mercredi 3 août 2011

"For we have no love at all"

En-fin! Voilà deux jours que JB cherchait un morceau. Il a retourné son mange-disque électronique en quête de la chanson en question. Il avait les notes du refrain qui courait dans la tête (pensait-il). Il avait la phrase de ce même refrain qui tournait en boucle dans sa bouche (pensait-il: "There is no love"). Mais il avait beau chercher: rien. Jamais en manque d'une exagération affective et linguistique, JB était désespéré.

Quelques heures plus tôt, JB avait réentendu par un hasard qu'il a oublié le désormais classique My Conversation des Uniques. Et, de son humble avis, il trouvait que, musicalement, la chanson s'enchaînait bien (du moins dans sa tête compliquée) avec le morceau qu'il recherchait.



Ce recherchant, JB a appris que My Conversation est entre-temps devenu à rebours un hit interplanétaire à cause de la série Lost (ce qu'il ignorait puisque, nanti de son vieux poste de 1903 dépourvu de télécommande, il ne l'allume que pour regarder la Volksmusik, notamment quand Mireille Mathieu chante Goodbye My Love avec Floriane Silbereisen) et, du moins de ce côté-ci du Rhin, la maison de disque a interdit le visionnage de la chanson des Uniques sur toitube, tant et si bien qu'on obtient invariablement ce message:


Bref. JB cherchait donc le "morceau cousin" de My Conversation. Il était d'abord persuadé qu'il s'agissait du même riddim, de la même phrase musicale, comme on dit dans le jargon reggae. Dont il trouve même la partition, puisque les fameuses notes de piano ont été reprises par une multitude de groupes et chanteurs ainsi qu'on le peut le constater ici et (et la préférée de JB est celle de Cornell Campbell) — quoique… celle de Gregory Isaacs n'est pas mal non plus… et que JB reproduit ci-dessous:


Et ce matin, comme une espèce d'illumination, il songe: flûte traversière (et un bonjour à G, qui part avec N à Blackpool, non pas pour le Dance Festival (quoique… ç'aurait été rigolo de les voir tous les deux faire de la danse de salon) mais pour le Rebellion Festival (et JB s'est fait tancer de ne pas les avoir accompagnés)).
Puisque, oui, le morceau se trouvait dans son dossier à chansons-avec-la-flûte traversière (qui en contient… 64!!!). Il s'appelle The Time Has Come, date également de 1968 et est interprété par les Techniques, et c'est ici Pat Kelly qui prête sa voix:



Le point commun entre les deux tunes? Que le premier interpelle ses auditeurs en les exhortant de "love your brothers, love your sisters", alors que le second répète en boucle que "we have no love at all"? La contradiction apparente n'est en fin de compte que les deux faces d'une même pièce.
Ou plutôt le fait que les chanteurs des deux formations, Slim Smith pour les Uniques et Pat Kelly pour les Techniques se sont croisés indirectement. C'est Jo-Ann Greene d'Allmusic qui nous raconte l'histoire pas ordinaire du second groupe, et que JB ignorait:


Eh oui, Slim Smith a été le premier chanteur des Techniques avant de se lancer dans une carrière solo. Puis il a été remplacé par Pat Kelly qui a lui-même quitté le groupe pour suivre le même parcours que son prédécesseur. Et la guigne (si tant est que cela en soit une) poursuit la formation à géométrie très variable:


Mais que nous n'ayons "aucun amour du tout" ou pas, JB espère quand même que ses petits amis passeront une bonne journée — à Berlin, le ciel est bleu.

Aucun commentaire: