Et JB, qui passe le plus clair de son temps à prôner l'amitié entre les peuples, et ce de toutes les façons possibles et imaginables (oui, effectivement, JB est très ouvert… aux peuples terrestres, voire extra-terrestres dont il attend toujours un signal dans son palais socialiste), JB, donc, est ravi de proposer à ses petits amis une ultime preuve de l'amitié franco-est-allemande, musicale celle-ci. Non seulement les camarades syndiqués de ce qui n'était encore ni le Sarkoland ni la Rance ni la Frangst partaient l'été en RDA aider leurs frères et leurs sœurs socialistes à faire les récoltes dans les champs riants et généreux des plaines du Brandebourg et du Mecklembourg, mais ils apportaient aussi leurs ritournelles qu'ils chantaient tous en chœur, le soir, devant un feu de bois, tout en mangeant des saucisses à la moutarde sucrée de Bautzen et en divisant gaiement sur le matérialisme dialectique. On se rappelle à quoi cela ressemblait de ce côté-ci du Rhin, grâce à Nicole Croisille (et Jean-Claude Brialy qu'on aperçoit dans l'assistance):
Et oui… "Tout recommence, la vie repart", entonne cette hymne aussi hétérocentrée que hétérocentriste - mais bon, à l'époque, on n'a pas les mêmes notions, hein: les homossèquessuel(le)s de tout poil se nomment encore (Marx merci!) "les homophiles" et ne passent pas leur temps à faire du prosélytisme pour leur mode de vie digne de la pire décadence bourgeoise inhérente aux régimes impérialistes et capitalistes (= pléonasme).
Toujours est-il que, quelques années plus tard, les camarades antifascistes du pays qui n'est pas encore dirigé par Onkel Erisch (= Honecker) et Margot à la frisure éternellement violette, ainsi que l'atteste la photo ci-dessous, laquelle couèffure a peut-être été inspirée par le peignage un poil foufou mais non moins rigide que porte Nicole dans sur le plateau téloche vu à l'instant:
… nos chers camarades antifascistes, donc, après tant et tant de soirées estivales à s'interroger sur l'essence de l'action socialiste dans la formation culturelle des travailleurs et des travailleuses, ont trouvé une solution à leur questionnement idéologique: chanter ce "Shabadabada" en allemand et participer ainsi à leur manière de ce rapprochement populaire et interculturel qui va permettre au socialisme triomphant de faire table rase des derniers vestiges réactionnaires du monde capitaliste et impérialiste (= pléonasme, donc). La rengaine devient "Mein Herz Schlägt Daba Daba Dab", ce qui témoigne de la perspicacité, sinon de la sagacité desdits camarades pionniers de la République démocratique qui savaient lire à l'endroit (on déconstruit: sha-bada-bada) comme à l'envers (on reconstruit: daba-daba-dab), et montraient par là même avec ce quasi-palindrome la réciprocité de l'échange mutuel qui est à l'œuvre dans tout dialogue (avec ou sans paroles) de fraternisation socialiste entre les peuples - confer ce que JB disait supra. En conséquence de quoi on écoute la version par le Gerd Michaelis Chor, datant de 1970:
Mein Herz Schlägt Daba Daba Dab by AMIGA Studio Orchester & Gerd Michaelis Chor
Et, sur ces bonnes paroles, nous pouvons tous, chers petits amis, retourner à notre lecture des 767 pages (oui: sept cent soixante-sept!!!) de Zur Bildungspolitik und Pädagogik in der Deutschen Demokratischen Republik. Ausgewählte Reden und Schriften, de Margot Honecker, qui était donc la ministre de l'Éducation en RDA, et que le peuple avait rebaptisée Miss Bildung, jeu de mots signifiant Miss Formation (Bildung = formation, éducation) et Malformation (= Missbildung en un mot). Et son précieux ouvrage, qui n'est pas un catalogue raisonné comme on va le voir, s'intitule en bon français De la politique pédagogique et de l'éducation populaire en République Démocratique Allemande. Discours et écrits choisis — et on adore ce terme "choisis", qui sous-entend que le double voire le triple de pages sont à disposition, qu'il ne reste qu'à faire fonctionner les rotatives de presse.
Et un bon dimanche sous mes applaudissements.
Dimanche prochain, nous chanterons tous en chœur une autre mélodie de Nicole, à savoir Téléphone-moi: "Téléphone-moâ-ahaaa / Rappelle-moi et dis-moâ-ahaaa / Que tu m'aimes-euh / Que t'aimes-euh / Que tu m'ai-êêêêêê-mes--euh!"
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