une pasteur lesbienne et non une pasteure lesbienne
Cela ne lui avait doublement pas échappé qu'il a traduit il y a quelques années un roman intitulé La pasteure. Avec un E à la fin, donc.
Dans son esprit, au moment T de la traduction du roman d'Ingvar Ambjørnsen, pasteur ne prenait pas de E. Le personnage employant le mot, Elling, qui parle un norvégien et donc un français plutôt recherché aurait tendance à ne pas féminiser, selon JB, la fonction.
Vraiment? JB a-t-il toujours, quelque 6 heures plus tard, la même opinion? On verra ça à la fin.
Juste un mot pour préciser que, JB traduisant des romans norvégiens, les ministres de
Mais revenons à notre pasteur/e lesbienne - que l'adjectif se conjugue au féminin ne fait pas de doute (quoique… certains homosexuels masculins se considèrent "identitairement" comme des gouins, masculinisation de la gouine - mais c'est une autre question sur laquelle JB ne va pas s'appesantir ce soir).
Toujours est-il, donc, que même le dictionnaire de Word se rebellait:
Ah! Un pasteur lesbien! Génial! se dit JB in petto. À ce rythme-là, on y va à fond (si JB puit dire) vers le pasteur gouin.
Partant, se gaussant souvent et ici encore des connaissances grammaticales quelque peu fantaisistes dudit dictionnaire, JB, mauvais comme la gale, s'est mis à le tester en ajoutant un E. Sa réponse ne s'est pas fait attendre:
Pour Word, il n'y a pas à tortiller: une femme exerçant la formation de pasteur est forcément pasteur. Bon bon.
JB sait le débat houleux qui avait balayé la Rance lorsque, en 1999, Lionel Jospin, alors Premier ministre, avait décidé de la féminisation des professions et fonctions - fait établi à l'époque au Québec, en Belgique et en Suisse. Quant aux pratiques en usage à Monaco, JB ne sait pas mais récolte bien volontiers des informations détaillées. Que pense Albert Ier de la formation une pasteure lesbienne? Mais là non plus n'est pas la question.
JB fait une recherche succincte sur internénette et tombe sur cette explication on ne peut plus claire:
Ah bon? Les Suisses(ses) disent pastoresse?
Ça alors…
JB fait donc une recherche quantitative sur gougueule.
D'abord, il tombe sur ça mais pense bien qu'il s'est trompé:
Bon, ça suffit, là! Un peu de sérieux sur ce blog tatoué et fumeur, bon sang de bois!
Donc.
En tapotant féminisation + pasteure, il obtient 53 300 réponses.
En tapotant féminisation + pastoresse, il obtient 90 réponses.
En tapotant féminisation + "pasteure", il obtient 49 200 réponses.
En tapotant féminisation + "pastoresse", il obtient 1370 réponses.
En tapotant "pasteure", il obtient 207 réponses.
En tapotant "pastoresse", il obtient 84 réponses.
En tapotant "pasteure lesbienne", il obtient 34 réponses.
En tapotant "pastoresse lesbienne", il obtient:
Crutte de flûte de zut. C'est de la lesbophobie à l'endroit des pastoresses et de toutes les Suissesses! Que fait Act Up-Paris? Que fait la police? Qu'en dit Michèle Alliot-Marie, elle qui veut être appelée Madame LE Ministre (et un temps de l'Intérieur, donc responsable des religieuses)?
Parce que, justement, pourquoi on dirait pas pasteuse, voire pastrice, d'abord?
Y a bien le Pastis…
Aaah, c'est malin, hein…
Tu te crois fin, JB?
Bon bon bon…
On ne peut de toute façon pas dire pasteuse puisqu'il s'agit d'un nom formé avec le suffise -teur. S'il s'agissait du suffixe -eur, là on aurait pu le décliner en -euse. On dit une camionneuse. On dit une lesbienne camionneuse. Mais on ne dit pas
Voilà la raison de la blague vaseuse.
Bon.
De fait, les féminisations en -euse sont peu goûtées. Non seulement pour des raisons linguistiques qui sont propres à la langue française, laquelle attache une importance particulière à la sonorité et à l'euphonie (confer les liaisons). Mais surtout pour des raisons sociologiques comme les rapporteuses (et si!) du guide d'aide à la féminisation des professions et fonctions le notaient:
Et JB était ravi de constater qu'on avait fait appel seulement à des femmes pour rédiger le guide en question, et qu'elles avaient toutes féminisé leur titre:
Mais, la joie de JB était aussitôt entamée en voyant, au-dessus d'elles:
En termes de grammaire, quelle est la règle?
Disons qu'il faut s'interroger sur l'existence ou nom d'un verbe qui va donner la profession. Exemples, tirée d'une étude suisse:
Et JB trouve l'expression, même mise entre guillemets, des "trous dans le langage" assez truculente, d'autant venant du pays des fromages à trous… Bref.
Les réglementations françaises disposent, d'abord pour les noms en -eur (et on voit notre chère camionneuse de retour sur son semi):
Quant aux mots en -teur, cela se passe comme suit:
Tout ceci est bel et bon, mais notre fameuse
Eh bien figurez-vous, mes petits amis, que trois femmes autrefois en -teur ont les honneurs de la règle. J'ai nommé: auteur, docteur et… pasteur. Tiens donc!
Et vlan, voilà les Suissesses qui se prennent ça dans la figure par les Françaises! Ouh là… Ça va finir en pugilat avec plein de querelleuses coléreuses!
N'empêche, les Suissesses suivent une règle établie dans la langue latine, ainsi qu'on le lit ici, dans le rapport de la Commission générale de terminologie et de néologie remis à Lionel Jospin en 1998:
Et ce n'est pas tout - et c'est même mieux!
Il y a quelques mois, JB apprenait par hasard que, en ancien français, on féminisait sans problème de conscience les professions quand celles-ci étaient exercées par des femmes. JB avait trouvé l'information qu'il ignorait chez les Québécois, qui se foutaient bien de la cheutron de la Rance (il faut cliquer sur l'image pour bien lire):
Aaah… Ces bon Québécois! JB le serine à longueur de mois: il n'y a pas mieux qu'eux pour: 1) nous expliquer simplement les règles hyper compliquées de la langue française, 2) la moderniser tout en respectant ces codes linguistiques et grammaticaux, 3) trouver des solutions, comme disent les Suisses au sujet de leur propre loi sur la féminisation des professions, "non sexistes".
Et ce sont justement les Québécois qui se sont émus du sort de notre pasteure et de toutes ses petites copines (lesbiennes ou pas) religieuses comme elle. Je cite:
Alors c'est quoi une pastoresse, dans le fond?
Que nous dit le TLF?
Ah oui, voilà: la femme du pasteur. Elle ne peut pas être pasteure. Elle est cantonnée à être une "femme de" tout comme les Drôles de Dames puisque, ainsi que nous le racontait Charly, "on les avait cantonnées dans des travaux bien peu passionnants" - mais ça aussi, c'est une autre histoire (quoique… Sabrina… je voudrais pas dire, mais question lesbianitude, elle en a fait baver plus d'une).
Et donc notre pasteure lesbienne dans le roman d'Ingvar Ambjørnsen?
JB pensait donc initialement qu'Elling, fort de son impeccable français recherché, écrirait pasteur et non pasteure. Mais c'est sans compter la nature d'Elling qui, dans le premier tome de ses histoires publié en français, insistait sur "[s]on atavisme social-démocrate". À quoi s'ajoute qu'Elling est norvégien, scandinave, donc le produit de sociétés où la hiérarchie est horizontale et non verticale comme en France; qu'il est originaire d'un pays où la langue ne connaît quasiment pas le vous de politesse et où l'on dit tu au Premier ministre. En vertu de quoi Elling ne peut évidemment qu'écrire pasteure et non pasteur. Et ce bien que, en français, Elling dira vous. Mais il écrira pasteure.
Allez, on se quitte, comme d'hab', en musique. Et JB doit avouer qu'il s'est creusé les méninges pour savoir ce qu'il allait bien pouvoir trouver. Et il a trouvé. Sœur Sourire, bien sûr. Avec son Domnique nique nique. Car certes elle n'était pas pasteure ni
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