Et JB, qui a bravé la pluie pour aller rejoindre ses petits amis au restaurant et manger des Spätzle aux champignons des bois, suivis de Marillenknödel; le tout agrémenté de 2 Kristallweizen et d'un alcool blanc également d'abricots (par ce temps, on va pas se laisser abattre, hein) — JB a donc enfourché son biclou sous la pluie battante avec Nellie dans les oreilles qui lui chantait:
You can take her any place she wants
To fancy clubs and restaurants
But I can only watch you with
My nose pressed up against the window pane
JB écoutait cette chanson triste à pleurer en toute conscience, en ne se sentant nullement concerné; uniquement captivé par la voix à la couleur et au timbre étonnants de Nellie et par l'orchestration skinhead reggae de ce disque sorti en 1969 sur Gas Records, sous-division de Pama Records. On écoute:
Puis JB est rentré du restaurant, toujours sur son vélo mais sans ses écouteurs dans la oreilles mais avec Nellie dans la tête qui ne cessait de chanter que tout c'est qu'elle peut faire c'est regarder l'homme qui l'a quitté manger au restaurant avec sa nouvelle copine pendant qu'elle, Nellie, les regarde, le nez collé contre la vitrine. Pff…
Depuis le départ, la question que se pose JB est évidemment:
Who is Nellie?
Nellie n'a enregistré qu'un disque, celui-là. Avec I Who Have Nothing en face A et You Send Me en face B. Et c'est tout. Nellie disparaît des studios d'enregistrement, disparaît des maisons de disques, disparaît des catalogues. Il ne reste que ça, ce disque qu'on peut voir en vidéo, qu'on peut trouver sur les compils, qu'on peut acheter à 60£ l'unité (quand même!). Sinon, aucune photo de Nellie nulle part, aucune information sur elle, aucune biographie. Même pas un nom. Juste un prénom, Nellie — et basta. Comme tant et tant de chanteuses de ska et de reggae, Nellie aura presque eu la permission de chanter pendant 5 à 6 minutes et ensuite le droit d'aller se rhabiller.
Même Markus, l'un des DJ du nighter Everything Crash s'en étonnait, regrettant que les producteurs jamaïcains n'aient pas donné sa chance à "une artiste incroyablement talentueuse":
Et s'il s'agit d'une reprise (puisque, là aussi, les chanteuses étaient pour la plupart réduites à interpréter des reprises), elle n'est pas signée Sam Cooke, mais Ben E. King. Nellie, quand elle choisit de reprendre I Who Have Nothing a sans doute entendu dans sa jeunesse la version de Shirley Bassey. Sortie en 1963, c'est elle qui a donné au morceau sa popularité qui ne s'est jamais démentie, ne serait-ce que dan sle reggae (Derrick Morgan, Nicky Thomas, etc.). Mais, pour venger Nellie, on ne va pas écouter leur version, mais plutôt celle de Shirley Bassey, qui sait à l'époque encore chanter sans hurler ni piailler.
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