samedi 31 janvier 2009
Phyllis Dillon am Skamstag
On retourne ce samedi en Jamaïque avec LA reine du ska, LA meilleure voix féminine que le ska jamaïcain nous ait donné. Je veux bien sûr parler de… ta-daaaa… Phyllis Dillon († RIP). Étonnamment, de nombreuses féminines voix de cette époque sont pointues, aigrelettes, voire stridentes – il suffit de réécouter Patsy Todd, Yvonne (Meekly Wait) ou Naomi (Open the door). Alors que celle de Dame Phyllis est ronde, suave, vibrante sans devenir une voix de crécelle comme ses consœurs. Voire, quand elle va dans les aigus (le fataliste Tulips (and Heather), chanté avec Boris Gardiner), elle tient la note sans prendre un timbre adolescent. Toute la période rocksteady (dont le morceau ci-dessous fait partie) de Phyllis Dillon est impeccable, rien n'est à jeter. Entre 1966 et 1971, la Dame sera une star. Mais l'arrivée du reggae semble fatal à la chanteuse qui ne réussira guère à suivre l'atténuation du tempo.
Parmi les classiques de Phyllis Dillon, il y a bien sûr Don't touch me tomato, Love was all I had, A thing of the past, etc etc etc. Tout aussi impérissables, ses duos avec Alton Ellis, Why Did You Leave, avec Hopeton Lewis, The Right Track, et j'en passe. Ci-dessous on va découvrir Perfidia, composé par Alfredo Dominguez en 1967. La particularité du morceau tient avant tout à la reprise d'un couplet par… ??? (une bière à celui ou celle qui me le dit) vers la fin du morceau, et non pas chanté mais scandé – un couplet dont nul la superficialité salvatrice (il me semble avoir vu récemment un écrivain (un philosophe?) s'être penché sur la question): "With a sad lament my dreams are faded like a broken melody / While the gods of love look down and laugh at what romantic fools we mortals be".
Autant dire, en résumé, qu'il ne faut pas écouter Phyllis Dillon quand on vient de se faire plaquer. Ou alors uniquement si on utilise la musique joyeuse et l'identification aux paroles comme contre-poison.
Rubbzzz!!!
mercredi 28 janvier 2009
Lapsus (encore)
Il fallait bien sûr lire :
J’étais dans le couloir.
(C'est nettement moins joli – ick wees.)
L'enfance
Juste avant d'aller me coucher, et sans commentaires, ça:
J’ai beaucoup pensé cette nuit-là. À Sofus qui voulait des amis mais n’en avait plus. À moi qui n’en voulais pas mais en avais toujours de nouveaux. J’ai pensé à quel point l’enfance peut être synonyme de solitude, à quel point parfois ce peut être dur à s’en taper la tête contre les murs, un peu comme s’il fallait que vous fassiez rentrer des baleines bleues dans des pellicules photos, ou comme si à chaque coin de bâtiment que vous atteigniez vous tombiez nez à nez sur le plus grand bonheur qui puisse exister tant et si bien que vous finissez plus ou moins par exploser, ou encore comme si l’égout le plus ténébreux qui soit existait pour de vrai, celui dont vous ignoriez l’existence, celui qui vous oblige à dormir avec la lampe allumée en songeant que ça ne finira jamais par s’arranger, que jamais plus rien ne finira par s’arranger. Et vous allez à l’école en rampant, les mains tendues devant vous car vous êtes un reptile, et tout ce que vous faites foire lamentablement, vos notes sont lamentables, vous vous dites que vous n’allez pas y arriver, que jamais vous n’y arriverez puisque c’est ce qu’ils vous ont dit, et que toujours vous serez en marge. Et plus tard, quand en fin de compte ça ne va pas si mal que ça, doué de réflexion en bon adulte que vous semblez être, fort de la sagesse rétrospective que l’âge daigne vous accorder, vous vous dites finalement : ce ne sera pas plus facile, vous n’allez pas y couper cette fois encore bien que vous soyez adulte, cela va toujours exiger de vous que vous mobilisiez toutes les forces que vous possédez, cela va toujours vous user jusqu’à l’os, jusqu’à ce que vos os se cassent et que vous-même ça va casse en deux. Du moins c’est l’impression que vous avez. À croire que rien, absolument rien n’a changé. Alors qu’en réalité, si. Tout a changé. Et vous le remarquez un matin, un après-midi, un dimanche de février, la pire journée qui soit, vous vous rendez compte que quelque chose est différent, car vous savez pertinemment que vous ne voudriez pas redevenir un enfant, oh là là non, pour rien au monde, vous vous dites que si c’est ça qui devait se passer vous n’en auriez même pas la force, et c’est justement là, à ce moment-là que vous remarquez que quelque chose a relâché son étreinte, que vous êtes déchargé de quelque chose. Comme si pour la première fois vous marchiez en ville sans vos grosses bottes fourrées alors que c’est l’hiver. Comme si vous marchiez avec aux pieds des tennis légères et douces. Vous êtes plus près du sol. Vous tenez mieux d’aplomb sur vos jambes. Quelque chose a desserré son étreinte et vous êtes désormais en mesure de formuler cette pensée : ce n’est pas si grave que ça.
© Gyldendal Forlag pour l'édition originale; © Gaïa Éditions pour l'édition française
mardi 27 janvier 2009
"You blow a fuse, zing, boom"
Donc les battements de paupière intempestifs. Quelle trouille! comme dirait Félicien Thémistècle, un des héros de Pierre La Police [et j'ai été pas peu fier de pouvoir subtiliser cette hilarante interjection et la replacer dans la traduction des différents volumes de Kurt, d'Erlend Loe]. En fait, c'est arrivé le jour où j'ai troqué mes vieilles lentilles bonnes à jeter contre une paire neuve. C'est très irritierend. J'ai appelé docteur Internet. Et j'ai appris que j'étais atteint de miokymie. Ça me fait une belle jambe:
Je ne copie même pas l'article sur la fasciculation, un mot qui a le mauvais suffixe [ce qui d'ailleurs me rappelle au passage le superméga lapsus (merci, Sigmund F., décidément, quel mot!) grâce auquel je m'étais illustré devant la commission littérature jeunesse du CNL à l'époque où j'en étais membre (merci, Jacques L.): je lisais ma fiche de lecture et je n'ai pas dit: "et comme je ne recule devant rien…" mais… Là encore, jetons un voile pudique.].
En plus j'ai des acouphènes dus au disque dur externe – si je le laisse allumé. Là pour le coup, j'avais demandé à mon médecin lors de la dernière consultation et il m'avait répondu: "Bravo, tu fais partie des 10% de la population qui vont souffrir des problèmes d'ondes électro-magnétiques, la nouvelle pathologie des temps futurs." Comme si j'étais déjà pas assez servi avec la pathologie des temps anciens pas si anciens. Là encore, je suis allé voir Docteur internet et je suis tombé sur un site qui veut me vendre des "mini-bulles de plastique neutre (…) d'oxydes de terres rares" qui, je cite, "supprime[nt] les nuisances des REMP, permet[tent] à l'organisme de retrouver ses fonctions et équilibre naturels". Késako???
Voilà! je me dis. C'est exactement ce qu'il me faut! En plus, ça ne coute que 125 euros… Pfff… Au diable les varices! Encore plus si j'en crois Rémi G, qui habite dans la Rance et a testé le produit pour ma pomme, les mini-bulles sont multi-usages:
PS: Ce serait pas moi qui ai 1200 pages à traduire pour la mi-mars? Je ferais pas mieux de faire ça plutôt que d'écrire ces conneries? Ou, comme chantent les Néerlandais de Upsessions, dont j'écoute pas plus tard que maintenant l'impérissable Hold your whining (c'est pile de ça qu'on cause): "You're waitin for de big crush and get den trouble in de back! Boy, in da back!"
Musique – "magnificent desolation"
>> "Tu peux essayer d'écouter Hole.
Il y a un certain nombre de citations de Hole dans le texte."
Pour Johan, depuis un mois, j'écoute en boucle Sleep, des Godspeed You! Black Emperor, dont Johan a retranscrit in extenso le dialogue liminaire dans Darlah – j'en ai déjà parlé ici, où on peut aussi écouter le morceau. Du coup, en cherchant sur youtube si la totalité du morceau n'était pas disponible, je suis tombé là-dessus, ci-dessous – et là c'est comme si les pièces d'un puzzle formaient brusquement l'image du modèle. On regarde d'abord:
Ainsi, non seulement Sleep me fait plonger dans le roman (comme le sommeil, donc – hö!) qui je le rappelle s'intitule Buzz Aldrin – mais où donc es-tu passé?, non seulement Sleep est utilisé par Johan dans un roman ultérieur à celui que je traduis, mais qui comme celui-ci a un rapport avec l'espace, mais en plus je trouve une vidéo de Sleep qui se révèle être un montage sur une vidéo consacrée à Challenger et à l'espace dont il est question dans les deux romans de Johan, mais encore en plus, dans les fameuses "vidéos similaires" liées sur youtube à Speed, on trouve cet extrait de la retransmision en direct, en 1969, des premiers pas sur la Lune de Buzz Aldrin, le vrai cette fois-ci, et non le fictif, lorsqu'il livre ses impressions et dit: "Magnificent desolation!", et cette phrase, devenue culte, passée à la postérité, Johan l'a aussi reprise dans ce roman, puisque Mattias est né la nuit où Apollo 11, et Buzz Aldrin à son bord, s'est posé sur la Lune. L'accro aux coïncidences que je suis est aux anges. Allez, on regarde:
lundi 26 janvier 2009
Kreppa!
Dans les cafés, les restaurants, la kreppa - la crise - est sur toutes les lèvres.La… kreppa? Quel mot bizarre, je me dis illico, conscient que, même si elle est sur toutes les lèvres, il ne s'agit pas de la crêpe Suzette (hö!). Certes, l'islandais est une langue protectionniste, qui interdit l'introduction de mots étrangers et, à travers son Conseil de la Langue, en crée sans cesse de nouveaux à partir du vocabulaire islandais, qu'il soit usité ou tombé en obsolescence.
Du coup, je suis allé farfouiller dans les dictionnaires. Et là, c'est pas-sion-nant! Du moins pour le linguiste que je suis.
L'étymologie, d'abord. Le terme vient du vieux norrois kreppa, qui signifie rétrécissement. Aujourd'hui, on dit skreppa en islandais pour désigner quelque chose qui se rétrécit, se ratatine. Cela a donné, nous indique le dictionnaire étymologique suédois, schrumpfen en allemand, krympa en suédois, krype en norvégien, shrink en anglais.
Ainsi, primo: crise économique = rétrécissement.
De fait, récession = rétrécissement.
Donc: crise économique = rétrécissement = récession.
Mais ce n'est pas tout. Si on regarde le champ lexical du substantif islandais kreppa, sur le site islandais Orðabanki, on voit d'abord qu'il se réfère bel et bien au domaine économique puisque les traductions proposent respectivement: dépression, crise économique, conjoncture basse. Confer:
Pour s'en assurer, on va sur le Wikipedia islandais, on tape kreppa, la page propose des pages équivalentes en d'autres langues, et on obtient dépression, dans son sens économique.
Bon.
Or donc: crise économique = rétrécissement = récession = dépression.
Dépression? Crise? C'est ça qu'on vient de lire et de dire et d'écrire? Et puis qu'est-ce qu'on vient de lire, plus haut? Kreppa = panic? Le substantif a également le sens de panique?! Alors, là c'est intéressant. En gros: en islandais, une crise économique serait synonyme de panique; une dépression économique signifierait la crise, dans toutes les acceptions du terme, voire pire que ça, le branle-bas, la déroute, l'affolement.
On reprend:
crise économique = rétrécissement = récession = dépression = panique.
Pas mal!
De fait, quand on regarde dans le dictionnaire islandais/anglais de l'Université du Wisconsin, on apprend que le premier sens du substantif kreppa est: difficulté, mauvaise passe.
La synonymie islandaise rapproche le terme du substantif vandi, qui a donné vandamál = problème, Notons au passage que tous les verbes ou substantifs scandinaves formés à partir du suffixe van-, ont une connotation fortement péjorative. Aujourd'hui, en norvégien, un visage défiguré est vansiret, un être difforme, monstrueux est vanskapt, une personne folle à lier est vanvittig; une illusion en suédois est une vanförestilling etc. (c'est moi qui souligne). Le suffixe est équivalent au vanus latin, donc vain, lui aussi dans toutes les acceptions du terme (vide, stérile, illusoire…).
Autrement dit, et pour conclure:
crise économique = rétrécissement = récession = dépression = panique = difficulté = monstruosité.
Et puisque la crise est une crise du capitalisme, cela signifie que le capitalisme est une monstruosité, n'est-ce pas? J'adooore!
PS: On ne saurait tout à fait conclure sans une petite blague sur… la crise monstrueuse. Trouvée ici, cette blague:
Q: Qu'est-ce que la plupart des banques islandaises et un nudiste islandais ont en commun?
R: Ce qu'ils ont de plus précieux est gelé!
Re-hö!
dimanche 25 janvier 2009
La nuit, la traduction, le brouillard
Si je baisse la tête et regarde le livre et mon clavier, je vois ça:
J’ai repris là où je m’étais arrêté la veille et le carrousel des existences disloquées a refait un tour entre mes mains. Le ventre grondant, avec à travers la fenêtre le soleil qui se montrait quelques heures seulement pour ensuite disparaître et laisser place à cette longue nuit, j’ai parcouru des piles et des piles de vies qui partaient en charpie (…)
© Gyldendal Forlag pour l'édition originale; © Gaïa Éditions pour l'édition française
Si je relève la tête et regarde par ma fenêtre, je vois ça:
— — —
MOI: Bon anniversaire, mémée!
ELLE: Merci, mon chéri.
MOI: Alors, comment vas-tu?
ELLE: Oh, 95 ans, c'est long, tu sais. Je voudrais m'en aller maintenant.
MOI: — — —
samedi 24 janvier 2009
Voiceks Voiska am Skamstag
Das, diese Gruppe, Voiceks Voiska, werden wir dort und da sicher nicht hören. Raison de plus pour l'écouter ici. Weiter in unserer Durchreise in die innere Skawelt steht heute abend Voiceks Voiska vor der Tür, und sie kommen aus… Lettland. Improbable! Laut ihrer Seite seien sie auch noch die erste Skaband Lettland. Ich gratuliere. Denn das Stück, To Nevar Darīt Šeit, ist einfach nur gut, lebensvoll, tanzend und überraschend (?) gut orchestriert – trotz der amerikanisierenden Richtung gegen Skacore. Zu danken ist natürlich die unwehrliche Kollektionen United Colors of Ska, die sind immer eine ganz schlaue Art und Weise um Ska aus unmöglichen Ländern zu entdecken. Und nun geht es also hier los, oder hier unten mit der gärtnerischen Version, deren Sound einigermassen (viel?) grob und schlampig ist:
Rubbzzz…
PS: Muss jetzt meine Stiefeln putzen. Gääähn…
jeudi 22 janvier 2009
Sara, la journée (d'un traducteur)
Ma journée de traducteur. Elle commence le soir, à 22h30, le café est passé, je peux me mettre au travail. Pourquoi la nuit? À cause de mes problèmes d'insomnie: si je me couche normalement, vers 23h-minuit, alors je me réveille à 5h, puis ça dégénère, ça devient 4h, puis 3h, et au bout d'un moment on doit forcément se coucher tôt parce qu'on tombe de sommeil sur les coups de 21h-22h et là on n'a plus de contact social (déjà qu'on n'en a à peine… !). Donc: 22h30, au boulot. Jusque vers 3h30-4h; cette nuit: 4h30. Ensuite, sommeil, rêves. Après: réveil sur les coups de 9h30-10h; 5 à 6 heures de sommeil, c'est bien, pour moi c'est suffisant. Réveil et aussitôt, traduction, jusque vers 13-14h. Après, stop. Dans la réalité, ça continue jusque vers 16h… 17h… 18h.
Mes journées en ce moment. Le soir: la traduction de Johan Harstad. Le matin: idem. L'après-midi: la traduction de Sara Stridsberg. Sara, elle est là, tout le temps, devant moi:
Sara est l'auteure d'une fiction sur Valerie Solanas, oui, celle qui a tiré sur Andy Warhol, celle qui a écrit le célèbre SCUM Manifesto. Sara lui invente une vie et, avec ce roman, La Faculté des rêves, qui a remporté en 2007 le Prix de littérature du Conseil Nordique, la plus haute distinction littéraire décernée dans le nord, elle propose une autre littérature (une mise en scène de la littérature? au sens théâtral ou cinématographique du terme, confer ci-dessous), une écriture qui rappellera le style en spirales de Virginia Woolf.
Là où je veux en venir. Le travail sur cette traduction n'a rien à voir avec le travail ordinaire, classique que j'appellerais vulgairement de la mise en français. Du fait des effets de style, du rythme et de la composition des phrases et des mots, des allitérations et des images, il faut d'une certaine recomposer, gjendikte comme disent les Norvégiens, c'est-à-dire repoétiser (si je puis dire). Et ce travail-là semble mobiliser une autre partie du cerveau. Ça a l'air absurde, voire débile, expliqué comme ça, mais pourtant c'est vrai. Sur le coup de 14h, je ne peux plus traduire Johan, mon cerveau est à plat, n'a plus de jus, de peps, d'inspiration. Or il est alors possible de travailler (sur) le texte de Sara, peut-être parce que ce travail s'apparente davantage à une espèce d'exercice de mathématique, de logique; c'est certes tout aussi intellectuel, mais cela sollicite une autre attention, un autre mode de pensée, un autre fonctionnement cérébral. J'en avais déjà fait l'expérience avec Dag Solstad – grâce à qui j'avais compris la signification de l'expression plasticité du cerveau.
Allez, en primeur, ce passage traduit avant-hier, tiré de l'époustouflante Faculté des rêves, à paraître en septembre 2009 aux éditions Stock, chez la si brillante et si douce Marie-Pierre Gracedieu:
HÔPITAL PSYCHIATRIQUE D’ELMHURST, NEW YORK, 29 JUILLET 1968
Il ne s’arrête pas de pleuvoir cet été-là et les docteurs ne s’arrêtent pas de poser leurs diagnostics. De lourdes draperies de larmes et de temps, des heures et des heures de thérapie derrière les fenêtres du Docteur Ruth Cooper. Entre deux averses de pluie d’été la lumière cruelle du soleil explose au creux des vêtements d’hôpital, les insectes envahissent l’intérieur d’hôpital et la nourriture d’hôpital. Pendant ce temps et tout le temps tu allumes cigarette sur cigarette, elles viennent chacune se balancer sur le bord du bureau.
DOCTEUR RUTH COOPER : Ici à l’hôpital nous sommes de ton côté, Valerie.
VALERIE : Tiens donc.
DOCTEUR RUTH COOPER : Nous n’avons rien à voir avec l’enquête de la police.
VALERIE : Avec les pédés de la police.
DOCTEUR RUTH COOPER : Je vois que tu es désespérée, Valerie.
VALERIE : Je ne suis pas désespérée.
DOCTEUR RUTH COOPER : Tu peux pleurer si tu veux, ma douce.
VALERIE : Je ne pleure pas.
DOCTEUR RUTH COOPER : C’est beau de pleurer, ma douce.
VALERIE : Je ne pleure pas, c’est mon cerveau qui saigne.
PS: En parlant de Johan, ai reçu hier au courrier son dernier ouvrage pour adultes, un recueil de textes en prose et de pièces de théâtre. Comme on le voit ci-dessous, l'intertextualité prend une part exponentielle dans son œuvre, qu'il s'agisse de photos, de schémas, de bouts de papier trouvés, etc.
mercredi 21 janvier 2009
"Ich war viel allein"
Le roman se passe aux îles Féroé. Le narrateur et personnage principal s'appelle Mattias. Mattias a décidé de devenir numéro 2, de ne jamais être dans la lumière, de laisser les autres y aller. Il va vivre dans une communauté qui est aussi une institution post-pyschiatrique. Dans le passage ci-dessous, il parle d'Ennen, qui elle aussi vit dans ce collectif:
Elle prend des bus au hasard. Prend le premier venu. S’assied tout au fond. Fixe droit devant elle. Croise les yeux de ceux qui montent, des jeunes gens et des adolescents qui n'arrivent pas à poser leur regard ailleurs que sur elle, qui sont tout seuls dans le bus et rêvent de petites copines qu’ils n’auront jamais, comme celle-ci qui est belle comme un cœur avec sa petite valise sur les genoux. Et Ennen croise tous ces regards, elle baisse les yeux, elle relève les yeux, elle attend, elle regarde ces hommes qui l’observent, qui ressentent des picotements dans le ventre lorsqu’ils l’observent. Or, une minute avant que l’un d’eux n’ose se risquer auprès d’elle, une seconde avant qu’un garçon ou un autre se lève pour s’aventurer vers elle, elle descend. Elle prend un nouveau bus. Et continue ainsi. Elle surgit partout dans le pays. Elle est celle que vous finissez toujours par rencontrer, tôt ou tard, dans le bus, dans le train, dans l’avion, celle que vous ne remarquez qu’une fois que vous vous êtes installé, celle dont vous croisez le regard et qui vous fait rougir : brusquement vous avez chaud parce qu’il est impensable de tomber amoureux comme ça, aussi vite que ça, à cause d’une apparence, d’un coup d’œil furtif, c’est impensable ce genre de coup de foudre. Vous devriez dire quelque chose, voilà la réflexion que vous vous faites, vous devriez descendre au même arrêt qu’elle car il n’y a pas de plus belle personne qu’elle. Et si seulement vous osiez, si seulement vous disiez quelque chose, là, tout de suite, si vous descendiez en même temps qu’elle, si vous vous approchiez d’elle, la serriez dans vos bras, là vous vous rendriez sans doute compte, peut-être, peut-être voire certainement, que vous venez de rencontrer la personne qui fera de vous l’homme le plus heureux qui ait jamais existé dans tout l’univers. Seulement voilà, vous ne faites rien de tout ça. Vous ne descendez quasiment jamais au même arrêt qu’elle. Vous ne vous levez pas dans le bus pour aller adresser la parole à cette jeune fille. Ou à ce jeune homme, pendant qu’on y est. Vous restez assis, vous échangez un regard ou bien vous détournez le regard, jusqu’à ce que l’un de vous descende et que vous ayez tout oublié quelques heures plus tard. Puis un beau jour, dix, vingt ans plus tard, vous ressentez à nouveau le même picotement, vous réussissez à la visualiser à nouveau et là vous savez pertinemment que vous auriez dû aller au bout de votre désir, vous auriez dû dire quelque chose. Ce que vous n’avez pas fait. Et donc vous êtes là, tout seul, tout seul avec la certitude qu’au moins une fois, rien qu’une fois, rien qu’un instant dans votre vie, vous avez été aimé, sans aucune restriction, sans aucune condition. Rien qu’un instant, un claquement de doigts. La minute mélodramatique.
© Gyldendal Forlag pour l'édition originale; © Gaïa Éditions pour l'édition française
Et, immanquablement, on (re)pense aux Ailes du Désir et la désormais mythique déclaration d'amour de Marion. Immanquablement, je repense à Berlin, aux raisons – aussi – de ma présence ici. Toutefois, c'est davantage cette scène que je souhaite montrer:
Du nouveau dans l'ancien
mardi 20 janvier 2009
lundi 19 janvier 2009
Lundi, tout se casse la gueule
On se lève le matin, on veut pour jeter le filtre du café qu'on a bu la nuit dernière, comme d'hab pour traduire, on n'a pas fait gaffe, on a pris le filtre par un côté seulement et non par les deux, et, pof, ce foutu filtre se fendille et craque, et voilà le marc qui s'étale partout sur le lino. Génial.
Puis il y a l'après-midi et on a traduit 10 pages depuis le réveil alors qu'il en reste encore 1300 pour la mi-mars et qu'on se dit que jamais on n'y arrivera.
Et enfin il y a le soir, comme un con on est un train d'écouter la musique qu'il faut pas (Lost in the stars, par Radka Toneff), on a retrouvé la place du matin, dans cette cuisine maudite, le téléphone sonne, on décroche, la personne au bout du fil nous demande comment ça va, et comme un double con on se met à chialer devant le plat de lentilles aux Knacker de Thuringe, puisqu'on bouffe comme un chancre et qu'on en est à faire quatre repas par jour.
La nuit, en bossant, on écoute Speed de Godspeed You! Black Emperor, et c'est la seule musique qui convienne. On va se pieuter un peu apaisé. Un peu.
mardi 13 janvier 2009
"I tried in vain to disconnect my brain"
Certes je n'aime pas franchement pas la techno d'aujourd'hui, mais l'electronica n'est pas sans me plaire. Plus elle est downtempo et plus je la trouve intéressante. Justement, Plastikman est pour moi le maître dans ce genre. Ce morceau, là, ci-dessous, avec non seulement une vidéo magistrale, correspond aussi, encore, à l'atmosphère du jour.
lundi 12 janvier 2009
"Happier than you and me!"
"Mongoloid, he was a mongoloid / happier than you and me"
Réécouté ce soir, Mongoloid, de Devo, datant de 1978, et d'ailleurs diffusé dans le poste… (f)rançais, et à l'époque plus déjanté que déjanté, jaune pisse, et toujours aussi génial. Et, d'une certaine manière, tellement adapté à l'atmosphère du jour.
"Mongoloid, he was a mongoloid / happier than you and me"
Ein Gespräch / Die Schönheit
Jörn und ich sind auf einer gewissenen blauen Seite zusammen. Ab und zu chatten wir zusammen. Unsere Gespräche habe ich immer gemocht. Genauso wie ich ihn immer, vom ersten Blick, faszinierend empfunden habe. Vielleicht wegen seines Blickes. Naja. Aber heute abend hatten wir dieses Gespräch. Das ist selten. Das ist selten, dass man so ein Gespräch haben kann. Das ist ein Glück, dass man so ein Gespräch haben kann, haben darf.
67. jb 11. Jan. 2009 - 23:46
sag mal, verstehst du französisch, kannst du es lesen?
68. jörn 11. Jan. 2009 - 23:48
Nein.
69. jb 11. Jan. 2009 - 23:50
ok.
70. jörn 11. Jan. 2009 - 23:51
deutsch, englisch, italienisch,
französisch mündlich
71. jb 11. Jan. 2009 - 23:54
alles klar.
ich habe bloss gestern was ganz schönes gelesen und wollte es nur mitteilen (die schönheit muss man mitteilen – wenn das geht (geht das?)).
72. jörn 11. Jan. 2009 - 23:57
Kann man Schönheit mitteilen? Das ist ja ein philosophische Frage ...
Gibt es eine abstrakte, allgemeingültige Schönheit? Wenn ja, kann man sie mitteilen ... Wenn nicht, kann man andere auf etwas hinweisen, was man selber schön findet - oder?
73. jb 12. Jan. 2009 - 00:04
ich bin der überzeugung, dass man leider schönheit nicht mitteilen kann. man ist allein mit ihr. manche sagen, man sei allein in dem tod, in der trauer, in dem leben. aber ich glaube, man sei alleine auch in dem glück, in der liebe, in der schönheit.
weiter zu was du schriebst, es gibt keine absktrakte, allgemeingültige schönheit. sonst gäbe es keine einsamkeit, wir würden sofort jemanden finden zum lieben, zum lachen, genau unser gegenteil.
aber du hast recht: vielleicht, vielleicht, sollte man andenren auf schönheit hinweisen. das ist aber gefährlich, denn schönheit wird anders von anderen empfunden, erlebt, gespürt. und da sitzt man, enttäuscht, weil man die anderen von der schönheit nicht überzeugt hat. und letzendlich sind wir zurück zu punkt 1.
