Je vous dis encore sur la peur. J'essaie de vous expliquer. Je n'y arrive pas. Je dis: c'est en moi. Sécrété par moi. Ça vit d'une vie paradoxale, géniale et cellulaire à la fois. C'est là. Sans langage pour se dire. Au plus près, c'est une cruauté nue, muette, de moi à moi, logée dans ma tête, dans le cachot mental. Étanche. Avec des percées vers la raison, la vraisemblance, la clarté.
Vous me regardez et vous me laissez. Vous regardez plus loin. Vous dites:
— C'est la peur. Ce que vous venez de dire c'est la peur. C'est ça, il n'y a pas d'autre définition.
— Una cosa mentale.
Vous ne répondez pas. Et puis vous dites que c'est le cas de toutes les sortes de peurs.
Je dis que c'est ma référence majeure, la peur. Faire peur, c'est le mal. Je crois ça. Beaucoup de jeunes aussi le croient.
Je dis que la peur de la nuit et la peur de Dieu et la peur des morts sont des peurs apprises pour effrayer les enfants insoumis. Je dis aussi que parfois je vois les villes comme des objets d'épouvante avec, autour d'elles, des murailles pleines te gardées. C'est aussi comme ça que je vois les gouvernements. L'argent. Les familles d'argent.
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