lundi 30 novembre 2009

Heute Abend…

… bei mir, in der Stalinschule nebenbei.


© icke

Ein Gespräch


(Heute Abend an der Kasse des Warenkaufhauses:)

Der Herr (mit Brille): Was steht auf Ihrem Schal?
Icke (den Schal zeigend): Antifaschistiche Skinheads. No justice, no peace.
Der Herr: Ach, toll! Ich glaubte, das war irgendeine Fussballmannschaft.
Icke: Ja, das glauben alle.
Der Herr: Aber ihr seid gut! Nicht wie die, die ich fast täglich sehe. Wissen Sie, ich wohne in Köpenick. Je-den Tag muss ich an dieser blöden NPD-Geschäftstelle vorbei!
Icke (grinsend): Naja, seit dem Tod deren Anwalt sind vielleicht die Tage der NPD gezählt.
Der Herr (lachend): Hoffen wir!
Die Kassiererin: So, der Herr, 14,65€.
Der Herr (zu mir): Ihnen einen sehr schönen Abend!
Icke: Ihnen auch, mein Herr.

Du reggae à Abdijan

Je traduis toujours ce roman pour ados, Ivoire noir:
Sur la scène : Alpha Blondy. On avait voulu voir assister à son concert à Oslo, dans la salle du Rockefeller, avant de se voir refoulés à l’entrée étant donné qu'on n’avait pas nos papiers d’identité sur nous. Sam me faisait toujours écouter du reggae : Bob Marley, Jimmy Cliff, Ismael Isaac et, donc, Alpha Blondy and The Solar System, dont j’ignorais totalement qu’il était d’ici, moi qui croyais que tous les artistes de reggae sont jamaïcains. À Abidjan, ils l’appellent le rasta de Cocody, l’homme qui est capable de rassembler le pays et faire bouger les foules – mais juste pour une soirée comme celle-ci, car il est équipé du ruban adhésif le plus puissant du monde : la musique. 
© Arne Svingen, CappelenDamm forlag, 2005, pour l'édition originale
© Jean-Baptiste Coursaud, Éditions du Rouergue, 2010, pour la traduction


Récemment, je réécoutais la période ska de Bob Marley, quand il chantait encore avec les Wailers, avant qu'il ne soit mondialement connu par ses morceaux reggae (et notamment à partir de One Love). Ce qui frappe à l'écoute, c'est la qualité de l'orchestration par rapport à toutes les chansons de ska de cette époque. Un libraire de Caen, chez qui j'ai acheté le fameux livre de Roger Steffens et Peter Simon, Reggae Collection, récemment et magnifiquement publié chez Fetjaine, mais horriblement mal traduit, me disait qu'un ami DJ, qui ne met que du ska ou du reggae, ne changeait jamais le pitch des morceaux ska de Bob Marley tant tout est parfait: la rythmique, le son et, donc, l'orchestration. On écoute, de cette époque, There She Goes, qu'on peut notamment retrouver sur cette impeccable compilation:




Jimmy Cliff, ensuite. Lui aussi connu sous nos latitudes pour ses chansons reggae alors que mon morceau préféré, feel good par excellence, n'est autre que Miss Jamaica, de 1962:




Quant aux deux autres sus-nommés, Ismael Isaac et Alpha Blondy, tous les deux ivoiriens, on pourra montrer du second, le morceau ci-dessous, en ce qu'il colle au roman qui fait l'objet de ce post et dénonce notamment cette Françafrique dont notre cheeer Président avait promis de nous débarrasser dans une "allocution" (c'est le terme élyséen) vomie en 2007 par son conseiller Guaino (tiens, une lettre de moins et son nom de famille donne le substantif guano - je le note) et qui avait attiré à juste titre contre elle les foudres de la plupart des Africains et de leur ami(e)s. On lira l'impeccable analyse qu'en a faite Ibrahima Diouf, professeure à l'Université de Dakar. Et donc, Alpha Blondy:

Heute früh

Erstmal der U-Bahn, eine Kolumne von meinem TAZ-Held, Martin Reichert:
Mein Mann war mit der Stasi im Bett. Das ist schon lange her und es war keine Absicht. Es ist nicht so, dass er "sich nicht mehr erinnern" kann. Er wusste es anfangs schlicht nicht. Das Ministerium für Staatssicherheit hatte ihm einen "Gay Romeo" auf den Hals gehetzt, um Licht in das oft nur von Kerzen beschienene Dunkel der Schwulen-, Künstler- und Intellektuellenszene in Prenzlauer Berg zu bringen. Dass es sich bei dem jungen Mann, in den er sich verliebt hatte, um einen Stasimann gehandelt hatte, erfuhr er erst, als dieser seine Dienstanweisung überschritt. Der "Gay Romeo" hatte sich in das auszuhorchende Objekt verliebt.
Und schwupps hatte die Liebe der Staatsmacht ein Schnippchen geschlagen, aus war es mit Konspiration und Überwachung. Fortan erzählten beide jedem, egal ob er es wissen wollte oder nicht, dass die Firma Horch & Guck bei ihnen auf der Matte rumstünde, wie ein Staubsaugervertreter im Westen.
Das ist nun auch schon über zwanzig Jahre her, und ich überwache meinen Mann höchstens, indem ich ab und zu mal eine freundliche Drohmail an seine "Gay Romeo"-Adresse schicke, jener schwulen Web-Community, die man auch das "Schwule Einwohnermeldeamt" nennt. Doch während ehemalige Stasimitarbeiter mit Gedächtnisstörungen - die womöglich der allgemeinen "Informationsüberflutung durch die neuen Medien" geschuldet sind - weiterhin politisch aktiv sind, hat sich das mit der aufwendigen Überwachung und Ausschnüffelung der Bürger im Prinzip erledigt.


Dann im Krankenhaus, ein Gespräch:
Herr Dr C: Ja, richtig, der Hitlerbart ist nun nicht so toll. Jedenfalls nicht in diesem Land, nicht Wahr?
JB: Genau.
Herr Dr C: Also, bis zum 12 Januar, zum Hitlerbartabschneiden, ja? Und Ihnen frohe Weihnachtstage.


Dann in der U-Bahn wieder, ein Bild:
  © icke

Dann zu Hause, eine SMS von J:
"Sur la route de Montreuil, j'écoute Peter Fox et sa Haus am See, je pense à toi et t'embrasse fort."

dimanche 29 novembre 2009

"I can't go on if you won't see me"

La voilà enfin qui surgit sur youtube. La cover version de You won't see me par Ernie Smith, dont je parlais à l'époque.
Voilà une heure et demie qu'il fait noir sur Berlin, je travaille tout en ayant cette conversation avec L - où il est question de la capacité de l'être humain à éprouver le/du bonheur (du est sans doute plus réaliste que le). La vie est belle, en somme.
"And I'll lose my mind if you won't see me."

samedi 28 novembre 2009

Who's next?

(Berlin. In einem Amt.)

Mutti: Tut mir Leid, Franz-Jo, du musst weg. Tschüss. Die Tür ist hinter dir.
(Franz Josef geht mit einer ziemlich betrübter Miene raus.)
Mutti (im Telefon): Conny? Rein mit dem Philipp.
(Der b(r)illige Philipp kommt mit seiner Grinsebacke rein.)
Mutti: Was heisst das? (Zeigt einen Artikel im Bild am Sonntag über die Gesundheitsreform.) "Wir brauchen mehr Wettbewerb im System." Bist du bekloppt, oder wat? Tut mir Leid, Phillip. Die Tür ist hinter dir.
(Der stets b(r)illige Philipp geht mit seiner nun ziemlich betrübter Grinsebacke raus.)
Mutti (im Telefon): Conny? Rein mit der Ilse.
(Die Ilse kommt mit weder Miene noch Brille aber mit ihrer Frisure rein.)
Mutti: Gut so. Und weiter so machen. Das heisst: nichts. Ich bin stolz auf deine Leistung.

vendredi 27 novembre 2009

Auf, auf zum Kampf!

Envoyée par M. aujourd'hui, cette page contenant des chants ouvriers allemands - inépuisables. Tout le monde est là: Brecht, Eisler, Busch - il y a même Ernst Thälmann, assassiné en 1944 à Buchenwald, sur ordre d'Hitler, un jour après son transfert dans le camp de concentration, après quoi sa dépouille a été jetée aux chiens. Et du coup je me souviens.
Je me souviens de mes premières visites à Berlin en 1994 quand je suis allé voir sa statue au pied de laquelle aujourd'hui les ados font du skate - cette statue avec le mauvais poing dressé:



Je me souviens de m'être fait photographier par mon père en juillet 2007 devant la statue de Thälmann à Stralsund, face à la mer.
Je me souviens d'être régulièrement ému aux larmes par Auf, auf zum Kampf!, une chanson de soldats réécrite par Brecht et mise en musique par Eisler - que j'écoute chaque 14 juillet -, en souvenir de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht.
Je me souviens du concert des Commandantes auquel F et moi assistions en décembre 2007, où il me tenait, son bras autour de mon torse, et où j'avais eu avec ce jeune skinhead que je croise régulièrement la discussion suivante: "— Seid ihr ein Paar? — Ja. — Toll! Darf ich ein Bild von euch machen?"
Je me souviens de notre escapade en juin 2008 avec S, B et J sur la tombe de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht au cimetière de Friedrichsfelde et de l'émotion de S et B lorsqu'elles ont posé une fleur sur la tombe de Rosa.
Je me souviens de la lecture pendant l'hiver 2008 de ce roman pour adolescents de la Norvégienne May B. Lund, Rosa L, sans pouvoir m'en détacher, consacré à la vie de Rosa Luxemburg, et dont les critiques ont dit que l'auteure prenait de grandes libertés avec la biographie de Rosa Luxemburg - et j'avais alors pensé que je m'en fichais.

Et comme je ne trouve pas la version par Commandantes de Auf, auf zum Kampf!, on va écouter un autre chant ouvrier, Die Arbeiter von Wien, qui m'émeut tout autant - eh ouais.

dimanche 22 novembre 2009

Für P

Aufwachen — und wieder aufwachen*

Hier gucken.


(Danke, Thorsten.)


* hatte ich lange angegeben auf einer gewissenen blauen Seite.

(Und jetzt, genau jetzt um 9h55 wenn dieser Post erscheint, fliegt mein Flug nach Paris ab. Ich komme wieder.)

samedi 21 novembre 2009

VGE - again (and again, and again, and again…)

On va voir le blog de notre copine Martine et qui s'y trouve? VGE! Encore lui! Dingue! On pourrait presque s'exclamer: "À la Saint-Giscard d'Estaing, découvre de mauvais bouquins."
Alors on fait comme elle qui a copié ce qu'elle a reçu, et on copie ce qu'elle a copié:


Des gredins, un peu poètes, qui en littérature n’en font qu’à leur tête, viennent de me faire parvenir l’information ci-dessous.
Je prends un malin plaisir à vous la faire lire. Attention : c'est du pour rire.
Copié + Collé = olé !


A tous (sauf les bandits & cie) : VAILLANCE !

Le prix « littérature vieillesse »
Le prix international « littérature vieillesse » récompense les ouvrages de littérature molle et peureuse, frileuse et débilitante, ennuyeuse et niaise. Bref, les textes idéaux pour radoter au fond de son lit ou dans son fauteuil en bavotant un peu et en geignant beaucoup.
Il n'y a pas de condition d'âge minimum pour être couronné, tant certains, dès leur premier roman – voire leur première dissertation – semblent déjà avoir trouvé leur véritable public sans oser se l'avouer. Avec ce prix, ils pourront enfin revendiquer haut et fort le lectorat auquel ils s'adressent !
Comme la « littérature jeunesse » peut être lue à tout âge, il n'est pas d'âge pour lire la « littérature vieillesse » tant le ramollissement des viscères cérébrales est la chose la mieux partagée entre les générations.

Les nominés de la présente édition sont :
Jacques CHIRAC pour
Chaque pas doit être un but
Valéry GISCARD D’ESTAING pour
La Princesse et le Président
Guillaume MUSSO pour
Que serais-je sans toi ?
Amélie NOTHOMB pour
Le Voyage d’hiver
Les éditions Luce WILQUIN

Quatre-vingt-seize pour cent de la production contemporaine.

Parmi ces calamiteuses têtes de gondole, le jury désigne expéditivement comme lauréats du prix international « littérature vieillesse » 2009 :

Guillaume MUSSO pour
Que serais-je sans toi ?
Les éditions Luce WILQUIN, pour l’ensemble de leurs publications
et, dans la catégorie « espoirs », Valéry GISCARD D’ESTAING pour
La Princesse et le Président.

Les lots consistant en paires de charentaises bas de gamme seront adressés incontinent aux lauréats.

Fait à la brasserie Cirio à Ubruxelles, le 6 novembre 2009, en la fête de St Cravan, boxeur, et divulgué le 13 novembre, fête de St Ossian, barde postiche.

Le jury : Léger Péril, Président - Théo Poelaert - Docteur Lichic, Secrétaire -  André Stas (excusé) - Pierre Charmoz - Laurent d’Ursel - Théophile de Giraud

Denglisch et/und franglais

Gestern zu Hause hat mir T sein Profil bei Gesichtbuch gezeigt, und die sämtlichen supermodernen Möglichkeiten, die dieses keusches Avatar von Gayporneo anbietet. Irre! Und dann hat er mir diesen Westerwave-Fanclub gezeigt, dedikiert an den aktiv/passiven Schwulen (aktiv/passiv ist ja was die Ankalbern, ups… pardon, die Anklebern der Blauen für die CSD versprechen) der deutschen Bundesregierung. Die Deutschen machen sich lustig auf den Denglisch ihres "Outside mini(mini?)ster" (Westervaves Denglisch). In der TAZ wurde dieser Fanklub übernommen. Kann man hier sehen.

Hier soir à la maison, T m'a montré son profil sur Facebouquin, ainsi que l'ensemble des possibilités supermodernes offertes par ce chaste avatar de Gayporneo. D'enfer! Il m'a également montré ce fan-club intitulé Westerwave, dédié à l'homo-sec-que-su-el actif/passif du gouvernement allemand (actif/passif étant ce que promettent les autocollants distribués par les libéraux aux Gueille Praillede allemandes), j'ai nommé Guido Westerwelle, ministre des Affaires étrangères, numéro deux du cabinet de Frau Merkel. Or les Allemands se moquent furieusement du piètre anglais parlé par leur ministre. Dans ce lien, on peut lire par exemple tout un tas de phrases en Denglisch (= mot formé sur Deutsch et Englisch, donc un mélange d'allemand et d'anglais, l'équivalent de ce que pour notre langue française nous appelons le franglais) prétendument prononcées par Westerwave. Enfin, c'est plus que du Denglisch car il s'agit plutôt d'une espèce de traduction par Babelfish de phrases allemandes. Exemple: Westerwelle devient Westerwave (Welle = wave = vague), Aussenminister devient Outside minister (Aussen = affaires étrangères, mais aussi = dehors), Frau Merkel devient Miss Remindel (le verbe merken signifiant aussi se souvenir = to remind), etc.

Il est certain que l'anglais de Westerwave laisse à désirer.
Und zwar ist Westerwaves Englisch a bisserl arm.



Dennoch sind die Franzenländer, meiner Meinung nach, nicht sooo viel besser - ist ja bekannt. Auf franzenländisch nennt man diese Misschung von Französisch und English: franglais (= français + anglais). Hier zum Beispiel unser ehemalige Präsident, Valéry Giscard d'Estaing. Wir sind in 1974, VGE wurd gerade gewählt. Wie man hört hat er un très bon accent.
Et pourtant, les Français n'ont pas franchement de leçons à donner. Voyons (et écoutons!) notre décidément impayable Valéry Giscard d'Estaing, en 1974, lors de son élection.



Ensuite, il y a immanquablement l'inénarrable phrase de Raffarin lors de la campagne pour le référendum européen, en 2005. La phrase est devenue une raffarinade et la question, en tant que linguiste, que je ne cesse de me poser est de savoir si ce mot, raffarinade, peut supplanter des mots tels que billevesée ou fadaise, qui sont un peu désuets - mais pour cela, à mon sens, il faudrait que Raffarin soit interviewé très régulièrement et que sa parole circule énormément: c'est dans la circulation de cette parole que le mot peut non seulement avoir du sens (tel que l'entendait Ferdinand de Saussure) mais prendre de l'ampleur d'une point de vue lexicographique.
Und jetzt auf deutsch. Dann gibt es der unbeschreiblich tolle Satz von Raffarin während der Kampagne für die Volksabstimmung der europäischen Verfassung, in 2005. Dieser Satz ist übrigens eine sogennante Raffarinade geworden, ein Neologismus bezeichnend für Raffarins aphoristische Trivialitäten, deren Bekannteste lautet: "Notre route est droite, mais la pente est forte" = "Unser Weg ist gerade, aber die Gefälle ist stark."



Et enfin, laste butte note liste, le top: le chef du blingbling.
Und, lässt böt nott liest: Sarkotzi, in personae.

Oh, mique !

Triste nouvelle dans Le Monde, à propos du roman de littératuuure de Valéry Giscard d'Estaing.
Le tirage a été ambitieux : 100 000 exemplaires, dont la moitié mis en place immédiatement. Près d'un mois après, la panne est manifeste: La Princesse et le Président s'est vendu à 18 217 exemplaires, selon Edistat, et à 20 473 exemplaires d'après l'institut GFK.


Et de ça aussi on ne se lasse décidément pas:

vendredi 20 novembre 2009

(ein) Morgen


© icke




Zurück. Wohin? In eine Kinderwelt, die nie existiert hat… nicht in diesen naiven und krassen Farben eines Tuschebildes, unter einer Sonne mit gelben Zungen, die nicht erkaltet. Der Garten Eden, den wir nie besaßen… Aber es gab die Apfelbäume, das ist sicher, und ich hatte einen Bruder… Ich träume jetzt oft von ihm. Der Flugplatz, der Düsenklipper, Wilhelm auf der Gangway, in dem Pelzmantel wie damals bei der Abreise nach Dubna, er winkt, oder bist du es, der jetzt klirrende Stufen hinabkommt? Wir gehen aufeinander zu, das Gesicht, das Gesicht, das ich an jenem Abend in der Kneipe gesehen habe, aber nun unzweifelhaft Wilhelms Gesicht, er ist blaß, und in seinem Mantel, über der Brust, sind Brandflecke. Un dann löst sich alles auf wie in dem alten Traumspiel, gehen und gehen und nicht ankommen, und über den Platz braust ein starker und heißer Wind, und ich habe Angst, wir verspäten uns, die Maschine startet, wir müssen fliegen, wenn wir heute nicht fliegen, werden wir etwas ungeheuer Wichtiges versäumen. Wir: mein Bruder und ich.
Wo bist du,Ben?
Franziska Linkerhand, Brigitte Reimann, Aufbau Verlag, 1974

Herrrrregud…

Nå er de reaksjonære tilbake igjen. Flott! Vi har jo savnet dem so mye. Jeg siterer, utfra den artikkelen i Klassekampen, en viss fru Witoszek, en viss forsker:
- Richard Sennett beskriver tilstanden i «The Fall of the Public Man» (1977). Der advarer han mot en tidsånd der det private har blitt det offentlige, og det offentlige privat. Når Karl Ove Knausgård bretter ut privatlivet sitt over seks bind, er det et eksempel på den samme trenden, sier Witoszek.
Dekadent samfunn

- Nå har altså ekshibisjonismen fått feste i en så introvert kultur som den norske, til og med. Realityprogrammene på TV understreker tendensen: Kameraet følger etter deg inn på badet, det å dele privatlivet sitt med resten av verden blir veien til kjendisstatus, og dermed også suksess, sier Witoszek og peker på en liknende tendens i verdenshistorien:
- Hvis vi ser nærmere på forholdene som har rådet i dekadente samfunn tidligere, er de ofte preget av interesse for det private, det seksuelle og det ekshibisjonistiske. Slik var det både i tida rundt Romerrikets fall, og i tida rundt de to verdenskrigene på 1900-tallet, forteller Witoszek.
- Da James Joyces «Ulysses» kom ut i 1922, åpnet det opp for en hel sjanger av bøker som fokuserer på det trivielle, intime og private. Denne litteraturen åpnet mennesket på kirurgisk vis for verden. Også på dette tidspunktet, mellom de to krigene, var den vestlig kulturen i overgang og krise, og fokuserte mye på seg selv.
- Vår tid trenger en ny generasjon av romantikere, folk som er opptatt av forholdet mellom menneske og natur. Vi trenger en ny Thoreau eller Emerson, en ny Schelling [sic! jeg, JBC, skriver det: sic!] eller Goethe, en som studerer den ytre verden og dens begrensninger, en som fylles av tanker om revolusjon og idealisme. Vår vestlige verden er for tida uten brennende flammer. I stedet ligger den på sofaen og psykoanalyserer seg selv, sier Witoszek.

Det er hva man kunne kalle interiorisert mannsjåvinisme, fru Witoszek. Eller et krav på en form for borgerlig sosialistisk realisme inn i litteratur.

Og før jeg går tilbake til mitt hekletøy (eller skulle jeg heller strikke? hm… ikke godt å vite), vil jeg sitere (på fransk) Dame Virginia (Woolf) som jo må være like dekadent siden hun skrev om… hvordan var det nå? åja: "det trivielle, intime og private" - for ikke å glemme "det seksuelle og det ekshibisjonistiske"skrekk og gru! For Ulysses og Joyce er jo blåbær i forhold til Bølgene og Virginia, og det hun skriver er jo så uuuinteressant, så uuuvakkert:

Dors, dis-je, tandis que la bouilloire chauffe, son souffle sort du bec d'un seul jet, de plus en plus épais. La vie gonfle mes veines. Coule dans mes membres. Quelque chose me pousse, j'en pleurerais, je vais de l'aube au crépuscule, j'ouvre, je ferme, "Plus rien. Je suis gorgée de bonheur naturel." Pourtant il y aura plus, plus d'enfants, de berceaux; plus de paniers dans la cuisine et de jambons suspendus; plus d'oignons luisants; et plus de lits de laitues te de pommes de terre. Je suis emportée comme une feuille dans la tourmente; effleurant l'herbe mouillée, tourbillonnant dans l'air. Je suis gorgée de bonheur naturel: je souhaite parfois que la plénitude se détache de moi, que la maison endormie lève son poids lorsque nous restons à lire, que je passe le fil dans le chas de l'aiguille. La lampe s'embrase sur la vitre sombre. Le feu brûle au cœur du lierre. Dans les feuilles persistantes, je vois une rue éclairée. Dans la caresse du vent sur le chemin, j'entends le bruit de la circulation, des voix brisées, des rires, et Jinny qui s'écrie lorsque la porte s'ouvre, "Viens!"
© Les Vagues, Virginia Woolf, Christian Bourgois éditeur, traduit par Cécile Wajsbrot, 2008

Maria - igjen!

Hurra, hurra, hurra! Og hun er så nyyydelig! Og hun leser så fint! Og jeg elllsker dialekten hennes… Det finnes ikke nok superlativer.




Og siden vi ikke får nok av Maria, siden hun er så klok og intelligent på den beste måten (dvs, uten å være belærende), får vi se på henne en gang til og høre på henne en gang til, der hun snakker om Tonje Glimmerdal, både boken og romanfiguren. For hun sier nemlig noe viktig som er en del av den humanismen og rausheten som jeg skrev om i stad:



Og jeg er sååå glad som får, heldiggris, se henne og tilbringe sammen med henne tre hele dager på den festivalen.

Pour les lecteurs français: Maria Parr a remporté hier le Brageprisen dans la catégorie littérature jeunesse. Le Brageprisen est la plus grande distinction littéraire en Norvège. Et c'est ça une nouvelle mer-veil-leuse!

Gertrud - la pièce

Magnifique soirée au Maxim Gorki Theater avec A pour voir l'adaptation au théâtre par Armin Petras du roman de… 1200 pages d'Einar Schleef, Gertrud, qu'il a publié pour le premier tome en 1980, pour le second en 1984. Schleef était un des grands metteurs en scène de la RDA - jusqu'à ce que sa représentation de Mademoiselle Julie, de Strindberg, déplaise et qu'on (le régime) le prie d'aller travailler à l'Ouest (à Vienne) - il ne reviendra à l'Est qu'après la réunification et meurt prématurément en 2001.

