© Titanic
samedi 31 octobre 2009
jeudi 29 octobre 2009
Eu-geeen!
Geschenk! Bin gerade in meinem iTunes auf dieses in 1932 von Luigi Bernauer gesungenes Lied gestoplert. Und, Freu, det jibt's ooch uff jutjub. Freu im Heu! Sing mit:
"Eu-geeen, sei doch nicht so scheu und komm ins Heu!"
"Eu-geeen, sei doch nicht so scheu und komm ins Heu!"
Ilse und die Anderen
Also, wenn ich es richtig verstanden habe - es kann aber auch sein, dass ich mich irre: isch dumme Ausländer, isch nischt immör weissen - ist es hier seit gestern in Deutschland sö (bitte schön mit sächsischem Akzent aussprechen: söö):
1) wir haben eine neue Mutti, die Angie, die fast niemals mit ihrer Mann zu sehen ist,
2) wir haben eine neue evangelische Päpstin, die Margot (was? neeejjjn, Blödsinn! nicht diiiese Margot, nicht Miss Bildung, sie pennt ja für gut in Tschile, bei ihrer Tochter), also die Margot, die geschieden ist,
3) und dann haben wir… eine neue Agrarministerin, die Ilse, die am 11.06.09 in der TAZ mit dieser weisen universellen Wahrheit den Alltag der Agrarwelt (wenn nicht, die Welt der Menschheit und des Universes) völlig verändert hat:
PS: Ach ja, ich habe die Annette vergessen, oj, Mist! Sorry, ey, Annette…
PS2: Und bitte lasst den Ronald in Ruhe, der hat gar nichts getan, alsöö!
1) wir haben eine neue Mutti, die Angie, die fast niemals mit ihrer Mann zu sehen ist,
2) wir haben eine neue evangelische Päpstin, die Margot (was? neeejjjn, Blödsinn! nicht diiiese Margot, nicht Miss Bildung, sie pennt ja für gut in Tschile, bei ihrer Tochter), also die Margot, die geschieden ist,
3) und dann haben wir… eine neue Agrarministerin, die Ilse, die am 11.06.09 in der TAZ mit dieser weisen universellen Wahrheit den Alltag der Agrarwelt (wenn nicht, die Welt der Menschheit und des Universes) völlig verändert hat:
Ich glaube, dass die Milch Zukunft hat, weil es sich um ein qualitativ hochwertiges Produkt handelt und die Bevölkerung immer ernährt werden muss.Sowas nennt man, auf deutsch, ein Gemeinplatz. Und was erfahre ich? Das Wort Gemeinplatz kommt aus dem franzenländischen, und wir haben hier dern Herrn Gustave F. (hallo Emma! hola Claro!) zu bedanken. Das nenne ich: flott! wunderbra!
PS: Ach ja, ich habe die Annette vergessen, oj, Mist! Sorry, ey, Annette…
PS2: Und bitte lasst den Ronald in Ruhe, der hat gar nichts getan, alsöö!
mardi 27 octobre 2009
Les souvenirs
Il y a vingt ans quasi jour pour jour, je revoyais pour la deuxième fois deux films qui allaient définitivement marquer mes affects (on va le dire comme ça - puisque je décidais après de ne plus aller au cinéma). Le premier, c'est évidemment Les Ailes du désir. Le second, c'était un film de Kieslowski, méconnu (je pense en écrivant cela à ceux de lui qui vont suivre), réalisé avant son fameux décalogue. Il s'appelle Sans fin. L'histoire est double: après la mort d'un avocat défendant la cause d'un ouvrier accusé d'avoir organisé une grève, son épouse va tenter par tous les moyens que l'accusé remporte son procès et, parallèlement, elle se rend compte qu'elle a aimé son mari - mais trop tard (à l'époque, je lui trouvais d'ailleurs un air de famille avec Catherine Deneuve - bon).
Je me suis souvenu aujourd'hui d'une scène en particulier. Puisque la femme est traductrice littéraire. Dans mon souvenir, il y avait une longue scène où on la voyait traduire 1984 d'Orwell, où elle peine, où elle cherche les mots, bref: elle travaille - et je me souviens d'avoir trouvé cet épisode fascinant. En visionnant le film cet après-midi, je me suis rendu compte que ma mémoire m'a trompé. En partie du moins. Certes, elle traduit bien Orwell, mais on sait pas si elle traduit 1984. Qui plus est, la scène ne dure même pas 30 secondes, au bas mot 20, et elle n'a pas l'air tant en difficultés que cela. On regarde - ça commence à 6'45'' environ; attention, c'est très court:
Je ne sais pas pourquoi je me suis souvenu de cette scène aujourd'hui, ou peut-être parce que traduire Encerclement se révèle nettement plus ardu que je ne le croyais. Le plus étonnant dans cette scène, c'est le mimétisme: la réalité qui a rejoint la fiction (je suis traducteur), la réalité qui a rejoint le passé (j'habite désormais à Berlin, confer supra) - alors que tout ceci n'est en fait que du/des fantasme(s): on veut (je veux) se persuader qu'à un moment il y a une espèce d'explication logique à ce qu'on vit, à ce qu'on décide de faire, que tout s'explique. Bien sûr, la psychanalyse nous donne en partie raison, mais de là à croire au déterminisme… Il y a tout de même une chose, qu'on ne peut pas enlever: l'émotion artistique qui, dans le cas du cinéma appliqué à l'expérience personnelle, se transforme en impression rétinienne. À cette aune, pas de lecture de Nils Holgersson à l'âge de 10 ans sans intérêt pour la Scandinavie plus tard. Pas d'Ailes du désir et pas de Sans fin à l'âge de 20 ans sans traduction littéraire à Berlin plus tard? C'est ça?
Quant à savoir pourquoi cette association aujourd'hui entre la traduction de l'un et la remémoration de l'autre, çaaa…
Je me suis souvenu aujourd'hui d'une scène en particulier. Puisque la femme est traductrice littéraire. Dans mon souvenir, il y avait une longue scène où on la voyait traduire 1984 d'Orwell, où elle peine, où elle cherche les mots, bref: elle travaille - et je me souviens d'avoir trouvé cet épisode fascinant. En visionnant le film cet après-midi, je me suis rendu compte que ma mémoire m'a trompé. En partie du moins. Certes, elle traduit bien Orwell, mais on sait pas si elle traduit 1984. Qui plus est, la scène ne dure même pas 30 secondes, au bas mot 20, et elle n'a pas l'air tant en difficultés que cela. On regarde - ça commence à 6'45'' environ; attention, c'est très court:
Je ne sais pas pourquoi je me suis souvenu de cette scène aujourd'hui, ou peut-être parce que traduire Encerclement se révèle nettement plus ardu que je ne le croyais. Le plus étonnant dans cette scène, c'est le mimétisme: la réalité qui a rejoint la fiction (je suis traducteur), la réalité qui a rejoint le passé (j'habite désormais à Berlin, confer supra) - alors que tout ceci n'est en fait que du/des fantasme(s): on veut (je veux) se persuader qu'à un moment il y a une espèce d'explication logique à ce qu'on vit, à ce qu'on décide de faire, que tout s'explique. Bien sûr, la psychanalyse nous donne en partie raison, mais de là à croire au déterminisme… Il y a tout de même une chose, qu'on ne peut pas enlever: l'émotion artistique qui, dans le cas du cinéma appliqué à l'expérience personnelle, se transforme en impression rétinienne. À cette aune, pas de lecture de Nils Holgersson à l'âge de 10 ans sans intérêt pour la Scandinavie plus tard. Pas d'Ailes du désir et pas de Sans fin à l'âge de 20 ans sans traduction littéraire à Berlin plus tard? C'est ça?
Quant à savoir pourquoi cette association aujourd'hui entre la traduction de l'un et la remémoration de l'autre, çaaa…
dimanche 25 octobre 2009
Aron & Bärbel
Das war Donnerstag. Kurz nach dem Besuch nicht von der alten Dame (grüezi Friedrich - habe übrigens neulich in der TAZ erfahren, dass das e in grüezi bitte schön auspgesprochen MUSS, dass die im Lilaküheland wohnenden Deutsche es vergessen und sich daher zu nationaler Beleidigung aussetzen: Wolle ein Deutscher diese Begrüßung sympathiegewinnend anwenden, dürfe er auf keinen Fall das "e" vergessen. Bitte kein "Grüzi" zum Schweizer); also nach dem Besuch bei dem Herrn Dr F und vor dem Besuch bei den Herrn A & Å, beging ich den Brandenburgermarkt am Wittenbergplatz. Und dort sehe ich frische, gesunde, leberfreundliche Säfte, die meinen Namen schreien: "Kauf mich, kauf mich!", rufen sie mit ihrer schrillen stimme. OK, OK, kontere ich. Und dann sehe ich, dass die Verkäuferin nicht nur den Nachnamen Neubert trägt, also genau wie Aron, aber noch dazu Bärbel als Vorname heisst. Bärbel, toll! Ich möchte nämlich nichts anderes als genau Bärbel heissen, wäre ich eine Frau - was ich übrigens gar nicht den Wunsch habe (um nun jenen Zweifel wegzuschieben). Mit bestimmten und elastischen Schritten gehe ich Bärbel entgegen.
JB: Einen wunderschönen guten Abend!
Bärbel: Guten Abend. Ist etwas kalt, nicht wahr?
JB: Och, das geht noch.
Bärbel: Was kann ich für Sie tun?
JB: Ich hätte gern eine Flasche Apfelsaft und… oj! Sie haben Quittensaft! Eine Flasche nehme ich auch.
Bärbel: Gute Entscheidung! Und… hier, eine Quitte für Sie. Geschenk!
JB: Das ist ganz lieb von Ihnen, aber… man kann davon nichts machen. Ausser Saft und Gelée, selbstverständlich…
Bärbel: Nein nein, das ist nur zum riechen…
JB: ???
Bärbel: Wenn sie Quittensaft trinken, können Sie kurz vorher die Quitte riechen. (Nimmt die Quitte zur Nase.) Hmm… Sie duftet so schön. Riechen Sie selbst.
JB: (Nimmt die Quitte zur Nase und riecht.) Hmm (etwas zögernd), jaaa…
Zurück zu Hause: die Quitte duftet wie Bärbel es versprochen hat. Leider für Bärbel habe ich nicht bei jedem Einschluck deren Saft das Frucht gerochen. Hätte ich vielleicht machen müssen, denn: der Saft ist ja etwas, mild gesagt, roh. Aber der Nachgeschmack ist jar nüsch übel. Und, Herrgott, ist so gesund!
Jetzt ist die Flasche (endlich) leer und Dr Neubert, also meine liebe Bärbel, lässt mich immer noch an Aron denken.
JB: Einen wunderschönen guten Abend!
Bärbel: Guten Abend. Ist etwas kalt, nicht wahr?
JB: Och, das geht noch.
Bärbel: Was kann ich für Sie tun?
JB: Ich hätte gern eine Flasche Apfelsaft und… oj! Sie haben Quittensaft! Eine Flasche nehme ich auch.
Bärbel: Gute Entscheidung! Und… hier, eine Quitte für Sie. Geschenk!
JB: Das ist ganz lieb von Ihnen, aber… man kann davon nichts machen. Ausser Saft und Gelée, selbstverständlich…
Bärbel: Nein nein, das ist nur zum riechen…
JB: ???
Bärbel: Wenn sie Quittensaft trinken, können Sie kurz vorher die Quitte riechen. (Nimmt die Quitte zur Nase.) Hmm… Sie duftet so schön. Riechen Sie selbst.
JB: (Nimmt die Quitte zur Nase und riecht.) Hmm (etwas zögernd), jaaa…
Zurück zu Hause: die Quitte duftet wie Bärbel es versprochen hat. Leider für Bärbel habe ich nicht bei jedem Einschluck deren Saft das Frucht gerochen. Hätte ich vielleicht machen müssen, denn: der Saft ist ja etwas, mild gesagt, roh. Aber der Nachgeschmack ist jar nüsch übel. Und, Herrgott, ist so gesund!
Jetzt ist die Flasche (endlich) leer und Dr Neubert, also meine liebe Bärbel, lässt mich immer noch an Aron denken.
Los Fastidios in Konzert
Und heute Abend waren sie da: Los Fastidios. Enrico. Sa voix enrouée. Sa présence. Sa générosité. (Ses tatouages - hé…)
©icke
Und dann gab es viele Weihnachtsgeschenke.
© icke
Und endlich haben sie Johnny and the queer boot boys gesungen. Dessen Songtexte ich auf meinem Arm tätowiert haben (oder ein teil von denen). Und am Ende gab es nur Licht. Licht, Licht, Licht.
© icke
vendredi 23 octobre 2009
Mutti vs. der Jens
Also, Mutti, das kann doch nicht wahr sein! Nur 4 (v-i-e-r) Frauen in deinem neuen Kabinett. Du inklusiv, das macht 5, also nur 5 (f-ü-n-f) Frauen für 10 Männer, tsss… Und Guido als Aussenminister, also ich bitte dich: zwar wussten wir, dass er schlecht englisch redet(e), dass er aber noch dazu frech zu den Roastbeefs ist (ja, weeste, so nennen wir sie im Franzenland, oder, auf franzenländisch: les rosbifs - naja, sie nennen uns the frogs, von daher…), ist ja…, ja, eine Frechheit. Jetzt gucken wir also:
Gleichzeitig hat auch dein Kollege, der Jens aus Norwegen, diese Woche noch, seine neue Regierung gebildet. Hier ist es also schön paritär: 10 Frauen für 10 Männer (er inklusiv). Moi je dis: chapeau, Jens! Ey, Mutti, du willst doch nicht die Bananenrepublik Frankreichs imitieren und eher Bussgeld bezahlen als Frauen in politischen Toppositionen zu ernennen, oder? Das kann ich gar nicht glauben, nicht von dir! Also, wie schon dieses Jahr in Mai gesagt: "La Norrrvèche, doussse points!" Und, nicht zu vergessen, Norwegen hat auch einen, ich zitiere, Essenminister, finde ich als Bezeichnung nun nicht nur inventiv aber auch unheimlich lustig.
Det jeg sa:
Fr(a)u Merkel, som akkurat har dannet den nye regjeringen sin, har bare 5 kvinner (hun inklusiv) for 10 menn, alt imens Jens, som også akkurat har dannet den nye regjeringen sin, har 10 kvinner for… tadah! 10 menn! Til dette sier jeg bare det som ble sagt om og om igjen sist i maj: "La Norrrvèche, doussse points!" (Og bare det å ha en, jeg siterer, matminister er toppens!)
Og nå, "intermède", som det franske pompidouske fjernsynet anmeldte det (med en rød telefon mellom Elysée-palæet og redaksjonen - dette er på mote igjen i Sarkorike, takk og pris!) - altså, som lattermilde pause og som lenk til det som står der oppe, får vi nå et lite utdrag fra Stille dager i Mixing Part, av Erlend Loe. Nina Telemann og Bror Telemann, helt enkelt Telemann, dessuten en ynkelig dramaturg, holder ferie i byen Mixing Part. Mixing Part fordi verten de har leiet huset hos og av, har latt mailene sine oversettes av en eller annen Babelfishgrei; Garmisch-Partenkirchen ble til Mixing Part Churches. Nina er tyskofil mens Telemann er tyskofob. Etter å ha vært litt ugrei til Bader, altså verten, blir Telemann nødt, ja, tvunget til å gå tur sammen med ham. Og, som man jo sier på norsk, ut på tur…, jaja, dere vet (hei, Åge!).
Her et fantastisk utdrag (Telemann forstår ikke et dytt av tysk):
Et maintenant, la version encore plus raccourcie en français, (herrreguuud, ce qu'il faut pas faire). Un extrait du nouvel Erlend Loe, que je suis en train de lire.
L'histoire en deux mots: Nina Telemann et son dramaturge raté de mari, Bror Telemann (ou, tout simplement, Telemann) ont loué une maison à Mixing Part, en Allemagne. Mixing Part? Yes! En fait, le propriétaire de leur location, Bader, n'a rien trouvé de mieux que d'utiliser un logiciel de traduction pour traduire en anglais les mails qu'il leur a envoyé. Garmisch-Partenkirchen est ainsi devenu Mixing Part Churches. Le roman s'appelle Jours tranquilles à Mixing Part.
Dans la scène ci-dessous, Telemann doit réparer une bourde après un dîner au cours duquel il s'est montré particulièrement peu sympatoche envers les Bader: il se voit contraint et forcé d'aller faire une rando avec Bader. Évidemment il ne comprend pas une ramée à l'allemand.
Gleichzeitig hat auch dein Kollege, der Jens aus Norwegen, diese Woche noch, seine neue Regierung gebildet. Hier ist es also schön paritär: 10 Frauen für 10 Männer (er inklusiv). Moi je dis: chapeau, Jens! Ey, Mutti, du willst doch nicht die Bananenrepublik Frankreichs imitieren und eher Bussgeld bezahlen als Frauen in politischen Toppositionen zu ernennen, oder? Das kann ich gar nicht glauben, nicht von dir! Also, wie schon dieses Jahr in Mai gesagt: "La Norrrvèche, doussse points!" Und, nicht zu vergessen, Norwegen hat auch einen, ich zitiere, Essenminister, finde ich als Bezeichnung nun nicht nur inventiv aber auch unheimlich lustig.
