mercredi 6 octobre 2010

Le satyre aux muscles crémasters

Et JB, toujours dans sa campagne natale, fait sa revue de fesse de presse de fesse aussi matinale que régionale. Et il tombe sur ce fait divers étonnant qui a eu lieu à une douzaine de kilomètres du domicile de der Papa et de die Mama (il faut sans doute cliquer sur l'image pour bien lire):



JB, jamais en manque d'une exagération, et qui a par ailleurs longuement glosé sur les locutions être bique et bouc et devenir chèvre verrait presque comme une prémonition sémantique sa présence non loin du lieu du crime.

(…)

Entre-temps, treize heures plus tard, JB a fait plein de choses. Bon.
Il a beaucoup pensé, à la suite de ce fait divers qui le passionne, au satyre.
JB se dit que, dans ce fait divers qui s'est passé si près de lui, l'homme mis en cause cristallise les deux sens du mot satyre. À la fois la créature mythologique et l'homme libidineux que le terme désigne.

Le TLF indique, au sujet du second sens:


Et, quant au premier sens, dont le Grand Larousse Universel indique pour sa part qu'il désigne un "demi-dieu rustique représenté comme un être à corps humain avec des jambes de bouc, des oreilles allongées et pointues, des cornes recourbées et une queue", le TLF précise:


Du coup, JB va voir les sculptures représentant Satyre sur le site du Louvre, et deux œuvres attirent son regard. Une première, intitulée Tête de satyre, dit "Faune d'Arles", l'étonne pour son apparence à la fois angélique (comme dans le sens positif du mot faune) mais aussi pour son regard ambigu et son sourire narquois, presque sardonique:

© Musée du Louvre
Œuvre romaine d'époque impériale
(Ier - IIe siècle après J.-C.)
Découverte à Trinquetaille, près d'Arles (France)
Marbre - H.: 40 cm.

Puis JB remarque ce Satyre attribué, indique le site du Louvre, un temps à Louis Lerambert (1620 - 1670), mais aussi attribué à Robert Le Lorrain (1666 - 1743):

© Musée du Louvre/P. Philibert
seconde moitié du XVIIe siècle et Bacchante
Marbre
H.: 0,55 m. ; L.: 0,40 m. ; Pr.: 0,17 m.


Du coup, JB pense immanquablement au personnage incarné par Matthew Barney dans sa propre vidéo intitulée Cremaster 4, de 1994:


Que raconte Cremaster 4?
Le film se passe sur l'île de Man où a lieu chaque année depuis 1907 une course de moto, représentée par Matthew Barney par deux side-cars, un jaune et un bleu, circulant sur la même piste, mais en sens inverse:


Sur les combinaisons de cuir des sportifs, on reconnaît le symbole de l'Île de Man, le fameux triquètre présent sur le drapeau du territoire qui est une dépendance du souverain britannique (donc d'Elizabeth II), mais qui n'appartient pas au Royaume-Uni (et donc n'est pas inclus dans l'UE):


Et donc, pendant que la course a lieu, notre satyre fait des claquettes sous les yeux attentifs de trois créatures aussi androgynes que féériques:


Et, pendant que le satyre fait des claquettes, les sportifs voient des masses étranges sortir des poches de leur combinaison:


Peut-être, pour comprendre ce que sont ces boules grises et gélatineuses, faut-il revenir sur le sens du mot cremaster, en français crémaster. Le muscle crémaster recouvre les testicules et demeure le seul muscle du corps humain qu'on ne puisse pas développer, renforcer. Or, chez nos sportifs secoués par les soubresauts de leurs machines, ces boules étranges sortent non seulement des poches situées au niveau de l'entrejambe, mais restent collées au cuir, remontent en haut du corps ou descendent le long des cuisses:


Alors? Que sont ces boules gélatineuses qui remontent de l'entrejambe, semblent légèrement collantes, et ce dans un film intitulé Cremaster 4, quand on sait que le muscle crémaster enveloppe le testicule?

Quoi qu'il en soit, pendant ce temps, notre satyre continue de faire des claquettes. Mais plus il danse, plus le sol sur lequel il tape se perce jusqu'à former un trou:


Le trou se creuse de plus en plus, jusqu'à ce que…


Et donc il tombe… Dans la mer. Il nage:


Et pendant ce temps, après un changement de pneumatiques - le pneu: la gomme, le latex, au départ ce liquide laiteux que s'écoule de l'hévéa et qui sert ensuite à produire, outre donc les pneus, le latex, c'est-à-dire le préservatif que l'on place sur le sexe masculin, lequel s'érige au-dessus des testicules, lesquels à leur tour sont protéger par les muscles crémasters… Et donc, pendant que le satyre nage:


À la suite de quoi, de nouveau:


Et cependant que les boules gélatineuses sortent des orifices situés non loin de l'entrejambe, non loin du sexe masculin, non loin des muscles crémasters, qu'ils s'écoulent et laissent des traces, le satyre, lui, s'enfonce, se hisse et se dresse dans des cavités enduites elles aussi d'une substance laiteuse, gélatineuse, collante:


Et l'ascension est pénible:


Quand enfin le satyre arrive au sommet du tunnel-orifice:


Que trouve-t-il?


Gagné! Le bouc typique de l'Île de Man - le bouc, que l'on voit ci-dessus avec ses vêtements. Au même titre que les sportifs et le satyre ont leur costume, comme tout être ou toute partie du corps a un vêtement, quels que soient les fluides qu'il dégage:


À la fin du film, alors que les équipes bleue et jaune sont arrivées et que la course est terminée, que les side-cars trônent côte-à-côte, nous assistons à une opération chirurgicale de sustension où les couleurs se mélangent:



Question que nous posent tant le fait divers que le film de Matthew Barney?
Satyre ou pas, bouc ou pas, que fait-on des fluides?

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