Gertrud, le personnage, c'est sa propre mère, Gertrud Hoffmann, une grande nageuse qui aurait pu devenir une grande sportive si elle n'a pas été amoureuse. De même qu'elle aurait pu émigrer aux "States" si elle avait accepté en 1939 de suivre la famille juive pour laquelle elle travaillait en Suisse, ainsi qu'ils le lui avait demandé. Gertrud, c'est un peu une vie loupée et beaucoup une vie allemande du XXe siècle - une vie biaisée par les contingences. Gertrud, c'est une femme aigrie et sèche qui monologue pendant 1200 pages, qui ergote et rumine (ici, p. 468-469, livre II, © Suhrkamp Verlag), elle "mystifilosophe", comme disait Sara Stridsberg dans La Faculté des rêves:
Sicher, es ist besser geworden, das Alleinsein ertrage ich, wenn niemand klingelt, ich nicht wohin muß. Etwas besorgen. Nur ein Wort. Jemand geht an mir vorbei, besieht sich eine Geschäftsauslage, schon bricht meine Ruhe zusammen, es gibt sie dann nicht mehr, nur wenn ich allein bin, die anderen anfassen, noch schmerzt meine Haut, sie spürt den zu erwartenden Druck und dann doch nicht. Rückzug ist besser, da knurrt nur mein Bauch, ich passe jetzt auf, weniger essen. Aber sowie einer kommt, sich anmeldet, muß ich mit essen. Es gelingt nicht, ich lege so alles an, mir keinen Teller, nur das Gästebesteck, schon schaufle ich, ich sehe mich schaufeln. Jemand anderes ißt, der ich bin, nur ich sehe mir zu. Das kennt jeder. Damit sich trösten. Nur wenn ich allein bin, beherrsche ich mich, brauch den anderen nicht aus mir lassen, nahm Jahr für Jahr zu, bis ich mich nicht mehr wehrte. Ich roch es an mir, die anderen, den ich um so mehr haßte. Unter den Achseln, in jeder Ritze, wenn ich allein bin, stört es mich nicht. Den Leuten geh ich aus dem Weg, ich kenne alle, aber je länger, je weniger weiß ich von ihnen, sie sind mir gänzlich unbekannt, ich kann das behaupten, sicher, sie kommen näher, zuerst glaubt man das, läßt sich täuschen,das Gegenteil davon ist wahr, man lernt sich verstehen, um so ferner der Rest. Braucht es da noch Menschen zu geben. Wozu. Um angestoßen zu werden. Beleidigt. Geknufft. Übervorteilt. Gebe schon Ruh, alles hat Ordnung, ich akzeptiere sie, damit weniger auffällt, was ich unterlasse, ich sitze hier und die ganze Welt geht weiter. Kein Zusammenhang.
En en parlant avec A, après la représentation, il m'a raconté que Schleef avait eu l'idée de la forme et de l'écriture de Gertrud en voyant, à Berlin Ouest, avant la Chute du Mur, ces femmes qui parlent toutes seules. Et du coup, forcément, j'ai repensé à Sara (je ne la citais pas par hasard un peu plus haut), à son personnage de Valerie Solanas tel qu'elle l'a imaginée dans son roman. Sara ne dit pas autre chose, dans sa postface à l'édition française (© Stock, 2009):








J'aime à m'imaginer que Gertrud est une espèce de Valerie Solanas transposée en RDA, en plus vieille, en moins misandre mais tout aussi misanthrope. Elle a le même ressassement, les mêmes marottes, les mêmes vieilles haines pas du tout rangées, le même venin. Elle a cette façon identique de se souvenir de son passé, cette même vision très égotique de soi et du monde, ce même dégoût du monde car ce monde ne lui a pas fait de cadeaux.

Les similitudes ne s'arrêtent pas là. Armin Petras, le metteur en scène de la pièce, n'a pris qu'un petit extrait du livre et a ordonné de façon chronologique la vie de Gertrud là où le roman projette le lecteur d'une période à l'autre, tout comme Sara a opté pour des retours en arrière qui passe d'une époque à une autre. De même, il a choisi de présenter 4 Gertrud différentes qui correspondent à autant de périodes de la vie du personnage, et cette improbable vision kaléidoscopique rappelle encore le projet de Sara qui envisage des dialogues entre la narratrice et Valerie, voire, entre des personnages absents (sa mère Dorothy) ou morts (Cosmogirl).
Sur les 4 actrices, les trois plus âgées sont époustouflantes — la plus jeune étant plus monotone dans son jeu comme dans son personnage. On regarde les seules images que j'aie pu trouver:

jeudi 19 novembre 2009

Maria vant!

Og så vant Maria Parr Brageprisen i kategorien barn- og ungdomslitteraturen. Og DETTE er velfortjent.
Dette hadde jeg skrevet til henne, like etter at jeg hadde lest romanen:





















Gratulerer, kjære Maria!

Der (richtige) Himmel über Berlin

SMS: JB an Aron, 16:20:53:
Guck dir den Himmel an, Richtung Ost: sieh dir die tollen Farben an.

© icke

SMS: Aron an JB, 16:48:36:
Und bei mir auf dem Dach spielen die Krähen Alfred Hitchock dazu.

mercredi 18 novembre 2009

Hä?

Rien compris au film… C'est un nouveau schmilblick littéraire? Ou un nouvel avatar de la branchitude?


PS: Ôskour, quand même… Je cite: "Quoi de plus attirant que ces talents de maïeutique pour tous ceux qui portent un livre en eux ?" Je cite ensuite: "Le coach n'est ni un éditeur, ni un agent littéraire, ni ce qui s'appelle dans le jargon éditorial un "scout", c'est-à-dire une tête chercheuse de talents." Jusque-là, d'accord - on n'a toujours rien compris, mais bon (on passe aussi sur la définition erronée du mot scout, encore une belle billevesée, bref). Or quelques lignes plus bas, on lit: "En fonction du manuscrit, de sa qualité, de son potentiel, le coach peut proposer plusieurs types de services, allant d'un simple aiguillage (une rencontre, un conseil gratuit) jusqu'à une réécriture du texte, qui sera ensuite (ou non) suivie d'une proposition à un éditeur." En voilà une chouette schmilblickerie!

mardi 17 novembre 2009

AAAAAAAAAH!!!

Je viens de découvrir par hasard une chanson de MA chanteuse préférée du ska jamaïcain des années 60: Patsy Todd. Miss Patsy Todd. The Queen Patsy Todd! Avec Stranger Cole, en plus (forever and ever and ever and ever vénération). Dans un morceau de rocksteady aussi triste qu'un énième soir tout seul à se demander pourquoi la place à côté de soi dans le lit est encore une fois atrocement vide. Et qu'elle est belle, notre Patsy, qu'elle chante divinement… Herrrrrrrrrrregud!

lundi 16 novembre 2009

Question de grammaire (a priori) - bon, d'accord…

Je traduis:
Et des choses, il s'en est passé à la fin.
Accord ou pas d'accord du participe passé? Passé É ou ÉES???
Selon mon Jouette (la Bible du correcteur), notre cheeer grammairien Bescherelle a dit: "Les participes sont le sujet des méditations des vrais grammairiens." Amen.

Pour savoir s'il y a accord ou pas, il faut se poser la bonne question. La question revient (a priori) à chercher ici ce qui régit l'accord.
La règle principale en français pour l'accord des participes passés est (a priori) simple:
Conjugué avec l'auxiliaire avoir, le participe passé s'accorde: ils ont glissÉ sur une peau de banane.
Conjugué avec l'auxiliaire être, le participe passé ne s'accorde pas: ils sont tombÉS sur une peau de banane.
Bon, facile.

Plus compliqué est l'accord, quel que soit l'auxiliaire, lorsque le complément d'objet direct est placé avant le verbe (et quelle que soit la nature de ce complément d'objet: un pronom personnel: le, la, les, me, te, se; un pronom relatif: que; un adjectif relatif: laquelle, lesquels, lesquelles).
La règle qu'on apprend à l'école consiste à s'interroger sur la nature et la place du complètement d'objet direct pour savoir s'il y a accord. C'est l'automatisme qu'apprennent tou(te)s les petit(e) Françai(es).
J'ai mangÉ des sauterelles -> Je les ai mangÉES (j'ai mangé quoi ? des sauterelles.), Les sauterelles que j'ai mangÉES.
La règle veut donc qu'il y a accord lorsque le COD est antéposé, est placé avant le verbe. Si le COD est placé après, PAS d'accord. Autrement dit, c'est le COD qui va déterminer l'accord en genre et en nombre du participe passé avec le sujet.
Le moyen mnémotechnique qu'on apprend également à tou(te)s les petit(e) Françai(es) pour savoir comment les conjuguer les verbes des 1er et 2e groupe, dont les E et ES du participe passé sont muets, consiste à leur substituer un verbe du troisième groupe. On entend aussitôt à l'oreille si quelque chose cloche ou ne cloche pas:
Les sauterelles, je les ai prisES. -> accord "à l'oreille", donc accord du participe passé.
Le problème, c'est que ce moyen ne fonctionne que pour les locuteurs de langue française (je veux dire: je ne suis pas certain que les locuteurs allophones du français entendent qu'il faut l'accord).

En conclusion, on peut dire qu'il suffit de chercher le COD: s'il est placé avant, accord systématique. Facile.
Or donc, pour la phrase qui nous intéresse, on peut donc conclure (a priori) qu'il y a accord:
Il s'est passé quoi? Des choses.

Seulement voilà, première complexité, il s'agit (a priori) d'un verbe pronominal: se passer. Nous savons qu'en français les verbes pronominaux se conjuguent systématiquement avec le verbe ÊTRE et que, donc (a priori) , il y a accord. Mais a priori seulement.
Pour les verbes pronominaux, la règle est identique (a priori) à celle énoncée supra. Exemples:
• Ces imbéciles se sont vautrÉS. (ils ont vautré quoi? eux-mêmes -> se est un COD, COD placé avant: accord)
• Ces imbéciles se sont vautrÉ la gueule. (ils ont vautré quoi? la/leur gueule -> COD placé après: pas d'accord. Et doublement pas d'accord puisque, si on décompose la phrase, on obtient: ils ont vautré la gueule (COD) À EUX-MÊMES (se est alors un COI, un complément d'objet indirect))
Là encore, fastoche: cherchons le COD et nous connaîtrons s'il y a ou pas accord.
Mais attention:
Nadine s'est imaginÉ avoir des bubons purulents (elle a imaginé quoi? avoir des bubons)
Raoul et Georges se sont sentI attirés par Léon (ils ne se sont pas sentis eux-mêmes)

Un autre moyen de savoir s'il y a accord ou pas accord du verbe pronominal, mais nettement plus difficile car il faut connaître les termes, consiste à s'interroger sur la nature de ce verbe pronominal.
Car le français, qui n'est jamais à court de complexités, connaît plusieurs types de verbes pronominaux.
a) le verbe pronominal réfléchi : elle s'est lavÉE (réfléchi car elle se lave elle-même) -> accord
b) le verbe pronominal réciproque: ils se sont entre-haÏS (on peut considérer le pronom personnel se comme un COD: ils ont haï qui? l'un l'autre) -> accord (sauf: s'entre-nuire puisque, notamment on nuit À quelqu'un)
c) le verbe pronominal non-réciproque: ils se sont poilÉS (le pronom n'est pas analysable, ne renvoie pas au sujet mais il y a une notion subjective) -> accord
d) les verbes pronominaux passifs: ces godemichets se sont bien vendUS (passif car les godes ont été vendus par quelqu'un) -> accord
etc etc… la liste est longue.
Mais attention aux locutions verbales pronominales comportant un infinitif:
(Nadine s'est laissÉE mourir : Nadine a laissé ELLE-MÊME mourir -> accord
Nadine s'est laissÉ séduire : Nadine a laissé GINETTE LA séduire -> pas d'accord
Et même pour le premier exemple, on peut voir une nuance: si Nadine prend part activement au processus: accord; si Nadine n'y prend pas part activement: pas d'accord.
Attention aussi:
Nadine et Ginette s'étaient persuadÉES qu'on les blousait: elles ont persuadé elles-mêmes DE quelque chose
Nadine et Ginette s'étaient persuadÉ qu'on les blousait: elles ont persuadé quelque chose À elles-mêmes)

Bon bon bon.
Revenons à nos moutons: Et des choses, il s'en est passé à la fin. Accord ou pas accord, alors?
La phrase est hypervicieuse car elle contient ce que l'on peut prendre pour (a priori) deux compléments d'objet direct: des choses et en. En sont-ce?
On l'a vu plus haut, des choses est effectivement, a priori, un COD: il s'est passé quoi? des choses.
Pour ce qui est de en, c'est également le cas.
Or les règles d'accord de en sont elles aussi vicieuses. On dit:
Des sauterelles, j'en ai mangÉ : même si la nature du en est celle du pronom personnel, même si la fonction du en est celle du COD, la grammaire considère que ce en est neutre, et donc invariable.
Néanmoins, s'il y a présence d'un adverbe de quantité ou de degré, il y a accord:
Des sauterelles, combien j'en ai mangÉES!
Nonobstant, Le Grévisse nous indique que les écrivains font fi de cette règle et accordent le participe passé.
Exemple, chez Stendhal: "Ses ordres, s'il en a donnÉS, ne me sont pas parvenus."
Exemple chez Julien Green: "Une immense muraille telle que les hommes n'en ont jamais construitE."
Donc: a priori accord et a priori pas d'accord et a priori accord. Ça nous fait une belle jambe!

Quid du en dans un verbe pronominal?
Le Grévisse nous dit que la règle est identique, pas d'accord:
Des directives, ils s'en sont donnÉ.
Ils s'en sont donnÉ à cœur joie.

Alors, qu'est-ce qu'on fait pour Et des choses, il s'en est passé à la fin. Accord ou pas accord?
Il n'y a effectivement PAS d'accord.
Mais pourquoi n'y a-t-il pas d'accord?
Cela n'est pas dû à la présence du en.
Je n'ai pas insisté sur la nature des mots pour rien.
L'absence d'accord est en effet due à la nature du verbe pronominal. Puisque le verbe pronominal se passer est un verbe accidentellement pronominal, c'est avant tout un verbe impersonnel. Et plus précisément, c'est un verbe construit impersonnellement (comme certains usages des verbes avoir ou faire ou être), qui se distinguent dans leur nature des verbes essentiellement impersonnels (comme les verbes pleuvoirfalloirneiger, etc.). Dans tous les cas, le sujet ne se réfère pas ni une personne ni à une chose, il n'y a donc pas d'accord. On dira donc:
Les merdouilles qu'il y a eU (mais, on est d'accord sur l'accord: les merdouilles qu'il a euES -> c'est Raoul qui a eu les merdouilles).
Les cordes qu'il est tombÉ.
Les chaleurs qu'il a faiT.
Or donc:
Et des choses, il s'en est passé à la fin.

Minute, papillon!
Revenons à la question liminaire: il s'est passé quoi? des choses. Des choses est bien un COD. Il devrait donc y avoir accord.
Et que nous dit Grévisse sur cette question? Je mets sa réponse en italiques et en gras et en fond coloré parce que c'est quand même un peu le pompon:
"On peut discuter de la fonction des éléments qui accompagnent les verbes impersonnels, mais, pour l'accord au moins, on ne traite pas ces éléments comme des objets directs."


Ah bon? Et pourquoi? C'est quoi cette dictature de l'accord sinon en toute impunité, en tout cas en tout illogisme?
Alors on pourrait être belles et rebelles et imiter les écrivains dans le cas de l'accord du participe passé avec le pronom personnel en et décider que, dorénavant, on fera l'accord: Les chaleurs qu'il a faitES; des choses, il s'en est passÉES. Mais pourquoi ne le fait-on pas?
a) parce que le principe de toute langue est celui de la simplification?
b) parce que l'accord choque à l'oreille, notamment avec le verbe faire (confer le moyen mnémotechnique que j'indiquais tout à l'heure)?
c) parce que la langue française est régie par le principe d'exception à la règle?
Partant, on peut se demander ce que ce principe d'exception à la règle dans notre langue reflète de notre esprit. Est-ce que l'esprit français, la pensée française, la psyché française se caractérise par un principe d'autorisation des exceptions? À en juger par le républicanisme français, non. À en juger par la tradition de tolérance des régimes d'exception qu'ils soient positifs ou négatifs (avec Sarkozy, on est en plein dedans), oui.
Je laisse aux psycho-linguistes le soin de répondre à cette question.

PS: Comme quoi, et contrairement aux imbecillités racontées ces derniers temps par François de Closets (selon lequel il faudrait un correcteur orthographique pour les élèves et, la grammaire, on s'en branle - grosso modo): si on n'apprend pas la grammaire, on ne peut pas écrire correctement le français; si on ne comprend pas ce qu'est un verbe, un sujet, un pronom, on ne comprendra pas comment fonctionne la langue, comment s'accorde les verbes et participes passés. Partant, si on ne connaît pas la grammaire de sa propre langue, on ne pourra pas assimiler la grammaire des langues étrangères et on ne pourra pas les maîtriser correctement.
Et, in fine, si j'avais su que se passer est un verbe impersonnel, si j'avais su que les verbes impersonnels sont invariables même avec un COD antéposé, je n'aurais pas passé 3 heures à chercher dans tous mes dictionnaires et mes ouvrages de grammaire. CQFD.

dimanche 15 novembre 2009

Post Caen

Dans la chambre d'hôtel. Tout seul. Écoutant Davis Isaacs chanter Till I can't take it anymore:



À un moment, il chante ça: "Let them speak for themselves / Speak for me and no one else / 'Cause I'm a beggar knocking on your door", et face à moi je vois ça:

© icke

Et je me rends compte que je suis là pour faire parler des gens…

jeudi 12 novembre 2009

Kristof Magnusson

Morgen fliegt es los nach… hm, ja, eine Art von Schlaraffenland, also Franzenland oder Sarkoreich, und zwar zu diesem Festival. Und wen treffe ich dort? Ju, Kristof Magnusson. Lustig: er lebt in Berlin, ick ooch, und wir müssen am Ende einer Welt um einander treffen zu dürfen. Sowas passiert. Das Lustige ist dennoch: ich bin eigentlich der, der seinen Roman zu diesem franzenländischen Verlag vorgeschlagen habe - als ich noch nicht in Berlin wohnte. Naja, sowas passiert auch.
Samstag werden wir unterhalten, ich werde ihn Fragen stellen (also interviewen in modernem Deutsch). Und das Lustige #2 ist: ich werde auf Fransösischö reden und er auf… Isländisch. Toll! Ich möchte u.a. so gerne wissen, was er genau meint mit diesem Satz:
Skandinavien hat schon immer zum Träumen angeregt. (…) Die Idee des Nordens, die sich hinter den Träumen so verschiedener Menschen verbirgt, hat etwas mit Reduktion zu tun.
Mit Reduktion? Kristof, ich bin gespannt.

Die obensetehende Zitat kommt aus einer Anthologie, die er zusammengestellt hat. Die Idee, ganz interessant übrigens, geht nämlich darum, Deutsche SchriftstellerInnen zu fragen, eine Nowelle über ihre Idee des Nordens zu schreiben. Und treffen wir, bitte schön: Antje Rávic Strubel (meine eigene Sterne), Sasa Stanisic, Jakob Hein, Katja Lange-Müller, Ingo Schulze, Sibylle Berg. Zu empfehlen!

Don't think it ain't been fun 'cause it ain't

En fait, tout avait commencé en juin avec cette cover version de Carry That Weight des Beatles par Dobby Dobbson. En l'entendant dire "Boy, you're gonna carry that weight", j'avais tout de suite compris que j'étais non seulement concerné (cette espèce d'intuition que mon cartésianisme pourtant récuse), j'avais compris que je n'étais pas au bout de mes peines. Ça allait s'avérer. Et à quel point.

Depuis plusieurs jours, j'ai cet Ohrwurm, comme on dit en allemand (littéralement: ce ver d'oreille), ce morceau de musique dans ma tête qui ne me quitte pas. Il s'appelle It ain't, et c'est aussi une cover version (d'un chanteur de country, George Jones - l'original est horrible) par Lloyd & Randolph, du revive, puisque je n'écoute plus que ça en ce moment. C'est une chanson de rupture avec ses deux phrases doublement formidables à dire quand on quitte quelqu'un (primo parce qu'elles sont magnifiques, secundo parce que ça signifie qu'on ne souffre plus): "So don't think it ain't / been fun / 'cause it ain't / Oh don't think I don't / love you / 'cause I don't"

"So don't think it ain't / been fun / 'cause it ain't." Alors voilà, c'est fini. Je peux passer à autre chose (pas tout à fait, mais bon.) Et merci Dr F, merci L.
J'ai cherché les vidéos sur youtube. Aucune ne s'y trouve. Ça m'amuse.

mardi 10 novembre 2009

Pour Nico



"As far as I can see / at the wicked, they must survive / 
they wouldn't mind if you don't stay alive / 
As long as they must survive"

Et ça, mon cher Nico, ça vaut pour tout.

Alors comme dirait ma copine Martine: 
A tous (sauf les bandits & cie) : vaillance !

Vive Marie!

Éric Raoult, député-maire du Raincy (on peut lire ses flatteurs et brillants faits d'armes ici), vient d'adresser un courrier au miniiistre de la Cultuuure pour s'indigner des propos de Marie NDiyae, récemment couronnée du Prix Goncourt (à notre immense joie). On lit ça ce matin au réveil et on est bien mécontents de lire un énième joute rancie en provenance de la (f)Rance, de même qu'on est bien contents des paroles de l'écrivaine tenues dans le cadre d'un entretien aux Inrockuptibles (et ce, sans parler de la citation de Marguerite Duras - immmmense!). C'est le Nouvel Obs qui raconte, on reproduit les propos ici.

Le courrier:

« Monsieur Éric Raoult attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur le devoir de réserve, dû aux lauréats du Prix Goncourt. En effet, ce prix qui est le prix littéraire français le plus prestigieux est regardé en France, mais aussi dans le monde, par de nombreux auteurs et amateurs de la littérature française. A ce titre, le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l'image de notre pays. Les prises de position de Marie Ndiaye, Prix Goncourt 2009, qui explique dans une interview parue dans la presse, qu'elle trouve "cette France [de Sarkozy] monstrueuse", et d'ajouter "Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux", sont inacceptables.
Ces propos d'une rare violence, sont peu respectueux voire insultants, à l'égard de ministres de la République et plus encore du Chef de l'État. Il me semble que le droit d'expression, ne peut pas devenir un droit à l'insulte ou au règlement de compte personnel. Une personnalité qui défend les couleurs littéraires de la France se  doit de faire preuve d'un certain respect à l'égard de nos institutions, plus de respecter le rôle et le symbole qu'elle représente. C'est pourquoi, il me paraît utile de rappeler à ces lauréats le nécessaire devoir de réserve, qui va dans le sens d'une plus grande exemplarité et responsabilité. Il lui demande donc de lui indiquer sa position sur ce dossier, et ce qu'il compte entreprendre en la matière ?»
Les propos:

 « Je trouve cette France-là monstrueuse. Le fait que nous (avec son compagnon, l'écrivain Jean-Yves Cendrey, et leurs trois enfants - ndlr) ayons choisi de vivre à Berlin depuis deux ans est loin d'être étranger à ça. Nous sommes partis juste après les élections, en grande partie à cause de Sarkozy, même si j'ai bien conscience que dire ça peut paraître snob. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité... Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux.
Je me souviens d'une phrase de Marguerite Duras, qui est au fond un peu bête, mais que j'aime même si je ne la reprendrais pas à mon compte, elle avait dit : "La droite, c'est la mort". Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d'abêtissement de la réflexion, un refus d'une différence possible. Et même si Angela Merkel est une femme de droite, elle n'a rien à voir avec la droite de Sarkozy : elle a une morale que la droite française n'a plus. »
Il est certain que lorsqu'on (ÉR) approuve l'expulsion d'une journaliste, on a évidemment des leçons de moralité politique et de droiture intellectuelle à donner.

lundi 9 novembre 2009

20 ans, la fête de… Coming Out

Vous êtes Français(es) et vous n'avez pas pu échapper aux vingt ans de la chute du Mur. Les médias français ont à coup sûr présenté un vision très occidentalisante de l'ouverture du "mur de protection antifasciste", comme le qualifiaient les dirigeants de la RDA. (Et pendant que j'écris ces phrases j'entends le feu d'artifice qui résonne à la Porte de Brandebourg… Non, je n'y suis pas: il pleut.) Ils auront donné l'image de la RDA selon l'angle qui leur plaît, c'est-à-dire en pointant uniquement l'absence de liberté, la privation, la surveillance - qu'on ne peut certes éluder, mais qu'on ne peut non plus mettre en avant comme unique réalité dépeignant la RDA. Confer ce que j'écrivais hier. Confer les témoignages dans la TAZ du week-end. Confer ce que mes amis qui ont grandi à l'Est me disent toujours: ce qu'ils regrettent de la défunte RDA, c'est l'entraide, la vie communautaire, le partage; ce qu'ils déplorent, c'est la commercialisation à outrance, le capitalisme sauvage, la réification.
Bon.
Ce dont les médias français (même pas homosexuels) n'auront pas parlé, c'est donc des petites histoires - ce sont elles, aussi, qui font l'Histoire et, en l'espèce, ce surtout elles qui l'ont faite! (Pourquoi les contestataires les plus virulents refusaient-ils de quitter la RDA alors que le régime voulait les extrader? Pourquoi les soldats ont-ils refusé de tirer sur la foule à Leipzig, le 9 octobre 1989, lors de la désormais traditionnelle manifestation du lundi? Pourquoi les concerts punks avaient-ils lieu dans les églises?)
La petite histoire c'est que le 9 novembre 1989, au Kino International sur la Karl Marx Allee, à dix pas de chez moi, a lieu la première du film de Heiner Carow, Coming Out. C'est le premier (et le seul - et pour cause) film de la RDA à faire de l'homosexualité son sujet principal. Le sujet du film est de montrer un jeune professeur berlinois qui n'ose ni dire ni vivre son homosexualité. Le propos du film est de rappeler aux spectateurs, qu'ils soient homosexuels ou hétérophiles, que le plus principal est d'être honnête envers soi-même et d'oser vivre sa vie - ce qui n'est pas rien dans cette RDA agonisante qui a décréminalisé l'homosexualité depuis 1968.
Comme le dit Martin Reichert aujourd'hui, mon journaliste chouchou de la TAZ:
[Ce soir-là, le 9 novembre] L'Allemagne de l'Est dans son ensemble a fait son coming out; un processus libérateur, en partie douloureux, qui va en fait poursuivre les protagonistes toute leur vie: qui suis-je vraiment? que voudrais-je vraiment - et suis-je prêt(e) à l'assumer? La liberté peut être franchement duraille.
Outre que son papier est passionnant (justement parce qu'il dépasse la simple thématique gay), Martin Reichert interviewe l'acteur principal, que le film rendra célèbre. Il s'appelle Matthias Freihof et les Français(es) les plus accros au poste le connaissent sans doute parce qu'il jouait l'assistant de… Siska, oui, la série policière un poil ringue que France 3 a diffusé en son temps. Et qu'est-ce qu'il dit Matthias (encore un chouchou) du Berlin homosexuel d'alors? Qu'est-ce qui lui plaisait? "Cette atmosphère familiale [des bars gays tel que le film les présente]. On était dans le bar, tranquilles, on papotait. Bien sûr qu'on y venait pour le sexe, mais pas seulement." Tout ça n'a pas disparu néanmoins, les lieux existent encore, à l'Est. (Matthias, je t'y emmène, allez, viens.) Blague à part, ce qui est intéressant dans son allégation (pour le coup), c'est ce regret de l'intimité communautaire, ce à quoi je faisais allusion plus haut.

Allez, on regarde un extrait - en allemand, sans sous-titres.

dimanche 8 novembre 2009

Jacno est mort († RIP)

J'ai dix ans. Avec mes parents et mon frère, nous allons dîner chez des amis. Ils habitent une grande maison neuve, cossue, tout entourée d'arbres et de haies. Ils ont deux chiens qui me font toujours peur, un berger allemand et un danois, qui foncent à la grille et aboient férocement dès que nous garons la voiture devant. La maison est accessible par une vaste terrasse dont ils ne profitent jamais: ils semblent toujours confinés à l'intérieur. Ils ont deux enfants, nettement plus âgés que moi - je me suis toujours ennuyé les enfants de mon âge. C'est la fille plus âgée, elle me fascine, elle représente la liberté que je crois ne pas avoir. Dans ma mémoire (et si je me trompais?), sa chambre ressemble à un espace sombre aux volets toujours fermés où un disque tourne en boucle. Les paroles racontent l'histoire de deux amoureux qui se foutent de ce que les autres peuvent penser d'eux, qui sont différents. La chanteuse dit: "Ils nous regardent et ils se moquent." Je suis jaloux: je veux être l'un de ses amoureux, être différent, et je sais déjà très bien à quoi j'associe ce mot, différent. Déjà, la conscience que la différence entraîne la moquerie. Est-ce que, déjà, je sais que le regard que l'on porte sur soi, la conscience que l'on a de soi, sont à cet âge modelés par le regard que les autres portent sur soi? C'est aussi dans cette maison que je verrais de façon fugitive cinq minutes (10? 2? 25?) du téléfilm Holocauste - une impression rétinienne qui sera décisive de la conscience que j'aurai de moi.
Le disque, c'était Main dans la main, d'Elli et Jacno. Jacno est mort avant-hier.



À l'époque, je ne sais pas encore qu'Elli et Jacno ont d'abord fondé ce que l'on considère comme le premier groupe de punk français, les Stinky Toys. Et aujourd'hui, quand je réécoute ce morceau, je pense invariablement à ce que mes mémoires en ont gardé: l'ennui, la grisaille, le cuir du siège de la mobylette, les cités à peine terminées et entourées de champs de boue que je vois à la télévision (un mot désuet aujourd'hui, cité, que son visiblement plus moderne banlieue a remplacé). Plastic Faces, chantaient-ils:

Comment lutter?

Les nuits sont claires et le brouillard est dense depuis une semaine. Les feux de croisement clignotent et dans deux jours les célébrations des vingt ans de la chute du mur auront lieu. La TAZ s'interroge, dans un contre-courant bienvenu: qu'est-ce que l'Est a apporté à l'Ouest? Le Rattenbar a fêté l'anniversaire à son manière. Tirant à boulets rouges sur la commercialisation et la réification.


© icke

Du coup, Les Choses, de Georges Perec (publié en 1965, dans cette langue français des années 1960 qui, curieusement, n'est pas sans rappeler François Truffaut ou Chris Marker):
D'autres fois, ils n'en pouvaient plus. Ils voulaient se battre et vaincre. Ils voulaient lutter, conquérir leur bonheur. Mais comment lutter? Contre qui? Contre quoi? Ils vivaient dans un monde étrange et chatoyant, l'univers miroitant de la civilisation mercantile, les prisons de l'abondance, les pièges fascinants du bonheur.
(…)
Ils tentèrent de fuir. On ne peut vivre longtemps dans la frénésie. La tension était trop forte en ce monde qui promettait, qui ne donnait rien. Leur impatience était à bout. Ils crurent comprendre, un jour, qu'il leur fallait un refuge.
Je ne sais plus où je l'ai lu, peut-être dans le journal: ainsi donc, notre problème serait l'absence d'objet vers quoi diriger notre lutte (donc notre agressivité). Notre problème serait aussi la perplexité de la pensée: que penser? quoi en penser? Notre problème, enfin, serait l'absence d'idéologie qui nous permettrait de voir, d'imaginer une direction, une façon d'être au monde.

Que faire?
Combler le vide par le vide? S'occuper pour mieux désoccuper son esprit?
Restons dans la lignée perequienne et sortons des oubliettes le magnifique roman de Harry Matthews, Cigarettes (Perec et Matthews se sont réciproquement traduits), publié en 1988 chez POL et traduit par Marie Chaix. Ce roman marabout-bout de ficelle - aujourd'hui, on dit désormais de ces fictions qu'elles sont des livres à la Short Cuts (en hommage, donc, au film d'Altman), en ce que les personnages sont tous liés les uns aux autres, soit par un événement (confer Ambulance, de Johan Harstad) soit par des liens familiaux (confer le prochain roman de Trude Marstein ou, donc, Cigarettes) - ce roman présente des personnages, aisés, dans une Amérique du début des années 60. Ils traînent sur terre un ennui d'autant plus grand que les contingences ne les atteignent pas, et sont par conséquent d'autant plus frappés par la vanité de leur existence et leurs affres personnels. La cigarette devient à la fois le symbole d'un espoir et d'une possibilité qui partent en fumée, le délassement qui lui est propre quand on n'a pas grand-chose à faire (de son existence comme de l'instant qui passe), voire le symbole du désintérêt, de l'ennui fondamental; mais aussi, et enfin, le symbole d'une certaine sensualité, d'une sexualité exacerbée plus mal que bien vécue par les personnages.
Un court extrait:
"Il doit bien y avoir quelque chose à faire, une chose que je puisse faire, moi? Oh pourquoi suis-je une telle gourde?" Oliver gardait son calme, comme un joueur qui sait qu'il a du jeu et attend que son adversaire se jette à l'eau. "Si seulement…" disait Pauline, et Oliver ne bronchait pas, n'allumait pas d'autre cigarette.

Alors, en guise de conclusion, et faute de savoir que faire, hier soir au Rattenbar comme aujourd'hui et comme sûrement demain, nous fumons nous aussi, ici à l'instar de G.


© icke

samedi 7 novembre 2009

Gestern im Tommyhaus…

Und Bigger Boss wurde gespielt… (Und Anselm und ich waren ausser uns…)

Unten, auch im Tommyhaus, im Moment wieder modern.


© icke

vendredi 6 novembre 2009

Ansel Collins bevor Skamstag

Heute ist nicht S(k)amstag und noch Freitag, aber trotzdem gibt es heute Abend Nighter. Im Tommyhaus! Unterschied (zu der Völkerfreundschaft) ist: mehr skinhead reggae, mehr revive. Sowie hierunten, Bigger Boss von Ansel Collins. Und jedes Mal, wenn ich dieses fröhliches und gutlaunemachendes Lied letzter Sommer hörte, auf dem Weg hin- und zurück von der Gebäude der Kaiserin, und traff dort manchmal diesen *!!*#!grumpf Herrn Doktor, sang ich eher: "Oh, bigger boss / oooh / work this shot / work, man / bigger boss" (statt "work this shop" - er war nämlich bullig und ich brauchte meinen täglichen Gegengift in den Arm).
Testosteron und Pheromomen beiseite.
Hier ist was allmusic sagt uns:
Who's the "Bigger Boss" here, Ansell Collins or DJ Sir Harry? If you asked Leonard Dillon, he'd probably reply he was, as it was his band The Ethiopians who sent ( "Everything Crash") up the charts, and it's that hit which "Boss" versions. Here, however, producer JJ Johnson picks up the pace slightly, assumedly by speeding up the tape, for otherwise this is a note- perfect rendition of the original riddim, with Collins now sitting pretty on top. For many of his solo spins, the organist had little more than a riff to bounce off of, but "Crash" boasted a strong melody and Collins makes the most of it, swanning over the tune, flamboyantly puffing it up, while overhead Sir Harry brags that he's not only the "Bigger Boss" but also The Originator. But that's an idle boast, for in the sound systems one and all knew that title belonged to U-Roy. But it was Johnson that took the exuberant toaster down a few pegs, crediting this 1969 single not to the rabble rousing DJ, but to the showboating organist.
Hier geht's los:

Kein Schwein ruft/steckt an!

Heute in der TAZ, eine Zeichnung von KS:
Ein hamletisierender und schädelbewaffneter Schauspieler hat seine Replik vergessen. Der Souffleur:
"Impfen oder nicht impfen?"

Die Antwort kommt schnell später, von dem stets guter Linus:
"Mann ey, klar musst du!"
Mein Linus ist wie meine Partei, der hat immer recht.

Man darf also Frau Georgette heute wieder zitieren aber a bisserl parodiieren:
"Kein Schwein ruft an < steckt an, sie müssen doch füüühlen, wie es einem geht!"

jeudi 5 novembre 2009

Rrrums…

Es wäre wie in einem Sketch (Liebe ist überall) von Frau Georgette:
"Wie im wahren Leben, ja, die Liebe hat das hinterhältige, dass sie überall ist - ganze Zeit. Aber sie rumlauert in jeder Ecke. Man denkt so: mir nichts, dir nichts; ich bin… bereit und frei, gut und gerade. Rrrums… fällt man rein in die Liebe. Ist im Englischen schon richtig formuliert: "Falling in love again…" Bäääh…"
Erstmal wacht man auf und findet, rrrums…, erst eine, dann eine zweite Message von unserem heimlichen Geheimagent, der nicht besseres zu tun hat, als unkeusche Seiten WÄHREND der Unterricht zu besichtigen. Tsss…

Dann will man sich die neuen Bilder von dem Freund A anschauen, und man entdeckt, erstmal erstaunt und schnell erschreckt, dass es heute wie gestern keine neue gibt, und dann wird man auf sich erbost, denn… rrrums, man endet mit einem gewissenen H als Wallpaper und das geht nicht, man kennt ja den Typen gar nicht, vielleicht weiss er gar nicht dass stricken mit anderen worten reimt, und trotzdem kommt man immer wieder zu ihm zurück.

Später will man keusch (jetzt!) einen Freund anrufen und… rrrums, die falsche Taste wird gedrückt und man drückt sich in eine wunderschöne freudsche Fehleistung rein und endet in einem Telefonaten mit einer schönen Begegnung, die man gerne wiederbegegnen möchte/will/unbedingt will.

Noch später mal kauft man seine Zeitung und, rrrums…, entdeckt die mirakulöse Rückkehr von Martin Reichert, den man seit einer Eeewigkeit nicht mehr gelesen hat, und der heute endlich wieder mal über "Landmänner" schreibt. Es fängt genauso mirakulös an: "Jörg Schönbohm geht. Die Kraniche auch." Man denkt, hurra, lachen ist vorgesehen, der Tag ist gerettet, man braucht nicht Bitter Tears von Magnetic Fields ad libitum zu singen. Oder doch? Der Ton, der Hintertext von Herrn R sind trüb, er schreibt sogar (zwar nicht von sich selbst) das gefürchtete sowie gehasste Wort "melancholisch". Oh, nee, also Martin… Sollst jetzt auch du bittere Tränen weinen? Denn Herr R sagt, dass auch er, wie der Schmetterling in ihrem Haus (von seinem Mann und ihm), will zurück in den Schrank. Hä? Was für einen Schrank, wenn ich fragen darf? Also nicht dieser Schrank, das ist sowieso unmöglich! Das kann ich mir gar nicht denken. Ich zitiere erstmal:
Aber wie dem auch sei: Ich bin im Wandschrank, wecken Sie mich bitte im Mai. Nicht vergessen! Danke.
Was soll das heissen? Also bis Mai warten (müssen) um eine neue Kolumne über Landmänner zu lesen, ist undenkbar: die bittere Tränen werden zu Überschwemmung. Nein. Anscheinend hat es bei Herr R nicht rrrums… gemacht. Zwar erzählte er von einem Problem mit dem Auto, vielleicht als Landmann hätte er noch dazu ein Problem mit dem Traktor(ist - der Ehemann ist in dem Osten geboren und vielleicht heisst er Fritz?!?)… Oh nee (bis). 


Und letztendlich hört man Frau Georgette wieder, drückt, wie sie sagt, "die Vorwärtsstaste" und direkt nach dem obenstehenden Zitat singt sie: "Das ist genau wie die Angst und der Tod, die sind immer um einen herum…" Oh nee, schnell, bitte ein rrrums…