Et JB apprend dans son journal le décès de Poly Styrene, morte le 25 avril d'un cancer du sein.
Føck.
Poly Styrene, c'était elle:
Poly Styrene, c'était la chanteuse du groupe pønk X-Ray Spex, qui a connu son heure de gloire avec, notamment, le morceau Germ Free Adolecents. Pour JB, qui ne peut jamais faire comme les autres, le grand tube du groupe était plutôt la chanson I Am A Cliche. On écoute:
Babaille, Poly Styrene! RIP.
jeudi 28 avril 2011
"you can't deny it"
Et JB, hier soir, rentrant du théâtre où il a à nouveau été subjugué par le talent d'Anja Schneider au Gorki:
… JB rentre donc dans son palais socialiste et, par une mystérieuse association d'idées dont lui seul et son cerveau abstrus ont le secret, il repense brusquement (à l'instar d'une musique du matin qui surgirait dans sa tête, sauf qu'on est le soir et qu'il est minuit) à Happy Holiday, la chanson des Hotknives qu'il aime tant et qu'il n'avait plus écoutée, lui indique son mange-disque électronique, depuis le 8/12/2010 (le jour où JB a fête ses 7 ans et son entrée au CP). Il la cherche ce soir encore, en vain. En vain, puisqu'il veut la faire écouter à ses petits amis depuis longtemps. Il ne la trouve pas mais il trouve ça:
Et, évidemment, le cœur en pâte d'amande de JB fond, et la poisse doucereuse dégouline sur son ordimini dont les circuits dès lors aussi ensucrés qu'ensuqués et bloqués diffusent en boucle la chanson d'amour rythmée par des accords de violon (et, une fois encore, JB doit constater que les groupes de ska du moment les plus épatants (Madness, The Hotknives, The Valkyrians) utilisent tous le violon, un instrument qui, pourtant, traditionnellement, n'a guère sa place dans ce genre musical).
Et, ce matin, JB se réveille après une nuit complète (en-fin!), et force lui est de constater que Happy Holiday tourne toujours dans sa tête compliquée. Il s'agit à présent véritablement d'une musique du matin et JB fonce allumer son ordimini. Tandis qu'un soleil blanc irradie la ville et qu'un JB délunetté prépare à tâtons son café, Mark Carew ("the greatest dad in the world and a hero") chante le refrain que JB aime tant:
Et JB, têtu comme un teckel, de s'interroger sur la rémanence (comme on dit) du refrain qui résonne dans ses oreilles et jusque dans ses neurones et, systématiquement, suscite cet attendrissement semblable à une débâcle, rappelant elle-même la fonte du cœur en pâte d'amande de JB. Lequel constate que tout ceci intervient au moment précis où G & F & JB ont enfin trouvé une accommodation à Rosslau lors du prochain festival de ska en juin (et føck la priiide simultanée à Berlin) alors même que G & F adorent eux aussi The Hotknives:
JB se dit alors que la skanking band ainsi au (très) grand complet va passer un week-end de rêve et que l'amitié atteindra son acmé (comme on dit aussi).
N'empêche, dans cette période troubl(é)e où le ressac poursuit ses échappées sur la plage de galets qui entoure le cerveau compliqué de JB, où le calme après la tempête semble durable (et JB prie chaque jour Saint-Karl Marx pour qu'il n'en aille pas autrement), toutes les phrases de Marc Carew forment un ensemble à la bouleversante cohérence de cette chanson d'amour qui est aussi une chanson de rupture:
I wouldn't say that what I've done is wrong,
feel out of place now where I'd once belong
and when you look at it and put it in perspective
it looks bad, and you know that you can't deny it.
A missing person with a missing tale,
a deeper breath before my next exhale.
I must be on a happy holiday.
Et, sur cette réjouissante constatation, JB souhaite une bonne et belle journée à ses petits amis.
… JB rentre donc dans son palais socialiste et, par une mystérieuse association d'idées dont lui seul et son cerveau abstrus ont le secret, il repense brusquement (à l'instar d'une musique du matin qui surgirait dans sa tête, sauf qu'on est le soir et qu'il est minuit) à Happy Holiday, la chanson des Hotknives qu'il aime tant et qu'il n'avait plus écoutée, lui indique son mange-disque électronique, depuis le 8/12/2010 (le jour où JB a fête ses 7 ans et son entrée au CP). Il la cherche ce soir encore, en vain. En vain, puisqu'il veut la faire écouter à ses petits amis depuis longtemps. Il ne la trouve pas mais il trouve ça:
Et, évidemment, le cœur en pâte d'amande de JB fond, et la poisse doucereuse dégouline sur son ordimini dont les circuits dès lors aussi ensucrés qu'ensuqués et bloqués diffusent en boucle la chanson d'amour rythmée par des accords de violon (et, une fois encore, JB doit constater que les groupes de ska du moment les plus épatants (Madness, The Hotknives, The Valkyrians) utilisent tous le violon, un instrument qui, pourtant, traditionnellement, n'a guère sa place dans ce genre musical).
Et, ce matin, JB se réveille après une nuit complète (en-fin!), et force lui est de constater que Happy Holiday tourne toujours dans sa tête compliquée. Il s'agit à présent véritablement d'une musique du matin et JB fonce allumer son ordimini. Tandis qu'un soleil blanc irradie la ville et qu'un JB délunetté prépare à tâtons son café, Mark Carew ("the greatest dad in the world and a hero") chante le refrain que JB aime tant:
Et JB, têtu comme un teckel, de s'interroger sur la rémanence (comme on dit) du refrain qui résonne dans ses oreilles et jusque dans ses neurones et, systématiquement, suscite cet attendrissement semblable à une débâcle, rappelant elle-même la fonte du cœur en pâte d'amande de JB. Lequel constate que tout ceci intervient au moment précis où G & F & JB ont enfin trouvé une accommodation à Rosslau lors du prochain festival de ska en juin (et føck la priiide simultanée à Berlin) alors même que G & F adorent eux aussi The Hotknives:
JB se dit alors que la skanking band ainsi au (très) grand complet va passer un week-end de rêve et que l'amitié atteindra son acmé (comme on dit aussi).
N'empêche, dans cette période troubl(é)e où le ressac poursuit ses échappées sur la plage de galets qui entoure le cerveau compliqué de JB, où le calme après la tempête semble durable (et JB prie chaque jour Saint-Karl Marx pour qu'il n'en aille pas autrement), toutes les phrases de Marc Carew forment un ensemble à la bouleversante cohérence de cette chanson d'amour qui est aussi une chanson de rupture:
I wouldn't say that what I've done is wrong,
feel out of place now where I'd once belong
and when you look at it and put it in perspective
it looks bad, and you know that you can't deny it.
A missing person with a missing tale,
a deeper breath before my next exhale.
I must be on a happy holiday.
Et, sur cette réjouissante constatation, JB souhaite une bonne et belle journée à ses petits amis.
mardi 19 avril 2011
Crottendorf
Ja, liebe kleinen Freunde: "Ahoi, du einsammer Boy!", wie die Nina damals in 1979 sang. Und doppelt mal Ahoi, denn der JB vorbereitet schon seinen nächsten Wandertur und läus geht es wieder nach Sochsn, in der Nähe von Tschechien, wo der JB übrigens auch wandern wird.
Die lieben kleinen Freunde des JB fragen (sich) natürlich: "Aber wo gehst du hin?"
Der JB hat seine Antwort parat:
Hö hö hö!
"Ja… was ist denn so lustig dabei?" wundern sich jetzt die lieben kleinen Freunde des JB, der noch wieder seine Antwort parat hat. Denn: was bedeutet crotte auf fransösischö, wenn er so en passant erwähnen darf? Das Nouveau dictionnaire de poche français-allemand (also: Neues französisch-deutsches Taschenwörterbuch) von 1796 erzählt uns die rohe und ausgefallene Wahrheit:
Der JB hat aber das unerklärliche aber innigste Gefühl, dass seine lieben kleinen Freunde ihm gar nicht glauben. Von daher hat er das Encyklopädische französisch-deutsche und deutsch-französische Wörterbuch (1883) von Karl Sachs und Césaire Villatte durchgeblättert und diese Bestätigung bekommen:
Also? Und die verschiedenen Definitionen sind herrlich, oder?!
Aber zurück zu unserem Taschenwörterbuch.
Obwohl es von 1796 stammt, also sieben kleinen Jahre nach der Revolution, ist es verblüffend feststellen zu können, wie die Definition des Verbs aktuell ist. "Voll Koth machen", kurz und modernisiert: Voll Kot, hört sich irgendwie wie die zeitgenössische von jungen Gesellen beliebte Redewendung an:
Voll Krass!
Oder besser, wenn "der sprechende Subjekt" (wie Ferdinand de Saussure, der Vater der Sprachwissenschaft es äusserte) von dem Ey-Gen dotiert ist:
Voll krass, ey!
Oder viiiel besser, wenn man völlig in der Realität und Modernität zugleich sein möchte:
Voll krass, ey, alta!
Und woher kommt dieses Adjektiv, nämlich krass?
Von dem lateinischen, genau. Der Kluge (das etymologische Wörterbuch der deutschen Sprache) teilt mit, dass man es "ebenso" auf "neufranzösisch" findet. Und wie sagt man es? Crasse. Und obwohl es in Molières Sprache ein Substantif ist, was bedeutet jetzt crasse? Die Antwort gibt uns wieder das gute Taschenwörterbuch von 1796:
Ge-nau: Kot.
Also, wenn crasse Kot bedeutet und Kot genauso crotte bedeutet, und also crotte und crasse fast Synonyme sind, dann sind Voll krass und Voll kot auch Synonyme. Besser: wenn krass von crasse entlehnt wurde, ist es letztendlich sicher, dass das deutsche Crotte von Crottendorf auch von der französischen crotte entlehnt worden ist. Was wiederum bedeutet, dass Crottendorf Kotendorf bedeutet, oder im modernen deutsch: Kackendorf.
Von daher gilt die folgende mathematische Wortgleichung:
crotte = Kot = crasse = krass = crotte = Kot < voll kot = voll krass.
JB möchte daher eine neue lexikographische Mode lancieren. Jetzt wird nicht mehr das vulgäre voll krass in mondänen Gesellschaften (d.h.: auf Nightern, in intimen Orten des eigenen Hauses oder bei Rezeptionen im Schloss Bellevue) benutzt, sondern das neumodernisierte voll kot, ey. Oder besser:
Voll kot, ey, alta!
Und, so en passant möchte der JB seinen lieben kleinen Freunden bitte schøn betonen, das Voll Kot wiederum nicht mit Pol Pot verwechselt werden darf (obwohl…). Es herrsche zwar die (Wort)Revolution, liebe Genossen und Genossinnen, aber nicht die (Volks)Destruktion.
Nun dass wir dieses lexikographisches sowie semantisches sowie linguistisches Rätsel hinter uns haben, können wir ruhig und adrett zurück bzw. weiter nach
Und auf jeeeden Fall nicht nach Bayern und
Denn das schöne wenn nicht wundervolle in Crottendorf ist nämlich die Tatsache, dass es nicht ein Crottendorf gibt. Sondern zwei. Es gibt ein Mittelcrottendorf und ein Obercrottendorf. Wie diese Karte es bestätigt:
Die nächste Frage, die sich der JB stellt, ist was genau diese Mittel- und Ober- definieren: das Dorf oder die Crotte? Ist es das Dorf von ober und im Mitten, oder die obenliegende und die mittelstattfindende Crotte? Tja… Der JB hat das nachgekuhgelt, hat aber keine zuverlässige & wissenschaftlich sichere Antwort gefunden. Er fragt sich immer noch weshalb…
Aber Crottendorf herbergt andere Schönheiten. Das hat der JB dank G erfahren. Unnötig ist es in der Tat zu erwähnen, dass der JB zusammen mit G nach Crottendorf fährt. Die (zwar reduzierte) skankige Band wird Crottendorf zusammen
Crottendorf ist nämlich bekannt für seine Schnäpse & Obstlern. Und wer herstellt diese Liköre? Die Firma Grenzwald-Destillation. Aber wie genau heisst die Firma???
Grenzwald-Destillation Otto Ficker GmbH Crottendorf / Erzgebirge
Eine Firma, die jahrenlang und generationenlang nur von Ficker betrieben wurde: erstmal Otto, dann Fritz (Fritz Ficker ist ein guter Name, findet der JB), jetzt Peter (Peter Ficker, dank der Alliterationen und Assonanzen des Wortes, klingt auch gut). Und ausgerechnet diese Wirklichkeit, dass man Jahrzehnten ein und aus nur Ficker war, findet der JB ganz prima & passend & pertinent, also: sachbezogen. Und dass das ganze Crottendorf (also Mittelcrottendorf sowie Obercrottendorf) die Standhaftigkeit der Ficker hat, hofft der JB und von daher freut er sich schon unheimlich auf seinen Tur.
Was die Grenzwald-Destillation Otto Ficker GmbH Crottendorf / Erzgebirge immer noch produziert ist das (hier die Etikett von 1972):
Eskimops
Was für einen tollen und passenden Namen für A&O&Å (aka die Mopsfamilie, auch einige kleinen lieben Freunde des JB — und für einen Mitglied der Mopsfamilie sogar seeehr klein)!
Aber Crottendorf hat nicht nur dieses Geheimnis, also die Ficker die Eskimops herstellen.
Geheimnis #2 heisst Thomas Löser, spielte damals in der dörfigen Fussballmannschaft SV Blau-Weiß Crottendorf und, nach einer superben Torschütze gegen Zschopauthal, wurde sofort von FC Erzgebirge Aue (in zwei Jahren in der Bundesliga) engagiert. Die MDR berichtet. Man beachte die melodiöse Sprache des Thomas.
Die MDR zeigte einen anderen Reportage über den Thomas, als er nämlich das Trikot der FC Erzgebirge Aue anzog. Diesen historischen Augenblick möchte der JB hier auf dem tätowierten rauchenden Blog bezeugen und ihn bejubeln und ihn Ninas "Ahoi, du einsammer boy" besingen:
Ach, wie der JB freut sich auf Crottendorf! Er sehnt sich nach Crottendorf, um seine Kenntnisse der Feinheiten der deutschen Sprache zu verbessern. Und überhaupt: um neue Bekanntschaften zu machen! Und diesmal ist es ihm crotte egal, ob diese Sozialisation verbal oder nonverbal ist. Denn, dank der Eskimops von den Fickern, wird er sich voller Freude nicht nur in der Sprache aber in allen Bereichen verbessern.
Ja, liebe kleine Freunde, der JB war so begeistert, dass er seiner sächsischen Sonne auf einer gewissenen blauen Seite anschrieb um die guten Nachrichten mitzuteilen:
Die sächsische Sonne antwortete aber:
Der JB versteht bisher immer noch nicht den Sinn dieser Antwort.
Être un hérisson
Et quel enchantement (à tous égards), circa après le levage, de découvrir cette vidéo envoyée par le cher ami É:
JB veut aussi être un hérisson!
Partant, JB se pose tout de même plusieurs questions.
La première, non liée à son sexe biologique mais indécrottablement liée à sa pensée inhérente: le nom s'accorde-t-il au féminin?
Oui, répondent invariablement les dictionnaires, le TLF en tête, citant Giraudoux à qui l'on doit visiblement cette féminisation:
Hérissonne, subst. fém. a) Femelle du hérisson. Ils traversent les routes la nuit, par dizaines, hérissons et hérissonnes qu'ils sont, et ils se font écraser (Giraudoux, Électre, 1937, I, 3, p. 41)
Et le substantif a même plusieurs sens:
b) ,,Plante à piquants de la famille des genêts`` (Mots rares 1965).
c) ,,Nom vulgaire des chenilles de divers papillons nocturnes (notamment des Écailles), à cause des longs poils dressés dont elles sont couvertes`` (Séguy 1967).
Et ce même TLF indique à JB l'acception par analogie du nom hérisson, pour désigner une personne:
c) Au fig. Personne très susceptible, d'un abord peu facile. C'est un vrai hérisson (Ac. 1935). J'ai renoncé au mariage (...). J'en ai déjà manqué dix-sept (...) par la faute de mes beaux-pères (...) je suis toujours tombé sur des hérissons, des gens crochus, biscornus (Labiche, M. qui prend la mouche, 1852, 6, p. 161). Comment veux-tu que cette petite ait de l'épanchement pour un hérisson comme toi? Elle ne sait où te dorloter, tu es toujours en boule (Augier, Gendre M. Poirier, 1854, II, p. 231).
La seconde: cette histoire de devenir le hérisson d'un gars tatoué est-elle vraiment très sérieuse?
Et, JB le donne en mille à ses petits amis, Florence Cailliot-d'Ivernois, éthologue et comportementaliste, se l'est posée avant lui:
JB veut aussi être un hérisson!
Partant, JB se pose tout de même plusieurs questions.
La première, non liée à son sexe biologique mais indécrottablement liée à sa pensée inhérente: le nom s'accorde-t-il au féminin?
Oui, répondent invariablement les dictionnaires, le TLF en tête, citant Giraudoux à qui l'on doit visiblement cette féminisation:
Hérissonne, subst. fém. a) Femelle du hérisson. Ils traversent les routes la nuit, par dizaines, hérissons et hérissonnes qu'ils sont, et ils se font écraser (Giraudoux, Électre, 1937, I, 3, p. 41)
Et le substantif a même plusieurs sens:
b) ,,Plante à piquants de la famille des genêts`` (Mots rares 1965).
c) ,,Nom vulgaire des chenilles de divers papillons nocturnes (notamment des Écailles), à cause des longs poils dressés dont elles sont couvertes`` (Séguy 1967).
Et ce même TLF indique à JB l'acception par analogie du nom hérisson, pour désigner une personne:
c) Au fig. Personne très susceptible, d'un abord peu facile. C'est un vrai hérisson (Ac. 1935). J'ai renoncé au mariage (...). J'en ai déjà manqué dix-sept (...) par la faute de mes beaux-pères (...) je suis toujours tombé sur des hérissons, des gens crochus, biscornus (Labiche, M. qui prend la mouche, 1852, 6, p. 161). Comment veux-tu que cette petite ait de l'épanchement pour un hérisson comme toi? Elle ne sait où te dorloter, tu es toujours en boule (Augier, Gendre M. Poirier, 1854, II, p. 231).
La seconde: cette histoire de devenir le hérisson d'un gars tatoué est-elle vraiment très sérieuse?
Et, JB le donne en mille à ses petits amis, Florence Cailliot-d'Ivernois, éthologue et comportementaliste, se l'est posée avant lui:
Peut-il sérieusement se socialiser à l'homme et devenir un compagnon de vie? Pourquoi pas! Toutes les espèces animales peuvent être plus ou moins socialisée à l'humain lorsqu'elle sont recueillies très tôt et mises en contact rapidement avec des humains. Mais est-ce une bonne idée d'en faire un animal domestique?
Là, Florence est un peu à court de réponses claires. Mais elle nous communique tout de même quelques arguments en faveur de la domestication du hérisson par les gars tatoués:La grande question qu'on peut se poser est: que faire avec un hérisson? peut-on vraiment entrer en relation avec un tel animal?
Et bien il semble bien que oui!
Il apprécie les massage du bas du dos (il devient alors tout "mou"), il aime jouer avec des petites balles, des rouleaux de papier hygiénique coupés dans leur longueur (pour qu'il ne s'y coince pas), il aime se cacher mais aussi courir et grimper (sur des petites hauteurs).
On peut l'appeler et le faire venir à soi (il faut qu'il l'ait appris tôt cependant) et il peut dormir sur vous s'il vous connaît bien.
Comme le hamster, le hérisson comprend rapidement le principe de la roue qu'on installe dans sa cage et s'y adonne des heures durant. Est-ce vraiment signe d'épanouissement? Nous émettons un sérieux doute à ce sujet.
Et là, JB remercie Florence du fond du cœur car, s'il y a des choses qu'il n'a pas forcément, ni en première ni en dernière instance, envie de faire avec un gars tatoué, c'est de "jouer avec des rouleaux de papier hygiénique" que ceux-ci soient "coupés dans leur longueur" ou pas. Se coincer dans quelque chose, voire être coincé dans quelque chose, en revanche, il n'a rien contre.
Le chagrin de mon chagrin
Et JB veut traduire la phrase suivante ainsi:
Commence alors la période où c'est moi contre le monde entier.
JB n'est pas peu fier de sa solution, il trouve que ça sonne bien et tout, que le rythme est bon. Ouais, pas mal, songe-t-il, enfoncé dans son fauteuil, la clope au bec, avec cet air un peu imbuvable du type sûr de lui et fat sur les bords comme les côtés.
Jusqu'à ce qu'il lise et relise et que sa satisfaction fonde comme neige au soleil.
Parce que, parlant de rythme et de sonorité, patin couffin, ça commence à vibrer et résonner sec dans son cerveau compliqué.
Et qu'est-ce qui résonne?
Ça:
Oh naaan…, fait-il en craillant une riveure. Pas Cloclo sur ma phrase favorite!
Et surtout pas"le chagrin de mon chagrin"!!!
Il se triture les méninges qu'il a tavelées de six taches blanches [méninge est féminin, correspondant ainsi au latin meninga, et se disait aussi miringue en moyen français], et il finit par trouver une solution qui lui va:
Commence alors la période où je me bats contre le monde entier.
Et là ça plaît doublement à JB parce que ça rappellerait presque "C'est la lutte finale!"
Et buenas noches, hein.
PS: En parlant de miringue en moyen français, JB a trouvé dans le Godefroy un magnifique exemple de description desdites miringues. Et woilà:
PS2: En moyen français, le participe présent [ici: "montentes"] s'accordait encore en genre et et nombre, mais la règle était floue dans son application. Le Grevisse nous explique:
Commence alors la période où c'est moi contre le monde entier.
JB n'est pas peu fier de sa solution, il trouve que ça sonne bien et tout, que le rythme est bon. Ouais, pas mal, songe-t-il, enfoncé dans son fauteuil, la clope au bec, avec cet air un peu imbuvable du type sûr de lui et fat sur les bords comme les côtés.
Jusqu'à ce qu'il lise et relise et que sa satisfaction fonde comme neige au soleil.
Parce que, parlant de rythme et de sonorité, patin couffin, ça commence à vibrer et résonner sec dans son cerveau compliqué.
Et qu'est-ce qui résonne?
Ça:
Oh naaan…, fait-il en craillant une riveure. Pas Cloclo sur ma phrase favorite!
Et surtout pas
Il se triture les méninges qu'il a tavelées de six taches blanches [méninge est féminin, correspondant ainsi au latin meninga, et se disait aussi miringue en moyen français], et il finit par trouver une solution qui lui va:
Commence alors la période où je me bats contre le monde entier.
Et là ça plaît doublement à JB parce que ça rappellerait presque "C'est la lutte finale!"
Et buenas noches, hein.
PS: En parlant de miringue en moyen français, JB a trouvé dans le Godefroy un magnifique exemple de description desdites miringues. Et woilà:
PS2: En moyen français, le participe présent [ici: "montentes"] s'accordait encore en genre et et nombre, mais la règle était floue dans son application. Le Grevisse nous explique:
L'ancienne langue faisait varier le participe présent en cas et en nombre, mais non en genre, parce que ce participe appartenait à la catégorie des adjectifs ayant une forme unique pour les deux genres. Du XIIe au XVIIe siècle, quoique les adjectifs dont il vient d'être parlé prissent, par analogie, un e au féminin, les participes présents ont maintenu, en général, leur invariabilité. Cependant, on faisait parfois l'accord en genre: "J'aime la bouche imitante la rose" (Ronsard). Au XVIIe siècle, cet accord, comme d'ailleurs l'accord en nombre, quoique condamnés par Vaugelas puis par l'Académie (3 juin 1679), sont encore assez fréquents: "Nos devoirs nous obligeans d'aymer Dieu et nos concupiscences nous en détournantes" (Pascal).
Claude Muller, professeur à l'université de Bordeaux 3, est un peu plus partagé et plus explicite — en tout cas nous explique de façon plus claire:Le français classique pratiquait aussi bien l'accord en nombre avec un sujet sémantique extérieur à la proposition qu'avec un sujet propre: "Les principaux de la cour, voyans l'occasion favorable, se levèrent." (Vaugelas, cit. Haase, §91); qu'avec un sujet propre (de façon peu cohérente, le dernier n'est pas accordé): "Il faut qu'il y ait différens degrés, tous les hommes voulans dominer et tous ne le pouvans pas, mais quelques-uns le pouvant" (Pascal, pensées, id.) Les noms au féminin pluriel ne s'accordaient le plus souvent qu'au pluriel: "Ayans cette persuasion en leurs caboches, elles feront leurs mariz coquz infailliblement." (Rabelais, III) Cependant, l'accord a pu aussi se faire: "(…) elle s'excusoit, alleguante que ce n'avoit esté de son consentement." (Rabelais, II; cit. D.P. § 1199) Cet accord se raréfie* après le XVIIe siècle dans les emplois verbaux du participe (ordonnance de l'Académie française du 3 juin 1679).
*En italien, le participe présent, distinct du gérondif, s'accorde: "Cercasi guida parlante giapponese."
lundi 11 avril 2011
Das Rätsel des Namens von Dame Doreen
Und der JB, mehrmals letzter Woche, hat sich gewundert, wie man eigentlich den Namen von Dame Doreen genau schreibt. Schaeffer? Shaeffer? Shaffer? Tja…
Dank G, denn G hat dem JB ein Link zu der sogenannten "E-Zine" Rocking Steady! geschickt, weiss er jetzt einiges besser.
Und dennoch.
Ja, weil es fing schlecht an.
Es gibt nämlich in der #3 ein Interview mit ihr, aber schon auf der Vorseite sind die drei Rechtschreibungen angegeben. Mit Absicht? ja, sicher:
Wenn man das Interview weiterliest gibt Dame Doreen end-lich (!) die Erklärung:
Und jetzt, dass ein Rätsel end-lich wegfällt, können wir uns ruhig die Cover-Version von Walk Through This World (eigentlich ein Kuhntri-Lied) anhören:
Dank G, denn G hat dem JB ein Link zu der sogenannten "E-Zine" Rocking Steady! geschickt, weiss er jetzt einiges besser.
Und dennoch.
Ja, weil es fing schlecht an.
Es gibt nämlich in der #3 ein Interview mit ihr, aber schon auf der Vorseite sind die drei Rechtschreibungen angegeben. Mit Absicht? ja, sicher:
Wenn man das Interview weiterliest gibt Dame Doreen end-lich (!) die Erklärung:
Doreen Shaffer: Nein! Ich habe in der Tat deutsche Vorfahren - meinen Großvater.
Nun, ich weiß nicht viel über ihn. Er war Migrant, stets auf Reise, bis er nach Jamaika kam. Viel weiß ich darüber nicht. Ich war erst ein Jahr alt!
Rocking Steady!: Sie wissen also nicht, wo er in Deutschland vor seiner Auswanderung gelebt hat?
Doreen Shaffer: Nein, ich hatte eine Schwester, die mir ein paar Dinge gesagt hat. Leider lebt sie nicht mehr! Ich ging auf Tour als sie krank war, und als ich wieder nach Hause kam, musste ich lernen, dass sie gestorben ist. Sie war viel älter als ich und hat mir darüber erzählt, aber viel weiß ich dennoch nicht. Wir hatten verschiedene Mütter. Ich bin ohne meinen Vater aufgewachsen. Ich weiß nur, dass mein Großvater nach Jamaika kam, hier Land kaufte und Geschäfte machte. Eines Tages zog es ihn wieder von der Insel. Von ihm kommt in jedem Fall mein Name. Eigentlich wurde er mit c geschrieben, aber als ich noch auf Jamaika war und mein Mann in der USA, fehlte das c auf meinen Papieren, die ich benötigte, um zu ihm zu ziehen. Natürlich hat mich das geärgert und ich wollte, dass er den Fehler korrigieren lässt. Das hätte aber mindestens zwei Wochen gebraucht und er fragte mich, ob ich wegen eines Buchstabens auf Jamaika bleiben wollte oder lieber zu ihm kommen. Trotz meiner Verärgerung habe ich dann zu ihm gesagt, dass er mir das Ticket schicken soll und bin gleich geflogen. Auf meinen Aufnahmen gibt es daher verschiedene Schreibweisen. Als ich im Studio One begann, schrieb ich mich noch mit c. Dass es später wegfiel, damit musste ich fertig werden und ich habe mich inzwischen damit abgefunden.
Und jetzt, dass ein Rätsel end-lich wegfällt, können wir uns ruhig die Cover-Version von Walk Through This World (eigentlich ein Kuhntri-Lied) anhören:
La fille, l'enfonceur et la nourrice
Et, hier, pour les besoins de la traduction du moment, JB cherchait dans les dictionnaires d'argot une expression sur laquelle il reviendra quand, brusquement, dans le Dictionnaire d'argot fin-de-siècle de Virmaître (1894), il découvre le sens de la locution suivante:
JB est stupéfait. Pour lui, un “enfonceur de porte ouverte” correspond à la définition qu'en donne le Larousse:
Le Grand Robert, qui poursuit la ligne sémantique de son éternel rival Larousse, a lui aussi la graaande générosité de féminiser la locution en confirmant ainsi à JB sa première intuition:
Toutefois, en allant voir dans le TLF, JB a la surprise de constater un sens légèrement différent (outre le fait que, évidemment, le féminin a été gommé):
♦ Enfonceur de portes ouvertes. Celui qui se gonfle d'orgueil d'avoir vaincu des difficultés déjà aplanies ou qui s'ingénie à démontrer une chose qui tombe sous le sens. Les enfonceurs de portes ouvertes que sont les médecins de l'heure actuelle (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 229).
Par précaution, JB consulte dans le TLF le verbe correspondant et retrouve certes le sens des dictionnaires contemporains et usuels, mais ne trouve pas là non plus la moindre allusion sexuelle ou salace:
− P. plaisant. Enfoncer une porte ouverte. Déployer beaucoup d'efforts pour prouver ce qui est avéré ou pour réaliser ce qui est accompli. La conséquence saute aux yeux. Réclamer cela, c'est enfoncer une porte ouverte(Proust, Guermantes 1, 1920, p. 245).
Et le Littré ne dit pas autre chose:
Toutefois, aha…, à l'entrée sur le substantif, le très noble dictionnaire entrouvre une… porte qui va dans le sens argotique:
L'allusion n'en demeure pas moins chaste si on la compare à celle de Virmaître. JB a néanmoins lu l'article de Gaston Esnault dans son Dictionnaire des argots (1965), où le lexicographe qui présentait l'ensemble des publications sur le sujet ne se cachait pas pour dire tout le mal qu'il pensait de l'ouvrage de Virmaître, le qualifiant de "peu sérieux". En conséquence de quoi, JB va vérifier dans le Robert des expressions et locutions, lequel lui indique:
Avant de poursuivre sa lecture de l'article, JB, qui a ainsi (du moins a priori) l'origine datée de la locution, va vérifier dans les dictionnaires d'autrefois et, bingo, la trouve dans la 4e édition de l'Encyclopédie de l'Académie française, publiée en 1762:
On dit proverbialement de quelqu'un, qu'Il enfonce une porte ouverte. Voyez ENFONCEUR.
JB, très docile dès qu'il s'agit de sémantique, consulte l'article en question et trouve deux référencements:
Et voilà qui est intéressant. Les dictionnaires d'autrefois nous montrent que la locution, contrairement à sa consignation dans et par les dictionnaires contemporains, était jadis introduite par le substantif et non par le verbe. À preuve le Dictionnaire universel de Furetière qui ignorait la formule dans sa première édition de 1690 mais l'enregistre dans celle de 1727:
Quant au premier dictionnaire d'argot digne de ce nom, JB a cité celui d'Alfred Delvau (Dictionnaire de la langue verte, 1866), il confirme lui aussi tout ce qui vient d'être établi:
Bon, cette énigme résolue, JB peut continuer la lecture de l'article du Robert des expressions et locutions, lequel lui dit:
Alors ça c'est surprenant… Cela veut dire que le sens érotique est plus ancien que le sens communément admis? Cela veut dire que le sens aujourd'hui tombé en désuétude est plus ancien que le sens qui s'est perpétué dans le langage?? Cela veut dire que la locution introduite par le verbe est plus ancienne que celle introduite par le substantif et admise dans et par les dictionnaires???
Oui, puisque la définition du Robert n'est autre qu'empruntée aux Curiositez françoises dudit Antoine Oudin, ouvrage effectivement publié en 1640:
Mais il y a mieux. Antoine Oudin consigne déjà la légère différence qu'il y a entre le fait d'enfoncer une porte ouverte et d'être un enfonceur qui, chez le linguiste, rompt des "huis ouverts":
Pourquoi les "huis"?
Parce que, autrefois, et notamment en moyen français, l'huis désignait la "porte extérieure d'une maison". Le TLF nous le confirme (c'est le premier sens, "vieilli et littéraire") et le Godefroy également:
Quant à la porte en tant que telle, dans l'acception que nous en avons aujourd'hui, elle renvoie à l'entrée pratiquée dans l'enceinte qui protège la ville — sens que l'on retrouve aujourd'hui dans, par exemple, la “Porte de Clignancourt”. Confer, toujours, le Godefroy:
Et ce syntagme "huis ouverts", nous devons, aujourd'hui en 2011, l'entendre par son contraire: "à huis clos". De fait, on parlait en moyen français de choses ou de conversations faites "à huis clos" = “secrètement” ou "à huis ouverts" = “publiquement”:
La précision, qui semble de prime abord quelque peu superflue, est néanmoins importante comme nous le verrons tout à l'heure.
Mais, pour en revenir aux locutions telles que Oudin les a énoncées et définies, et en conclusion: le verbe introduit la locution quand elle a un sens érotique; le substantif la régit quand elle désigne un homme fat. Quoi qu'il en soit, au final, c'est l'acception érotique qui a eu raison de la formulation non connotée sexuellement. Et ça c'est réjouissant!
Toutefois il y a un truc qui cloche par rapport à la personne désignée par la définition .
Entre 1640 et 1890, on assiste à un glissement lexicographique même si, dans les deux définitions, d'une part l'homme se trompe dans son jugement, d'autre part la femme a déjà perdu sa virginité contrairement à ce qu'on pouvait croire. Ainsi, la femme avec qui couche le fanfaron berné est au XVIIe siècle une nourrice alors que, au quasi tout début du XXe siècle, il s'agit d'une fille déjà enceinte. Et, bien que le sémantisme soit plus ou moins identique (il y a dans les deux cas l'idée de grossesse et d'enfantement vs la virginité), il n'empêche qu'en deux cent cinquante ans, le sens a glissé.
Si on refait comme tout à l'heure le chemin sémantique à l'envers, en se laissant cette fois guider non pas par le Robert mais par le Larousse de l'argot et du français populaire (1990), un enfonceur est cette fois devenu:
Qu'est-ce que cela nous dit en termes d'ethnolinguistique?
Que la nourrice dans l'acception d'alors a disparu; qu'être fille-mère ou ne plus être vierge n'est plus forcément (on va s'entourer de précautions, hein) infamant pour une jeune femme ou jeune fille; que la prostitution est devenue un phénomène si courant qu'elle passe allègrement dans le langage mais que, confer ce que Sara Stridsberg n'a de cesse de répéter dans ses romans, la part belle et toujours faite au client. Autrement dit: le mâle a toujours raison et la femme l'induit toujours en erreur. Et non seulement ça, mais la femme, qui a donc perdu sa virginité depuis belle lurette, n'est autre qu'une salope, ce que dit bien le glissement sémantique de la locution qui nous intéresse aujourd'hui.
Et les lexicographes ne sont pas en reste pour attester de ce dénigrement.
Voyons quelles définitions proposent les lexicographes de l'argot qui, tous, recensent la métaphore.
Si on retourne au même Delvau de tout à l'heure, mais en allant cette fois consulter son Dictionnaire érotique moderne (1864), on lit ça:
JB en reste coi. Non seulement il n'est pas question d'une femme mais d'"une foule", mais par surcroît celles-ci sont "(…) violées trois ou quatre cent fois par d'autres que par lui." C'est ahurissant. Et même si le ton se veut ironique par rapport au naïf ainsi trompé, même s'il s'agit au fond d'un sarcasme, il n'empêche: la banalité avec laquelle cette définition est formulée puis lancée montre à quel point le viol d'une femme est une affaire sinon courante, en tout cas admise et admissible. On a ici l'impression d'entendre l'antienne: “si elle s'est fait violer, c'est qu'elle l'a cherché.”
Les petits amis de JB le trouvent trop radical?
Qu'à cela ne tienne. Voyons tous ensemble la définition qu'en apporte, vingt ans après (1888), Lucien Rigaud dans son Dictionnaire d'argot moderne:
"L'inauguration". Sic. Grosso modo, c'est comme à la foire d'empoigne ou au marché aux bestiaux: y en aura pour tout le monde.
Juste une seconde, JB doit aller dégobiller vite fait.
Allons regarder ailleurs, cette fois dans le Dictionnaire érotique (1978) de Pierre Guiraud, lui qui, JB n'a de cesse de le répéter, s'est indigné dans son ouvrage de la "dévalorisation de la femme — conséquence de son aliénation". Outre que la prostitution est "un fait culturel considérable", le linguiste et lexicographe insiste alors pour souligner à travers le lexique sur la prostituée à quel point "(…) on peut observer que la femme est un bien de consommation d'une très faible valeur (…)"
Pierre Guiraud recense nom seulement la locution mais nous renseigne sur son sens. Car, de fait, elle peut être décomposer en deux significations. La première est évidente, qui donne au verbe enfoncer le sens de "coïter". On dit aussi “enfoncer son coin, son pilotis”. Le Glossaire érotique de la langue française de Louis de Landes (1861) ne dit pas autre chose:
Deuxième partie de la locution, la fameuse "porte ouverte" qui, toujours selon De Landes, signifie:
Et Pierre Guiraud va plus loin. La porte désigne le “sexe de la femme”. Ou plutôt: la "porte de devant" qualifie le “sexe de la femme”, la "porte de derrière" “l'anus”. Quant à la "porte ouverte", il renvoie au “vagin non vierge”. Quant à l'"enfonceur de portes ouvertes", Pierre Guiraud le définit ainsi: un “fanfaron d'amour”. Et, rien que pour cette définition, JB envoie une pensée pleine "d'amour" au linguiste († RIP).
Mais ce n'est pas tout.
Ainsi, "se tromper de porte" (variante: "se tromper d'endroit") signifie “sodomiser une femme”. Par conséquent, tant anatomiquement que lexicographiquement, on ne peut pas "se tromper de porte" avec un homme — si JB a bien compris sa leçon de biologie.
Mais ce n'est pas tout.
Car quel synonyme donne-t-il au mot porte?
Aha…
Bingo — et c'est JB qui souligne:
dépuceleur de nourrices
La revoilà, notre nourrice.
Et la définition donnée est identique ou quasi: un “fanfaron”. Pierre Guiraud nous explique enfin:
C'est le terme générique en français héréditaire et populaire.
De Landes ne donne pas d'autre sens:
Idem pour Delvau:
Rigaud nous en donne une formulation légèrement différente:
Et si les dictionnaires d'autrefois ne le recensent pas, le syntagme trouve sa place dans le Littré (et c'est peut-être, ainsi que JB le bleuit, parce que la locution appartient au "langage très libre" qu'elle est bannie notamment de l'Encyclopédie de l'Académie):
Intrigué, JB remonte la pelote lexicographique et trouve effectivement l'expression chez Oudin, donc en 1640:
Le Grand Robert recense la locution avec l'extension sémantique qui lorgne (ou qui louche!) vers l'alcoolisme, sens que confirme le TLF:
DÉPUCELEUR, subst. masc.
Celui qui dépucelle (une fille).
Et le TLF nous indique non seulement une date (vers 1500), mais également le recueil où trouver la première occurrence.
Sans perdre une seconde, JB file sur la basse Gallica de la BNF et retrouve le poème en question:
L'histoire est celle d'un homme qui, faisant la cour puis couchant avec une fille qu'il croit vierge, la rencontre le lendemain et se rend compte qu'il s'agit d'une nourrice et, par conséquent, qu'il a été berné. D'où, donc, la locution dépuceleur de nourrices puis enfonceur de portes ouvertes. N'est-ce pas? On pourrait d'autant plus le croire que le Robert historique de la langue française nous explique l'origine de la locution du fait que "la nourrice, ayant du lait, est mère", elle n'est donc plus vierge. En est-il vraiment ainsi?
Avant de répondre à cette question, on peut indiquer que le fameux Sermon a connu une fortune tant d'édition que de lecture. Repris dans moult anthologies de poésies scabreuses, on ne connaît pas son auteur, de même que l'on sait qu'il a été publié sous le le manteau, ainsi que l'atteste cette mention bibliographique puisée dans un ouvrage de 1769:
Et même la très sérieuse Sorbonne, sur son site consacré aux œuvres de Molière, donne implicitement raison à JB, voire, cite une source antérieure:
Et l'université de citer le même passage que JB avait choisi, c'est-à-dire la fin:
Ça signifie quoi?
JB veut dire: qu'est-ce qu'il essaie de montrer?
Il essaie de montrer que le Robert historique de la langue française se trompe sans doute. Que, à l'instar de "la peau de chagrin" de Balzac, c'est le succès de l'image inventée par l'auteur qui a fait passer cette image dans le langage. Autrement dit: c'est le Sermon joyeux d’un dépuceleur de nourrices, la poésie, qui a généré la locution — eu égard, JB insistait là-dessus il y a une seconde, au succès qu'a rencontré le texte.
Les petits amis de JB se demandent cependant: "mais comment passe-t-on alors de “dépuceleur de nourrices” à “enfonceur de portes ouvertes”?
Que nous dit le texte ci-dessus?
Je suis [celui] qui romps les huis ouverts
Et dépucelle les nourrices
Nous avons vu plus haut qu'Antoine Oudin, en 1640, donnait deux occurrences pour l'expression qui nous occupe. Il parlait, JB tient à le rappeler, de 1) "enfonceur d'huis ouverts" pour désigner le fat, le "fanfaron d'amour" de Pierre Guiraud; 2) "enfoncer ou rompre une porte ouverte" pour qualifier celui qui croit avoir couché avec une pucelle alors qu'il s'agit d'une nourrice, donc qui a perdu sa virginité.
Les deux cas de figure nous montrent que les définitions se retrouvent dans les vers du Sermon. Le sémantisme sexuel du verbe "enfoncer", comme nous l'avons vu également, plus propice à l'analogie érotique que "rompre", va participer du glissement de la locution vers son sens communément admis aujourd'hui. De même, la disparition de "huis ouverts" au profit de "portes ouvertes" (l'huis ne désignant plus en français moderne la porte de maison en tant que telle, mais une pièce de cette même porte — ainsi que nous l'avons vu tout à l'heure) va permettre à la locution de se fixer dans son énoncé contemporain.
Allez, devant cette énigme et cette porte qu'on a réussi à enfoncer et donc à ouvrir, on se quitte avec Boulette, alias Philippe Katerine, qui, déjà à l'époque, se demandait: Qu'est-ce qu'il y a derrière la porte?
JB est stupéfait. Pour lui, un “enfonceur de porte ouverte” correspond à la définition qu'en donne le Larousse:
Le Grand Robert, qui poursuit la ligne sémantique de son éternel rival Larousse, a lui aussi la graaande générosité de féminiser la locution en confirmant ainsi à JB sa première intuition:
Enfonceur, enfonceuse de porte ouverte, de portes ouvertes: personne qui démontre des évidences.
Toutefois, en allant voir dans le TLF, JB a la surprise de constater un sens légèrement différent (outre le fait que, évidemment, le féminin a été gommé):
♦ Enfonceur de portes ouvertes. Celui qui se gonfle d'orgueil d'avoir vaincu des difficultés déjà aplanies ou qui s'ingénie à démontrer une chose qui tombe sous le sens. Les enfonceurs de portes ouvertes que sont les médecins de l'heure actuelle (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 229).
Par précaution, JB consulte dans le TLF le verbe correspondant et retrouve certes le sens des dictionnaires contemporains et usuels, mais ne trouve pas là non plus la moindre allusion sexuelle ou salace:
− P. plaisant. Enfoncer une porte ouverte. Déployer beaucoup d'efforts pour prouver ce qui est avéré ou pour réaliser ce qui est accompli. La conséquence saute aux yeux. Réclamer cela, c'est enfoncer une porte ouverte(Proust, Guermantes 1, 1920, p. 245).
Et le Littré ne dit pas autre chose:
Toutefois, aha…, à l'entrée sur le substantif, le très noble dictionnaire entrouvre une… porte qui va dans le sens argotique:
L'allusion n'en demeure pas moins chaste si on la compare à celle de Virmaître. JB a néanmoins lu l'article de Gaston Esnault dans son Dictionnaire des argots (1965), où le lexicographe qui présentait l'ensemble des publications sur le sujet ne se cachait pas pour dire tout le mal qu'il pensait de l'ouvrage de Virmaître, le qualifiant de "peu sérieux". En conséquence de quoi, JB va vérifier dans le Robert des expressions et locutions, lequel lui indique:
Enfoncer une porte ouverte “faire de grands efforts pour surmonter une difficulté fictive; tenter de démontrer difficilement une vérité connue, de découvrir une chose connue, etc.” (fin XVIIIe siècle).
Avant de poursuivre sa lecture de l'article, JB, qui a ainsi (du moins a priori) l'origine datée de la locution, va vérifier dans les dictionnaires d'autrefois et, bingo, la trouve dans la 4e édition de l'Encyclopédie de l'Académie française, publiée en 1762:
On dit proverbialement de quelqu'un, qu'Il enfonce une porte ouverte. Voyez ENFONCEUR.
JB, très docile dès qu'il s'agit de sémantique, consulte l'article en question et trouve deux référencements:
Et voilà qui est intéressant. Les dictionnaires d'autrefois nous montrent que la locution, contrairement à sa consignation dans et par les dictionnaires contemporains, était jadis introduite par le substantif et non par le verbe. À preuve le Dictionnaire universel de Furetière qui ignorait la formule dans sa première édition de 1690 mais l'enregistre dans celle de 1727:
Quant au premier dictionnaire d'argot digne de ce nom, JB a cité celui d'Alfred Delvau (Dictionnaire de la langue verte, 1866), il confirme lui aussi tout ce qui vient d'être établi:
Bon, cette énigme résolue, JB peut continuer la lecture de l'article du Robert des expressions et locutions, lequel lui dit:
La forme même est ancienne, dans un sens érotique: "enfoncer ou rompre une porte ouverte", autrement dit “coucher avec une nourrice et croire qu'elle est pucelle” (1640, Oudin).
Alors ça c'est surprenant… Cela veut dire que le sens érotique est plus ancien que le sens communément admis? Cela veut dire que le sens aujourd'hui tombé en désuétude est plus ancien que le sens qui s'est perpétué dans le langage?? Cela veut dire que la locution introduite par le verbe est plus ancienne que celle introduite par le substantif et admise dans et par les dictionnaires???
Oui, puisque la définition du Robert n'est autre qu'empruntée aux Curiositez françoises dudit Antoine Oudin, ouvrage effectivement publié en 1640:
Mais il y a mieux. Antoine Oudin consigne déjà la légère différence qu'il y a entre le fait d'enfoncer une porte ouverte et d'être un enfonceur qui, chez le linguiste, rompt des "huis ouverts":
Pourquoi les "huis"?
Parce que, autrefois, et notamment en moyen français, l'huis désignait la "porte extérieure d'une maison". Le TLF nous le confirme (c'est le premier sens, "vieilli et littéraire") et le Godefroy également:
Quant à la porte en tant que telle, dans l'acception que nous en avons aujourd'hui, elle renvoie à l'entrée pratiquée dans l'enceinte qui protège la ville — sens que l'on retrouve aujourd'hui dans, par exemple, la “Porte de Clignancourt”. Confer, toujours, le Godefroy:
Et ce syntagme "huis ouverts", nous devons, aujourd'hui en 2011, l'entendre par son contraire: "à huis clos". De fait, on parlait en moyen français de choses ou de conversations faites "à huis clos" = “secrètement” ou "à huis ouverts" = “publiquement”:
La précision, qui semble de prime abord quelque peu superflue, est néanmoins importante comme nous le verrons tout à l'heure.
Mais, pour en revenir aux locutions telles que Oudin les a énoncées et définies, et en conclusion: le verbe introduit la locution quand elle a un sens érotique; le substantif la régit quand elle désigne un homme fat. Quoi qu'il en soit, au final, c'est l'acception érotique qui a eu raison de la formulation non connotée sexuellement. Et ça c'est réjouissant!
Toutefois il y a un truc qui cloche par rapport à la personne désignée par la définition .
Entre 1640 et 1890, on assiste à un glissement lexicographique même si, dans les deux définitions, d'une part l'homme se trompe dans son jugement, d'autre part la femme a déjà perdu sa virginité contrairement à ce qu'on pouvait croire. Ainsi, la femme avec qui couche le fanfaron berné est au XVIIe siècle une nourrice alors que, au quasi tout début du XXe siècle, il s'agit d'une fille déjà enceinte. Et, bien que le sémantisme soit plus ou moins identique (il y a dans les deux cas l'idée de grossesse et d'enfantement vs la virginité), il n'empêche qu'en deux cent cinquante ans, le sens a glissé.
Si on refait comme tout à l'heure le chemin sémantique à l'envers, en se laissant cette fois guider non pas par le Robert mais par le Larousse de l'argot et du français populaire (1990), un enfonceur est cette fois devenu:
1. Policier habile
2. Homme d'affaires malhonnête.
3. Enfonceur de portes ouvertes. a. fanfaron; b. client naïf d'une fille qui se passer pour vierge.
Nouveau glissement du lexique: la nourrice devenue entre-temps une fille enceinte, est désormais, à notre époque, une prostituée.Qu'est-ce que cela nous dit en termes d'ethnolinguistique?
Que la nourrice dans l'acception d'alors a disparu; qu'être fille-mère ou ne plus être vierge n'est plus forcément (on va s'entourer de précautions, hein) infamant pour une jeune femme ou jeune fille; que la prostitution est devenue un phénomène si courant qu'elle passe allègrement dans le langage mais que, confer ce que Sara Stridsberg n'a de cesse de répéter dans ses romans, la part belle et toujours faite au client. Autrement dit: le mâle a toujours raison et la femme l'induit toujours en erreur. Et non seulement ça, mais la femme, qui a donc perdu sa virginité depuis belle lurette, n'est autre qu'une salope, ce que dit bien le glissement sémantique de la locution qui nous intéresse aujourd'hui.
Et les lexicographes ne sont pas en reste pour attester de ce dénigrement.
Voyons quelles définitions proposent les lexicographes de l'argot qui, tous, recensent la métaphore.
Si on retourne au même Delvau de tout à l'heure, mais en allant cette fois consulter son Dictionnaire érotique moderne (1864), on lit ça:
JB en reste coi. Non seulement il n'est pas question d'une femme mais d'"une foule", mais par surcroît celles-ci sont "(…) violées trois ou quatre cent fois par d'autres que par lui." C'est ahurissant. Et même si le ton se veut ironique par rapport au naïf ainsi trompé, même s'il s'agit au fond d'un sarcasme, il n'empêche: la banalité avec laquelle cette définition est formulée puis lancée montre à quel point le viol d'une femme est une affaire sinon courante, en tout cas admise et admissible. On a ici l'impression d'entendre l'antienne: “si elle s'est fait violer, c'est qu'elle l'a cherché.”
Les petits amis de JB le trouvent trop radical?
Qu'à cela ne tienne. Voyons tous ensemble la définition qu'en apporte, vingt ans après (1888), Lucien Rigaud dans son Dictionnaire d'argot moderne:
"L'inauguration". Sic. Grosso modo, c'est comme à la foire d'empoigne ou au marché aux bestiaux: y en aura pour tout le monde.
Juste une seconde, JB doit aller dégobiller vite fait.
Allons regarder ailleurs, cette fois dans le Dictionnaire érotique (1978) de Pierre Guiraud, lui qui, JB n'a de cesse de le répéter, s'est indigné dans son ouvrage de la "dévalorisation de la femme — conséquence de son aliénation". Outre que la prostitution est "un fait culturel considérable", le linguiste et lexicographe insiste alors pour souligner à travers le lexique sur la prostituée à quel point "(…) on peut observer que la femme est un bien de consommation d'une très faible valeur (…)"
Pierre Guiraud recense nom seulement la locution mais nous renseigne sur son sens. Car, de fait, elle peut être décomposer en deux significations. La première est évidente, qui donne au verbe enfoncer le sens de "coïter". On dit aussi “enfoncer son coin, son pilotis”. Le Glossaire érotique de la langue française de Louis de Landes (1861) ne dit pas autre chose:
Deuxième partie de la locution, la fameuse "porte ouverte" qui, toujours selon De Landes, signifie:
Et Pierre Guiraud va plus loin. La porte désigne le “sexe de la femme”. Ou plutôt: la "porte de devant" qualifie le “sexe de la femme”, la "porte de derrière" “l'anus”. Quant à la "porte ouverte", il renvoie au “vagin non vierge”. Quant à l'"enfonceur de portes ouvertes", Pierre Guiraud le définit ainsi: un “fanfaron d'amour”. Et, rien que pour cette définition, JB envoie une pensée pleine "d'amour" au linguiste († RIP).
Mais ce n'est pas tout.
Ainsi, "se tromper de porte" (variante: "se tromper d'endroit") signifie “sodomiser une femme”. Par conséquent, tant anatomiquement que lexicographiquement, on ne peut pas "se tromper de porte" avec un homme — si JB a bien compris sa leçon de biologie.
Mais ce n'est pas tout.
Car quel synonyme donne-t-il au mot porte?
Aha…
Bingo — et c'est JB qui souligne:
dépuceleur de nourrices
La revoilà, notre nourrice.
Et la définition donnée est identique ou quasi: un “fanfaron”. Pierre Guiraud nous explique enfin:
C'est le terme générique en français héréditaire et populaire.
De Landes ne donne pas d'autre sens:
Idem pour Delvau:
Rigaud nous en donne une formulation légèrement différente:
Et si les dictionnaires d'autrefois ne le recensent pas, le syntagme trouve sa place dans le Littré (et c'est peut-être, ainsi que JB le bleuit, parce que la locution appartient au "langage très libre" qu'elle est bannie notamment de l'Encyclopédie de l'Académie):
Intrigué, JB remonte la pelote lexicographique et trouve effectivement l'expression chez Oudin, donc en 1640:
Le Grand Robert recense la locution avec l'extension sémantique qui lorgne (ou qui louche!) vers l'alcoolisme, sens que confirme le TLF:
DÉPUCELEUR, subst. masc.
Celui qui dépucelle (une fille).
♦ Loc. fam. Dépuceleur de nourrices, de femmes enceintes. Fanfaron, naïf. Elle [Gervaise] le prenait [Coupeau]peut-être pour un dépuceleur de nourrices, à venir l'intimider avec ses histoires (Zola, Assommoir, 1877, p. 763).
− Au fig. Dépuceleur de bouteilles. Grand buveur. Ce folâtre et rusé compère, grand brasseur de filles et dépuceleur de bouteilles... : Pierrot (Huysmans ds Lar. Lang. fr.).
Prononc. : [depyslœ:ʀ]. Étymol. et Hist. Ca 1500 (Sermon joyeux d'un depucelleur de nourrices ds Anc. Poésies fr., VI, 199)Et le TLF nous indique non seulement une date (vers 1500), mais également le recueil où trouver la première occurrence.
Sans perdre une seconde, JB file sur la basse Gallica de la BNF et retrouve le poème en question:
L'histoire est celle d'un homme qui, faisant la cour puis couchant avec une fille qu'il croit vierge, la rencontre le lendemain et se rend compte qu'il s'agit d'une nourrice et, par conséquent, qu'il a été berné. D'où, donc, la locution dépuceleur de nourrices puis enfonceur de portes ouvertes. N'est-ce pas? On pourrait d'autant plus le croire que le Robert historique de la langue française nous explique l'origine de la locution du fait que "la nourrice, ayant du lait, est mère", elle n'est donc plus vierge. En est-il vraiment ainsi?
Avant de répondre à cette question, on peut indiquer que le fameux Sermon a connu une fortune tant d'édition que de lecture. Repris dans moult anthologies de poésies scabreuses, on ne connaît pas son auteur, de même que l'on sait qu'il a été publié sous le le manteau, ainsi que l'atteste cette mention bibliographique puisée dans un ouvrage de 1769:
Et même la très sérieuse Sorbonne, sur son site consacré aux œuvres de Molière, donne implicitement raison à JB, voire, cite une source antérieure:
Et l'université de citer le même passage que JB avait choisi, c'est-à-dire la fin:
Ça signifie quoi?
JB veut dire: qu'est-ce qu'il essaie de montrer?
Il essaie de montrer que le Robert historique de la langue française se trompe sans doute. Que, à l'instar de "la peau de chagrin" de Balzac, c'est le succès de l'image inventée par l'auteur qui a fait passer cette image dans le langage. Autrement dit: c'est le Sermon joyeux d’un dépuceleur de nourrices, la poésie, qui a généré la locution — eu égard, JB insistait là-dessus il y a une seconde, au succès qu'a rencontré le texte.
Les petits amis de JB se demandent cependant: "mais comment passe-t-on alors de “dépuceleur de nourrices” à “enfonceur de portes ouvertes”?
Que nous dit le texte ci-dessus?
Je suis [celui] qui romps les huis ouverts
Et dépucelle les nourrices
Nous avons vu plus haut qu'Antoine Oudin, en 1640, donnait deux occurrences pour l'expression qui nous occupe. Il parlait, JB tient à le rappeler, de 1) "enfonceur d'huis ouverts" pour désigner le fat, le "fanfaron d'amour" de Pierre Guiraud; 2) "enfoncer ou rompre une porte ouverte" pour qualifier celui qui croit avoir couché avec une pucelle alors qu'il s'agit d'une nourrice, donc qui a perdu sa virginité.
Les deux cas de figure nous montrent que les définitions se retrouvent dans les vers du Sermon. Le sémantisme sexuel du verbe "enfoncer", comme nous l'avons vu également, plus propice à l'analogie érotique que "rompre", va participer du glissement de la locution vers son sens communément admis aujourd'hui. De même, la disparition de "huis ouverts" au profit de "portes ouvertes" (l'huis ne désignant plus en français moderne la porte de maison en tant que telle, mais une pièce de cette même porte — ainsi que nous l'avons vu tout à l'heure) va permettre à la locution de se fixer dans son énoncé contemporain.
Allez, devant cette énigme et cette porte qu'on a réussi à enfoncer et donc à ouvrir, on se quitte avec Boulette, alias Philippe Katerine, qui, déjà à l'époque, se demandait: Qu'est-ce qu'il y a derrière la porte?
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