Puis surgit le mot:
polkagris
Ouiii…, songe JB, mais encore?
Polka, fastoche, c'est la polka. Gris, en revanche, ce n'est ni un Juan dépourvu de son accent sur le I, ni la couleur cendrée, au risque que le kiosque vende des danses anthracite. Non non non. Un gris n'est autre qu'un cochon.
Un cochon polka? s'interroge JB dans son palais socialiste.
Un cochon qui danse la polka?! s'exclame JB dans son palais socialiste.
Ça alors…
JB va donc voir dans gougueule images, et il trouve instantanément :
Mais ce sont des sucres d'orge! s'exclame cette fois JB, toujours dans son palais socialiste.
JB, lui, quand il était minot, mangeait, perso, des berlingots. Le jeudi, sa mémé qui revenait du marché lui ramenait un sachet de berlingots. Aujourd'hui JB ne mange plus de berlingots et ne sait plus si sa mémé, désormais en maison de retraite, dit encore du haut de ses bientôt 97 ans, et ce avec une voix piquée pour signaler qu'elle prend sur elle: "Je le garde entre ma peau et ma chemise!" Bref. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que JB danse toujours la polka. Car JB fait partie d'un groupe de danse folklorique, répondant au doux noms de Les Chabis, une référence implicite aux Chabichous, ces fromages de chèvre fabriqués dans son Poitou natal. Bon. On le voit ici en pleine action, dansant une polka piquée. Attention, il n'est pas forcément reconnaissable et s'est sans (nul) doute déguisé. Sauras-tu le retrouver?
Alors??? Trouvé???
Entre-temps, JB est allé voir sur gougueule sans images mais avec du texte, et il découvre que les polkagris sont une confiserie suédoise, ainsi que le lui précise Wikipédia:
Questions cependant:
Primo: pourquoi la polka?
Secundo: pourquoi le cochon (même si tout est bon dans le cochon) alors qu'il s'agit de bâton? (Quoique… peut-être une vision empirique du bâton permet aussi d'affirmer que tout est bon dans le bâton — mais, ça aussi, c'est une autre histoire.)
Une visite sur le Wikipédia suédois informe qu'Amalia Eriksson a surnommé sa friandise à cause justement de la danse. Elle devait être une férue de la polka sautée pour baptiser ainsi un bâton, laquelle polka sautée se danse comme montré ci-dessous. Et, là encore, JB est présent dans l'image mais ici également difficilement reconnaissable. Les images ont été tournées alors que JB avec sa bande des Chabis faisait un échange culturel avec des camarades alsacos et que, pour ricaner, ils avaient échangé leurs costumes et s'étaient essayés à leurs danses respectives — ha ha ha! quels boute-en-train!!!
C'est fou et chou, non?
Toujours est-il que le dictionnaire étymologique de la langue suédoise nous explique ce mot étrange, le cochon polka:
Le mot polka a donc été introduit en 1844 en suédois par une certaine Agnes Geijer, un emprunt de l'allemand qui l'avait lui-même pris au tchèque, puisque la danse a été inventée en 1835 en Bohême. Puis le dictionnaire nous dit:
À cause de la popularité de cette nouvelle danse, le mot est arrivé en Allemagne où il s'est mis à désigner toutes sortes de choses modernes, confer la Polkakirche à propos de l'église de Saint-Matthieu à Berlin). Idem en Suède où on l'a parlé des polkadosor (= boîtes polka), des polkaomnibus (= omnibus polka), des polkasjalar (les châles polka), du polkasnus (= tabac à priser polka). De la même époque viennent aussi: les polkagrisar, sortes de caramels (…)
Bon, d'accord. Mais pourquoi le cochon???
Quand JB va interroger le Dictionnaire de l'Académie suédoise, il n'est guère ni plus ni mieux renseigné:
Certes, JB s'amuse de voir qu'on parle aussi de coiffure polka (avec cet emprunt suédisé au français: chevelyr = chevelure), de manteau/frac polka, etc. Certes, JB apprend que le mot est attesté en suédois à partir de 1883. Certes il a la confirmation que la sucrerie vient de la ville de Grenna (qu'on écrit donc désormais Gränna). Certes, il lit que, déjà, à l'époque, on vantait les trois spécialités de la ville: "Les poires rouges, la boisson au genièvre et les soi-disants polkagris (= cochons polka), qui sont les cochons les plus sucrés du monde." Mais rien sur le cochon.
Néanmoins, à force de perspicacité, il découvre dans le même dictionnaire à l'article consacré au mot cochon que celui-ci désigne également une sucrerie et ses fameux polkagris:
Gris est également un terme affectueux entrant dans la composition de mots pour désigner quelqu'un, mais aussi un enfant. Ou comme le dit le proverbe danois, qu'on prononce volontiers aux enfants - et c'est JB qui souligne pour montrer les allitérations et assonances:
Spis, min gris, i morgen skal du slagtes
= Mange, mon cochon, demain tu pars à l'abattoir.
Et voilà. JB est content. Il a résolu une nouvelle énigme linguistique.
Il peut donc dire au revoir à tous ses petits amis, sous les rythmes endiablés d'une polka, mais cette fois celle de Madness, intitulée Clerkenwell Polka, interprétée dans nulle autre ville que… Berlin. JB n'était hélas pas au concert puisqu'il était en ce 11 mai… pff… dans la Rance. Pff…
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