Et JB, qui a écouté toute la journée d'hier des morceaux de Don Drummond se réveilla avec (Music Is My) Occupation dans la tête, ce qui ne saurait être une meilleure définition de ces fameuses musiques du matin qui peuplent quasi quotidiennement l'esprit encombré de JB. On écoute d'abord, on en parle ensuite - tandis qu'à Berlin, le ciel encore anthracite est coupé au fond de l'horizon, plein est, par une bande rectiligne au-dessous de laquelle une teinte orangée contraste avec l'obscurité et que, dans la rue, des véhicules à touche-touche seraient presque invisibles dans cette opacité si leurs phares aux allures d'yeux globuleux et luminescents d'insectes ne trahissaient leur présence:
Don Drummond, le tromboniste des Skatalites, étaient considéré comme un musicien de génie. Et quand on a dit ça, on n'a pas dit grand-chose. Compositeur de la majorité des morceaux du groupe, il reste dans tous les mémoires comme LE grand inspirateur et instigateur de la discographie du combo. Le site Reggae France.com nous explique l'originalité de leur musique et en quoi résidait le talent de Don Drummond:
Mais, en 1965, un fait divers tragique qui, pour nous Français, en rappelle un autre qui aura lieu quelque quarante années plus tard, va mettre un terme à l'existence des Skatalites.
Don Drummond a une petite amie, une danseuse de rumba, Anita Mahfood, surnommée Margarita, retrouvée assassinée le 1er janvier 1965. D'elle on se souvient de Woman A Come, qu'elle avait enregistré avec son compagnon et les Skatalites. On écoute cette chanson de 1964 qui évolue entre le calypso et le nyabinghi:
Que s'est-il passé? C'est Bob Timm, le biographe de Don Drummond qui nous renseigne:
Oui, pourquoi? nous interrogeons-nous tous. La suite:
Et JB, en préparant ce post, découvre avec stupéfaction une autre théorie qu'il ignorait complètement, résumée dans un article du Daily Gleaner, le quotidien jamaïcain, mais celui-ci de 2006:
JB a d'abord envie de rire. Il trouve ça typique de ces faits divers qui relatent des crimes et/ou des meurtres non élucidés, lesquels ont la fâcheuse tendance d'ouvrir une voie royale à toutes sortes de fantasmes et de théories plus ou moins fumeuses qui sont souvent axées autour d'un complot quelconque.
Toutefois, il sait aussi à quel point les méandres de la sexualité participent d'une histoire non écrite du monde, que les acteurs et spectateurs de cette histoire préfèrent souvent dans un premier temps taire, mais dont ils se délectent après-coup, bien des années plus tard. Du coup, la théorie de ce professeur d'université, pour farfelue qu'elle apparaisse de prime abord, n'en conserve pas moins une part aussi séduisante que déceptive.
Déceptive car elle dépasse le décevant: finis les complots quels qu'ils soient, la réalité serait d'une certaine manière bien plus triviale, qui ferait intervenir des jeux sexuels troublants pour certain(e)s. Curieusement a priori, il est plus concevable et plus alléchant pour qui considère le fait divers, de se projeter dans un complot, de fantasmer sur les exécuteurs et les maîtres-chanteurs, plutôt que d'imaginer les conséquences tragiques d'une sexualité originale. C'est un peu comme dans un film pornographique: une fois que la jouissance a été atteinte, les images perdent comme par enchantement tout pouvoir d'excitation. Ici, une fois qu'on apprend dans quelles circonstances érotiques la mort est survenue, le fait divers perd dans son ensemble ce même pouvoir d'excitation.
Mais revenons à (Music Is My) Occupation. En 1968, l'immmmmmense Tommy McCook se souvient de son ami Don Drummond, à l'époque toujours en prison, et réinterprète le morceau qui, entre autres, avait fait le succès des Skatalites. Il le joue avec une mélodie rocksteady, presque nostalgique, comme s'il regrettait que Don Drummond ne pouvait plus jouer avec lui:
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