G, revenue de son escapade à Leipzig, nous envoie la vidéo suivante, Un film sur la lecture, qui nous a ému non seulement sur les bords mais surtout sur les côtés. Comme on le voit même sans comprendre l'allemand, les réalisateurs ont demandé à des habitants de la ville de lire un passage.
G. zurück von ihrem leipziger Aufenthalt, schickt uns folgendes Video, das uns gar nicht einigermassen berührt hat, sondern gewalttätigerweise. Aber so ist man im Moment. Es heisst Ein Film übers Lesen, aber es könnte auch Ein Fülm User Leben heissen.
Et G de raconter que, oui, comme elle s'en doutait, les réalisateurs ont soudoyé le punk en lui offrant une caisse de bières. Les petits malins…
Und G erzählte dass, ja, wie sie es geahnt hat, haben die Regissören den Punk mit einer Kasse Bier bei Lesen zugelockt. Die Schlaue…
Et en songeant au projet, en écoutant la musique, on pense évidemment à Pascal Comelade, à Pascal Comelade que Yann Tiersen a copié de A à Z, à Pascal Comelade et ses morceaux composés avec des instruments dits nobles auxquels il mélange des instruments non-nobles: glockenspiel, xylophone, bandonéon, et ce sans parler des instruments-jouets. Ou, comme le dit, ce bloggeur: "Le camarade Comelade et son mini-orchestre de barbatrucs (…)"
Je me souviens d'avoir lu une interview dudit camarade où il expliquait que, longtemps, le seul disque qu'ils avaient à la maison, quand il était enfant, était L'Opéra de quat' sous, de Kurt Weill et Bertolt Brecht, et que la musique de Weill a fortement influencé Comelade.
On a recensé trois morceaux que Comelade a repris. La Complainte de Mackie Messer, bien sûr - mais aussi notre morceau préféré du Dreigroschenoper, la Zuhälterballade, la ballade du souteneur, et enfin September song. Et puisque ni la première ni la seconde ne sont audibles sur toitube, on va écouter September Song, tel que chanté par… excusez du peu, Robert Wyatt.
C'est bath, non?
Et comme on n'est pas chien (on l'a abondamment prouvé par le passé), on va écouter les meilleures versions de September song.
On commence évidemment par Madame Lotte Lenja (ou Madame Kurt Weill) qui a su donner à la chanson son côté nostalgique sans être pathétique - oui, qui offre une interprétation presque élégiaque, avec une voix qu'elle module ici comme rarement, avec des accents du passé presque inhabituels chez elle, mais en montrant également à quel point cette voix avait une couleur décidément très particulière.
Une autre très grande interprétation, à nos yeux et nos oreilles, est celle de Hildegard Knef en 1975, ou LA Knef comme on la surnomme en Allemagne, la protégée de Marlene Dietrich dans les années 50-60, dont les jours finiront drogués et surtout alcoolisés, rythmés par les variétés, alors qu'elle a offert des chansons à tomber à la renverse. Toitube en propose certes une version de 1982, mais on peut regretter que la Knef n'ait pas conservé son phrasé alangui, qu'elle ait opté pour un tempo plus rapide, plus jazzy, plus Hollywood.
Pour cette raison, on n'écoutera pas la version de June Christy, beaucoup trop rapide, et certainement pas celle d'Ute Lemper qui est à Kurt Weill ce que Céline Dion est au chant: une perte auditive pour l'auditeur, couplée d'une capacité à mont(r)er les émotions comme un bouillon de bœuf porté à ébullition, quand il ne reste plus que des bulles de gras en suspens.
En revanche, on ne saurait que trop conseiller celles de Sarah Vaughan et du trop méconnu Rod McKuen, dont les voix sont rehaussées pour la première par un saxo alto triste et pour le second par un piano à queue nostalgique.
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