dimanche 31 juillet 2011

"I have to go"

Et JB ouvre les yeux sur ce dimanche avec He'll Have To Go dans la tête sans qu'il sache exactement quelle version tourne dans son cerveau compliqué. S'il sait assurément qu'il ne s'agit pas de l'original country enregistré par Jim Reeves en 1959, il sait qu'il en possède plusieurs versions dans son mange-disque électronique. Mais c'est d'abord Trojan Records qui lui indique que:

Jim Reeves was, of course, never anything other than a Country artist. Like Patsy Cline, Reeves perished in a plane crash in the early 60s, but releases of unissued material kept him in the charts well into the later half of the decade. It's unlikely that any of the reggae acts that recorded He'll Have To Go ever heard Bobby Boyd's 1959 original, which flopped just weeks before Gentlemen Jim took it to the top. But they will know Jim's version (or possibly that of soul star Solomon Burke) and it will be on his version that Raphael Stewart based Put Your Sweet Lips, a lazy and nonsensical re-titling using the first line of the opening verse.

Et, heureusement pour leurs oreilles, les différents artistes de reggae n'auront pas entendu le phrasé mollasson et le timbre mat de Reeves, avec cette voix qui roule dans la gorge, est incapable de monter dans les aigus et chanterait presque faux par endroits. Quant à la version par Raphael Stewart recommandée par Trojan Records, de 1971, mouais… JB n'est pas convaincu. S'il n'y a rien à redire de l'orchestration des Four Tops, la voix de l'interprète a tendance à agacer à forcer de hurler plutôt que de chanter, de lancer les phrases dans le micro plutôt que de les moduler. Un peu comme s'il participait à un jeu de quilles musical. Mais JB laisse ses petits amis juges:



Non, décidément, ça ne va pas.
Deux ans avant lui, Davis Isaacs s'y essayait. Et c'est autrement réussi. Grâce à Lee Perry qui le produit et dont on reconnaît la patte dès les premières notes? Sans doute. Avec des riffs de guitare frénétiques et une phrase musicale à l'orgue Hammond toujours aussi entêtants (comme… flûtés?), le morceau est rehaussé par la voix plaintive de David Isaacs dont l'entière discographie sortie sous l'égide de Lee Perry, selon JB, est tout simplement brillante — au point que, toujours selon JB, le reste de sa production restera un soupçon falote. On écoute:



Mais la version que JB préfère est celle de Roy Richards, qu'il interprète un an avant (on est à présent en 1968) avec Enid (dont, évidemment, on ne connaît pas le nom — et encore une chanteuse de ska/reggae réduite à son seul prénom, renvoyée à un anonymat qu'aucun homme ne connaît jamais). Comme l'indique le sieur Cassounet depuis la Rance où il réside (et JB est toujours épaté par sa collection), il s'agit d'un morceau dans le style rocksteady, donc plus lent, plus alangui, produit comme on le voit également par Clement Coxsone Dodd. Mais il y a un instrument qui détonne (dans tous les sens du terme) dans cette orchestration. Ce sont bien sûr les percussions très nyabinghi avant l'heure, une quasi anticipation musicale puisqu'il faut attendre 1973 pour que cette musique devienne emblématique de l'ordre rastafari et de ses musiciens (notamment Count Ossie et Ras Michael pour les plus connus; le morceau préféré de JB dans ce genre musical étant Nyah Bingewe, de Nyah Earth, avec la flûte traversière — héhé! et un bonjour à G au passage). Allez, on écoute Roy & Enid:



Sur ce, JB va faire comme dans la chanson et dire : "I have to go", non sans souhaiter à ses petits amis un bon dimanche — sous ses applaudissements.

Aucun commentaire: