Je me souviens que, dans une ancienne vie, aux lendemains du nouveau millénaire, j'avais interviewé Stephin Merritt sur ces/ses chansons d'amour. L'entretien avait fini sur cette question qu'il (se/me/nous) posait:
Une chanson peut-elle pornographique?
Il répondait par la négative. Il expliquait qu'un film, un roman, une photo, une peinture peut être pornographique. Mais pas une chanson. Évidemment, il n'expliquait pas pourquoi, en quoi – il avait même ponctué la conversation là-dessus.Et donc une chanson n'est pas pornographique. Une chanson n'a pas de force tumescente. Du coup, ça me fait penser à cet extrait du Chant d'amour (le film et non le poème), de Jean Genet, sur lequel je suis tombé l'autre jour par hasard, et qui constitue le parfait antidote à la pornographie – et, dans le même registre, il faudrait parler de la capacité détumescente de la scène pornographique déjà visionnée, déjà appréciée: la très contradictoire propriété quasi sédative d'une scène de film porno sur le spectateur qui, s'il la revoit, n'y trouve plus la même excitation, comme si l'excitation survenue avait tué l'excitation à venir.
Toujours est-il qu'il se dégage une force tumescente de cette scène du Chant d'amour où on ne voit rien de sexuel, où tout repose sur le suggéré, sur ce rapport ambigu et ambivalent du montré/caché qui a tant séduit les penseurs de la théorie queer. De toute façon, et le cinéma l'a parfaitement compris (confer Marlon Brando dans Un tramway nommé désir), la cigarette a toujours eu un pouvoir érotique démesuré, à commencer par le fait d'allumer la cigarette de quelqu'un (ou la sienne d'ailleurs, mais il faut que quelqu'un regarde) en craquant une allumette et en portant cette allumette à la bouche de la personne.
Allez, on regarde cette scène tirée du Chant d'amour :
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