Det jeg sa:
Fr(a)u Merkel, som akkurat har dannet den nye regjeringen sin, har bare 5 kvinner (hun inklusiv) for 10 menn, alt imens Jens, som også akkurat har dannet den nye regjeringen sin, har 10 kvinner for… tadah! 10 menn! Til dette sier jeg bare det som ble sagt om og om igjen sist i maj: "La Norrrvèche, doussse points!" (Og bare det å ha en, jeg siterer, matminister er toppens!)
Og nå, "intermède", som det franske pompidouske fjernsynet anmeldte det (med en rød telefon mellom Elysée-palæet og redaksjonen - dette er på mote igjen i Sarkorike, takk og pris!) - altså, som lattermilde pause og som lenk til det som står der oppe, får vi nå et lite utdrag fra Stille dager i Mixing Part, av Erlend Loe. Nina Telemann og Bror Telemann, helt enkelt Telemann, dessuten en ynkelig dramaturg, holder ferie i byen Mixing Part. Mixing Part fordi verten de har leiet huset hos og av, har latt mailene sine oversettes av en eller annen Babelfishgrei; Garmisch-Partenkirchen ble til Mixing Part Churches. Nina er tyskofil mens Telemann er tyskofob. Etter å ha vært litt ugrei til Bader, altså verten, blir Telemann nødt, ja, tvunget til å gå tur sammen med ham. Og, som man jo sier på norsk, ut på tur…, jaja, dere vet (hei, Åge!).
Her et fantastisk utdrag (Telemann forstår ikke et dytt av tysk):
Tysk, tysk, tysk, tysk, tysk.
Jeg skjønner ingenting av det du sier, Bader, altså overhodet ingenting, så det er ingen vits i å snakke. Kan vi ikke bare gå i stillhet? Det er vakkert her, det skal jeg gi deg. Til og med fantastisk vakkert.
Tysk, tysk, tysk, tysk.
Kan du ikke holde kjeften din?
Tysk, tysk, tysk, tysk, tysk, tysk, tysk.
Hva snakker du om nå? Er det krigen? Jeg gjetter at det er krigen.
Tysk, tysk, tysk.
Mener du den første krigen? Ja, den var fryktelig. Dette djevelske påfunnet med skytterravene… desto mer overraskende at dere startet den andre.
Tysk, tysk.
Dere var liksom inne i en stim. Dere tenkte bare på krig, var det ikke slik? Dere fikk ikke nok av det.
Tysk, tysk, tysk.
Jo, det er det jeg sier.
Tysk, tysk, tysk, tysk.
Ikke sant? Men heisann, der står det jo en kiosk.
Tysk, tysk.
Spør du meg om jeg vil ha en is? Ja takk. Det er snilt av deg.
Tysk, tysk, tysk, tysk.
Ikke misforstå, Bader, jeg klandrer ikke deg, du er sikkert en grei kar. Og det er på tide at vi legger alle disse krigene bak oss nå. Nina sier at dere har gjort det allerede, og kommet dere videre, på en imponerende måte. Og det kan godt hende at det stemmer.
Tysk, tysk.
Joda, men nå snakker vi ikke mer om det. La oss heller snakke om teater. Tysk teater har tross alt et nokså godt rykte. Du skjønner ikke hva jeg sier, tror jeg.
Tysk, tysk?
Tysk teater, ja, Deutscher Theater!
Ja!
Og ikke minst Volksbühne, er det ikke det det heter? I Berlin? Og Fassbinder, han lagde jo film, men film er jo på en måte teater det også, i hvert fall på det nivået, hvis du skjønner hva jeg mener.
Tysk, tysk, Fassbinder?
Ja, nå snakker vi. Nå har vi kontakt, Bader! Faen heller!
© Erlend Loe, Cappelen Damm AS, 2009
Et maintenant, la version encore plus raccourcie en français, (herrreguuud, ce qu'il faut pas faire). Un extrait du nouvel Erlend Loe, que je suis en train de lire.
L'histoire en deux mots: Nina Telemann et son dramaturge raté de mari, Bror Telemann (ou, tout simplement, Telemann) ont loué une maison à Mixing Part, en Allemagne. Mixing Part? Yes! En fait, le propriétaire de leur location, Bader, n'a rien trouvé de mieux que d'utiliser un logiciel de traduction pour traduire en anglais les mails qu'il leur a envoyé. Garmisch-Partenkirchen est ainsi devenu Mixing Part Churches. Le roman s'appelle Jours tranquilles à Mixing Part.
Dans la scène ci-dessous, Telemann doit réparer une bourde après un dîner au cours duquel il s'est montré particulièrement peu sympatoche envers les Bader: il se voit contraint et forcé d'aller faire une rando avec Bader. Évidemment il ne comprend pas une ramée à l'allemand.
Allemand, allemand, allemand, allemand, allemand.
Je pige que dalle à ce que tu me dis, Bader. Mais alors vraiment que dalle. Donc ne te fatigue pas à bavasser comme ça. On pourrait pas plutôt marcher en silence? Certes le coin est joli, je te le concède. C'est même superbe.
Allemand, allemand, allemand, allemand.
Mais tu pourrais pas fermer ta grande gueule cinq minutes?
Allemand, allemand, allemand, allemand, allemand, allemand, allemand.
De quoi tu causes, là? De la guerre? Je parie que tu parles de la guerre.
Allemand, allemand, allemand.
Tu veux dire, la première? Oui, elle était atroce, celle-là. Et puis cette trouvaille diabolique, là, avec vos tranchées… Encore plus étonnant que vous ayez commencé la deuxième.
Allemand, allemand.
Vous vous sentiez un peu à l'étroit. Vous ne pensiez qu'à la guerre, c'est ça, hein? Ça vous manquait trop.
Allemand, allemand, allemand.
Oui, c'est exactement ce que je dis.
Allemand, allemand, allemand, allemand.
Ah ouais, tu trouves toi aussi? Oooh, mais qu'est-ce que je vois là? Mais c'est un kiosque, saperpilopette!
Allemand, allemand.
Tu me demandes si je veux une glace? Oh ben écoute, je veux bien. C'est gentil de m'en offrir une.
Allemand, allemand, allemand, allemand.
Attends, Bader. Pas de malentendu entre nous, s'il te plaît. Je ne te jette pas la pierre, tu es sûrement un chic type. Et il est temps qu'on remise ces guerres par-devers nous. Nina prétend que vous l'avez déjà fait, que vous êtes passés à autre chose, et ce d'une manière époustouflante. Si ça se trouve, c'est vrai.
Allemand, allemand.
Oui, d'accord, mais là, on n'en parle plus. Mieux vaut parler de théâtre. Car malgré tout, le théâtre allemand a bonne réputation. Tu n'as pas l'air de bien comprendre ce que je suis en train de dire, me trompe-je?
Allemand, allemand?
Oui, le théâtre allemand, Deutsches Theater!
Ja!
Et surtout: la Volksbühne. C'est bien comme ça qu'il s'appelle, non? À Berlin, c'est ça? Et Fassbinder. Ah, Fassbinder: il faisait du cinéma, certes, mais le cinéma c'est aussi du théâtre si on va par là. Enfin, c'est au même niveau, si tu vois ce que je veux dire.
Allemand, allemand? Fassbinder?
Voilà. Là on cause pour de vrai. Là on a une vraie relation. Putain, Bader, nom de Dieu!
© Erlend Loe, Cappelen Damm AS, 2009, pour le texte original
© Jean-Baptiste Coursaud, Gaïa éditions, 2011 (?), pour l'édition française
mercredi 21 octobre 2009
Poitiers - Tiqqun
Profitant la semaine dernière d'un séjour dans la Rance couplé d'une escapade dans le village parental, donc non loin de Poitiers dont il est question ci-dessous, je constate que la presse et la télé régionales ne parlent que de ça:
Profitant à l'instant d'une conversation (?) avec un garçon homonyme sur une certaine page bleue qui ne cesse soit d'éluder les réponses aux questions que je pose, soit de jouer au yoyo en m'envoyant sur de fausses pistes qui à un moment, à moi d'y veiller, peuvent me ramener sur les bonnes (sur l'air de: non, son nom et le leur, non - puis: voilà de saines lectures), je me dis: Deckung semble dans les trois cas le maître mot, l'abri, donc, le refus d'être vu alors qu'ils se montrent [et pourtant je devrais être le premier à me rappeler mes classiques, à savoir que plus on élude plus on dit, plus on (se) cache plus on (se) montre]; puis je repense à Johan, à Buzz Aldrin, et tout ce qu'il dit sur le fait de vouloir être invisible.
Profitant le samedi d'une rencontre en libraire à Bordeaux, je veux acheter Tout a failli, vive le communisme!, qui rassemble les textes de la défunte (?) revue Tiqqun - le livre me sera finalement offert par la merveilleuse libraire -, je lis maintenant ça, qui amorce l'ouvrage, mais qui a été écrit et publié en 2001 [c'est moi qui "souligne" - et en bon traducteur que je suis, je note que les auteurs n'emploient un de nouveau, mais bel et bien un à nouveau, comme pour mieux signifier qu'il y a eu une cassure historique, que l'on revient (qu'ils reviennent) à un temps de l'Histoire]:
À nouveau l'expérimentation, à l'aveugle, sans protocole ou presque. Si peu nous a été transmis; c'en pourrait être une chance. À nouveau l'action directe, la destruction sans phrase, l'affrontement brut, refus de toute médiation: ceux qui ne veulent pas comprendre n'obtiendront de nous aucune explication. À nouveau le désir, le plan de consistance de tout ce qui avait été refoulé par plusieurs décennies de contre-révolution. À nouveau tout cela, l'autonomie, le punk, l'orgie, l'émeute, mais sous un jour inédit, mûri, pensé, débarrassé des chicanes du nouveau.
© Tiqqun, Éditions La fabrique, 2009
Profitant à l'instant d'une conversation (?) avec un garçon homonyme sur une certaine page bleue qui ne cesse soit d'éluder les réponses aux questions que je pose, soit de jouer au yoyo en m'envoyant sur de fausses pistes qui à un moment, à moi d'y veiller, peuvent me ramener sur les bonnes (sur l'air de: non, son nom et le leur, non - puis: voilà de saines lectures), je me dis: Deckung semble dans les trois cas le maître mot, l'abri, donc, le refus d'être vu alors qu'ils se montrent [et pourtant je devrais être le premier à me rappeler mes classiques, à savoir que plus on élude plus on dit, plus on (se) cache plus on (se) montre]; puis je repense à Johan, à Buzz Aldrin, et tout ce qu'il dit sur le fait de vouloir être invisible.
mardi 20 octobre 2009
Un renard
Hier soir, au cœur de la ville, dans Kreuzberg, dans la Dresdner Strasse, à deux pas du Babylon où nous sommes allés au cinéma (voir l'incroyable Noomi Rapace - avatar proto-lesbien d'Emma Peel) et à dix pas du Olfe fermé le lundi, je vois soudain un gros chat traverser le trottoir. Mais un trop haut sur pattes pour être un chat. Un renard, en fait. Un renard en pleine ville. 18000 renards peupleraient Berlin. La vision était irréelle, magique. Il était presque minuit.
dimanche 11 octobre 2009
Herta Müller
Am Freitag hat "meine" Zeitung, die TAZ, einen Artikel von Herta Müller gedruckt, den sie für die Zeitung damals in 1988 geschrieben hat. Immer noch bin ich von diesem Text besessen - es gibt eine Kälte, eine kühle klinische Präzision in der Erzählung, deren beinahe systematische Willkür der Willkür des hier beschriebenen Staates entspricht. Wenn man diesen Text gelesen hat, versteht man besser warum Peter Englund von einer "Sachlichkeit" geredet hat. Hier ist es zu lesen.
Vendredi, "mon" journal, la TAZ, a publié un article que Herta Müller avait écrit pour le quotidien en 1988. Je reste aujourd'hui encore fasciné, possédé par ce texte - il y a une froideur, une précision clinique dans la narration dont le systématisme quasi arbitraire, proche du compte-rendu médical, n'est pas sans rappeler l'arbitraire de l'État (la Roumanie) décrit au fil des lignes. Après la lecture du récit, on comprend mieux pourquoi Peter Englund, de l'Académie suédoise, a parlé de "Sachlichkeit", d'objectivité. On peut lire le texte ici.
samedi 10 octobre 2009
Les pommes Gravenstein et bébé Elephant Man
Reçu au courrier en rentrant du marché le magnifique nouvel album d'Øyvind Torseter intitulé Graventsein. En consultant Wikipédia, j'ai appris que ces pommes (puisqu'il s'agit de pommes) s'adaptent tout particulièrement aux climats septentrionaux.
L'album, dessiné au trait, utilise principalement trois couleurs: le jaune, d'abord par touches, puis de plus en plus présent dans le blanc et le noir traités comme des couleurs. (Seule la fin fera intervenir les couleurs traditionnelles d'Øyvind, ce que je vois comme du bleu pastel et du vert olive — du coup, on peut parler de fuite haute en couleurs, puisque les personnages fuient.)
Le livre, en tant qu'objet, n'est pas sans rappeler le Mon Amour de Paul Cox, que Christian Bruel avait publié en 1992 au Sourire qui Mord: même format rectangulaire, même fond jaune bien que plus citronné chez Torseter (enfin bon, c'est un semi-daltonien qui dit ça…).
L'album, dessiné au trait, utilise principalement trois couleurs: le jaune, d'abord par touches, puis de plus en plus présent dans le blanc et le noir traités comme des couleurs. (Seule la fin fera intervenir les couleurs traditionnelles d'Øyvind, ce que je vois comme du bleu pastel et du vert olive — du coup, on peut parler de fuite haute en couleurs, puisque les personnages fuient.)
Dans cet ouvrage, on retrouve les personnages récurrents de Torseter: Miss, qui on l'apprend dans cet opus, est une petite fille – elle se déguise en Catwoman et me rappelle toujours Musidora dans son rôle d'Irma Vep dans Les Vampires de Louis Feuillet (mais je suppose que l'inspiration d'Øyvind vient plutôt de la première que de la seconde - il faudra que je lui demande). On retrouve donc Miss et son père que l'on connaît de l'album éponyme Mister Random (dans Gravenstein, il s'appelle simplement "papa") ou plus récemment Détours qui a remporté le Ragazzi Award en 2008 et a donc été le plus bel album pour enfants que la Joie de Lire a publié la même année.
Gravenstein fait courir deux histoires parallèles qui finissent par se rejoigner. La première peut se lire comme la persécution d'un queer, dans tous les sens du terme anglais: c'est-à-dire quelqu'un de différent ici incarné par un bébé elephant man; comme l'exécution d'un freak, histoire d'employer un autre mot anglais, un monstre en somme, tels les Freaks de Tod Browning, le souffre-douleur idéal, la victime parfaite du mobbing (ainsi que la langue anglais le dit si bien au point que le mot a été repris dans pas mal de langues), du harcèlement en bon français. Il y a notamment cette scène très émouvante (pour moi) où la créature, d'abord poursuivie par ses assaillants et lapidée à coups de pommes, tombe dans un trou d'où il ne pourra ressortir:
"Venez voir, il s'est caché ici."
© Øyvind Torseter pour l'édition originale, Cappelen Damm, 2009
© Øyvind Torseter pour l'édition originale, Cappelen Damm, 2009
Voilà donc, par cette thématique, un livre à mettre entre les mains de tous les enfants, qu'ils soient persécuteurs ou persécutés.
Mais du coup, j'ai ressorti de la bibliothèque le livre de Frederick Treves, intitulé Elephant Man, qui avait servi de base au film homonyme de David Lynch — le livre étant depuis peu disponible chez Stalker. Sir Frederick Treves est le médecin ayant rencontré Elephant Man, de son vrai nom Joseph Merrick qui, nous indique la notice en fin d'ouvrage, "se fai[sai]t employer comme Freak professionnel". C'est lui qui va le sortir de son rôle imposé de phénomène de foire et l'amener chez lui, au nom de la science et de l'intérêt de la médecine pour celui qu'il nomme en début d'ouvrage "la chose", à savoir un homme atteint d'éléphantiasis que l'on avait opéré (mal, très mal) afin de lui sectionner la trompe.
Le témoignage de Treves est troublant, sans doute parce qu'il a la précision clinique de l'étude de cas effectuée par son auteur, un médecin. Lequel observe son sujet sans jugement, sans morale, uniquement avec cet intérêt qu'a la science pour un phénomène étrange, différent. Troublant également parce que, évidemment, Treves va se lier d'amitié avec Merrick - et le livre de se lire dès lors comme la parabole du Pygmalion, un motif que ne cessera de reprendre les livres et les films d'horreur et/ou de science-fiction (Frankenstein, Alien, etc., pour n'en citer que deux): la fascination du créateur pour son invention, ce lien quasi œdypien qui dans ce contexte artistique inverse les rôles: la figure paternelle a perdu son pouvoir phallique et autoritaire. Bref.
De là, il n'y a qu'un pas à franchir pour évoquer le nouveau roman de Sara Stridsberg qui, indirectement, va évoquer ces motifs. Mais je n'en dis pas plus.
Rendez-vous en 2010 à la Joie de Lire pour la traduction de Gravenstein, et en 2011 aux éditions Stock pour la traduction du nouveau roman de Sara.
Die Artischocke
(Blam Blam Fever) am Skamstag
Rentrant d'un nighter (assez improbable quand même étant donné la clientèle, bon) passé avec G et N. Une impression de bien-être dès en arrivant. Coup sur coup sont mis deux morceaux que je n'ai cessé d'écouter cette semaine: Tighten Up des Untouchables et l'insubmersible What am I to do de Tony Scott (qui, oui, reprend la fameuse ligne musicale du Liquidator de Harry J All Stars qui est, oui, l'hymne des supporters de Chelsea - un autre jour je reparlerai de ce Liquidator).
Toujours est-il qu'à un moment, alors que certains voulaient repartir le DJ a mis le jubilatoire Reggae Fever (Blam Blam Fever) qui a ce pouvoir magnétique systématique d'attirer tout le monde sur la piste de danse. Là, ça n'a pas raté: même les personnes sur le départ ont dansé. À quoi cela tient? Aux paroles? Qui mettent en valeur les skinheads, leur mode de vie, leur allure, l'aspect fondamentalement festif de leur vie en groupe, leur goût pour le reggae - en l'occurrence pour le genre du morceau, du… skinhead reggae? Je pense que cela tient plutôt des claquements de main qui interviennent à 3 moments dans le morceau. Et ce soir, le plus renversant dans ce nighter assez plan-plan, somme toute, c'est que tout le monde a frappé dans ses mains pile au moment où intervenaient, donc, les claquements de main et tout le monde chantait "the reggae fever is good" - et il y avait cet instant d'union et de communion dont j'ai parlé ici. Allez, on écoute:
Ce morceau est une reprise du Guns Fever (Blam Blam fever) rocksteady des Valentines, où il n'y avait pas les fameux claquements de main, qui se déroulait encore en Jamaïque (Les Pioneers ont déplacé l'action à Londres). Et comme on est déjà samedi et qu'on n'est pas chien et que donc c'est Samstag und dass Samstag auch Skamstag ist, dann zeigen wir auch das Video von The Valentines. Merci qui?
Rubbzzz!
Rubbzzz!
vendredi 9 octobre 2009
Heute in Berlin
Tout à l'heure, je veux aller entendre Antje Rávic Strubel parler de Leipzig le 9 octobre 1989, or la lecture n'est pas à 18h comme indiqué dans la TAZ mais à 19 et l'entrée ne coûte pas 6 € mais 12, et j'ai un autre rendez-vous à 20h. Je repars la mort dans l'âme. Quelque dix minutes plus tard, je verrai ça:
Je décide de remonter Unter den Linden à pied, pour aller voir cette installation censée représenter le Palast der Republik. Je vois ça:
Puis je remonte jusqu'à Alex toujours à pied parce que préalablement j'ai vu ça:
© icke
Au moment d'arriver à la Spandauer Strasse, j'entends John Holt chanter dans mon oreille gauche seulement la reprise de Harry Nilsson, Everybody's talkin' (at me / I don't hear a word they're sayin' / Only the echoes of my mind), et pile au moment je dois traverser il dit: "I'm going where the sun keeps shinin' / Thru the pourin' rain" alors justement que j'ai la Fernsehturm dans le ciel bleu devant moi. Ça donne ça en musique (la vidéo est une horreur):
Du coup je me mets à courir. Je cours et cours et cours.
PS: Ce matin, Linus le bienveillant me demande: "Aber warum willst du sie nicht nehmen?" "Aus Ehrgeiz?" je réponds.
jeudi 8 octobre 2009
Nobelpriset
12.40: Je suis la télé du comité Nobel sur le site du quotidien suédois Dagens Nyheter. Encore 20 minutes avant que le nom du lauréat/de la lauréate soit annoncé. Je me sens hyper moderne en regardant l'événement diffusé en laïve planétaire.
13.45: La Libération n'a toujours rien changé (29 minutes maintenant). Les ouèbeurs doivent en être au camembert.
12.45: C'est un peu ennuyant et stérile. La caméra diffuse des plans fixes sur une porte avec des micros dans l'expectative tandis qu'une musique d'ascenseur évidemment électronique, aérienne et vaporeuse est censée calmer les nerfs des plus impatients. Bon bon.
12.48: Les quotidiens suédois parient sur Herta Müller. Dans le Dagsavisen norvégien, le critique Mode Steinkjær affirme que "si un Européen devait recevoir le Prix Nobel de littérature en 2009, cette distinction ruinerait la signification d'un prix littéraire considéré comme le plus important au monde."
12.55: C'est reparti, un gugusse nous parle dans un anglais hyper british, histoire de nous faire patienter. "Last year, the French author Shaun-Mewwiii Goustaaav LeClayzioh received the Nobel Prize. But who will get it this year? We will announce it in a five minutes time."
12.58: La foule de journalistes se masse près des micros. Oh my God, it is sooo… like, you know… exciting!
13.00: A y est! C'est Herta Müller! Le monsieur rasé vient de le dire en suédois.
13.01: Peter Englund, le secrétaire perpétuel de l'Académie suédoise, le monsieur rasé donc, vient de l'annoncer en anglais et maintenant en allemand. Ouais, pas facile de dire Sachlichkeit.
Värför?, demande un journaliste. Därför att hon är väldigt bra, såklart!
13.04: Il est un peu sexy, Peter, moi je trouve… Putain, quelle tapette je fais alors: il suffit qu'un mec se rase le crâne pour que je me tou(r)ne et me retou(r)ne.
13.05: Pauvre Peter, il est obligé de répéter tout le temps la même chose, c'est pas fastoche son boulot. Il dit qu'elle était aliénée: par rapport à son pays, sa langue, etc etc.
13.07: Bon, moi je vais manger, hein.
(…)
13.27: La Libération n'a toujours pas annoncé la lauréate du Prix Nobel. Au lieu de quoi on a droit à une manchette hypèèèr intéressante, confer ci-dessous. En tout petit, en haut, on peut lire que la dernière mise à jour remonte à 11 minutes. Tout le monde doit être parti manger. Sarkozy et les people, ainsi que l'état de l'estomac, sont donc plus importants.
13.45: La Libération n'a toujours rien changé (29 minutes maintenant). Les ouèbeurs doivent en être au camembert.
mercredi 7 octobre 2009
L'identification
Quand je fais une intervention auprès d'étudiants en traduction, je les préviens toujours de deux dangers, du reste complètement contradictoires, qui menacent le traducteur: 1) on ne traduit pas bien un texte qu'on aime mal, 2) il faut à tout prix veiller à endiguer le processus identificatoire qui pourrait s'opérer entre soi et le texte. Autrement dit, en bon schizophrène qu'il est (être au service de l'écrivain mais ne pas être servile, être considéré comme l'auteur de sa traduction mais n'être en réalité que le traducteur du texte d'un auteur, être fidèle au texte mais proposer la correction des erreurs, ne pas améliorer l'écriture mais savoir trouver le meilleur mot, etc, etc) - en bon schizophrène qu'il est, donc, le traducteur doit s'abstraire de son moi profond, l'abolir d'une certaine manière, et n'être que son moi professionnel. Il s'agit de se protéger, de ne pas laisser la fiction entamer son équilibre personnel, d'avoir un regard neutre (sachlich, dit-on en allemand, saklig en norvégien - objectif pourrait-on aussi dire en français). Bien sûr, cette opération de fildefériste n'a pas lieu à chaque roman (ouf!).
Question, pourquoi en ce moment je n'ai aucune difficulté à traduire le passage ci-dessous alors que deux pages plus loin je peine un peu?
Extrait de la traduction en cours, Innsirkling ou Encerclement en français, du Norvégien Carl Frode Tiller (le narrateur est un vieux pasteur qui se trouve à l'hôpital):
Je déglutis, je n’arrive pas à détacher mon regard de mes jambes. Ce qui était moi a presque disparu, il ne reste plus que le squelette et la peau, pas étonnant que les gens tournent la tête quand ils me voient traîner la patte dans le couloir, pas étonnant qu’ils fassent semblant de ne pas me voir, de toute manière même moi je n’arrive pas à supporter le spectacle que j’offre, alors ; je n’ai plus la force de me regarder dans la glace, je suis là, planté devant le lavabo, les yeux résolument fixés sur mes mains que je suis en train de laver, puis quand je dois les essuyer je veille l’air de rien à rabattre en quelque sorte mes yeux jusque sur la serviette accrochée à côté de l’armoire, je fais tout ce que je peux pour éviter d’apercevoir ne serait-ce qu’une once de mon reflet dans le miroir, je ne supporte plus la vue de mon visage gris et émacié, il me répugne, il est tellement rongé qu’il n’a plus un milligramme de chair ni de graisse, qu’on a presque l’impression de voir les contours de mes dents sous les lèvres, que les joues ressemblent à des espèces de coupelles dont le fond rebique et pendouille, que les muscles maxillaires sont plantés de chaque côté du visage comme de fines racines prêtes à craquer, et tout ça, tout ça je ne le supporte plus. Et je ne parle pas de mon regard parce que lui je ne le supporte mais alors plus du tout, du tout. Oui, le plus terrible c’est de croiser mon regard dans le miroir, sans que je sache vraiment pourquoi d’ailleurs, peut-être parce qu’il n’y a guère plus que les yeux que je reconnaisse de l’homme que j’ai été. Il m’a fallu du temps et ça m’a coûté énormément de forces avant de me réconcilier à l’idée que je vais mourir, donc chaque fois que je vois mes yeux je vois mon vieux moi pour ainsi dire, et là j’ai la sensation d’être vu de façon rétrospective, quand j’étais au tout début de ce processus de réconciliation, oui : voir mes yeux rallume un vague espoir en moi et je ne veux pas que ça se produise, je ne veux pas que mon vieux moi me joue des tours et me donne de faux espoirs ; alors peut-être que c’est ça qui se cache derrière ma hantise de croiser mon propre regard, je ne sais pas.
© Carl Frode Tiller pour la version originale, H. Aschehoug & Co (W. Nygaard), 2007
© Jean-Baptiste Coursaud pour l'édition française, Éditions Stock, 2010
Thomas Bernhard
Voilà plusieurs semaines que je ressasse cette phrase de Thomas Bernhard, extraite de Le souffle – Une décision (où l'auteur évoque son séjour dans un hôpital à l'âge de dix-huit ans consécutivement à une pleurésie):
Un malade est un voyant, personne d'autre n'aperçoit plus clairement l'image du monde.
À l'époque de la lecture du livre, en 1994, j'avais déjà souligné cette phrase; et j'ai constaté avec stupeur quand je l'ai redécouverte qu'elle n'avait pas perdu, à mes yeux, en vérité. Or cette phrase, aujourd'hui, j'ai "envie de la balancer" (pour paraphraser Hervé Guibert qui a écrit cette phrase dans je ne sais plus quel roman - et je ne le cite pas par hasard, lui, le grand admirateur de Bernhard, le grand doloriste). Il y a quelques semaines je pensais comme Thomas Bernhard et aujourd'hui j'en viendrais presque à dégobiller si je devais prononcer cette phrase à voix haute.
Le problème, c'est qu'on ne peut pas citer Thomas Bernhard, on ne peut pas extraire une phrase de Thomas Bernhard au risque, pour le coup, de la sortir de son contexte (souvent, quand on affirme ça, "mes propos ont été sortis de leur contexte", c'est parce qu'au fond on regrette d'avoir prononcé une phrase qui se révèle être vraie de soi au monde alors qu'on la veut fausse de soi à soi - trop tard). Les phrases de Thomas Bernhard se lisent dans le tourbillon d'une pensée en mouvement, laquelle continue de réfléchir au fur et à mesure qu'elle se verbalise. Mise en exergue, une phrase de Thomas Bernhard devient forcément tronquée, réductrice.
Mais alors, pourquoi trouvais-je il y a quelques semaines encore (et toujours 15 ans après) cette phrase si pertinente?
samedi 3 octobre 2009
Anniversaire
Heute: drei Jahre Deutschland. Ich bin vor genau drei Jahren in Deutschland für gut angekommen. Ich bin zurück nach Hause gekommen. In Berlin. Ich bin angekommen.
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