mercredi 3 août 2011

"as the ceiling flew away"

C'est comme dans un roman français des années 80: brusquement, JB décide de travailler dans le salon et non plus dans le bureau de son appartement socialiste.

Il est là, dans son salon, assis à sa grande table blanche, en train d'écouter la version triste et belle (= pléonasme!!!) par Roland Alphonso du tube de Procol Harum, White Shade of Pale, qu'il a rebaptisée Hop Special…:



La version originale, quant à elle, commençait par ces vers (les petits amis de JB comprendront ainsi mieux la suite des événements):
We skipped the light fandango
turned cartwheels 'cross the floor
I was feeling kinda seasick
but the crowd called out for more
The room was humming harder
as the ceiling flew away

JB écoute donc Roland Alphonso, un chouïa cafardeux, fixant d'un œil rassuré une photo de la statue Karl Marx (Marx merci, comme dit toujours JB en allemand (Marx sei dank), lui qui refuse désormais de dire Dieu merci (= Gott sei dank)), quand il se dit donc tout à trac qu'il va momentanément déménager son lieu de travail dans le salon.
Du même coup, il repense par exemple à La Salle de bain (sans S à bain comme pourtant le veut l'orthographe française) de Jean-Philippe Toussaint, qui commence ainsi:
1) Lorsque j'ai commencé à passer mes après-midi dans la salle de bain, je ne comptais pas m'y installer; non, je coulais des heures agréables méditant dans la baignoire, parfois habillé, tantôt nu.

Dans le même mouvement, JB se dit que son bureau est trop encombré et que cela participe de sa panne traductionnelle. Et si c'est peut-être une vue de l'esprit, ce n'est pas son cher ami É qui le contredira, bien que ce dernier soit si loin qu'il ne peut sans doute rien en savoir. JB décide également de ranger son bureau dès demain pour éclaircir l'espace et, ce faisant, sa tête compliquée.
Dans le même mouvement, JB descend de son étagère à livres (comme on dit littéralement et si prosaïquement en norvégien = bokhylle) un autre roman de ces années 80, La Moustache, d'Emmanuel Carrère, dans lequel un personnage aussi lymphatique que celui de l'écrivain belge , et passablement désabusé qui plus est, décide de jour au lendemain de se raser la moustache.
Dans les deux cas, ce n'est pas du tout l'ordre escompté qui va régner, mais bien le désordre, le bazar général dans la vie et le bordel ambiant dans la tête. JB, qui ne goûte pas aux adages populaires et espère donc que la formule jamais deux sans trois ne s'appliquera pas.

Et donc, sur les notes de saxophone de Roland Alphonso et non plus de l'orgue Hammond de Matthew Fisher, JB se met au travail dans son salon, non sans penser aux paroles de la chanson et aux images de film de John Lvoff, qui avait porté à l'écran le roman de Jean-Philippe Toussaint, dont il reproduit ici une image pour ses petits amis: