dimanche 31 octobre 2010

Le portrait, les visages

Et l'autre jour, par hasard, JB est tombé sur ces 113 vidéos de l'artiste islandais Snorri Ásmundsson. Le principe est plus ou moins toujours le même: filmer de face quelqu'un, un homme, une femme, beaucoup d'Islandais comme lui, dans un contexte quelconque, en extérieur ou dans une pièce, pendant la même durée, c'est-à-dire 2'01'', sans que les personnes filmées ne disent quoi que ce soit. Souvent, mais ce n'est pas toujours le cas, ces gens regardent droit dans l'œil de la caméra et semblent tenter de relever ce défi qui consiste(rait) à garder un visage absolument impassible, dépourvu d'expressions. Ainsi du poète et écrivain Sjón que l'on regarde ci-dessous — et JB est fasciné par son regard derrière les lunettes années 60:



Parmi ces 113 vidéos, JB a une affection particulière pour celle montrant Lilja Birgisdóttir. Parce que le film s'oppose justement à la logique du portrait qui consiste à montrer le visage de quelqu'un. L'étymologie nous indique le portrait, la substantivation du participe passé du verbe pourtraire, lui-même formé à partir du suffixe pour et du verbe traire qui, à l'époque (XIIe siècle), signifie tirer et dessiner, implique donc l'idée, au départ, d'une représentation du visage pour dire l'ensemble, comme si une partie du corps (ici le visage) allait/pouvait nous révéler de façon parcellaire une vérité sur un ensemble (la personne, le corps, l'identité, etc.). Or, dans cette vidéo filmée en extérieur, sur un bateau, donc sur la mer et dans le vent, il faut attendre longtemps avant que le visage ne soit visible. Pendant près de la moitié du film, les cheveux recouvrent le visage, et donc ses traits, et donc sa vérité. À moins que cette vérité soit justement celle de cacher une partie et/ou le tout.



De même, les vidéos les plus réussies sont celles où le spectateur se voit au bout d'un moment forcé de s'interroger sur ce qu'il ne voit pas. À force de devoir observer un visage impassible, qui ne bouge pour ainsi dire pas, filmé qui plus est comme ici avec Halla Vilhjalmsdóttir dans une situation difficilement explicable en absence de l'environnement (est-elle suspendue? attachée? fixée?), on en vient à s'impatienter: qu'est-ce qui se passe derrière, à côté? Est-ce que ce qui se passe derrière, devant, à côté, au-dessus, en dessous, peut expliquer les raisons de ce filmage et, partant, de ce visage et de ce qu'il donne à (ne pas) voir?



Et, en l'espèce, la vidéo la plus étonnante est celle où Snorri Ásmundsson se filme — là, le principe de la vidéo atteint sa réussite totale. L'artiste regarde quelque chose. Quoi? un film? une vidéo? un jeu vidéo? Mais le son est étrange qui semble venir d'ailleurs. Et ce sans parler des couleurs qui changent sans cesse. Qu'est-ce que cela peut être? Et sur quel support est diffusé/montré ce spectacle? un écran de cinéma? un écran géant? un rideau tendu? Et où? dans une salle? dehors? dans un drive-in? ailleurs? Et pourquoi l'artiste est-il debout? Pourquoi ne réagit-il pas? Qu'est-ce que c'est ce collier qu'il a autour du cou? Ça ressemble à un passe qu'on donne à des gens qui participent à une manifestation artistique. Est-il à un festival? d'art? de cinéma? de musique?



Et au fond cela rejoint ce que disait JB au début de ce mois à propos notamment de Michael Haneke: le spectateur est plus acteur qu'il ne le croit, bien plus actif que passif, puisque c'est lui/elle qui va décider pour lui/elle de ce qu'il/elle voit.

Für N

Und der JB, als er gestern zurück von einem ziemlich enttäuschenden Konzert nach Hause kam, stieg die Treppen der U-Bahn hoch wenn plötzlich die skinheadische Liebeshymne von Bad Manners in seinem Kopf tonte. Er stand da in der Mitte der Treppe und hörte: "It's over, it's over, it's over!" Als er dann seine liebe Karl-Marx-Allee hochlief, sang er diesmal voll lauter Stimme "It was a skinhead love affair!" und verstand augenblicklich, warum das Lied so unerwartet auftauchte, seitdem er es, er nimmt es erst heute früh wahr, seit… oj… dem 26.01.2007 nicht mehr gehört hat. Oj und doppeloj…



Dennoch, heute viel zu früh aufgestanden, seitdem er natürlich die Uhrumstellung vergessen hat, ist der JB mit It's My Delight von The Melodians in seinem Kopf aufgewacht; ein Lied worüber er hier viel geschireben hat und das er gestern wieder gehört hat, denkend dass, ja, zweifellos ist es ein unheimlich schönes Lied, und sogar vielleicht das schönste Reggae-Liebeslied, das es gibt, oder besser: das schönste Reggae-Liebeserkläungslied, das es gibt. Es sind u.a. diese zwei Passagen, wenn Trevor McNaughton erstmal singt "I'll draw you close to me / I'll tell you words of comfort / It's my delight", und dann "And I will never hurt you / Nor will I forsake you / Darling be true". Jedes Mal wenn der JB diese Sätze hört, könnte er fast weinen, weil es so schön geschrieben ist.



Und dieses Morgen also, zwischen dem Präteritum von "It was a skinhead love affair" und dem Präsens von "It's my delight" schwankend; von dem einen Lied zu dem anderen rübergehend, von gestern auf heute und von heute auf gestern, und letzendlich und tatsächlich von gestern auf gestern wechselnd, erinnert sich der JB an Ns Blicke auf die Gesellschaft, die der JB mitgebracht hatte; und dann erinnert er sich daran, dass er gestern gedacht hat, er würde nicht mehr in die Zukunft diese Gesellschaft mitbringen; er erinnert sich daran, dass er gestern prompt verstanden hat, warum das Präteritum dieser skinheadische Liebesbeziehung in seinem Kopf tonte — und der JB denkt, dass er viel viel Glück hat, nicht nur N kennenlernen zu dürfen, aber auch erkennen zu können, wie N fühlt und was N meint gegenüber einige Leute, die sie zusammen treffen (können); und diesmal muss(te) der JB wieder feststellen, dass N auch wie seine Partei ist, der hat immer recht und irrt sich nie über Leute. Von daher ein Lied für N. The Mad Lads - aber auch für das Bild, das das Lied auf durorhr illustriert… Héhé.

samedi 30 octobre 2010

Le sang de l'abbé JB

Lisant son journal, JB voit dans le titre d'un article consacré à Barack Obama la construction "Aloha-Geist", donc "l'esprit Aloha". Forcément, il repense à la chanson des Breeders qu'il écoutait au début des années 90: No Aloha. Du coup il se lève, va vers son iTunes, la trouve sans peine. Il l'écoute. On va l'écouter tous ensemble, ici dans sa version en concert, à… Dublin, en 2008 - alors que la chanteuse Kim Deal a elle aussi pris quelques années depuis 1993, à la sortie du disque, Last Splash, dont est tiré le morceau:



Et JB adore ce moment de pur bonheur que doit vivre Kim Deal lorsqu'elle marque une pause après ces longs accords de guitare et basse aux sonorités surf et sixties, mi-hawaïen mi-Beach Boys; cependant que les fans dans le public se mettent à hurler, attendant ce moment d'explosion, lorsque la batterie va se déchaîner et que la chanson va tonner. On regarde de nouveau son sourire radieux:


Et JB mettrait sa main à couper que Kim Deal porte un pull Fred Perry… Hum… Kim Deal une skingirl? Ça alors… Kim Deal une renée?!!!

Toujours est-il que JB écoute les paroles. Et ces paroles l'interpellent. Il ne comprend pas d'abord pourquoi. Il les réécoute. Puis il comprend. Elles ont tout à voir (du moins aux oreilles et au souvenir de JB) avec le film qu'il a vu hier soir avec G, Wir sind die Nacht (= Nous sommes la nuit), une histoire très séduisante où 4 vampires dont deux résolument lesbiennes font la fête dans un Berlin tantôt ultrachic, tantôt ultradéfoncé (et ce, dans tous les sens du terme).
Tout est dans ce couplet:
O the treats
Saw it on the wall
Motherhood means mental freeze
(Freezeheads)
No aloha
I know, I saw
And now may die

The treats, c'est que la vampire Nora ramasse le fric dans le club où elle ses copines lesbiennes et tout aussi vampires font la nouba:


Saw it on the wall, c'est lorsque Louise, la vampire devenue telle au XVIIIe siècle et interprétée par la sublissime et renversantissime Nina Hoss (on y revient) gratte le mur avec ses ongles, de fureur et de jalousie:



Et enfin, I know I saw / And now may die fait évidemment référence à la lumière, cette lumière qui tue les vampires.
On les voit ici profiter des dernières obscurités de la nuit avant qu'elles ne se réfugient dans leur chambre où ne filtre aucune lumière sans quoi elles se consumeraient (et déjà leur corps dégage des vapeurs):


Ou ici lorsque Lena vient d'être mordue sans pour autant être encore vampire - mais la transformation a déjà lieu et elle se brûle aux rayons du soleil:



Quoi qu'il en soit. Tant JB que G ont été enchantés par cette interprétation du désormais portrait mythique de la vampire lesbienne; ici résolument émancipée, fière d'elle-même et de son destin et "haïsseuse de mecs", comme le disait Sara Stridsberg dans La Faculté des Rêves. Deux images, ci-dessous, elles aussi tirées des deux différentes BO, celle-ci et celle-là:



De la même manière, JB et G ont été passablement déçus par la fin du film qui rétablit une certaine domination masculine et en tout cas fait la part belle à l'amour… hétérosexuel. Bon.
Mais ils ont notamment adoré cette scène lorsque Charlotte, la vampire devenue telle dans les années 20, tire sur son éternel fume-cigarette et se fait rappeler à l'ordre par un client. Et voilà ce qu'elle fait:



Mais les vampires sont immortels et même une blessure se guérit d'elle-même immédiatement:




JB avait toutes les raisons du monde d'aller voir, précisément ce vendredi, Wir sind die Nacht. D'abord à cause de l'actrice Nina Hoss dont il est absolument et définitivement fan et dont le jeu dans ce film est à tomber. JB pense notamment à une des scènes finales où elle demande à une autre vampire de lui dire qu'elle l'aime - celle-ci le lui dit, mais sur un ton évidemment pas convaincu du tout. Et Nina Hoss, entre franc sourire et larmes déchirées, de répliquer: "C'est le plus beau mensonge qu'on m'ait jamais dit." Voyant cela, JB se damnerait pour avoir la permission de prendre le thé ou le champagne avec Nina Hoss, qu'on peut admirer ici:


JB avait donc toutes les raisons du monde entier d'aller ce film précisément hier vendredi, lui qui, une semaine plus tôt, inaugurait la foire du boudin noir à Berlin, ingurgitait des litres et des litres de sang et devenait lui aussi "un petit vampire". Après une semaine sans sang (hö), il est évident que JB était en manque. Aussi, en voyant les drink bien incarnats que s'envoyaient les vampires dans le film, il était très jaloux:


Mais G a tenu a rassurer JB: "Songe que si tu étais vraiment vampire: primo tu te retrouverais avec des cheveux longs, secundo tes tatouages s'évaporeraient."
Ah oui, crutte de zut!
On voit ainsi le changement capillaire de Lena, qui était bien mieux avec ses cheveux courts qu'avec ses cheveux longs.



Et, de la même manière que JB n'a aucun désir de se retrouver avec une toison hippie, il ne souhaite pas voir ses tatouages chéris se dissoudre dans le bain de jouvence obligatoire:




Allez, on se quitte par les filles avec lesquelles on avait commencé, les sœurs Deal et les Breeders. Et notamment avec leur morceau de 1990, Hellbound, puisque Kim chante: "It lives, dispite the knives internal / It lives marry me."
Et JB est abasourdi. Il va chercher le morceau sur toitube, le trouve et est content, ignorait qu'une vidéo avait été réalisée, la regarde, et qu'est-ce qu'il voit? que se passe-t-il au fur et à mesure des images? qu'arrive-t-il à Kim Deal tandis qu'elle chante avec ce sourire satisfait?


Exactement. Elle se prend du sang sur la figure.
Le sang. Les vampires. Kim Deal. Nina Hoss. JB. Wir sind die Nacht. Hellbound. Et de même qu'il y avait la jouvence de l'Abbé Souris Soury, il y a désormais le sang de l'abbé JB Jay-Be. No bye, no aloha.

vendredi 29 octobre 2010

Ouonederfoule et wunderbra

Et JB, grâce notamment à F (à qui il passe bien son bonjour), a pu écouter Rico Rodriguez toute la journée d'hier. Ce qu'il a d'ailleurs fait. Guère étonnant, par voie de conséquence, qu'il se réveille avec un morceau de lui, enregistré en 1998 sur l'album Jamaican Jazz.
Plus étonnant est toutefois qu'il s'agisse de sa reprise du standard What a Wonderful World, interprété pour la première fois comme chacun sait par Louis Armstrong, mais simplifié par Rico en un seul Wonderful World. Parce que JB n'a pas eu franchement l'impression que le monde était ouonederfoule cette semaine. Ni wunderbra, d'ailleurs, comme on peut dire en allemand en substituant un U au O et en intervertissant le R si bien qu'on passe de la traduction dans cette langue de l'adjectif anglais à une création lexicographique qui n'est pas sans évoquer une certaine marque de soutien-gorge.
Mais peut-être est-ce justement ce tour de passe-passe qu'a effectué le cerveau cette nuit ludique de JB: introduire de l'ironie là où l'on en constatait un déficit sinon une carence. Auquel cas tout est au mieux et JB vit vraiment "dans le meilleur des mondes possibles", comme disait Pangloss à Candide. Pangloss qui parle plein de langues comme JB; Candide, un adjectif que JB ferait mieux de s'approprier, et fissa; le monde, ce world qui est ouonederfoule et wunderbra — la boucle est bouclée.
Et une bonne journée à tou(te)s, hein.

mercredi 27 octobre 2010

Isch lärne doitsch (1)



Und nächstes Mal werden wir hören und sehen, wie die "finanzielle Ruin" auch eine "finanzielle Urin" sein kann.

Le cochon polka

Et JB est revenu à la traduction de l'album de Yokoland et il doit traduire toute un liste des objets divers et variés en vente au kiosque (entre autres: saucisse, part de gâteau (miaaam), jumelles, livre sur la métaphysique, etc.).
Puis surgit le mot:
polkagris
Ouiii…, songe JB, mais encore?
Polka, fastoche, c'est la polka. Gris, en revanche, ce n'est ni un Juan dépourvu de son accent sur le I, ni la couleur cendrée, au risque que le kiosque vende des danses anthracite. Non non non. Un gris n'est autre qu'un cochon.
Un cochon polka? s'interroge JB dans son palais socialiste.
Un cochon qui danse la polka?! s'exclame JB dans son palais socialiste.
Ça alors…

JB va donc voir dans gougueule images, et il trouve instantanément :


Mais ce sont des sucres d'orge! s'exclame cette fois JB, toujours dans son palais socialiste.
JB, lui, quand il était minot, mangeait, perso, des berlingots. Le jeudi, sa mémé qui revenait du marché lui ramenait un sachet de berlingots. Aujourd'hui JB ne mange plus de berlingots et ne sait plus si sa mémé, désormais en maison de retraite, dit encore du haut de ses bientôt 97 ans, et ce avec une voix piquée pour signaler qu'elle prend sur elle: "Je le garde entre ma peau et ma chemise!" Bref. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que JB danse toujours la polka. Car JB fait partie d'un groupe de danse folklorique, répondant au doux noms de Les Chabis, une référence implicite aux Chabichous, ces fromages de chèvre fabriqués dans son Poitou natal. Bon. On le voit ici en pleine action, dansant une polka piquée. Attention, il n'est pas forcément reconnaissable et s'est sans (nul) doute déguisé. Sauras-tu le retrouver?



Alors??? Trouvé???

Entre-temps, JB est allé voir sur gougueule sans images mais avec du texte, et il découvre que les polkagris sont une confiserie suédoise, ainsi que le lui précise Wikipédia:


Questions cependant:
Primo: pourquoi la polka?
Secundo: pourquoi le cochon (même si tout est bon dans le cochon) alors qu'il s'agit de bâton? (Quoique… peut-être une vision empirique du bâton permet aussi d'affirmer que tout est bon dans le bâton — mais, ça aussi, c'est une autre histoire.)
Une visite sur le Wikipédia suédois informe qu'Amalia Eriksson a surnommé sa friandise à cause justement de la danse. Elle devait être une férue de la polka sautée pour baptiser ainsi un bâton, laquelle polka sautée se danse comme montré ci-dessous. Et, là encore, JB est présent dans l'image mais ici également difficilement reconnaissable. Les images ont été tournées alors que JB avec sa bande des Chabis faisait un échange culturel avec des camarades alsacos et que, pour ricaner, ils avaient échangé leurs costumes et s'étaient essayés à leurs danses respectives — ha ha ha! quels boute-en-train!!!



C'est fou et chou, non?

Toujours est-il que le dictionnaire étymologique de la langue suédoise nous explique ce mot étrange, le cochon polka:


Le mot polka a donc été introduit en 1844 en suédois par une certaine Agnes Geijer, un emprunt de l'allemand qui l'avait lui-même pris au tchèque, puisque la danse a été inventée en 1835 en Bohême. Puis le dictionnaire nous dit:
À cause de la popularité de cette nouvelle danse, le mot est arrivé en Allemagne où il s'est mis à désigner toutes sortes de choses modernes, confer la Polkakirche à propos de l'église de Saint-Matthieu à Berlin). Idem en Suède où on l'a parlé des polkadosor (= boîtes polka), des polkaomnibus (= omnibus polka), des polkasjalar (les châles polka), du polkasnus (= tabac à priser polka). De la même époque viennent aussi: les polkagrisar, sortes de caramels (…)

Bon, d'accord. Mais pourquoi le cochon???
Quand JB va interroger le Dictionnaire de l'Académie suédoise, il n'est guère ni plus ni mieux renseigné:


Certes, JB s'amuse de voir qu'on parle aussi de coiffure polka (avec cet emprunt suédisé au français: chevelyr = chevelure), de manteau/frac polka, etc. Certes, JB apprend que le mot est attesté en suédois à partir de 1883. Certes il a la confirmation que la sucrerie vient de la ville de Grenna (qu'on écrit donc désormais Gränna). Certes, il lit que, déjà, à l'époque, on vantait les trois spécialités de la ville: "Les poires rouges, la boisson au genièvre et les soi-disants polkagris (= cochons polka), qui sont les cochons les plus sucrés du monde." Mais rien sur le cochon.

Néanmoins, à force de perspicacité, il découvre dans le même dictionnaire à l'article consacré au mot cochon que celui-ci désigne également une sucrerie et ses fameux polkagris:


Gris est également un terme affectueux entrant dans la composition de mots pour désigner quelqu'un, mais aussi un enfant. Ou comme le dit le proverbe danois, qu'on prononce volontiers aux enfants - et c'est JB qui souligne pour montrer les allitérations et assonances:
Spis, min gris, i morgen skal du slagtes
= Mange, mon cochon, demain tu pars à l'abattoir.


Et voilà. JB est content. Il a résolu une nouvelle énigme linguistique.
Il peut donc dire au revoir à tous ses petits amis, sous les rythmes endiablés d'une polka, mais cette fois celle de Madness, intitulée Clerkenwell Polka, interprétée dans nulle autre ville que… Berlin. JB n'était hélas pas au concert puisqu'il était en ce 11 mai… pff… dans la Rance. Pff…

Don Drummond (et la mort)

Et JB, qui a écouté toute la journée d'hier des morceaux de Don Drummond se réveilla avec (Music Is My) Occupation dans la tête, ce qui ne saurait être une meilleure définition de ces fameuses musiques du matin qui peuplent quasi quotidiennement l'esprit encombré de JB. On écoute d'abord, on en parle ensuite - tandis qu'à Berlin, le ciel encore anthracite est coupé au fond de l'horizon, plein est, par une bande rectiligne au-dessous de laquelle une teinte orangée contraste avec l'obscurité et que, dans la rue, des véhicules à touche-touche seraient presque invisibles dans cette opacité si leurs phares aux allures d'yeux globuleux et luminescents d'insectes ne trahissaient leur présence:



Don Drummond, le tromboniste des Skatalites, étaient considéré comme un musicien de génie. Et quand on a dit ça, on n'a pas dit grand-chose. Compositeur de la majorité des morceaux du groupe, il reste dans tous les mémoires comme LE grand inspirateur et instigateur de la discographie du combo. Le site Reggae France.com nous explique l'originalité de leur musique et en quoi résidait le talent de Don Drummond:


Mais, en 1965, un fait divers tragique qui, pour nous Français, en rappelle un autre qui aura lieu quelque quarante années plus tard, va mettre un terme à l'existence des Skatalites.
Don Drummond a une petite amie, une danseuse de rumba, Anita Mahfood, surnommée Margarita, retrouvée assassinée le 1er janvier 1965. D'elle on se souvient de Woman A Come, qu'elle avait enregistré avec son compagnon et les Skatalites. On écoute cette chanson de 1964 qui évolue entre le calypso et le nyabinghi:



Que s'est-il passé? C'est Bob Timm, le biographe de Don Drummond qui nous renseigne:


Oui, pourquoi? nous interrogeons-nous tous. La suite:


Et JB, en préparant ce post, découvre avec stupéfaction une autre théorie qu'il ignorait complètement, résumée dans un article du Daily Gleaner, le quotidien jamaïcain, mais celui-ci de 2006:



JB a d'abord envie de rire. Il trouve ça typique de ces faits divers qui relatent des crimes et/ou des meurtres non élucidés, lesquels ont la fâcheuse tendance d'ouvrir une voie royale à toutes sortes de fantasmes et de théories plus ou moins fumeuses qui sont souvent axées autour d'un complot quelconque.
Toutefois, il sait aussi à quel point les méandres de la sexualité participent d'une histoire non écrite du monde, que les acteurs et spectateurs de cette histoire préfèrent souvent dans un premier temps taire, mais dont ils se délectent après-coup, bien des années plus tard. Du coup, la théorie de ce professeur d'université, pour farfelue qu'elle apparaisse de prime abord, n'en conserve pas moins une part aussi séduisante que déceptive.
Déceptive car elle dépasse le décevant: finis les complots quels qu'ils soient, la réalité serait d'une certaine manière bien plus triviale, qui ferait intervenir des jeux sexuels troublants pour certain(e)s. Curieusement a priori, il est plus concevable et plus alléchant pour qui considère le fait divers, de se projeter dans un complot, de fantasmer sur les exécuteurs et les maîtres-chanteurs, plutôt que d'imaginer les conséquences tragiques d'une sexualité originale. C'est un peu comme dans un film pornographique: une fois que la jouissance a été atteinte, les images perdent comme par enchantement tout pouvoir d'excitation. Ici, une fois qu'on apprend dans quelles circonstances érotiques la mort est survenue, le fait divers perd dans son ensemble ce même pouvoir d'excitation.

Mais revenons à (Music Is My) Occupation. En 1968, l'immmmmmense Tommy McCook se souvient de son ami Don Drummond, à l'époque toujours en prison, et réinterprète le morceau qui, entre autres, avait fait le succès des Skatalites. Il le joue avec une mélodie rocksteady, presque nostalgique, comme s'il regrettait que Don Drummond ne pouvait plus jouer avec lui:

mardi 26 octobre 2010

Gregory Isaacs († RIP)

Und der JB erfährt, dass Gregory Isaacs tod ist. Unten das Bericht der BBC.
Et JB apprend le décès de Gregory Isaacs. Ci-dessous l'article de la BBC.


Un des morceaux de lui que préfère JB est évidemment Don't Let Me Suffer, une perle early reggae de 1969, produite par Rupie Edwards, à laquelle il a toutes les bonnes raisons du monde de s'identifier. On écoute.
Ein seiner Stücke, das der JB bevorzugt, ist selbstverständlich Don't Let Me Suffer, eine von Rupie Edwards in 1969 produzierte early reggae Perle, mit welcher der JB alle gute Gründe der Welt hat sich zu identifizieren. Lass uns sie anhören.

L'élixir

Et JB, qui parlait hier de sérénade apportant la sérénité, les deux mots étant liés autant au soir qu'au sec, puisque le temps sec et calme est un temps serein, et cette idée de sec se retrouve dans le grec xêros — JB se réveille donc ce matin avec la sensation de possibilité, c'est-à-dire avec l'impression de pouvoir à nouveau, à savoir: travailler. Comme s'il avait avalé un élixir hier soir avant de s'endormir et qu'il se réveillait ce matin, neuf et régénéré, autrement dit: rasséréné et serein (puisque, n'est-ce pas, rasséréné signifie rendre serein). Puisque l'élixir est issu de ce même mot grec, xêros, qui signifie donc sec. Par voie de conséquence, et dans une logique interne à l'esprit sinueux de JB, l'élixir apporte la sérénité.
Un bref coup d'œil dans le Robert historique de la langue française le lui confirme:
ÉLIXIR n.m. est un mot emprunté (1269-1278) aussi sous la forme eslissir (XIIIe siècle) à l'arabe ibérique médiéval al-’iksīr qui signifiait “pierre philosophale” (début du Xe siècle) chez les alchimistes et “médicament” par l'intermédiaire du latin médiéval elixir (1144), exir (fin XIIe siècle), elexis ou elexir (vers 1254). Le mot arabe (où al est l’article) est lui-même emprunté au grec tardif xêrion “médicalement de poudre sèche”, neutre substantivé de xêros “sec”, dont l'origine n'est pas connue.

Et JB adore évidemment: de la même manière que la sérénade et l'élixir apportent la sérénité, l'origine profonde de ce qu'est l'élixir (à savoir: ce sec qui constitue le médicament) est inconnue de la même manière qu'est inconnue pour JB la raison de sa régénération, du fait qu'il est rasséréné et donc serein et donc capable de travailler à nouveau.
Il veut donc fêter ça en musique en remettant une sérénade, mais il ne va pas faire écouter Loving Serenade de Duke Reid puisque, il insiste, c'est un élixir et non un philtre qu'il a ingurgité. Aussi va-t-il mettre le splendide Moonlight Serenade, interprété en 2006 par Rico Rodriguez, et que tout le monde connaît puisque ce n'est autre qu'une reprise du standard de Glenn Miller. On entend bien les accents dub en fond sonore, qui rythment le morceau sans l'appesantir — et JB en profite pour adresser à G un Guten Morgen, avec qui ils convenaient samedi que trop du dub tue le dub; pour envoyer son bonjour affectueux à un certain ours ours en peluche dans sa tanière de la Rance, et à qui il demande expressément de ne pas lui envoyer Dansez maintenant (la reprise disco par Dave, en 1975, du Moonlight Serenade que JB vient à l'instant de regarder); pour souhaiter enfin sinon une bonne journée à tous ses autres petits amis.


lundi 25 octobre 2010

In et out

JB remet la main à la pâte traductionnelle, histoire aussi de se refaire la main après se l'être défaite (et le cerveau aussi) - même si, dans cette histoire, justement, pour une fois, le proverbe "jeu de main, jeu de vilain" ne s'avère pas.

Il relit donc - et c'est lui qui souligne.
S’asseoir sur un banc dans le parc et discuter de questions philosophiques sont des activités très en vogue. Que beaucoup pratiquent d’ailleurs de leur plein gré.

L'équivalent norvégien est le mot populært, où on reconnaît sans peine l'adjectif français dont il est issu, mais qui signifie en bon français: à la mode. D'où le "très en vogue" choisi par JB. Mais qui ne le satisfait pas.

Le contexte:
Il s'agit d'un album pour enfants, peuplé d'être plus farfelus les uns que les autres, aux activités qui le sont tout autant. JB se souvient des mots de l'éditeur norvégien qui lui avait dit: "Sens-toi libre de t'écarter du texte norvégien. Ce qui compte, en français, c'est de restituer une langue amusante, avec des tournures ou des termes volontiers désuets ou pas. Mais il faut privilégier l'effet. Même en norvégien, parfois, il y a des mots étonnants. Sens-toi libre!"
Et si JB ne partage pas forcément l'avis de l'éditeur (il s'agit avant tout d'une langue avec un registre simple, un ton plein d'ingénuité et, certes, parfois, des mots étonnants et donc amusants), il va tout de même suivre son conseil.

Il aimerait donc remplacer très en vogue par lancé. Mais, en vérifiant dans ses dictionnaires, il constate que l'adjectif ne s'emploie que pour des êtres vivants, non pour des choses. Et même si l'usage s'est relâché, puisqu'on parle par exemple de “soirées, fêtes lancées”, JB serait prêt à prendre des libertés avec l'usage et employer ce lancé. Qui a des accents autant désuets que drolatiques.
Et pourtant il ne va pas le faire.
Peut-être parce que les lecteurs sont des enfants, justement. Peut-être parce qu'il s'agit d'un album. Peut-être parce que les phrases sont courtes et que, dans ce contexte narratif, l'adjectif devient obscur.
JB s'explique: dans un roman, même pour les enfants, lancé conviendrait très bien. Ici, dans un album, avec ses deux ou trois phrases par page, il faut que cela fasse mouche tout de suite. Et il ne s'agit pas ici de l'effet dont parlait l'éditeur (lui parlait du ton et, donc, indirectement, de l'intention), mais plutôt et bel et bien du sens. Si la signification devient ambiguë, du fait de l'économie narrative, on passe à côté, on loupe l'effet (ici: le ton, l'intention), et l'enfant sera perdu et refermera sans doute l'album.

Du coup, JB pense à «in». «In» entre guillemets, comme le veut l'usage, mais aussi pour éviter qu'on prononce [ε̃] et bien [in]. «In» a l'avantage de son immédiateté autant que de sa brièveté. «In» claque et résonne. «In» fait de l'effet, pour le coup dans tous les sens du terme.
Mais «in» n'est-il pas… «out»? «In» n'est-il pas… passé de mode, démodé, plus du tout "en vogue"? Hum.
Qu'en disaient, déjà en 1980, les lexicographes Josette Rey-debove et Gilberte Gagnon?


1980, ça fait trente ans. Ni in ni out n'ont les faveurs du Nouveau dictionnaire de la langue verte de Pierre Merle, c'est dire. Et le Larousse de l'argot et du français populaire ne retient que out. Une recherche quantitative de "très en vogue" dans gougueule donne plus de… seize millions de réponses! Avec moult renvois vers des dictionnaires de langue. La même recherche avec "très in" recrache 81 900 réponses, mais truffées de références anglaises ou allemandes ou autres. Autant dire que que "très in" est par conséquent… très out.
Hum.

Les enfants connaissent-ils Gainsbourg?
Hum.

I smell more at ease avec la fixture

Et JB vient de recevoir, envoyée en direct de la Rance, l'invitation suivante - pour participer à un débaaat. Il fait une capture d'écran:


Bon.
De deux choses l'une:
Babelfish n'est décidément pas un outil de traduction fiable. JB n'a pourtant de cesse de le répéter à tort et à travers.
De plus, certes JB n'habite plus dans la Rance et, certes également, quand il y va, il est régulièrement pris pour un étranger - une confusion qu'il considère comme un très grand compliment. Mais de là à parler "english or German" dans son propre pays quand bien même ce dernier serait devenu rance…

Sinon, JB adore cette formulation - et c'est lui qui souligne: "has language in which you smell more at ease".
Oh yes, JB smells very much at ease! In any case and any situation.

Et puis, ça veut quoi, un ou une fixture?
JB connaît certes la mixture et la pourriture, la texture et la vergerture, L'Extramadure et la dent dure, la denture et la caricature.
Mais la fixture…???
C'est de la fiction à la confiture? Ou une fixation sur la conchyliculture?

Or, on le sait, JB est un peu nigaud dans son genre.
Du coup, il va vérifier sur gougueule et tombe incontinent sur l'image suivante…
Aha.
C'est donc ça une fixture:


Oui, cela coule de source: JB peut effectivement donner pendant des heures son "point of seen", "in english or German", sur la "fixture". Il se sentira non seulement très confortable avec mais aussi très at ease de smell. Et de semelle aussi, par la même occasion.

Allez, rien que pour le plaisir, on revoit cette pub néerlandaise (qui date des années 1990) pour une agence d'apprentissage de langues, notamment de l'anglais:

Sérénade

Et JB, qui ne se réveille avec aucune musique du matin dans la tête, repense néanmoins très vite à un morceau qu'il a découvert cette semaine Sugar Serenade, des Joe's All Stars (lui qui, depuis la fin de la semaine, écoute quantité de morceaux de Joe Mansano, le compositeur et producteur, celui-là même qui a interprété le JB's Theme, øøø le Tony B's Theme dont JB a bassiné ses petits amis tout le week-end), et, du coup, se demande s'il a intégré le morceau dans sa liste intitulée Sérénade, une compilation de tous les morceaux de ska et de reggae comprenant le mot en question. Il vérifie, la met à jour et, avec le regard satisfait de qui vient de manger du chocolat, constate que le résultat donne ça:


Pas mal. Ça fait pas encore beaucoup, mais c'est un bon et beau début - pense toujours JB, en pensant notamment à la perle qu'est Elizabethan Serenade, un morceau avec la flûte traversière (et il en profite pour souhaiter une bonne journée à G) des Sweet Confusion, au sujet duquel il avait glosé en mars dernier, se demandant s'il existait du reggae d'ascenseur, tout comme il existe de l'easy listening d'ascenseur. Après quoi JB se demande quel morceau il va écouter. Et choisit évidemment Tommy McCook puisque Monsieur McCook possède des morceaux pour chaque état d'âme, ainsi que JB l'avait écrit cette fois en avril dernier.
Et JB, écrivant ce post et recherchant les liens, redécouvre un de ses fameux lapsus lorsque, justement, en matière de musique du matin, il s'était fin août dernier une fois de plus réveillé avec Tony B's Theme dans la tête, qu'il avait alors, au réveil et l'esprit embrumé, rebaptisé Tony's Dream, le confondant ainsi avec le Tommy's Dream de Tommy McCook - un lapsus révélateur des rêves évidemment agités que JB avait fait au cours de la nuit.
Au final, JB constate avec toujours cette même satisfaction du mangeur de chocolat, que la boucle est ainsi parfaite entre Tony B's Theme et cette serenade de Tommy McCook - et ce d'autant plus qu'il ainsi balayé les trois premiers trimestres de l'année 2010. On écoute donc Soul Serenade:



Et force est de constater que cette Soul Serenade contient tous les accents et les notes optimistes, reposés et relaxants dont quiconque a besoin pour bien mieux commencer la semaine. Il y a dans le morceau un délassement mesuré, une jubilation contenue: l'orgue guilleret qui sert autant de phrase musicale que d'ouverture mélodique contrastant avec le saxophone légèrement tracassé, lequel vient ainsi moduler et modérer l'enthousiasme sans doute un peu bravache de son comparse. JB se dit alors: c'est exactement ça. La semaine commence et a ex-ac-te-ment cette couleur, cet arrière-plan.

Très vite, forcément, JB se répète ce mot dans sa tête: sérénade. Et, ainsi qu'il l'a déjà expliqué moult fois sur ce blog tatoué et fumeur, à force de répéter un mot, celui-ci finit par perdre son signifié (= son sens, son concept) pour ne plus conserver que son signifiant (= son image acoustique, phonique). Jb s'interroge du coup tant sur la signification que l'étymologie du terme. Il va par conséquent le rechercher dans ses dictionnaires et s'exclame dans son for intérieur, lisant la définition du TLF: Mais oui! La locution jouer la sérénade à quelqu'un


Ce que JB ignorait totalement, c'est qu'une sérénade est une mélodie "que l'on interpr[ète] la nuit sous les fenêtres d'une personne pour l'honorer ou la séduire". C'est Roméo et Juliette dès le lundi matin, en somme, songe JB. De la même manière, il trouve intéressant le glissement analogique du mot, lequel passe d'un sens positif (l'aubade amoureuse) à une valeur négative (le tohu-bohu puis la dispute).
JB va donc consulter le Robert historique de la langue française pour comprendre:

SÉRÉNADE n.f. est un emprunt (1555) à l'italien serenata, du latin classique serenus (voir ci-dessus 1) serein); le mot italien a d'abord signifié “temps serein”, “nuit sereine” (XIVe siècle), par influence de sera “soir”, puis “concert donné au début de la soirée” (XVe siècle). ◊ Sérénade désigne comme en italien un concert donné le soir sous les fenêtres d'une personne que l'on voulait honorer ou divertir, surtout dans un contexte galant. Spécialisé en musique (1703), c'est le nom d'une pièce composée en principe pour être journée en plein air et la nuit, et devenue un genre de composition libre à plusieurs mouvements. ◊ Par antiphrase, le mot se dit familièrement (1660) pour un concert de cris; cette valeur a été reprise (XXe siècle) pour un “concert” de reproches, de protestations.

Ouh là… Ça fait beaucoup d'informations évidemment capitales que JB doit résumer:
• Ainsi donc, la sérénade a une valeur courtoise: quand JB parlait, badin, de Roméo et Juliette, il était en fait dans le vrai.
• Partant, il comprend le glissement sémantique qui apporte au terme le sens de vacarme, quelle que soit la nature de celui-ci. L'analogie s'effectuant sur l'air (hö!) de: "Ta gueule, t'empêches tout le monde de dormir" à force de gueuler ton amour dehors.
• Mais surtout: la sérénade est donc non seulement liée d'un point de vue étymologique au soir, mais elle le serait aussi à l'adjectif serein? La sérénade du soir apporterait donc la sérénité? Mieux: Le soir et la sérénité serait un seul et même mot? Le soir serait synonyme de sérénité - comme l'ont fixé les proverbes “araignée du matin, chagrin” versus “araignée du soir, espoir”??? Ça alors!

JB, lisant donc que sérénade est formé sur le substantif serein, il lève donc les yeux pour en lire l'étymologie:
SEREIN n.m., réfection (1580) d'après l'adjectif de serain (vers 1138), sierain (vers 1175), est issu d'un latin populaire °seranus, dérivé de serum, latin classique serus “tardif”, qui a un correspondant, pour la forme, dans le vieil irlandais sír “long” et, pour le sens, dans le sanskrit sayám “soir”. De serus vient le bas latin sera n.f. “le soir”, dont procèdent l'ancien provençal sera “soir” (vers 1160) et l'italien sera. L'adverbe sero “tard”, “trop tard” a abouti (vers 980) à ser, qui a donné soir.
◊ Le mot a d'abord désigné la tombée du jour, le soir, puis (vers 1180) l'humidité qui tombe avec la nuit, acception aujourd'hui littéraire ou régionale. ◊ la locution prendre le serein qui signifiait “en éprouver les effets malfaisants” (1671) continue l'ancien provençal pausar a la serena “exposer à l'air frais de la nuit” (XIIIe siècle); au XIXe siècle, la locution s'est quelquefois employée (1872) pour “prendre le frais”; elle est archaïque.

