lundi 20 septembre 2010

Les biques (et boucs)

JB est toujours aux prises avec Heidi qu'il a donc rebaptisée Ail-Dit.
Un surnom on ne peut plus idoine puisqu'il est aujourd'hui question de ses biques. JB veut dire: les biques de Ail-Dit (JB, perso, ne possède pas de biques dans son palais socialiste). Vous suivez, mes petits amis? L'ail et la bique ont en commun l'odeur relevée, ainsi que nous allons le voir ci-dessous.

Dans leur traduction norvégienne, les biques de Ail-Dit s'appellent Svanelill et Veslebjørn. Donc un truc avec cygne (= svane) et ours (= bjørn). Et elles sont toutes les deux petites puisque lill est la forme apocopée de lille = petit, et vesle signifie également petit. Ce sont donc des biquettes plus que des biques. Les voici, en tout cas, vues de derrière:


Vues comme ça, elles ont l'air un peu revêches dans leur genre, mais c'est aussi leur nature de biques. Elles n'y peuvent rien. De la même manière la punaise est condamnée à puer, la chèvre est vouée à être revêche. Et puisque le bouc pue aussi, on peut se demander s'il n'était pas une punaise dans une autre vie: étant donné que celle-ci a fait des bonnes actions dans sa vie de punaise (mais lesquelles?), elle a pu accéder à une caste supérieure et devenir bouc - mais elle a gardé dans son enveloppe de bouc une partie de son identité de punaise: sa puanteur. Ça peut arriver, même à des êtres qui ne se réincarnent pas: ils puent - la Rance donne des exemples politiques quotidiens.
Bref.

La question demeure entière: comment s'appellent les biques d'Ail-Dit?
JB trouve vite que, en allemand, elles s'appellent Schwanli et Baerli. Donc idem, le petit cygne et le petit ours. NO svane = AL Schwan = FR cygne. NO björn = AL Bär = FR = ours. Avec le suffixe -li en suisse allemand qui signifie petit, et qui a une valeur à la fois hypocoristique et diminutive. D'où les biquettes, donc. Mais ça ne dit pas à JB comment elles s'appellent. Il se met donc en quête (pour information, soit dit en passant et en parlant de suffixes diminutifs et hypocoristiques: quête n'a pas donné quéquette - ces deux substantifs n'ont, sémantiquement et morphologiquement, rien à voir l'un avec l'autre) dans gougueule.

Il trouve une réponse tarabiscotée sur ce site (et il faut cliquer pour bien lire):


JB ne résiste pas au plaisir de faire un résumé texto mais pas in extenso du résumé des aventures de Ail-Dit - et à chaque fois il copie/colle:
• Heidi est une fille perdue
• Il [= le grand-père] est offensé par au début l'arrivée de Heidi, mais la fille parvient à pénétrer son extérieur dur et a plus tard un séjour délicieux avec lui et son meilleur ami, jeune Peter chèvre-troupeau.
• Clara devient plus fort sur le lait de la chèvre et l'air frais de montagne, mais Peter est jaloux
Heidi version porno, merci Babelfish!
Une version porno confirmé par ce résumé tout aussi croquignolet (et là aussi il faut cliquer sur l'image):


Bon, trêve de biquevesées billevesées!
Elles s'appellent comment, purée de punaise, les foutues biques de cette gnassouse de Heidi?!?
JB finit par trouver une copie de la première traduction de Heidi, de 1882. Et voilà la réponse:


Quoi? Blanchette et Brunette?!? C'est le nom des biquettes de la Ail-Dit?
Mais, purée de punaise, elles doivent s'appeler Cygnette-machin et Oursette-truc ou un bidule comme ça!!!
Bon, elles vont rendre JB… chèvre, les biques!

Tiens, justement… D'où vient cette expression?
Ni une ni deux ni trois, JB fonce regarder dans le Robert des expressions et locutions:
Devenir chèvre signifie d'abord (XVIIe siècle) “se mettre en colère”, et succède à prendre la chèvre (XVIe siècle) qui avait le même sens. Pour la forme, prendre la chèvre (ou encore avoir sa chèvre, dialectal) instaure un rapport d'appartenance, tandis que devenir chèvre le transforme en identité (cf. avoir du chien, prendre la mouche, opposés à être + nom d'animal). Quant au sens, il s'explique par les mœurs bien connues de l'animal: brusquerie, violence soudaine, ce qui est représenté dans le lexique par les mots cabriole (de capreola, dérivé de capra), caprice, et, par les dérivés, chevreter “se mettre en colère” (Rabelais), chevrer. De nos jours, on emploie faire devenir chèvre au sens de “faire enrager”. La variante tourner en chèvre n'est pas courante; elle provient du croisement avec tourner en bourrique.

Mais il y a mieux!!!
Chèvre coiffée apparaît dans la locution: il serait amoureux d'une chèvre coiffée “de n'importe quelle femme, aussi laide soit-elle”. Dans certaines régions (Finistère, Cambrai, selon Rolland), chèvre coiffée se dit des filles que l'on condamne pour leur liberté de mœurs. La réputation de lascivité de la chèvre (et du bouc) explique l'expression.

JB s'apprête à crier haro sur le… baudet (JB se sent très animal aujourd'hui; "grrr! rhââ! frrr!" feule-t-il dans son palais socialiste) et dénoncer un énième machisme sémantique, lorsqu'il constate que:
Chèvre coiffée. Cette expression est souvent glosée dans les dictionnaires par “personne très laide”, et donnée comme synonyme de chien coiffé. Si la définition n'est pas fausse, le contexte de ces locutions doit être spécifié. Tout d'abord, le genre des noms d'animaux (qui correspond à la désignation arbitraire de l'espèce, mâles et femelles) devient pertinent par la métaphore anthropomorphique. Caille coiffée (début XVIIe siècle), beste coiffée et diable coiffé (XVIe siècle) et chèvre coiffée ne s'appliquaient qu'aux femmes, les trois noms impliquant la lascivité; chat et chien coiffé s'appliquent aux hommes, et connotent la banalité; toutes ces désignations sont dépréciatives. Le contexte est presque toujours celui des “relations amoureuses critiquées” sous la forme il tomberait amoureux d'une (caille, chèvre…) coiffée (= de n'importe quelle femelle) où elle épouserait le premier chien (chat) coiffé (= le premier mâle venu).
Dans ces expressions, coiffé est compris comme “apprêté”, et cette interprétation est appuyée sur des emplois du verbe coiffer au sens de “bien aller” (en parlant d'une coiffure; -> confer aussi BONNET). Les sentiments amoureux ont une autre origine: se coiffer de qqun, être coiffé de qqun signifie, depuis le XVIe siècle au moins, “être amoureux, entiché de…”, par une métonymie qui représente la tête (“avoir dans la tête”) par la coiffure (“avoir sur la tête”).
Enfin, il y a quand même un machisme sémantique là-dedans. Même Bébert en convient implicitement.

Mais JB est toujours taraudé par sa question liminaire:
Comment, p*!!** de b!!**% de m*!!* se prénomment les biques de la Ail-Dit?!?!
Mais… tiens… au fait, en parlant de biques… celles d'Ail-Dit étaient-elles bi voire lesbiennes?
Car on on peut se poser la question en pensant à une des locutions préférées de JB: être bique et bouc, à savoir, nous explique toujours le Robert:
Bique et bouc “à la fois homosexuel passif et actif (ou hétérosexuel)”. La concordance du sens et de la forme fait de cette expression très récente (vers 1970) un petit chef d'œuvre linguistique. Synonyme: À voil(es) et à vapeur, Du poil et de la plume (en référence à la marine et à la chasse). S'emploie en fonction d'adjectif.
Aha… JB était persuadé que bique et bouc signifiait être bisexuel
Aha.
JB cherche dans ses dictionnaires d'argot, ne trouve pas grand-chose, sinon que le Larousse de l'argot et du français populaire donne une apparition dans le vocabulaire nettement plus ancienne puisque la locution serait recensée par Alfred Delvau dans son Dictionnaire de la langue verte de 1867. JB va y regarder et trouve cette définition pour le moins absconse - ou alors elle est chaste, ou plutôt elle est carrément biphobe:



JB continue sa recherche et trouve ça sur gougueule, sur le site sensagent:


Et plus il cherche, plus il a la confirmation que Bébert se plantait et que JB était dans le vrai. Confer Wikipédia et sa liste d'expressions et locutions:


Ce qui ne veut pas dire néanmoins qu'être à voile et à vapeur a pour conséquence d'être au bout du rouleau ni que, lorsqu'on est au trente-sixième dessous, on devienne bique et bouc. Ce sont uniquement des hasards (certes heureux) du classement.

Nous avons donc résolu notre énigme de la bique et du bouc, mais pas de celle à propos des biques d'Ail-Dit et de leur petit nom dans la vraie vie traductionnelle de la fausse vie romanesque.
Ben… Il ne reste plus à JB que d'acheter les bouquins d'Ail-Dit,hein… Quelle mouise… Car il ne croit pas une seconde que la traduction moderne de Heidi utilise les termes Blanchette et Brunette - ça c'est bon pour les autres sites de poil.

Et comme JB n'est jamais au bout de ses surprises, il découvre que les Maytones ont commis en 1970 un morceau intitulé, il vous le donne en mille, mes petits amis: Billy Goat! Donc: Billy Bouc! Siii! Et même que le chanteur bêle dans le morceau à intervalles très réguliers. On écute illicu prestu, d'autant que la chanson, du skinhead reggae épatant, fait un peu ricaner JB!

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