dimanche 3 mai 2009

Lars et l'été

En train de relire la traduction de Beatles, de Lars, à paraître en septembre prochain. Il y a au début du roman ce chapitre qui se passe en été, et je me rends compte à quel point Lars sait (d)écrire l'été, les couleurs, les odeurs, à quel point il sait restituer la fantasmagorie de cette saison que beaucoup se plaisent à associer (et lui aussi, mais pas simplement) à la période de tous les possibles; à quel point aussi il se rendre compte des non-dits, de l'indicible.
Dans la scène ci-dessous, que je trouve magnifiquement écrite, la mère et le fils (Kim) sont dans leur maison d'été, il fait froid, ils s'ennuient, la mère décide de se déguiser avec des vieux vêtements qu'elle descend du grenier:

Maman s’est déshabillée. Je l’ai observée un instant, épouvanté, et me suis aussitôt retourné.
Elle riait derrière moi.
— Mais c’est que tu es gêné, ma parole, Kim ?
La soie crépitait. Je me suis tourné à nouveau et l’ai regardée. Elle a croisé mon regard, la pièce était plongée dans la pénombre et il y avait dans ses yeux une somme immense de tendresse et d’angoisse, la peau de ses bras se hérissait ; elle se tenait devant moi, dénudée, le silence s’est prolongé, elle devait se douter qu’elle était en ce moment même en train de me perdre.


© Lars Saabye Christensen et Cappelen forlag pour l'édition originale
© Jean-Baptiste Coursaud pour la traduction, éditions Jean-Claude Lattès pour l'édition française



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