Voici donc une chose entendue et, avant de passer à l'adjectif homonyme, JB va vérifier dans le Gaffiot les parentés latines entre le soir et de la sérénité:




SEREIN, EINE adj. est la réfection (1549) d'après le latin de serain (vers 1175, jusqu'au XVIe siècle), mot issu d'un latin populaire °seranus, altération du latin classique serenus “pur, sans nuages” et au figuré “calme, paisible”, d'où serenum n. “temps serein”. Serenus, d'où viennent l'italien et l'espagnol sereno, est formé d'un ancien °seres-no-s, sans doute issu d'un thème °ser- désignant l'état clair et sec du ciel. Les rapports avec d'autres mots restent peu convaincants: si l'on rapproche serenus du grec xêros “sec” (-> élixir), la voyelle longue ê est inexpliquée; par ailleurs, l'ancien haut allemand serawen “sécher” est éloigné par le sens.
◊ L'adjectif français, aujourd'hui littéraire, signifie comme en latin “qui est à la fois pur et calme”, en parlant du ciel, de l'air; il s'applique par figure (vers 1240, serin) à ce qui indique la maîtrise de soi, le calme. ◊ Au XVIe siècle, serein s'est employé comme nom masculin pour parler de la clarté du temps (1538) et d'un visage paisible (vers 1550). ◊ Avec une valeur abstraite, l'adjectif qualifie (avant 1550) ce qui est exempt d'agitation, puis s'emploie pour “moralement calme, apaisé” (avant 1648). Au XXe siècle, toujours avec l'idée de “calme”, il s''utilise en parlant d'une situation sociale.

Ouh là là là là là… JB doit faire une pause pour digérer et s'approprier tout ça.
Ainsi donc, ce qui est tard est devenu le soir. Ainsi donc, le temps du soir s'est lentement mis à désigné le temps sec du soir et/ou de la nuit. Ainsi donc, le temps sec et limpide et sans nuages a signifié le calme. Ainsi donc, un temps serein a signifié un état d'âme serein, autrement dit: la sérénité.
Et, même si on est le matin et noir le soir, JB veut connaître la sérénité, encore plus en ce lundi matin où il est à nouveau un petit vampire. Il veut tous les sens du mot latin sereno. Il veut 1) "rendre serein", à commencer par lui-même; 2) connaître "un temps serein", à commencer par celui dans son esprit; partant, 3) "chasser les nuages de l'âme", à commencer par la sienne propre; pour enfin, 4) "montrer sur son front un espoir serein".
Et comment y parvient-il?
En écoutant, même si on est le matin, une sérénade, donc une mélodie du soir qui apporte un temps sec et calme et donc serein, et qui enfin ce faisant amène la sérénité.

Il met donc une seconde sérénade, liquide quant à elle, interprétée par lee Perry et ses Upsetters, et, comme celle de Tommy McCook, empreinte de cet optimisme prudent.
Et une bonne journée à tou(te)s!

dimanche 24 octobre 2010

Krass: der JB auf dem Krause Duo!

Und L war bei dem JB essen, sie plaudern und essen, essen und plaudern, und hören Ska.
Plötzlich tonen nach einander zwei Lieblingslieder von dem JB (und man sieht ja, dass er sie viiiel gehört hat: beide 194 Male):


Das Erste ist eigentlich eine Cover-Version von einem Lied von… Tom Jones!
Das Zweite ist auch eine Cover-Version von einem diesmal Køntrilied, von einem anderen Jones gesungen, aber mit George als Vorname, und worüber der JB schon geschrieben hat mit; denn es sind diese unwarscheinlich perfekte Zeile: "So don't think it ain't / been fun / 'cause it ain't / Oh don't think I don't / love you / 'cause I don't." Unwarscheinlich perfekte, weil sie ganz genau eine Trennung und die Ambivalenz und Spaltung dieser Trennung beschreiben. Die Wut und die Verzweiflung.
Mit anderen Worten ist das ein Abschiedslied, worüber der JB hier auf diesem tätowierten rauchenden Blog auch schon mehrmals geschrieben hat. Anstatt zu singen "Du hast mich verlassen, ich weine und es tut weh", singt man, wie Lloyd & Paul Randolph: "Once more I can see love and sun shining / Shining 'cause I know I'm over you." Und gerade das sogar mit Stolz. Chapeau!
Ausgerechnet das erklärt der JB L.

Später, wieder allein, hört sich der JB noch ein Paar Abschiedslieder. Und heute Abend wie damals, als der JB dieses tätowiertes und rauchendes Blog geöffnet hat, sind beide Lieder immer noch nicht auf durohr zu finden — und der JB sieht hier irgendwie ein Zeichen dafür, dass eine Trennung nie wirklich stattfindet. Oder doch?

Der JB will also ein anderes Abschiedslied hören lassen, nämlich News Carrier von The Hamlins, das er auch nicht findet und was sieht er, plötzlich, irgendwie out the blue, auf der rechten Spalte der Seite?!?
Genau:


Hurrah und Inch'Allah!!!
Der gute yoga12345678 (was für ein Nick - egal) hat es am 29.10.2010 runterladen.
Freu und Doppelfreu und Trippelfreu!
Also bütte schøn:




Aber Moment mal, ey… Was steht dort, wieder auf der rechten Spalte der Seite?
Genau:


Und wo war L am Sommer auf dem Roller, wenn der JB fragen darf (und er fragt es)?
Genau: auf diesem Isle of Wight Scooter Rally.
Und wer war noch da?
Genau: N.
Der JB entscheidet sich Videos zu finden und zu gucken um N und L zu finden. Er schaut sich dutzende von Videos an, das Eine langweiliger als das Andere — bloss dass man Hunderte von Mods und Skinheads auf ihrem Roller sieht. Aber naja.

Der JB möchte aber bitte schön seine Langeweile teilen. Also hier geht's los während 11 (E L F !) fantastischen und unvergesslichen Minuten:



Aber leider sind N und L nirgendwo zu sehen.
Der JB weint.
A-behr.
Während er guckt, sieht er ein Paar Modelle, worauf er sich selbst gut sehen könnte:


Ja, genau!
Er könnte mit dem oben- oder untenstehenden Model zum Nighter fahren. Zusammen mit G.
Der JB vorne, genauso in weiss, G hinten.
Ja, genau!
Sie würden so beide zum Nighter fahren, und alle würde die beede verachten, weil sie so krass erscheinen würden.


Oder, als noch Bürger des Reiches von Sarko, könnte der JB sich gut sich selbst auf diesem exquisiten Michelin-Roller vorstellen:


Oj!… Was ist aber das???


Oj! Das ist aber ein Krause Duo! Wie damals in der DöDöRrr!!!
Nochmals Freu und Doppelfreu und Trippelfreu!
Ein Krause Duo!
(…)
Wie bitte was?
Ach so?!
Ihr weisst nicht, was ein Krause Duo ist?
Naja, keen Probleem… Der JB mit seinen guten Freunden von Barbarossa bei der MDR hilft mit:



Jo, mann, krass der Krause Duo!
Jo: der JB auf einem krassen Krause Duo!
Mit G oder F oder N als Sozius auch drinne (naja, tut dem JB Leid, aber die können nicht alle Vier gleichzeitig drin sitzen) auf dem Weg zum Nighter! Boah… Alle werden neidüsch auf sie sein. Boah, krass, ey…

Jane Austen chez les Tamouls

Et JB, faisant sa revue de presse du jour, découvre avec stupeur sur le site du Monde:


Diantre! s'écrie-t-il in petto.
Il s'avère que Kathryn Sutherland, une universitaire spécialiste de Jane Austen, a relu avec un regard acéré les manuscrits de la Dame:


Et l'article est ponctué par un extrait de l'adaptation télévisuelle de Persuasion, datant de 2007.
Du coup, JB va se perdre sur le page Wikipédia consacrée à Jane Austen, histoire de vérifier, aussi, et aussi parce qu'il a en tête l'adaptation en 1995 par Ang Lee de Raison et Sentiments, quelles œuvres ont été portées à l'écran, et par qui.
On se souvient tous de la scène d'anthologie lorsque Kate Winslet, Marianne Dashwood dans le roman et dans film, chante au clavicorde d'une voix éthérée:




Ce faisant et ce cherchant, JB découvre à sa grande stupéfaction qu'une adaptation en tamoul du roman en question a été réalisée en 2000 par Rajiv Menon, intitulée: Kandukondein Kandukondein. Évidemment, JB se précipite alors sur toitube et, bingo, le film est entièrement à disposition. Mer-veil-leux!
JB retrouve également la fameuse scène où Marianne, entre-temps devenue Meenakshi, ou Meenu, joue non plus au piano, clavecin ou clavicorde mais, et c'est bien normal pour elle qui vit en Inde, du tampura. On la voit ci-dessous répéter avec sa maman Mahalakshmi (absente de l'image), et c'est pas fastoche pour elle, à voir sa grimace qui n'est autre que la mimique de celle qui souffre dans sa chair, sinon l'expression de celle qui est pénétrée dans tout son corps par… la beauté de l'art, bien sûr:


De fait, c'est quoi son but dans la vie, à Meenu?
Oh, ben… elle a les mêmes rêves que JB, hein:



Là-dessus, JB est entièrement d'accord: il ne faut surtout pas oublier le mind, mais prendre aussi en considération le body. Parce que le body, c'est comme qui dirait la cerise sur le gâteau, ou le raisin sec dans la saucisse, comme on dit aussi si bien en norvégien — et la saucisse, c'est bon à toutes les sauces, même avec des raisins secs dedans.

Mais JB sent que ses petits amis sont un peu perdus, soit qu'ils n'ont ni lu ni vu Raison et Sentiments, soit qu'ils voudraient voir leur mémoire rafraîchie.
Pas de problème. JB leur livre illucu prestu, primo le synopsis du film d'Ang Lee, que voici:


Puis, secundo, celui du film de Rajiv Menon:


Ha ha ha! Mais oui, JB a fait une blagouille à ses petits amis. La copie d'écran ci-dessus n'est autre que la version en tamoule. Voici la traduction française:


Ça y est? Vous suivez, mes petits amis?
Bon.
Commençons.
Donc Meenu joue du tampura et Major Bala (Bala pour les intimes, le colonel Brandon chez Jane Austen) est séduit. Son poteau (à droite) le lui confirme:


Et il est plus que séduit - et son poteau doit lui tirer les vers du nez pour qu'il l'avoue:


Il est certain qu'il ne faut pas être grand clerc pour se rendre compte de la transformation de Bala:


On a presque envie d'ajouter, en paraphrasant Thomas Bernhard: "Voilà la vérité!"
Mais l'autre vérité, et elle n'aura échappé à aucune mirette des petits amis de JB, c'est que le Major Bala porte un sweat bleu rehaussé du monogramme de son prénom (genre: après un Z qui veut dire Zorro, là, c'est un B qui veut dire Bala) et que, tandis qu'il parle avec son poteau dans le champ d'orchidées, il ne cesse de faire de la muscu - mais bon, après tout, quoi de plus normal?



Seulement voilà… Pas de bol pour Bala, surgit alors le bellâtre Srikanth, oui celui-là "qui roule en Mercédès et aime aussi la poésie". Ça risque de pas être très évident du tout, hein, l'amourtoujoursamourabat-jour. Voyons voir à quoi ce Srikanth ressemble et ce qu'il estime être l'essence de l'existence:


Ouais, ben… JB voudrait pas jouer les Cassandre, mais c'est pas gagné, c't'histoire, hein. Parce que, il ne voudrait pas dire non plus, mais… si un Srikanth "qui roule en Mercédès et aime aussi la poésie" débarquait dans la vie de JB et lui disait que ce qui compte dans la vie c'est "No fear, no fear and no fear at all" et que les "dreams must come trou øøø… true", JB, lui, même s'il joue pas du tampura, il fondrait. Bon, il faudrait sûrement lui refaire une cupe, à Srikanth, prendre la tondeuse et, zim… fini le brushing de Srikanth. Mais c'est déjà une autre histoire.

Comme JB sent que ses petits amis n'en peuvent plus et veulent absolument voir l'extrait en question, il le leur livre ci-dessous:




Génial, non?
Allez, on se quitte avec Neil Hannon et son The Booklovers Song Text, dans lequel il liste tous ses écrivains chouchous. Et qui cite-t-il, à 0'39""? Gagné: Jane Austen - laquelle lui répond (puisque chaque écrivain intervient pour dire une petite phrase): "Here I am!" Le morceau date de 1994 et est trouvable sur le disque Promenade: