Et JB, qui mange une pomme Gravenstein en écoutant la pluie tomber, pense du même coup à la si triste et si belle (= pléonasme?) version par Dennis Brown de Raindrops Keep Falling, sur son tout aussi bel album de 1970 No Man Is An Island. JB trouve ça triste que Dennis Brown n'ait jamais vraiment été reconnu à sa juste valeur. JB trouve ça triste que Dennis Brown soit mort (en 1999) à cause notamment de sa consommation de drogues († RIP). JB trouve ça triste que la chanson de Dennis Brown le rende triste quand déjà c'est triste qu'il pleuve sans discontinuer depuis le début de la journée alors qu'on est en plein été et qu'on devrait aller se baigner à oualpé dans les lacs de Berlin. Pff…
Du même coup, JB repense à la version par ce même Dennis Brown de No Man Is An Island, toujours sur l'album homonyme, quand le chanteur a ce petit geignement, ce rauquement, ce bruit de gorge, que JB a légèrement amplifié pour le faire partager à ses petits amis:
Et JB, qui est là tout seul à manger sa pomme Gravenstein en écoutant la triste pluie tomber et en écoutant aussi la triste chanson de Dennis Brown, cette fois No Man Is An Island, se dit que la vie est décidément bizarre qui (lui) réserve tant de coïncidences.
JB parlait hier soir de hure qui désignait à l'origine une tête de sanglier quand, ce matin, à cause d'une discussion vaine sur une certaine page bleue, JB a eu la sotte idée de parler linguistique à un garçon qui avait choisi comme pseudo… sanglier. JB était allé voir l'étymologie du mot et avait appris à sa grande stupeur que les mots sanglier et singulier sont en effet de la même famille, qui viennent tous deux du latin singularis — idem du dérivé anglais single. Voire, un sanglier, en moyen français, c'est d'abord un “porc vivant seul” avant d'être un cochon sauvage. JB trouvait cette origine puis cette évolution sémantique absolument magnifique; et il était fier comme un petit garçon qui vient d'avoir un 20/20 en dictée de l'annoncer à son partenaire épistolaire. Sauf que. Celui-ci ne s'en émouvait nullement, trouvait ça sans doute hors-sujet, et force était à JB de constater qu'il faut tout de même être nigaud pour aller parler linguistique sur une certaine page bleue. Pff…
Et donc la pluie si triste, et donc le fait d'être un porc seul alors que Dennis Brown répète qu'"aucun homme n'est une île" et qu'"aucun homme ne tient tout seul", et… Et le téléphone sonne. C'est É. É qui propose à JB d'aller boire une bière au Wilde 13, l'un des bars de skinheads de leur quartier commun. JB ne se fait pas prier. Certes, les gouttes de pluie vont continuer de tomber sur lui, lui le porc seul, mais, au même moment, Dennis Brown chante, I've Got To Go. JB aussi.
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