74. jörn 12. Jan. 2009 - 00:11 [Gespeichert]
Ja, ich glaube Du hast recht: Schönheit ist eine Empfindung, die sehr persönlich ist.
Aber ich glaube, dass man andere auf empfundene Schönheit hinweisen sollte - mit den Enttäuschungen müssen wir leben.
Es ist wie die Liebe: wir können jemanden lieben, aber nicht seine Liebe erwarten, einfordern - höchstens erhoffen.
75. jb 12. Jan. 2009 - 00:13
diese message, deine, speichere ich, wenn ich das darf.
76. jörn 12. Jan. 2009 - 00:14
klar, kein problem
77. jb 12. Jan. 2009 - 00:16
verzichten sollte man sowieso nich.
dimanche 11 janvier 2009
Devenir numéro deux
Et puis voilà qu'aujourd'hui je recommence à traduire Johan Harstad dont c'est l'opinion profonde, l'idée qu'il développe dans Buzz Aldrin, et puis, hier, samedi, entre ces deux micro-événements, je lis un article dans la TAZ sur un certain Bor Mlacik.
Ce monsieur a 35 ans, il est chef d'équipe des éboueurs au sein de la BSR, la société publique qui gère le nettoyage de la voirie à Berlin. Bor Mlacik explique qu'il a toujours voulu faire ce métier, que l'entretien, le ménage, l'a toujours passionné, qu'il aime travailler avec ses collègues, qu'il aime manipuler des grosses machines, il a été jardinier autrefois. Il explique qu'être boueur n'est pas un mauvais métier, c'est même un métier très recherché. Et puis il dit: "Quand une mère dit à son enfant: "Si tu n'apprends rien à l'école, tu seras cantonnier", je ne peux pas m'empêcher de penser autrement."
Et il y a, je trouve, dans cette phrase toute l'horreur du monde, l'horreur humaine – cette dépréciation qu'ont certains envers d'autres. Alors qu'il y a, dans les phrases de Bor Mlacik une immédiateté profondément touchante, un plaisir communicatif. Voilà les quelques passages de cette interview phénoménale:
Ist die Arbeit bei der BSR eigentlich Ihr Traumjob?
Ich wollte immer schon zur BSR. Ich hatte früher viel mit Reinigung zu tun, als Gebäudereiniger, Gartenlandschaftsbauer, ich habe auch Winterdienste gemacht. 1990 hatte ich mich bei der BSR beworben, aber da war gerade Einstellungsstopp. Ein Freund, der mal bei der BSR gearbeitet hat, riet mir ein paar Jahre später, mich erneut zu bewerben, als die BSR 150 Leute suchte. So bin ich im November 2004 zur BSR gekommen.
Das Image von der Arbeit, die keiner machen will, stimmt also nicht?
Nein, im Gegenteil: Viele wollen zur BSR und schaffen es nicht. Ein Job bei der Stadtreinigung ist wirklich begehrt. Es ist ja auch keine schlechte Arbeit. Wenn eine Mutter zu ihrem Kind sagt: "Wenn du nichts lernst, endest du als Müllmann" - da denke ich mir meinen Teil. Bei der Joblage soll man da erst mal hinkommen. Und es ist auch kein Ekeljob, es ist einfach Müllbeseitigung.
Et du coup, ce qui dit Bor Mlacik me fait évidemment penser à Mattias, le personnage du roman de Johan Harstad. Mattias est jardinier, il a toujours voulu être jardinier, il aurait pu être chanteur, devenir célèbre, mais il a voulu rester dans l'ombre, laisser les autres aller dans la lumière et "faire bien". Voilà ce qu'il dit:
Tout le monde ne veut pas diriger une entreprise. Tout le monde ne veut pas figurer parmi les sportifs les plus doués de la nation, siéger au sein de différents conseils d’administration, tout le monde ne veut pas avoir les meilleurs avocats dans son équipe, tout le monde ne veut pas se réveiller le matin avec les réjouissances ou les catastrophes claironnées par la une de journaux.
Certains veulent être la secrétaire qui reste toute seule après que les portes de la salle de réunion se sont fermées, certains veulent conduire une benne à ordures, même le jour de Pâques, certains veulent autopsier le corps du garçon de quinze ans qui s’est suicidé un matin de janvier et a été retrouvé une semaine plus tard dans le lac. Certains ne veulent pas passer à la télé, à la radio, dans les journaux. Certains veulent regarder des films et ne pas jouer dedans.
Certains veulent faire partie du public.
Certains veulent être un engrenage.
Non pas parce que certains doivent le faire, mais bien parce qu’ils veulent le faire.
C’est aussi simple que deux et deux font quatre.
Et donc voilà, j’étais assis ici. Ici, dans le jardin, et je ne voulais être nulle part ailleurs dans ce monde.
(…)
Au printemps 1979, j’ai pris la décision de disparaître parmi toute cette foule de gens, de devenir numéro deux, d’être celui qui se rendait utile plutôt que d’essayer de se distinguer, de faire le travail qu’on me demandait. Il s’agit bien sûr d’une pensée a posteriori.© Johan Harstad pour le texte; © Jean-Baptiste Coursaud pour la traduction
© Gyldendal Forlag pour l'édition originale; © Gaïa Éditions pour l'édition française
samedi 10 janvier 2009
Jean-Luc Lagarce
Renoncer au naturel, ces choses-là, le naturel, les idées crétines de la fausse modernité, cette obligation qu'on croit pouvoir nous faire, tout dire, se raconter tous les matins, se répandre et s'étaler partout, exposer ses petits riens et vouloir croire qu'il s'agit de notre âme, ce qu'il en reste. Non. Renoncer, garder pour soi, être sur sa réserve, ne donner qu'en toute connaissance.
N'avouer que les vrais secrets, juste dire l'essentiel, et pas toujours graves et pas toujours tristes nos secrets. N'avouer qu'une fois, la première, et ne plus répéter, se complaire, pas compris, mal entendu, dommage et tant pis, ne pas ressasser, en faire petit commerce. Tricher en silence, mentir avec courtoisie et ne s'abandonner aux confidences qu'auprès des vraies belles personnes, celles-là douces et généreuses.
L'œuvre complète de Jean-Luc Lagarce est disponible aux éditions Les Solitaires Intempestifs. On lira surtout les pièces suivantes: J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne et Les Règles de savoir-vivre dans la société moderne; puis son magnifique récit de voyage, un séjour "hollandais" (comme il dit) marqué par le sida er la fin imminente, Le Voyage à La Haye. On s'émerveillera de la puissance littéraire de son théâtre que l'on lit comme on lirait un roman, de la littérature.
lundi 5 janvier 2009
Det har snødd…
Und es hat geschneit. Mein armes Fahrrad… Aber es kriegt Hilfe von den berliner Männerkräften!
Og så har det snødd. Stakkars sykkelen min… Men den får hjelp av Berlins mannlige krefter!
Vu de la chambre à coucher. La Karl-Marx-Allee. Elle est beeelle!
Vom Schlafzimmer. Die Karl-Marx-Allee. So schøøøn sie ist!!!
Med utsikt fra soverommet. Karl-Marx-Alleen. Så vakkkkert!
Og det snør…
Il y avait du reste dans le TAZ du week-end un article sur la neige à Berlin. La journaliste commençait par cette très jolie remarque: les enfants disent "il neige", alors que leurs parents disent "oui, il a neigé". Mais le plus intéressant demeurait cette information selon laquelle la neige est très perturbante pour les aveugles. Subitement, il y a un surplus, un excès de lumière pour eux. "Tout est trop clair", explique Monika Wolgast, responsable de l'Association de défense des Handicapés Visuels de Berlin. Ci-dessous l'article dans sa totalité:
ZU VIEL LICHT
Schnee lässt die Herzen von Kindern höher schlagen. "Es schneit", rufen sie. Die Erwachsenen wiederum sagen zu ihnen: "Es hat geschneit." Ein wenig klingt es, als hätten sie den Schnee über Nacht auf die Dächer und Straßen gezaubert.
Dabei gibt es Leute, die stöhnen auf, sobald Schnee liegt: die Sehbehinderten. Viele von ihnen sind extrem geblendet durch die starke Reflexion des Lichts auf der Schneeoberfläche. Mit dicken Sonnenbrillen und tiefen Schildmützen tasten sich einige von ihnen die Trottoirs entlang, sofern sie es nicht vermeiden können, das Haus zu verlassen. "Die veränderten Lichtverhältnisse bereiten Sehbehinderten große Probleme. Man geht raus und alles ist zu hell", sagt Monika Wolgast vom Bund zur Förderung Sehbehinderter Berlin.
Wer mit dem Blindenstock unterwegs ist, hat durch die veränderte Oberfläche auf den Straßen zusätzliche Probleme. "Durch den Schnee kann ich Unebenheiten im Boden mit dem Stock nicht mehr ertasten", sagt der spät erblindete Jürgen Bünte vom Allgemeinen Blinden- und Sehbehindertenverein Berlin.
Als er noch Sehreste hatte, konnte er Schnee allerdings doch etwas abgewinnen. Denn er war zusätzlich nachtblind. "Wenn Schnee lag, konnte ich nachts sehen. Tags war ich geblendet, aber nacht bin ich mit Freude rausgegangen", sagt Bünte.
dimanche 4 janvier 2009
Det særnorske: en terrasseblokk ER en terrasseblokk.
Hvorfor gjentas dette med det hårete brystet? om jeg må spørre. Fordi Klaus er en gutt på 15 som ennå ikke har noen hår – med unntak av "skamhåret" (!) som man kalder dem på tysk (= kjønnshår)? Eller fordi det er litt unorsk at en mann har så mange hår på brystet? Kanskje det. Jeg mener det er det. Og jeg tenker på at kanskje også en fransk forfatter ikke ville lagt så mye vekt på nettopp den detaljen her. Eller en italiensk eller tyrkisk forfatter. Jeg kunne ramse opp en hel liste med slike bittesmå kulturelle antydninger som gjør at vi vet vi er i Norge.
Et annet eksempel? Jo. Det nevnes, s. 126, "ei flat terrasseblokk med fire etasjer". Også dette er typisk (arkitektonisk) norsk, i det minste typisk "fjellsk". Siden man har det også i Bayern, altså der hvor fjell finnes. Og kanskje har man det også i Sarkorike, i Alpene. Men vi har det i hvert fall ikke i andre byer, eller det er noe arkitektonisk eksperimentelt fra 70-tallet. Jeg har ellers spurt en venn av meg som har en utdannelse i arkitektur og som har bekreftet det: dette kalles på fransk for "immeuble en terrasse". OK.
Men jeg er litt sikker på om den slags blokken ringer en bjelle i det franske hodet. Jeg mener tvert imot at han eller hun kommer til å tenke på "cultures en terrasse", altså måten man dyrker f. eks. ris på i Indien eller i Asia. En god måte å sjekke ordet på er å "google" den. Bare med bilder av en norsk terrasseblokk, får jeg 157 svar, og ikke minst det, men det første bildet gir direkt svar på hva dette bygget er for noe. Men når jeg taster inn immeuble en terrasse får jeg bare 30 bilder, og bare 3 ut av dem svarer virkelig til hva en terrasseblokk er for noe. Men. Det betyr altså IKKE at man må sløyfe ordet av den skyld. En oversettelse MÅ beholde sitt særpreg, sin utenlandskhet. Og siden en terrasseblokk ER en terrasseblokk, blir den det. Ergo.
samedi 3 janvier 2009
The Paragons am Skamstag
Tout à l'heure je me suis réveillé avec ce morceau des Paragons dans la tête. Pourquoi? Parce qu'ils l'ont joué hier soir au nighter du Tommyhaus? Je veux croire, et tant pis si je m'illusionne, que le morceau est plutôt sorti de mon inconscient, comme une espèce de ponctuation tant à la soirée d'hier qu'au désir aussi profond, et jouissif au demeurant, d'être ensemble, de boire des bières, d'écouter de la musique et de danser – ce qui, donc, est le sujet de cette chanson et que nous faisons à ces nighter. D'ailleurs, le moment en est presque émouvant lorsque John Holt chante crescendo et répète "And we dance"; là, tous les skinheads sur la piste se mettent à chanter avec un sourire extatique imprimé sur leur visage, plein d'une joie collective de partager un moment qui s'apparente à du pur bonheur. Il y a là, d'ailleurs, l'essence même du succès des dance halls, des discothèques et des clubs (selon la musique que l'on écoute): non seulement la danse et l'ivresse, mais ce plaisir éprouvé individuellement lorsque collectivement on apprécie un morceau de musique, ce partage mutuel où chaque est quasiment au même niveau dans le ressenti. Se forme alors une communauté (dans les deux sens du terme: c'est-à-dire à la fois une collectivité mais aussi une communauté d'esprit, et une communauté de sensations, oserais-je dire) qui nous donne l'impression d'accéder à une part de bonheur. Histoire de relier tout ça à la nouvelle année et aux vœux, que souhaiter de mieux?
Dans ce morceau datant de 1967, dans le pur style rocksteady, un morceau du reste devenu culte, ein Ohrwurm comme disent les Allemands (= un ver auditif), la question est de savoir ce que John Holt dit: "'One more box of _______.' says the man to the bartender." But of what??? Tout le monde sait qu'il s'agit de bière, mais de quelle bière? Certains prétendent qu'il dit Happs, d'autres qu'il dit Hops, d'autres encore qu'il dit Asps. Et chacun d'assurer que, si si, il le tient d'un ami Jamaïcain, le mot faisant référence à une bière vendue à l'époque sur l'île.
Quoi qu'il en soit, nous pouvons tous chanter puis hurler en chœur, tout en dansant ensemble: "Then we'll dance, dance, dance, daaaaaaance!"
Rubbzzz!
vendredi 2 janvier 2009
2009 (2)
Wenn nur EIN Film für mich zählen müsste, dann wäre es Der Himmel über Berlin, den ich schon vielleicht… pff… 6? 8? Male gesehen habe. Das Problem ist aber, dass ich schon nach der zweiten Minute anfange zu weinen. Warum, weiss ich nicht. Auch nicht weiss ich, was es ist, aber es gibt was in diesem Film, das meine Emigrierung nach Berlin erklärt.
In diesem Ausschnitt gibt es zwei von meinen Lieblingsmomenten:
1) Der Anfang (der eigentlich hier beginnt) enthält ein Zitat, das ich mir im Rücken tätowieren lassen habe, nämlich wenn Marion über Berlin redet. Denn, genau wie Marion, bin ich in Berlin nie verloren, alles ist mir bekannt. Als hätte ich hier in Berlin als Baby oder kleines Kind gelebt und sehr schnell davon weg wäre und alles vergessen hätte, was ich hier gelebt habe, aber trotzdem eine beinahe physische Erinnerung von der Stadt hätte. Ofte fühle es sich so. Hier ist die Tätowierung:
2) Die Szene mit dem Unfall, die um 3'58 anfängt, und besonders wenn er sagt "die alten Häuser Charlottenburgs". Da heule ich immer. Und hier auch gibt es vielleicht die Erklärung, die ich gerade oben nannte. Ich wüsste aber nicht, was es bedeutet. Das Bild davon habe ich sogar benutzt in meinem Profil auf Gayporneo. Hier ist es auch, kopiert von dem französischen DVD:
Und jetzt der Ausschnitt:
PS: L'information a été silencieuse – peut-être comme elle, comme la fin de sa carrière, mais Solveig Dommartin est décédée en janvier 2007, à l'âge de 45 ans seulement. Je me souviens que j'ai été très triste en lisant la notice de la taille d'un timbre poste dans Libération. Peut-être Solveig Dommartin n'aura-t-elle été que l'actrice d'un seul film, peut-être.
jeudi 1 janvier 2009
2009
L'extrait ci-dessous nous montre aussi deux ou trois états de l'existence auxquels on n'échappe sans doute pas: la solitude fondamentale, le plaisir non partagé, l'impossibilité parfois de partager un sentiment – ce qui est une autre manifestation de cette solitude fondamentale. Il nous montre surtout deux ou trois qualités importantes auxquelles il faudrait toujours pouvoir se tenir: la droiture, l'insoumission, le désir, l'espérance. Et puis il y a cette réplique devenue culte, lorsque Angela explique au policier sa vision du Journal d'Anne Frank, quand elle dit: "She was hiding. But in this other way she wasn't. She like… stopped hiding. She was free!"