samedi 6 novembre 2010

In heaven…

Et JB traduit ce passage du livre pour enfants d'Erlend Loe, Kurtville - et il est frappé de constater que ces phrases, prises isolément, comme parfois chez Erlend, sont d'une tristesse à pleurer alors que c'est tout le contraire qui (est censé) ressort(ir) à la première lecture , et c'était déjà le cas dans Muléum. La conversation s'ouvre sur une question de Bud, qui a 3 ou 4 ou 5 ans (mais qui peut avoir des réflexions philosophiques tout comme il peut être le dernier des imbéciles), et Kurt, son père (qui a souvent 3 ans d'âge mental et ne s'illustre pas par ses réflexions philosophiques, ce qui fait régulièrement de lui le premier des imbéciles):

— Mais qu’est-ce qui se passe, en fait, quand on meurt?
— Personne ne le sait.
— Et d’après toi?
— C’est que j’en sais rien, moi. Mais si tu veux mon avis, je crois qu’il ne se passe strictement rien. Je crois même que, quand on est mort, on est mort. Et je crois aussi que le fait d’être mort, ça revient à être rien. Et il est là le hic, si tu vois ce que je veux dire. Parce qu’alors on n’est nulle part.
— Nulle part? répète Bud avant d’observer un long silence, puis d'ajouter: La tatie au jardin d’enfants, elle a dit qu’on allait au ciel quand on est mort. Et puis elle a dit que c’était un endroit génial. Que, une fois qu’on est là-bas, on n’a plus de problèmes. Et en plus, on mange bien.
— Ta tatie du jardin d’enfants, elle vous a dit ça pour vous consoler.


Et JB pense inévitablement au premier film de David Lynch, Eraserhead, quand la femme dans le radiateur chante cette rengaine: "In heaven everything is fine" - avec son air poupin presque suspect, sa voix éraillée quasi inquiétante avec ses bajoues qui feraient pour ainsi dire d'elle une créature pré-Matthew Barney:



Et on est cette fois frappé de constater la scène de théâtre comme topos lynchien. On repense à Isabella Rossellini interprétant Blue Velvet dans le film homonyme, ou bien à Rebekah Del Rio chantant Llorando dans Mulholland Drive; et on se dit qu'à chaque fois ces chansons sont non seulement le point de départ d'un ressort dramatique pour l'histoire, mais sont aussi instigatrices d'un phénomène cérébral, qu'il s'agisse d'un rêve (Mulholland Drive), d'un fantasme (Eraserhead) ou d'une projection (Blue Velvet). Et que, partant, la scène de théâtre devient elle-même le lieu de tous les fantasmes, dans tous les sens de l'expression. Mieux: elle les déclecnhe pour l'action, pour les personnages, mais aussi pour les spectateurs.

Puis JB repense à la version qu'en avaient proposé les Pixies en 1988, en concert, et on voit un Frank Black encore post-ado:



Puis, allant chercher cette version sur toitube, JB en trouve une autre, interprétée quant à elle en 2004, lors de la reformation du groupe pour une série de concerts, et c'est cette fois Kim Deal qui est au chant:



Puis JB découvre qu'il y a tout un tas de versions du morceau.
Approfondissant sa recherche, il apprend que les groupes ou interprètes suivants l'ont reprises:


Ça alors! s'exclame JB
Norma Loy (ou: Nörma Löy - tout dépend) l'a chanté en 1986, avant les Pixies. Ça alors! C'est un certain ours en peluche qui dans sa grotte va se réjouir!!!
JB se met en quête de leur version mais ne trouve rien. Sinon, sur leur site, la copie du disque et la mention spéciale à Eraserhead:


Après quoi, JB lit, toujours aussi éberlué, que le groupe Pankow a également interprété le morceau. Pankow? Le groupe de rock de RDA?!? s'étonne JB dans son for intérieur. Non. JB ignorait qu'un autre groupe était intitulé Pankow, formé un an après les Est-Allemands, chantaient également en allemand, également de la musique style EBM comme Norma Loy, mais que c'était eux les interprètes de In Heaven. JB cherche sur toitube, et la première réponse que crache gougueule vidéos est:


Pff! Les Bee Gees! Ôskour!!!
Bon. Pas de Pankow, pas de In Heaven.

Viennent ensuite Tuxedomoon, dont voici la version:



Puis Bauhaus en 1992 — et JB se dit cette fois que, décidément, la femme dans le radiateur a inspiré les groupes de cold wave:



Enfin, juste pour rendre hommage aux filles de Miranda Sex Garden, on va aussi les écouter - même si leur version post-Cocteau Twins n'est pas si convaincante.



Et, du ciel, on peut lentement revenir à la terre et à la réalité…

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