitués à la cause féministe qui, tels des coq déplumés préférant faire profil bas face à la concurrence de plus en plus âpre pour la conquête féminine, n'osent plus affirmer leur virilité triomphante.
Raphaël Zacharie de IZARRA
Bon. Alors on aura, on s'arrogera (j'aurai, je m'arrogerai) le droit de ne pas être d'accord, du tout, mais alors du tout. Après tout, le titre du commentaire était, je cite: "La misère du mâle". Dont acte.
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