lundi 13 septembre 2010

Mes robes, sa jupe

Et, pour traduire la phrase ci-dessous, JB emprunte à un certain ours en peluche un à-peu-près que ce dernier affectionne et utilise à l'envi - et c'est JB qui souligne:
Et puis il trouve que Tonje a besoin d’être un peu déchargée de la lourde tâche qui l'incombe toute l’année, elle qui doit se traîner un meilleur ami "vieux comme mes robes", dit-il.

L'expression est doublement d'actualité puisqu'on a appris, à la lecture du quotidien local de la tanière aux ours en peluche, L'Écho de la Grotte, que la famille des ours en peluche a été invitée au grand complet sous les ors de Vessailles, une municipalité francilienne bien connue pour héberger un certain château et dont le nom n'a rien à voir avec la vessie. À cette occasion, non seulement les fourrures des ours en peluche étaient lissées et lustrées, mais, et on retombe donc sur nos pieds, leur meilleur ami portait non pas la robe mais quasi: la jupe. Quel bonheur!

Justement, la robe, l'expression, l'à-peu-près.
On avait vu début août qu'un à-peu-près, en rhétorique, est une figure de style qui joue sur un calembour, lequel détourne un ou plusieurs mots en jouant sur les sonorités similaires que ce ou ces derniers évoquent. En l'espèce, l'expression consacrée vieux comme Hérode devient vieux comme mes robes. Vous voyez, mes petits amis? En d'autres termes, un à-peu-près est à la lexicographie ce que la blague Carambar est à l'humour potache.

Or, à la grande surprise de JB, l'expression qu'il croyait sortir de la gueule et de la truffe de son copain l'ours en peluche est attestée par le Robert des expressions et des locutions:
HÉRODE n. pr.
Vieux comme Hérode “très vieux, très ancien”, surtout en parlant des choses (-> aussi MATHUSALEM). La locution figure dans le Dictionnaire de Furetière (XVIIe siècle). Le choix du personnage de Hérode n'est pas clair. La bible ne donne aucune indication précise sur l'âge de Hérode Antipas (qui fit mourir Jean-Baptiste) ou de Hérode le Grand (instigateur du massacre des Innocents). Selon Gottschalck et Wartburg, c'est du second qu'il s'agirait.
Une altération populaire vieux comme mes robes — non sans rapport avec la “première chemise” (confer) — est parfois reprise par plaisanterie. Elle est attestée au début du XXe siècle:
Eh! ah! les poteaux, v'là notre blot, fit Croquignol en désignant un cercueil trouvé dans les fouilles en Égypte. Voici, j'me suis laissé dire que ces fourbis-là, qui sont vieux comme "mes robes" avaient bézef de valeur!
Les Pieds Nickelés, in L'Épatant, 1909, p. 63

Du coup, JB l'utilise plutôt deux fois qu'une dans cette traduction où l'auteure n'est jamais avare de néologismes et de mots d'esprit.


Allez, en parlant de robes et de jupes, on se quitte avec Eric Morris qui nous chantait, en 1967, Put On Your Best Dress.

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