mardi 30 décembre 2008

Ugler – elles chouettent

Reçus ce matin au courrier, les deux tomes de Ugler, une série de bandes dessinées composées par… ta-da… mystère, j'y reviens…, et publiées chez Jippi Forlag, l'éditeur de l'impeccable Hitler, Jesus og farfar (= Hitler, Jésus et grand-père), mais aussi l'éditeur de Jason, que nous connaissons bien en France.

En deux fois 36 pages, ce qui est certes un peu court – d'autant plus qu'on dévore la BD, donc on reste un peu sur sa faim –, le lecteur suit les déboires amoureux de Line. Le point de vue est le sien, ce qui n'est pas sans importance, on verra pourquoi. Line voit souvent sa voisine et meilleure copine, Vicky. Un soir, Vicky embrasse Line sur la bouche, puis lui défait le pantalon ; et ce passage est admirablement traité : la planche constituée de trois dessins montre dans les deux premiers deux mains (celles de Vicky) déboutonner un pantalon, puis, dans le troisième dessin qui occupe les 3/4 de la page, un gros plan sur le visage de Line, radieux. Les deux jeunes filles, puisqu'elles sont en CM2, tombent amoureuses. Elles vont à la piscine ensemble, elles passent leurs après-midi ensemble, elles se couchent ensemble dans les feuilles mortes en se tenant la main. Les choses se précipitent et Vicky demande à Line si elle veut devenir sa petite copine, son amoureuse. Et un jour Line téléphone à Vicky et lui dit:
"Je t'aime, Vicky." Sa mère était derrière elle et elle dit simplement: "Line, on mange." C'est le grand talent de ce tome 1: celui de proposer de multiples dessins sans bulle, sans explication, de se concentrer uniquement sur les personnages, leurs réactions, sur le dessin. Et ces réactions sont d'autant plus surprenantes que les personnages sont dessinés sans yeux. Ou plutôt: les yeux ont un contour, mais pas de globe oculaire, pas de pupille, pas d'iris, rien. Deux trous vides qui donnent à cette histoire un aspect fantomatique et à la fois, et c'est contradictoire, un aspect universel. Line, c'est vous et moi.
La suite de l'histoire est triste. Vicky montre un jour à Line la cabane secrète qu'elle avait construite avec Annett, son ancienne petite copine. Là, la machine à fantasme s'active dans la tête de Line qui ne pense plus qu'à Vicky et Annett, toutes deux ensemble, sans elle. Et le lecteur se dit que Line est idiote. Oui, après tout, pourquoi Vicky n'aurait-elle pas eu d'autres petites copines avant elle? Sauf que. Line et Vicky vont à Oslo et se font siffler par les garçons. Line n'est pas dupe: elle voit bien que Vicky biche. Alors elle lui prend la main, et Vicky lui répond, avec ce ton assassin:
"Pourquoi tu dois toujours me prendre la main chaque fois qu'un garçon me regarde?!" Et si Line ne s'était pas trompée? Pour preuve, le soir même, rentrées chez elles (elles habitent l'une en face de l'autre), Vicky ne joue pas avec l'interrupteur de la lumière (leur rituel) pour lui dire au revoir. Et puisqu'il est question d'adieux, Vicky annonce le lendemain qu'ils vont déménager. Une histoire d'amour s'achève. Les deux dernières sont un "épilogue". On se doute que cela a lieu des années plus tard. Line et Vicky se retrouve. Les deux derniers dessins sont l'utime coup de couteau pour Line. Vicky: "Ça fait longtemps, dis donc (…) Tiens, je veux te présenter mon copain. Amund, je te présente Line. (…) Ça ne te dérange pas, Line, qu'il vienne avec nous au cinéma?" Il est rare de lire une histoire aussi juste dans son ton, dans son propos, sur l'amour homosexuel chez les adolescents. Car il y a toutes les phases de l'amour, homo ou hétéro d'ailleurs, dans ce récit. Il y a la découverte de l'autre et du corps, l'initiation sexuelle, la relation amoureuse, le doute, puis la séparation. Toutefois, la dimension homosexuelle est ici essentielle. Et là encore elle est admirablement traitée. A priori, c'est Vicky la lesbienne des deux: elle a déjà eu une petite copine, c'est elle qui drague Line. Et c'est Line qui deviendra accro à Vicky alors que, pour Vicky, ce sera juste un passage, puis elle choisira les garçons – ce qui, à l'adolescence existe aussi (ne soyons pas non plus bêtement pro-gay à tout crin). À ce titre, les interrogations sont subtilement abordées via cette scène où Vicky demande à Line si elle sait ce qu'elles deux sont. Line ne sait pas, n'y a jamais réfléchi. Et c'est dans le sable que Vicky dessine le mot: lesbienne. Et l'auteur de la BD a la bonne idée de faire traîner la chaîne de la balançoire sur le mot, comme pour en souligner le danger. Entendons-nous bien: il montre ici ce que cela signifie pour des tonnes et des tonnes d'enfants qui découvrent leur homosexualité – cela veut dire la honte, et c'est ça le problème. Ici, c'est ça le problème de Vicky. Et qui n'est pas le problème de Line. Line est amoureuse est d'une fille, Line est lesbienne – so what? L'angoisse existentielle et identitaire, sinon pour le coup victimaire de Vicky, est rehaussée par ces yeux sans globes oculaire dont je parlais plus haut. Enfin, j'y arrive, on en reste d'autant plus sur le cul que cette BD est signée… Martin Ernstsen. Oui, Martin. Un homme. C'est un peu comme Annie Proulx et sa nouvelle Brokeback Moutain: on est sans voix face à un travail si juste composé par quelqu'un qui n'est pas directement impliqué dans cette histoire. Ce qui me fait penser à ce que l'auteur homosexuel norvégien Odd Klippenvåg avait dit un jour: "Seuls les homosexuels parlent justement de l'amour homosexuel." Eh bien non.
Un mot sur le titre. Ugler en norvégien. Chouettes, en français – comme l'animal. Vicky dit aussi à Line que leur "jeu" amoureux, quand elles font l'amour, c'est "chouetter". Line et Vicky s'aiment, et elles chouettent. Chouette! Un autre et dernier mot sur les dessins. Ils sont en noir et blanc. Mais à voir la couverture en couleurs (et l'autre encore en-dessous), et le magnifique traitement qui en est fait, on se dit qu'une version similaire mais colorisée serait elle aussi impeccable.


© Martin Ernstsen


Dans le second tome, Line est entrée dans l'adolescence, c'est l'époque de Nirvana (donc circa début des années 90), et Line est définitivement lesbienne. Vraiment? Le propos de cet opus est en creux une critique de l'adolescence norvégienne dont l'interrogation existentielle de ses protagonistes se résume à deux questions : 1) quand est-ce qu'on picole et qu'on est bourrés jusqu'à dégueuler? 2) qui est amoureux de qui et qui a embrassé qui? C'est donc de puérilité qu'il est ici question et on peut déplorer justement une certaine absence de cette angoisse et de cette passion qui étaient à l'œuvre dans le premier tome. Ce que Martin Ernstsen a réussi à restituer en revanche, c'est la langue adolescente des années 90, complètement disparue aujourd'hui, ou quasi. On lui sait également gré de citer LA série culte de cette décennie, j'ai nommé… ta-daAngela, 15 ans, que toute famille normalement constituée (c'est-à-dire passablement névrosée) devrait avoir l'obligation de regarder ensemble pour essayer de trouver une issue aux conflits parents/enfants.
Bref, on attend le #3 avec impatience. Mais aussi qu'un éditeur français ou belge se lance dans l'aventure et publie ces Chouettes.

© Martin Ernstsen

lundi 29 décembre 2008

"Hatschi-Waldera"

"Ich bin erkältet, ich habe einen Schnupfen", sang damals in 1974 Nina Hagen, noch zur Ostzeiten, d.h.: vor der Emigrierung der Familie Hagen. Das Lied Hatschi-Waldera findet seinen Platz hier heute abend, denn… "ich bin erkältet, ich habe einen Schnupfen". Na toll! Genau 2 Tage vor Sylvester… Pfff…
Nun wieder zu Nina: hierunter ein tolles Video von Hatschi-Waldera , in der Tschechoslowakei, in einem Show von… Karel Gott moderiert. Noch ist die Nina nicht ausgeflippt, obwohl das Lied es ein bisschen ist.
Und jetzt gehe ich ins Bett.



Pour les francophones: dans cette vidéo de 1974, alors qu'elle vivait encore en RDA, Nina Hagen chante déjà l'une de ses chansons déjantées dont elle aura le secret. En gros : "J'ai pris froid, j'ai un rhume" – comme moi, donc. Les initiés apprécieront le port alerte et désinhibé de cette époustouflante jupe-culotte comme on n'en fait plus.


[21102010
Inzwischen ist das Video leider gelöscht worden. A-behr! Hier unten eine Andere.
Entre-temps, la vidéo a été supprimée. Mais. Ci-dessous une autre:]


Nina Hagen - Hatschi Waldera

"How am I going to make this right?" (post Noël)

samedi 27 décembre 2008

The Moon Invaders am Samstag

Heute ist es wieder Samstag und Samstag ist ja Skamstag, das wissen wir schon. Und heute Skamstag geht nach… Belgien! Mit The Moon Invaders. Eigentlich wollte ich Wasn't made for love finden, denn es passt genau zu der heutigen trübigen Stimmung. Hab aber nur Old Friend gefunden, den ich laut iTunes schon 70 Male seit dem 13.07.2008 gehört habe.
The Moon Invaders, sowie The Caroloregians (selbe Sänger), muss man unbedingt live sehen. Die haben so eine kommunikative Kraft und Euphorie. Und diese Mischung zwischen 60'er Motown und Ska passt eigentlich perfekt zusammen. Grosse Musiker sind sie auch – man beachte die Orchestration und die Akkorde.

Rubbzzz!

jeudi 25 décembre 2008

(Le cadeau de Noël)

Je ne remercie personne, à commencer par le Père Noël, puisque je n'ai eu AUCUN des cadeaux de Noël que j'avais commandés. Comme dirait Caliméro, "c'est vraiment trop injuste!"

PS: Entre nous, Caliméro, c'est vraiment triste, cruel et flippant.

dimanche 21 décembre 2008

Le cadeau de Noël de ce dimanche

Voilà. Il s'appelle Ronnie Faisst, il est Américain, il mesure 1m86, il pèse 92 kg, il est rider de motocross free style, et ça me ferait plaisir de l'avoir en cadeau de Noël. Merci.


vendredi 19 décembre 2008

Farger og ord

I øyeblikket oversetter jeg Alt annet enn pensum av Harald Rosenløw Eeg, og ble konfrontert til denne setningen:
Abelone bor i et område med cirka 2000 like Kardemommeby-aktige rekkehus i rødt, gult og grønt. Det er mørkt, men alle de små Kardemomme-veiene følges av lysstolper med bleike kupler som gir stedet et matt, spøkelesaktig skjær.
Det som er spørsmålet: Hva f*** gjør jeg med Kardemommeby? Hva gjør jeg med den når den overhodet ikke er kjent i Sarkorike og når oversettelsen som finnes på fransk heter Pimentville = Spanskpepperby! Karin Beate Vold hadde dengang skrevet om hvor dumm dette navnet var blitt.
Løsningen ble funnet i fargene. I disse veldig lyse fargene, men som i den norske natten blir til knallfarger. Og det var da jeg tenkte på Teletubbies. Det å oversette er å gjengi en effekt, å gjenspeile – og, som det heter så fint på norsk (vi har ikke noen ord for det på fransk), å gjendikte. Man skulle i første omgang gjengi, og hvis dette ikke er mulig, da gjendikte. Det er det jeg gjorde.
Husene ble til "noen små, søte og like hus med Teletubbies-aktige farger i rødt, gult og grønt", og så ble veiene "Teletubbiesveiene". Hvorfor tok jeg nettopp dette valget? Hvorfor og hvordan tillot jeg meg til å velge dette?
Jeg kunne selvfølgelig ha valgt Barbapapa. Men dette er en samtidsroman som ble skrevet i 2005 og utgitt i 2006, så det spørs virkelig om den 15/16-åring Klaus, romanfiguren, har sett Barbapapa. (Noe som fører oss til hva Eli hele tiden skriver om musikk i ungdomsromaner, når forfatterne skriver om grupper fra deres barndom som de kidsa (!) og unksa (!) neppe kjenner, tipper hun – og jeg óg.) Men Klaus har sikkert sett Teletubbies da han var barn på 90-tallet (og jeg husker at gamle dopete kjente (ikke jeg!!!!!) kom tilbake om morgenen fra likeså dopete klubnatta og så på Teletubbies for å "tsjille ned" – alle, Teletubbies og disse folkene, sugde jo i seg "circular toast with a smiley face on it, which some have taken to be representative of LSD"… uten kommentar…). Og siden Klaus og Harald som først har merkelige metaforer for å beskrive verden (f. eks. paragrafen under som sier: "(jeg) Passerer en lekeplass med masse apparater og klatrestativ som i mørket ser ut som svarte dinosaurskjelett."), tillot jeg meg å innlemme Teletubbies inn i historien. Akkurat som Kardemommeby har en direkt bildeeffekt inn i hodet til den norske leseren, men ingen i den franske sin, så har Teletubbies tvert imot en identifikasjon hos den franske.
Jeg tillot meg det også siden Kardemommeby-bildet ikke er relevant for selve fortellingen. Det gir et preg, en effekt, er en metafor, men har ingen som helst innflytelse inn i det som skjer og kommer til å skje. I motsetning til alle klærne som det er tale om i romanen, for eksempel, og da må de beholdes, kjent eller ikke kjent for den franske leseren.

Dette for å snakke om to ting som er direkt knyttet til det.
1) Fargene i den norske ubevisstheten.
Nordmenn har en helt annen fargekonstellasjon enn franskmenn. Nordmenn er veldig upresise i fargene. Man har nesten følelse av at fargesprektet i Norge limiteres til hovedfargene: rød, grøn, blå, gul, svart, hvit, grå og noen ganger oransje, fiolett. Mens vi, på fransk, har en heeel rekke av farger som brukes til daglig. Bare fiolett har mange nyanser: violet, lilas, mauve, parme, aubergine, prune, indigo, osv osv… Når jeg oversetter, bruker jeg veldig mye en hjemmeside om farger, pourpre.com, siden de norske fargene er så uklare. Til gjengjeld har nordmenn ganske merkelige assosiasjoner for å beskrive fargene, synes jeg: gulgrøn, hvitgul, osv… – og jeg mener det har kanskje noe å gjøre med den norske himmelen og blandingen av vidt forskjellige farger inn i den ved solnedgang, og som vi i Sarkorike i hvert fall ikke har. En slik "fargebevissthet" for meg som franskmann er helt fremmed, helt snål. Disse ordene finner jeg ofte for eksempel hos Lars Saabye Christensen. Og det minner meg forresten om et vakkert bilde som Johan Harstad brukte i Buzz Aldrin, hvor han snakker om Sellafieldskyene
2) Ordene som brukes til vanlig i et språk og ikke i et annet.
Dette er noe som har opptatt meg veldig mye i det siste året. På norsk finnes det noen ord som man bruker til vanlig, til daglig og som ikke brukes så ofte på fransk. Her snakker jeg om litteraturen. For å gi noen eksempler : forsvinne, kanskje, nesten, det å kunne, alle (nordmenn viser gjerne til helheten), med flere. Eller nordmenn beskriver i selve fortellingen alle handlingene. Et eksempel hos Johan Harstads Buzz Aldrin igjen:
(…) jeg gjorde et forsøk på å nynne melodien mens jeg låste døren inn til kontoret, fant tonen, mistet melodien, så jeg gikk bort til radioen, skrudde den av, så meg rundt en siste gang, jo, det så ok ut her, fine planter, god lukt, bra å være her, lukket opp ytterdøren, gikk ut, lukket døren, låste døren, åpnet bildøren, satte meg inn, lukket bildøren, startet bilen, kjørte til hjemmet, de fire svingene. (s. 16)
Og det er helt klart at her er det typisk Johan å skrive sånn, men dette finner man hos veldig mange norske forfattere, der hvor franksmenn bare ville beskrive bevegelsene i en enkel setning. Et annet eksempel er også hva romanfigurene gjør: norske romaner beskriver ofte at den og den løfter hodet, ser på en, senker blikket, osv. Og så nikkes det i den norske fiksjonen som aldri før! Man nikker og rister på hodet heeele tiden. Det gjør man også veldig mye i den anglosaksiske forresten, men nesten ikke i den franske.
Jeg har lurt i mange år hva jeg egentlig skulle med dem, om jeg skulle redusere dem, men en venn av meg, fransk og forafatter, sa at jeg i hvert fall ikke skulle det, at det var liksom en del av dialogene, av fortellingen akkurat som indikasjoner i et teaterstykke. Og sikkert det, men en fransk dikter ville i hvert fall ikke legge så mye verd på dette.
Dette har ikke noe med det kulturelle å gjøre (17 mai, bunad, osv.), men mer med forestillingen et folk har av seg selv, av verden omkring seg, av virkelighetene som i sin tur preger dets språket. Dette har heller ikke noe å gjøre med disse nesten intetsigende ordene som preger den dagligtalen (liksom, jo…), men mer med Weltanschauung som man sier på tysk. Min spanske kollega Cristina Gomez Baggethun pekte også for noen år på lyd-verbene som det norske språket har så mye av og som, sant nok, er så vanskelige å oversette – teorien hennes er at siden nordmenn bor i trehus, så har de en helt annen opplevelse av lyder, noe som kanskje høres litt som et spøk ut, men jeg mener Cristina her har et poeng.

Tilbake til Kardemommeby og Harald Rosenløw Eeg så burde jeg også skrive om nettopp det kulturelle, men det tar jeg en annen gang.

jeudi 18 décembre 2008

Ikke mye skriving for tida

© icke

jobbe – sove – drømme – skrive ned drømmene – jobbe – og dette ad libitum, men uten reise, jeg vil ikke reise mer