Und die Katrin Wichmann in Für alle reicht es nicht, das Stück Dirk Lauckes im Deutschen Theater, war einfach die Entdeckung des Abends.
Und froh, sogar sehr zufrieden, war man das Stück gesehen zu haben. Diesen Teil der ostdeutchen (Alltags)Kultur.
Und Lichte gab es auch. Licht gibt es sowieso immer.
Und jetzt geht man ins Theater wieder, ins Deutsche Theater sogar, um ein Stück von Dirk Laucke zu sehen: Für alle reicht es nicht. Man wollte ja immer Stücke von dem Laucke erleben und das hat man immer verpasst. Der Freund T ist dabei, wie fast jedes Mal im Theater. Also: Doppelfreu!
Je suis censé traduire, cette phrase, non pas (…) skuffet, hjertet mitt dunker (…) (à savoir: déçue, mon cœur bat à toute vitesse), mais celle du dessus, que j'ai entourée au crayon de papier:
Qu'est-ce qu'elle a de si extraordinaire, cette phrase?
Après tout, elle est simplissime puisqu'elle signifie tout simplement: C'est bon le ketchup. Mais en quoi devient-elle difficile dans ce roman? Il s'appelle d'ailleurs comment, le livre?
Exactement, Gjøre godt. On l'a déjà expliqué de nombreuses fois. Et le titre choisi est Faire le bien. Et c'est ça qui justement complique nos affaires.
Mais ça aussi: la polysémie du mot, pourtant lui aussi simplissime: godt, qui signifie tout bonnement bon, mais selon le contexte en norvégien puis donc en français: bon, bien tantôt sous une forme adjectivale ou adverbiale ou substantivée.
De fait, gjøre godt, ça signifie plein de choses dans ce roman très précis: faire le bien, comme le tire l'indique; parfois aussi bien faire, souvent opposé à mal faire, faire le mal, et donc également faire les choses bien; et enfin, dans l'expression gjøre det godt igjen: réparer quelque chose, arranger une situation, autrement dit faire le bien quand on a fait le mal.
Dans la traduction, on ne va pas pouvoir trouver une solution idéale et universellement adaptable. Il va falloir jouer. Mais, comme d'habitude ne traduction, ce qu'on perd ici, on le gagne là.
Ainsi, comme on le voit dans le passage indiqué supra, l'adverbe godt est qui plus en italiques, ce qui est assez rare dans ce roman, c'est donc qu'il faut le souligner, souligner son double sens dans ce roman qui joue sur les double sens, qui joue sur le sous-texte (quand ce qui est dit signifie en réalité autre chose, quand on perçoit derrière la banalité d'un dialogue la profondeur d'une émotion).
La situation est la suivante: trois filles se retrouvent pour manger des frites, l'une en asperge son assiette, l'autre en met juste "une lichette sur le bord", la troisième déclare qu'elle déteste le ketchup. À la première, on va lui faire dire, sans italiques, mais en redoublant l'intention: Non, c'est bon le ketchup, ça c'est une bonne chose!
Et donc je disais que ce que l'on perd ici, on le gagne là, confer ci-dessous:
Dans les phrases soulignées, il est question de blesser, såre en norvégien. Dans la première occurrence, si on traduit littéralement: "Il faisait tout le temps des choses pour me blesser"; dans la seconde: "Mais ça ne me blessait presque pas"; dans la troisième: "Il n'est pas sain d'être avec quelqu'un qui te blesse tout le temps."
Et c'est là qu'on va récupérer ce qu'on a perdu. En introduisant le verbe faire du titre Faire le bien:
Et en traduisant pour la dernière occurrence l'expression faire mal.
Dès lors, cette phrase devient programmatique pour le roman, elle fait partie de ces phrases qui expliquent le titre, qui soulignent l'intention romanesque et narrative de l'auteure.
Car tout le roman pose la question aussi de ce que c'est qu'être et godt menneske, un homme bon en français, un groupe nominal qui ne fonctionne pas à maints égards: 1) du fait de la polysémie du mot homme qui ici doit s'entendre comme être humain, 2) car homme bon est une tournure plutôt lourde, plutôt malhabile en français. En français, on dira d'une personne, et la fameuse chanson nous le confirme, que c'est quelqu'un de bien. Il/elle est quelqu'un de bien/gentil/méchant. Comme cet autocollant, rapporté de la Schaubühne lors de notre dernière visite, qui fonctionne en allemand comme en norvégien mais pas en français:
Littéralement: je ne suis pas bon. Sauf que, en français, on sous-entend dès lors que l'interlocuteur est forcément un homme - et, dans la pièce de Brecht donc la citation est tirée, le personnage est justement… une femme. On en a déjà parlé en avril, de ce lien évident entre le roman de Trude Marstein et cette pièce de Brecht traduite en français par La Bonne Âme du Se-Tchouan. En allemand ce titre étant le même Der gute Mensch que le norvégien et godt menneske. On ne pourra pas, pour Trude Marstein, parler de bonne âme - qui ne convient ni avec le ton ni avec la forme du livre: des dialogues. Mais cette phrase usuelle dans notre langue, être quelqu'un de bien, sera récurrente.
Et tout devient dès lors bel et bon (et bien).
Depuis sa tanière sise dans la Rance, un certain ours en peluche, toujours aussi farceur, nous envoie, en réaction au post sur Dusty Springfield et les reprises de ses chansons par des chanteuses de ska et de reggae (et celles, éventuelles, par nos chouchous des Floorettes), il nous envoie donc cette version en allemand de I Only Want to Be With You, intitulée dans la langue de Goethe: Auf dich wart' ich immerzu. C'est grand, kitsch à mort, et on adore évidemment l'accent allemand à couper au couteau de Dusty:
Von seiner im Sarkoreich situierten Höhle hinaus schickt uns ein gewissener Plüschbär, als Reaktion auf den Post über Dusty Springfield und die Coverversionen ihrer Lieder von Ska- und Reggaesängerinnen (und eventuell von unseren Floorettes-Lieblings), schickt er uns also diese Version auf deutsch von I Only Want to Be With You, in Goethes Sprache Auf dich wart' ich immerzu genannt. Das ist natürlich grossartig, vollkitsch, und man liebt natürlich ihren tiefen Akzent auf deutsch.
Und es erinnert uns auch an diesen tollen Nighter vor zwei Wochen in der Wilden 13, wo der DJ, purer Skinhead, Der Computer #3 aufgelegt hat. Ja! Dieses Lied von France Gall. Von einem Skinhead aufgelegt. Okay. Und nicht nur einmal, sondern zweimal. Gelacht hat man natürlich. Erleichtet war man auch. Was singt sie nämlich? "Der Computer #3 sucht für mich den richtigen Boy!" Und darauf haben viele wenn nicht mitgesungen, auf jeden Fall mitgetanzt.
Hier, bitte:
Et cette version kitschissime de Dusty nous rappelle ce fameux nighter au Wilde 13, il y a deux semaines, quand l'un des DJ a mis (deux fois, en plus!) Der Computer #3 de France Gall, puisque celle-ci a connu un succès assez phénoménal en Allemagne, interprétant des chansons en allemand, totalement inconnues dans la Rance. Et donc, j'étais là, sans en croire mes oreilles: je voyais des skins sinon chanter en tout cas danser sur France Gall, et je trouvais cela très rassurant de constater qu'ils pouvaient entonner la phrase suivante: "L'ordinateur #3 cherche pour moi le garçon adapté." Comme quoi il y a de l'espoir dans la vie.
Gestern spät Abend unterhielt sich der JB auf einer gewissenen blauen Seite mit seinem guten Freund C, der weder auf Nightern oder Konzerten mehr zu sehen ist. JB: Und die Nightern vermissen dich, haben sir mir ALLE gesagt! C: Kommt alles wieder! JB: Hat der Bierhof schon offen? C: Der hat auf, ja. Aber im Moment nur bei schönem Wetter. JB: Bei schönem Wetter meinst du nächstes Jahr, oder?
Tja… Und nun sitzt man also hier, guckt da draussen, es ist grau und regnerisch, und man denkt: Oh je… So ein Wetter für ein Tommy McCook-Lied. Sweet Lorna oder Inez würden dazu gut passen, aber die hat man schon gespielt, hier. Doctor Zhivago geht aber auch gut. Bitte schön:
Und man war gestern mit G und É und A bei dem neuen Nighter in der Rigaer Strasse unterwegs und man war ganz, ganz ganz zufrieden: die Musik war toll, die Leute waren lieb, man wurde dazu aufgefordet mitzutanzen, was man auch gemacht hat (und, nicht zu vergessen, Beavis war dabei, leider (?) ohne Butthead - aber das ist eine ganz andere Geschichte - nicht wahr, G?!).
Und dann hat man auch den guten Ralph getroffen und wir haben wieder über Dusty Springfield geredet, denn er und die Anderen von Floorettes haben sich gewundert, warum ich hier auf diesem tätowierten und rauchenden Blog geschrieben habe, dass sie ihre Lieder coveren könnten. Versprochen hatte ich auch einen Post zu schreiben über den Einfluss Dusty Springfields auf Ska- une Reggae Sängerinnen, seitdem viele sie gecovert haben. Jaaa! ihr nichtsahnende Skinheads: DIE Dusty!
Wir fangen an mit Breakfast in Bed, aus dem LP Dusty in Memphis, von 1969, der in jeder Diskothek stehen müsste.
In 1972 produziert Harry J (ja, von Harry J & The All Stars) das Lied mit Reggaerythmen und Lorna Bennett singt es. Es wird wiederum ein Hit! Und Lorna Bennett wurde zwar eine One-Hit-Wonder, aber diese Coverversion hört man wieder und wieder und wieder gern, hier, zu Hause, in Nightern, in den Ohren unterwegs, egal wo. Einfach Spitze (wie man damals sagte… jetzt: geil!).
Dusty inspiriert Harry J und Lorna Bennett und sie inspirieren wiederum Bongo Herman mit African Breakfast am selben Jahr, und sogar Scotty mit Skank in Bed. Hier, bitte schön, Herr Herman mit den Trommern und dem Sax.
Das war also das Breakfast in Bed-Medley.
Man beachte bitte zum Schluss, dass Dusty Springfield eigentlich "Breakfast in Bed / And a kiss or three / You don't have to say you love me" singt, wo Lorna Bennett genau das singt: "Breakfast in Bed / Kisses on me / You don't have to say you love me". Das lustige ist nämlich, dass das Lied auch von den Plünderern von UB40 gecovert wurde. Und was singen sie? Genau! Nicht die Texten von Dusty Springfield, sondern die von Lorna Bennett. Die Räuber…
Auch seeehr bekannt ist Son of a Preacher Man, auch auf Dusty in Memphis zu finden. Und wenn das nicht eine Floorettes-Möglichkeit ist, dann bitte mich erschiessen! (nein, übrigens, das wäre keine gute Idee.) Das Lied wurde erstmal von The Supremes gesungen. Aber die Version von Dusty wurde die berühmteste, nachdem, erklärt uns Wikipedia, Aretha Franklin die Neuinterpretation abgesagt hatte. Dusty, schlau, hat es aber nicht. Hier:
Im selben Jahr, also 1969, produziert John Hurley das Lied neu für The Gaylettes. Es wurde auf diesem historischen Tighten Up-LP herausgegeben und ist immer noch genauso genial:
Und jetzt kommt die grosse Artillerie! Immer noch auf Dusty in Memphis und auch eine potentielle Floorettes-Artillerie. Das Lied heisst Take Another Little Piece of my Heart, hat die Blasinstrumenten, die bei Floorettes unsere Freude machen.
Leider… und mist! ist das Lied nicht auf durohr zu finden.
Mist und wieder Mist!
Naja… Vielleicht taucht es irgendwann auf.
Das Lied wurde auch in 1971 von Hortense Ellis gecovert. Unter einem Pseudonym, Mahalia Saunders, und man kann schon hören, dass Frau Ellis' Stimme manchmal Schwierigkeiten hat, ganz hoch zu gehen:
Dann sind es auch Lieder, die Dusty Springfield selbst gecovert hat, und die auch von den sogenannten Reggae Sisters gecovert wurden.
Dionne Warwicks Close to You (1963) wurde von Dusty Springfield in 1964 gesungen und dann in 1967 von Dame Phyllis Dillon. Jackie DeShannons Put A Little Love in Your Heart (1969) wurde auch von Marcia Griffiths gesungen.
Aber auch Männer haben Dusty Springfields Lieder gecovert. Pat Kelly hat I Just Don't Know What To Do With Myself übernommen, und Jimmy Cliff hat You've Got A Friend gesungen.
Wie viele es glauben, war Dusty Springfield NICHT Amerikanerin. Sondern aus England. Aber sicherlich war sie die Erste, die wie schwarze Soulsängerinnen gesungen hat und die gleiche Orchestration übernommen hat. Das macht sie irgendwie als eine Prä-Northern Soul Frau.
Also nun ein Paar anderen Vorschläge für unseren beliebten Floorettes-Sängerinnen (ok, auch für die Männer).
Und man fängt an mit All The King's Horses von 1971. Bitte schön!
Auch von Dusty in Memphis wäre So Much Love ein guter Kandidat. Hier:
Noch dazu kämen Cherished oder Just One Smile. Die sind aber nicht auf durohr zu finden. Macht nüschts.
Aaalso.
Man hofft zumindestens einigen überzeugt zu haben. Oder, Ralph?!?
Pendant que l'Allemagne ne cesse de s'hystériser sur la victoire variétocho-nationale de la veille (même le très sérieux Spiegel n'a toujours pas retiré de sa "une" électronique le dossier sur la désormais fameuse Lena), nous repensons à un autre Satellite, non pas celui of Love de Lou Reed, mais bien sa version française et plurielle, à savoir le groupe, Les Satellites. Du coup, leur album Pied Orange, de 1990, tourne en boucle depuis six heures.
Les Satellites faisaient partie de cette école dite bébête du rock français de la fin des années 80/début des années 90 (confer Oui Oui, confer aussi Philippe Katerine, pour ne citer qu'eux). Il suffit d'écouter les paroles de Rice Cooker, Minnie Moog ou ci-dessous Le Nez à la Place de la Bouche pour s'en convaincre. Mais comme les Satellites ont frayé avec Boucherie Productions, ils ont des accents rock et… ska. Le trio trompette, saxophone et et trombone de Pied Orange ne déparerait dans un concert de skinheads, et le très dub reggae Break Dub in America (oui, une reprise de Breakfast in America des Supertramp) fonctionnerait à merveille dans un nighter de dreadlockeux…
Enjoy!
Die Sonne scheint über Berlin seit 5 Uhr, also seit dem Aufwachen. Bevor man draussen fährt, möchte man mit Dame Phyllis Dillon "No more loneliness" singen und nur glücklich sein. Denn das ist man auch.
Rubbzzz!
73 morts, rapportait Le Mondehier. 73! Je répète, quand même: soixante-treize. 73 morts dans le quartier de Tivoli Gardens, à Kingstown en Jamaïque pour mettre la main sur Christopher "Dudus" Coke, trafiquant de drogues réclamé par les États-Unis au gouvernement de l'île. Sauf que. L'excellent magazine américain Foreign Policy, consacré aux relations internationales, parle de "farce" puisque le bien-nommé Coke a largement financé le parti politique de Bruce Golding, le Premier ministre. Cependant qu'il reverse aux déshérités l'argent qui leur manque (et les armes!), lesquels à présent, évidemment… le protègent.
Et cela nous fait penser à cette page sur laquelle on est tombé il y a quelques mois et qui recense la cause de la mort, quand celle-ci est connue, des musicien(ne)s de ska et de reggae. Et, déjà, j'avais été abasourdi par le nombre de décès criminels, qu'il s'agisse de meurtres ou d'assassinats. Le plus strictement célèbre étant été commis sur la personne de Margarita Mahfood, tuée par Don Drummond qui se suicide ensuite en prison. Shot… Shot… Shot… recense et ressasse cette liste sordide: tué par balles. Par ceux qu'on appelle an anglais de la Jamaïque les gunmen. Dont The Heptones, avec Gunmen Coming to Town, nous offrait déjà un aperçu en 1966:
Ça faisait longtemps qu'on voulait mettre face à face quelques peintures de ce cher Norbert Bisky (qu'on a donc dans le dos) et la vidéo de la chanson Magick des Klaxons.
On commence par Schleimer, de Bisky, qui date de 2006:
La même année, le 30/10/2006 très précisément, The Klaxons sortent leur morceau, Magick, dans une vidéo réalisée par Saam Farahmand.
On se fout de savoir qui des deux a influencé l'autre.
Peut-être même après tout n'y a-t-il aucune influence ni mutuelle ni réflexive. Peut-être sommes-nous face à un exemple typique de ce qu'on appelle le Zeitgeist: l'esprit du temps - quand une idée, un motif, une aspiration, un désir influence deux artistes (quels qu'ils soient) qui ne se connaissent pas, vivent dans des endroits du monde différents et produisent pourtant des œuvres respectives qui se ressemblent (quelle que soit la discipline artistique).
Quid à présent du contenu?
Rien dans les paroles absconses des Klaxons ne laissent penser à la représentation qu'en donne Saam Farahmand. Rien sinon cette phrase "Magick, without tears". Or c'est précisément le contraire que le réalisateur donne à voir: trois garçons qui se font pleurer. Trois garçons qui ne pourraient pas pleurer et qui, par l'intermédiaire d'un bandeau, parviendraient à un état de jaillissement lacrymal. Si cette éruption s'opère par les yeux chez Farahmand, elle a lieu par la bouche chez Bisky. Mais la position est la même chez les deux artistes: les garçons doivent se tenir, être l'un derrière l'autre et ne pas se regarder pour parvenir à l'effusion. Ils se bandent les yeux chez le réalisateur, ils gardent les paupières résolument closes chez le peintre.
Il y a chez l'un comme l'autre un jeu sur le mot sécrétion, qui est le sens de Schleim. Die Schleimhaut, c'est la muqueuse. Mais Schleimer signifie en allemand uniquement l'homme flatteur. Alors quoi? Ce Schleimer serait un sécréteur? Avant de répondre entièrement à la question, regardons d'abord une autre œuvre de Norbert Bisky, qui date également de 2006, où là encore soit les visages sont invisibles soit les yeux sont fermés:
Ici, les cinq différents garçons reçoivent de jets de liquide sur différentes parties du corps, sans que l'on sache d'où proviennent ces liquides ni de quelle nature ils sont. Le jaillissement semble externe, mais la peinture à l'extrême-droite peut faire penser le contraire. Comment s'appelle cette œuvre, justement? Rotz und Wasser I - IV. Et ça veut dire quoi Rotz? Der Rotz, c'est la morve. Mais die Rotze c'est non seulement la mucosité, quand on a le nez qui coule mais aussi, en allemand vulgaire, le foutre. Abrotzen, c'est éjaculer. Donc peut-être ces garçons reçoivent-ils en réalité une douche de foutre ou, pour reprendre le titre d'une autre peinture de Bisky, une "Bukkake shower" - le bukkake, dans la sexualité homosexuelle, désignant l'éjaculation faciale, qu'elle ait lieu sur le visage ou dans la bouche. Ou sans doute est-ce plutôt de l'eau, étant donné la quantité de liquide dont la seconde partie du titre nous indique qu'il s'agit justement de Wasser, d'eau. Mais cette eau est bien blanche pour en être…
Chez le peintre comme chez le réalisateur, les liquides corporels (qu'il s'agisse des "larmes", du vomi ou du sperme) viennent donc d'endroits sinon indéterminés, en tout cas indéterminables: de la même manière qu'un être humain est incapable de pleurer une rivière de larmes (quoi qu'en dise la chanson Cry me a River), il ne peut faire jaillir de son nez une telle quantité de morve - mais le sang, oui. Or, si tant est qu'il s'agisse de sang, celui-ci sang n'est jamais rouge. Il est blanc, il est jaune, il est vert, il est bleu. Mais pas rouge. Autrement dit, ces sécrétions sont secrètes à tous points de vue: leur provenance, leur nature. Et plus que jamais secrètes puisqu'il ne faut surtout pas, comme on l'a vu, que les protagonistes, ces sécréteurs, se regardent dans les yeux pour que le jaillissement ait lieu.
Car la question ultime que l'on peut se poser dans les deux cas est la suivante:
Quel acte nous montrent ces œuvres? Que font, en fin de compte, ces garçons?
On pense évidemment à la sexualité, à une sexualité homosexuelle, à une sexualité sado-masochiste - mais à ce moment-là on est obligé de redéfinir le mot sexualité. Si on entend par sexualité la pénétration, le plaisir charnel, alors on n'y est pas. On y est d'autant moins que beaucoup restent pétrifiés par la vidéo de Saam Farahmand dans laquelle ils ne voient aucune forme d'acte sexuel mais uniquement de la violence. Donc pas de rapport SM stricto sensu non plus d'autant que nulle part (ni dans la vidéo ni dans la première peinture) il n'y a de consentement explicite.
Si on entend par sexualité le rapprochement des corps, l'échange psycho-affectif, alors on y est. Or les corps se rapprochent-ils vraiment? Y a-t-il affection et de quelle nature est l'échange psychique, confer ce qui est dit juste avant par rapport au SM? Une main posée sur une partie du corps suffit-elle à être qualifiée d'acte sexuel et suffit-elle à provoquer une éruption de liquide corporel? Suffit-il d'être un flatteur (un Schleimer) pour que la sécrétion (Schleim) jaillisse? Après tout, l'être humain qui pleure des larmes de crocodile pleure en fait des fausses larmes: il pleure sans chagrin (Magick, without tears, dit la chanson). Et ne disons-nous pas quand quelque chose nous dégoûte que c'est à vomir, alors que concrètement nous ne vomissons pas?
Autrement dit:
Qu'est-ce qui (me/vous/nous) fait jouir/pleurer/vomir?
Pourquoi nous jouissons/pleurons/vomissons là où certains restent de marbre?
Quel est le secret de la sécrétion?
On y était donc hier soir, avec G et F, la musique était grandiose, le son absolument dé-gueu-lasse (mais JB commence à penser que le son est fondamentalement dégueulasse au SO36), Doreen Shaeffer a fait son apparition (dans une espèce de cardigan en patchwork du plus bel effet) pour pousser la chansonnette, on se sentait ce soir-là encore un peu Michel Delpech avec son "rhumatisme qui devient gênant" et, fort de cette sensation diminuée, JB a fait un jeu de mots avec la locution "faut pousser mamie dans les orties" - qui l'a du même coup intrigué:
D'où vient la locution? Pourquoi mamie et pourquoi dans les orties?
JB a donc cherché.
Or l'expression n'est pas recensée en tant que telle dans le Robert Dictionnaire des expressions et locutions. Elle n'apparaît, classée au verbe pousser, qu'en tant que "variante plaisante" de "faut pas pousser", indique le Robert qui cependant ne répertorie pas l'occurrence mamie mais dans un premier temps mémé, puis dans un second temps, et entre parenthèses, mémère.
Première question, donc, on pousse qui? Mamie? Mémé? Mémère? Grand-mère?
Le Robert, qu'il soit petit ou en 6 volumes, reste muet.
Le Dictionnaire de la langue verte de Pierre Merle également.
Le TLF (JB rappelle, et c'est lui qui souligne: Trésor de la Langue française) préfère la grand-mère:
Le Larousse de l'argot et du français populaire opte pour la mémère.
Et que dit ce cheeer Littré?
Mû par mon mauvais esprit habituel, JB s'attend au grand mutisme du Littré. De fait, rien n'est recensé au verbe pousser - puisque c'est à cette entrée que les autres dictionnaires ont répertorié la locution. Consciencieux, JB va tout de même vérifier à ortie, et là, oh surprise!, la locution apparaît. Non pas dans version électronique, mais dans la version papier. Il cite:
Fam. Faut pas pousser grand-mère, mamie, mémé, dans les orties, il ne faut pas aller trop loin dans ses demandes.
Aha. Si le Littré la reconnaît, c'est donc que la locution, à l'instar de la vieille dame qu'elle bouscule, a un certain âge (hö!). Mais pourquoi le Robert l'ignore-t-il (idem du Robert historique de la langue française)? Et pourquoi aucun dictionnaire ne date l'apparition dans la langue française de la locution?
Qui se trouve bel bien dans le Dictionnaire du français parlé de Charles Bernet et Pierre Rézeau de 1989, la locution est effectivement ancienne. Lesquels, soit dit en passant, choisissent d'abord la grand-mère puis, également entre parenthèses, la mémé.
La grand-mère semble remporter tous les suffrages, ensuite vient la mémé, puis la mémère et, en queue de peloton, la mamie.
Que dit l'usage populaire?
Allons vérifier les occurrences sur gougueule en tapant "faut pas pousser xxx dans les orties". Il ressort:
grand-mère: 174 occurrences
mémé: 44 500
mémère: 1410
mamie: 1160
Donc, contrairement aux lexicographes et autres académiciens, le Français lambda préfère pour sa part la mémé, la grand-mère finissant bonne dernière. Et la question liminaire de demeurer entière: pourquoi telle appellation plutôt que telle autre? Les langues ayant tendance à éliminer, à chasser, à se simplifier, l'usage quotidien a sans doute préféré les substantifs en deux syllabes plutôt que le trop long grand-mère qui de surcroît ne résiste pas au langage parlé. L'assonance rehaussée d'un redoublement graphique en ie de mamie/ortie explique aussi peut-être pourquoi mamie tend à connaître une petite fortune, qui plus est attestée par le Littré.
Bon.
La deuxième question à laquelle aucun dictionnaire ne répond directement est celle concernant les orties?
Certes, le Wiktionnaire, la variante linguistique de Wikipédia, répertorie un improbable hortensia:
N'y aurait-il pas là encore (comme on l'a vu il y a quelques jours pour le roi de la piste) un amalgame entre deux expressions?
La première étant: faut pas pousser!
La seconde étant: jeter son froc aux orties.
Retournons au Littré et copions la définition en ce que, aussi, elle donne à lire une magnifique citation de Victor Hugo:
Cependant, on voit mal comment les sens de renoncer et exagérer pourraient à un moment donné se croiser d'autant que l'expression qui voit le froc jeté est plutôt positive alors que celle qui envoie la grand-mère est inversement négative.
Non.
En fait peut-être faut-il rester dans le vocabulaire horticole et c'est le TLF qui nous donne une piste.
L'ortie, initialement, dans son sens métaphorique, s'oppose à la rose:
La rose représentant le bien, l'ortie le mal; la citation de Gautier d'Arras, précise le Littré étant:
Le Robert historique de la langue française confirme. Le mot "a été employé de bonne heure comme symbole du mal (1174-1184) par opposition à la rose.
Bon. Voilà une autre chose confirmée.
Maintenant les expressions reprenant le mot rose. Puisque l'une d'elles est particulièrement signifiante pour notre propos: Envoyer quelqu'un sur les roses.
Or en fait cette expression est récente, indique toujours le Robert, puisqu'elle date de 1961, est dérivée de être sur les roses, "dans une situation fâcheuse", datant elle-même de 1844, toutes deux venant "probablement d'une image apparentée à envoyer promener et jouent sur l'idée d'épines."
Voilà JB bien marri… Puisqu'il voit mal comment une expression donnant un sens négatif à rose et qui n'apparaît au mieux qu'au XIXe siècle vient conforter une expression datant du XIIe siècle, pour sa part plutôt tombée en obsolescence. Ou bien, au contraire, la mémoire linguistique et l'inconscient collectif sémantique peuvent-ils garder la trace de ces usages au point de: 1) créer une locution, 2) faire resurgir des sens oubliés?
L'hypothèse n'est pas absurde, confer l'usage récent du mot bouffon, mais tout de même tirée par les cheveux.
Bon. Toujours est-il que JB est face à une énigme.
En guise de conclusion, on va écouter cette perle psychédélique datant de 1967, Ne poussez pas mémé dans les orties (et qui confirme une fois encore que l'expression ne date pas d'avant-hier), d'un groupe intitulé Chorus Reverendus à propos duquel Bide & Musique nous informe que le fondateur, Germinal Tenas, s'est ensuite spécialisée dans la musique de films.
Enjoy, c'est grand !
Mais p##!!** de b**!!##, c'est pas possible, ça!!!
Qu'est-ce que j'ai fait de mal?!
Après Word, c'est maintenant ordnett.no qui se rebelle alors que, gentiment (cela va de soi), je lui demande de me donner la signification exacte de l'adjectif motløs, et lui me répond:
Du coup, on écoute un autre morceau d'Edith Nylon, pour mieux conjurer le sort:
Il y a des jours où on aurait envie de balancer l'ordinateur par la fenêtre. Plus que jamais quand il est 7h15, que le cerveau déploie sa plasticité, que l'inspiration est là, qu'on tape rageusement comme un tipiste patenté et que, soudain, Word se manifeste:
Aaaaaaaaaah!
Il va sans dire que la technique étant ce qu'elle est, on ne peut "récupérer" tout son travail. Avec un peu de bol, on a tapé l'avant-dernière phrase il y a plusieurs minutes, la sauvegarde automatique s'est déclenchée à temps et on a uniquement perdu la dernière phrase. Dans le pire des cas, on a perdu au moins 10 lignes de Word.
Grrrrrrrrrrrr!
Tout ça parce qu'il y a un bug entre Word et le système Leopard de Mac. Dans un texte assez long, sans trop d'alinéas, au bout d'une vingtaine de pages: bug, Word plante. Et non seulement ça. Mais, dans le même contexte, si on a le malheur de taper un accent circonflexe (ou un tréma): bug. Word se rebelle. Les machines se révoltent. Putain de machines. Alors qu'elles devraient être d'une docilité à toute épreuve.
Du coup, on pense à Edith Nylon, que tout le monde a oublié.
Leur album homonyme, de 1979, a disparu des bacs et peut-être aussi des mémoires collectives. De fait, Edith Nylon n'a sans doute jamais été compris: trop électronique pour les punks, trop punk pour les gothiques, je me souviens de la détonation que l'album a causé en moi lorsque, du haut de mes 14 ans, j'ai découvert l'album que mon amie d'enfance avait trouvé dans la discothèque de son frère et m'avait prêté. C'étaient évidemment surtout les paroles qui me fascinaient. Edith Nylon nous plongeait dans un univers avant-gardiste et sombre, à la Métropolis, avec un vocabulaire à l'avenant puisqu'il était question de téflon, chromosomique, hydrostérile, cellophane, silicone, etc. Un lexique à l'époque science-fictionnel (si j'ose me permettre ce néologisme) alors qu'il est définitivement passé dans le langage courant aujourd'hui. La science, c'est dans l'air du temps, est vécue comme un danger pour l'avenir et pour l'humanité, peuplée de docteurs Folamour aussi écervelés les uns que les autres et qui n'ont d'autres ambitions que de créer une humanité dirigée, robotisée, obéissante, dépourvue d'émotions, dirigée par les machines. Un monde dantesque très inspiré par les contre-utopies des années 30 et 40 (Le meilleur des mondes de Aldous Huxley et 1984 de George Orwell, mais aussi Kallocaïne de la Suédoise suicidée († RIP) Karin Boye).
L'autre motif était hautement anarchiste et se rebellait contre toute forme d'autorité, qu'il s'agisse du pouvoir politique (Herr Monde), de l'armée (Tank - on est alors fondamentalement antimilitariste), de la société (Chromosome X,O), du travail (Hydrostérile), de la famille (Ma jolie Famille).
Alors, puisque Word nous cherche des noises, on aimerait avoir un lien direct avec ce programme et pouvoir le diriger complètement au risque de devenir un Être Automatique, comme nous le présente Edith Nylon.
Enjoy!
Vor einer Stunde war man zurück von einem loganschen Besuch bei Frau Pr Dr B, hörte in seinen Ohren andere guten pønkigen NDW-Stücke, also weiter zu der Morgenmusik, und sang mit SYPH in der U-Bahn reisend, "Keine Vögel Fische Pflanzen, ich will nur im Beton tanzen, Zurück zum Beton, zurück zum Beton, zurück zur U-Bahn, zurück zum Beton":
Und dann erinnerte man sich grinsend an das Gespräch mit G am Sonntag.
G hatte wie schon erklärt Musik mitgebracht, Lokalmatadore, aber mit einer finnischen Gruppe singend, die auf den evokativen Namen Klamydia antwortet. Als die CD fertig war, spielte der JB andere Musik und so kam Zurück zum Beton. G (interessiert): Wer singt? JB (sachlich): SYPH. G (verwirrt): Wie bitte? JB (erklärend): SYPH, wie die Syph. G (brüllend): Ahaha! JB (pragmatisch): Ja, nach Klamydia hören wir jetzt SYPH.
Und man erwacht komischerweise mit Innenstadtfront von Mittagspause im Kopf singend:
Und man stellt sich die Frage: warum ausgerechnet dieses Lied? Zwar wird es gesungen: "Chaos am Stadtrand, doch (…) die Lage ist ruhig an der Innenstadtfront." Aber vielleicht hat es mehr mit dem Konzert von gestern zu tun. Denn Johan (Harstad) war in Berlin mit seiner Band, Schtraf heisst sie, die t-o-t-a-l underground pønkige Band, die Panzerschwanz singt. Man berichtet mehr später darüber, aber mit G waren wir dort, im Tempelhofflugfeld, und das war toll!
Et on continue, en travaillant, d'écouter les chansons aériennes et alanguies de Yo La Tango. Dehors le ciel est d'un bleu clair vers l'est tandis qu'il se couvre de blanc vers le sud. Les rossignols (il y en aurait 1610 à Berlin… pourquoi ce chiffre absurde ?!) chantent d'un endroit indéterminé pendant que le vent agite les feuilles des arbres au loin. Les élèves semblent avoir déserté l'école pour mieux profiter du soleil. Même les ouvriers ont quitté le toit qu'ils réparent actuellement. Comme à leur habitude, des corneilles viennent se poser à quelques mètres. Et pendant ce temps Ira Kaplan de Yo La Tengo chante: "If you're looking at me I'll try / to be what you want to see and if I'm… / if I'm ever that lucky / You won't have to be so… / You won't have to be so sad"
Je veux traduire un passage en utilisant l'expression le roi de la piste. Dans le passage en question, la femme dit à son mari qu'elle appréhende de danser, elle qui n'a plus dansé depuis une éternité.
Et puis j'ai un petit doute sur l'expression. Je vérifie dans mon dictionnaire Robert des expressions et locutions: rien. Ni à roi ni à piste. Rien dans le TLF. Rien dans le Grand Robert de la langue française en 6 volumes. Rien dans le Larousse de l'argot & du français populaires. Aha. J'ai rêvé?
Je vais vérifier dans gougueule, qui est toujours une bonne… piste (hö!) pour vérifier l'usage d'un mot, sa modernité - je veux dire: en termes lexicographiques; après, la justesse de l'emploi par rapport au sens est autre chose.
Gougueule tend à me donner raison puisque j'obtiens 2 190 000 réponses. Donc je ne me trompe pas. Je décide de limiter mon choix en indiquant danse. J'obtiens:
Donc je ne me trompe décidément pas.
Mais d'où vient-elle cette expression recensée dans aucun dictionnaire?
Je cherche encore une fois sur gougueule en indiquant "roi de la piste" + expression, mais il ne ressort aucune explication lexicographique.
Tout juste peut-on conclure, à l'aide du Robert en 6 volumes, que le mot roi, à partir de 1690, va désigner "celui qui règne dans quelque domaine, préside à quelque manifestation". On va ainsi parler du roi du festin, du roi de la fête.
Mais peut-être cet emploi récent, roi de la piste, s'est-il créé par analogie entre les sens tant du mot roi que du mot piste. Je m'explique:
Le Robert indique également que, à partir de 1901, le terme roi est employé dans le langage sportif pour désigner une "personne qui règne sur une spécialité sportive. Les rois de la route: les champions cyclistes. Le roi du volant. -> As."
Quant au mot piste, emprunté à l'italien, le Robert Dictionnaire historique de la langue française nous indique qu'il est "attesté depuis 1550 comme terme de manège pour désigner les lignes déterminées au sol par les passages successifs des chevaux." Très vite (cinquante ans à peine), le mot prend le sens de présomption. Le Robert continue son explication: "Les autres sens se sont développés après 1850: le mot sert à désigner divers types de voies, en particulier un chemin sommairement tracé et aménagé dans un pays qui n'est pas encore mis en valeur ou dans une région peu habitée (1854), le chemin jalonné qu'empruntent les cavaliers dans une course ou un concours hippique (1860), le parcours aménagé pour une course (1869, en cyclisme), enfin un chemin aménagé pour certaines catégories d'usagers (1892, piste vélocipédique). ◊ Aujourd'hui, l'idée essentielle est moins celle d'un parcours que d'un emplacement aménagé pour un type de déplacement prédéterminé: piste est employé à propos de l'arène centrale d'un cirque (1908, au figuré), de l'aire réservée à la danse (1913) et, sens devenu très usuel, de la partie du terrain d'un aérodrome sur laquelle les appareils décollent et atterrissent."
Ce qui est caractéristique, ici, ce sont les usages récents: un siècle grosso modo, ce qui n'est rien en termes linguistiques et lexicographiques.
Mais là où je veux en venir:
N'y a-t-il pas eu, procédant à la création de l'expression roi de la piste, une analogie, sinon une confusion sémantique, entre trois sens, qu'on pourrait poser comme une équation mathématique:
1 piste [a) piste de danse + b) piste cycliste] + 2 roi (roi de la route < cycliste) = roi de la piste
???
Et peut-être le roi de la piste vient-il de la culture populaire, du cinéma, au film La fièvre du samedi soir (un film du reste parfaitement homophobe), ainsi qu'en témoigne l'une des nombreuses occurrences trouvées sur gougueule:
Quoi qu'il en soit, cette expression, le roi de la piste, associée à la période disco nous fait invariablement penser à cette impeccable chanson des trop méconnus Yo La Tengo, Let's Save Tony Orlando's House, chantée par la voix éthérée de Georgia Hubley, par ailleurs à la batterie (et une femme à la batterie, c'est toujours un ravissement). On peut enfin lire ici toutes les gloses sur le sens de la chanson. Enjoy!
Il y a des coïncidences comme ça. Qui font que ce métier est un bonheur. Qui font que la vie est un bonheur.
Le même jour, M. me soumet un texte écrit sur Hervé Guibert, cependant que je commence à traduire un texte que Sara Stridsberg a écrit sur la folie, texte qu'elle lira dimanche 30 mai à 11 heures à Lyon, dans le cadre des Assises du Roman organisées par la Villa Gillet. Bon.
Dans ce texte, Sara parle du roman de Marguerite Duras, Emily L., dont j'ai cité l'autre jour un passage. Dans ce passage, Duras parle du "cachot mental" et dans ce roman elle présente une femme qui ne s'en est jamais remise de ne plus avoir écrit, et non seulement ça, mais d'avoir égaré ses écrits. Ça fait quoi, de ne pas se remettre de quelque chose? Ça fait quoi, de perdre la tête comme ça? Ça fait quoi, de savoir qu'on ne sera plus jamais soi? Ça fait quoi de devenir fou, ça fait quoi d'être folle?
En réponse, Sara écrit, comme je le présente: (une femme folle est un véritable scandale)
Sara écrit aussi:
le génie remplace la folie
des oiseaux de mer volent à travers les couloirs d’hôpital
la folie est aussi une révolte, une désobéissance
la désaxée et le roman font ce qu’ils veulent, tous deux courent nus à travers le monde, vaillants et vulnérables comme une proie dans la forêt, tous deux débitent de longs monologues, détruisent, jouent, dérangent, dérobent, compliquent, convainquent
la désaxée sait que tout n’est que vent, par exemple le vent en provenance de mille et une pages, de pages jamais encore écrites, de pages brûlées, mal lues, incarcérées, détruites
elle sait que le roman est une femme solitaire aux dents pourries internée dans un hôpital, une terroriste pacifique, une ville-miroir
le roman ou la désaxée sont suffisamment futés ou abrutis pour oser encore espérer, ce qui les apparente aux clowns, en qui nous déposons notre confiance délicate, notre fragilité, le roman est une histoire qui adoucit le monde
HEY WAIT MISTER
et je pense aussi à la relation entre la folie et la furie, qui est la condition sine qua non pour pouvoir écrire, le feu, l’orgueil, la force
je pense à l’artiste des années soixante Lee Lozano qui quitte la scène artistique de New York qu’elle adorait tant pour devenir une espèce d’existence limite, une artiste de rue, elle écrit: «Je ne suis pas en colère contre quelqu’un ou quelque chose, je suis furieuse»
et toutes ces désaxées solitaires qui ont quitté la scène
Et puis je repense au fait que Marguerite Duras a interviewé Zouc en 1984.
Et je repense au fait qu'Hervé Guibert a lui aussi interviewé Zouc, mais en 1978.
Zouc a été aussi une désaxée solitaire qui a quitté la scène. Elle est devenue une désaxée solitaire qui a été forcée de quitter la scène, parce qu'elle a contracté une maladie nosocomiale lors d'une opéartion à l'hôpital.
Zouc a été une désaxée solitaire et a été internée dans un asile psychiatrique à l'âge de 16 ans. Parce qu'elle n'était pas comme les autres, parce qu'elle n'acceptait pas cette vie qu'on lui réservait.
Dans l'interview avec Duras, il y a à un moment ce dialogue: Vous avez été malade, vous avez été soignée deux ans. Est-ce que vous avez des connaissances sur la folie ?
Oui, j’en ai. Je ne crois pas être entrée complètement dans la folie. Vous savez, soit on verse carrément dedans, soit on se maintient au-dehors. Quand on est au-dehors, ça se présente comme une tentation. Moi, j’ai presque passé de l’autre côté, c’est très dur et on ne peut pas du tout le dire en mots. Un ami, un jour, m’a demandé de lui faire comprendre ce que je ressentais, de le faire comme s’il ne comprenait pas le langage. J’ai dit que j’étais un steak haché suspendu à une corde à linge, mouillé, par jour de grand vent. Je suis encore complètement d’accord avec ça, c’est le mieux que j’ai trouvé pour le dire. J’étais sans colonne vertébrale, sans peau, la tête pincée dans la corde à linge, je n’avais pas les pieds à terre, alors je ballottais d’un endroit à l’autre. Quand j’ai commencé à pouvoir bouger, je mettais douze heures pour laver la baignoire, me baigner, me rendre propre, m’habiller, quand j’avais fini ma toilette, la nuit venait. Ce qui m’a tirée de là d’abord, c’est Michel, il est venu tous les jours pendant deux ans, c’est long deux ans, tous les jours. Et puis j’ai l’idée aussi que c’est un petit vieux de la clinique. C’est lui qui m’a fait recommencer à rire pour la première fois. C’était un petit vieux maniaco-dépressif qui était resté immobile, la tête baissée, pendant des mois et des mois. Et puis tout à coup il s’était levé, il était passé à faire des gags tout de suite, à se faufiler partout. Par exemple il lavait des dossiers, il cassait tous les stores. Un jour, vous savez ce qu’il a fait, il a vidé tous les stylos de tout l’étage, impossible d’écrire un mot. Il disait très très peu de choses mais toujours les mêmes. Quand il prenait le thé, il levait sa tasse en l’air et il criait en articulant très fort : “Twinings, the tea of London.” Moi, il m’enchantait complètement. C’est avec lui que j’ai ri de nouveau.
Et dans l'entretien avec Hervé Guibert, qui a été publié en 2006 aux éditions Gallimard, sous le titre Zouc par Zouc, où à l'inverse de Duras (qui très, mais alors très présente pendant l'entretien), Guibert est pour sa part complètement absent (ce qui fait aussi qu'on comprend pourquoi M. insistait sur la générosité du journaliste Guibert), Zouc dit, à propos de l'asile (c'est moi qui souligne):
J'ai joué la fille très heureuse. Je montrais plein d'initiatives, je faisais mon lit. Le jour où on m'a permis de sortir et où je me suis retrouvée de l'autre côté, j'ai eu une trouille aussi forte que le jour où j'étais arrivée. Je regardais complètement ahurie les femmes qui promenaient des pousse-pousse avec des cabas à provisions, et connaissant tout ce qui agitait les gens en asile, je me suis demandé: "Mais ces pauvres gens, ils ne peuvent pas devenir fous s'ils en ont envie? Comment peuvent-ils vivre leur folie?" Mes rapports me paraissaient tellement plus sains, plus nets et plus aigus à l'asile que j'ai dû réapprendre à fonctionner dans les rapports courtois et bien pensants de la société bourgeoise. C'est grâce à mon passage à l'asile que j'ai appris à lire la première lecture que les gens donnent d'eux, et une deuxième lecture qu'il faut trouver soi-même. Je crois aux médecins, bien sûr, mais moi ce sont les malades qui m'ont soignée.
Je crois que beaucoup de gens n'ont pas le souvenir de Zouc, ont oublié Zouc - moi j'ai ce souvenir de mon enfance: cette femme en noir sur une scène blanche, dont le corps serait trop grand pour elle, à moins que ce soit le monde qui soit trop grand pour ce corps. Je crois qu'on a oublié toute cette réflexion sur la folie, qui a eu lieu dans les années 70, qu'ont eue Foucault, Deleuze, Michaux, Duras et tant d'autres. Cette réflexion que Sara veut remettre dans l'œuvre, dans le roman, dans la littérature. Puisqu'elle va plus loin que Duras. Elle se demande elle aussi ce que ça veut dire que la création dans la folie, avec la folie, mais elle s'interroge, notamment à travers le personnage de Valerie Solanas dans son roman La Faculté des rêves, ce que l'institution fait de la folie, des fous, des désaxés comme elle les appelle. Ce que l'asile, pour reprendre le mot de Zouc, fait des désaxés, d'eux et avec eux. Et ce qui est étonnant ce que les propos de Zouc sont à peu de choses près ceux du personnage fictionnel Valerie Solanas tel qu'inventé par Sara Stridsberg.
Allez, on se quitte sur sketch de Zouc, Le téléphone, puisque grâce à toitube on peut voir ses anciennes prestations - on est à l'époque en 1977:
Der JB war fleissig bei seiner Ostdeutschstunde.
Aber auch danach.
Denn: nach der Theorie, die Praxis.
Feddbemmen fressen.
Deshalb geht er in die Welt und kauft sich die süsse Variante davon:
Süsse Feddbemmen, auf Berlinerisch Pfannkuchen, auf Deutsch Berliner (frag mich nicht warum ich in Berlin keinen Berliner kaufen kann…) sind jaaanz lekka, gerade mit Himbeer:
C'est pas pour dire mais, JB, à force de traduire le roman de Trude Marstein avec ses 118 voix, il a exercé tous les métiers du monde - bon, certes, pas le plus vieux, mais qui sait quelles surprises la fiction lui réserve-t-elle? (Je dis bien, j'insiste, la fiction; pas la réalité!).
Après donc avoir été maquilleuse, femme de ménage, coèffeur, menuisier, il endosse aujourd'hui les frusques du couvreur puisqu'il doit traduire: glasserte takstein
JB sait que les fameuses takstein sont des tuiles. Mais des tuiles glassert?
JB sait que glassere, ça veut dire… ta-dah! glacer.
Mais naaan, pas des tuiles à la glace ou au pain d'épice, on n'est pas non plus Hänsel et Gretel. Ni des tuiles avec du glaçage au sucre glace dessus, bande de moules à gaufres! À ce propos, on dit glaçage en français mais glaçure (si je francise le mot) en allemand et en norvégien.
Et…
À ben crutte alurs…
En écrivant glaçure, on se rend que le correcteur orthographique ne le surligne pas, donc on se dit que le mot existe, on va vérifier et… pas loupé!
Encore ce soir JB se couchera moins bête et aura appris que le glaçage concerne la pâtisserie et donc les glands qu'il aime confectionner à ses heures perdues, et que la glaçure concerne la poterie et les cruches qu'il aime également confectionner sur son tour de potier à ses heures tout aussi perdues.
Et les tuiles?
Eh bien justement. Après une petite recherche, il apprend qu'on parle de tuiles émaillées. La boucle est bouclée grâce à la glaçure.
Mais et la tuile?
Non, je ne parle pas de la pâtisserie, mais de l'expression: Oh la tuile! Elle vient d'où?
Le Robert Dictionnaire historique de la langue française nous renseigne:
Par comparaison avec l'accident fâcheux que constitue la chute d'une tuile, il désigne familièrement (1784) un désagrément inattendu (quelle tuile!, c'est la tuile). Par spécialisation dans l'argot des vendeurs, il s'est dit d'un client qui n'achète pas (1882, Zola).
Donc on peut dire au quotidien, sans avoir peur de choquer Madame Toutlemonde: "Oh, flûte, j'ai loupé le glaçage de mon gland, la tuile!"
Puisque, comme le dit pâtissier de la Famille Guy, "Das Geheimnis liegt in der Glasur, aber das werd ich euch nie verraten!" = "Le secret est dans le glaçage, mais je ne vous le révèlerai jamais." C'est chanmé à mort!
Heute noch wünscht man (sich) einen wunderschönen guten Morgen, heute noch mit skinhead reggae in den Ohren, und zwar heute mit Phoenix (City) Reggae von 1969.
Und rubbzzz!!!
JB est une brèle, question technique. Il est une brèle question bricolage, une brèle question électricité. Il ne sait même pas installer un lustre, c'est dire. À peine s'il sait changer une ampoule électrique. Pff… Je sais pas ce qu'on va en faire…
À part chanter Brigitte Fontaine en pensant à lui, je vois pas trop (et en se disant aussi que la phrase musicale du Psyche Rock de Pierre Henry a été pompée pour l'occasion):
Ça alors… Ça la lui coupe, à JB. Bon, il a un peu une idée de la différence entre l'urée et l'urine, mais quand même… Ça aussi il trouve ça fascinant. Il faut le dire qu'il a l'emballement un peu facile, c'est sa nature.
Mais il revient à ses moutons, à savoir le formica et repense au mobilier de cuisine de ses grand-mères. L'une, celle de die Mama, avait une cuisine blanc et marron, dans un marronnasse qui rappelle celui des braques (les chiens), mais JB est un peu/beaucoup daltonien pour les couleurs intermédiaires, donc il n'est pas sûr de lui. Il cherche et il trouve. Et dans son souvenir, c'est exactement ça:
Parce que, on voudrait pas dire, mais c'est vrai qu'un mari bricoleur, ça peut aider, hein, dans une maison. Et c'est toujours très vrai qu'on n'est jamais trop aidé. Tant dans une cuisine que dans une chambre, par exemple, à coucher. Mais bon, de là à avoir un mobilier, "de la salle de bains à la cuisine", tout en formica…
JB est en train de manger du poireau (JB, il insiste, utilise le verbe manger et non un autre certain verbe - JB ne voudrait pas que des malentendus surgissent) tout en regardant son poste de télévision des années 80 et qui diffusent un reportage sur le musée Karen Blixen au Kenya.
Et du coup on se souvient de la voix danoise de Karen Blixen qu'on a entendue il y a plus de vingt ans quand on était au Danemark, qu'on y vivait. On a le souvenir d'une voix grave et docte, ronde et posée à la fois.
On va chercher sur toitube mais on ne trouve rien en danois. Mince.
Et puis on tombe sur cette perle.
Karen Blixen avait absolument voulu dîner avec Marylin Monroe lors de son voyage à New York. C'était son grand rêve. Et ce rêve s'est réalisé. Mais ce n'est pas ça qui nous émeut sur le reportage ci-dessous. Mais bien la présence entre la baronne Blixen et l'actrice culte d'une troisième femme.
On regarde d'abord, attention c'est au tout début:
Alors qui c'est? Qui est ce petit visage qui embrasse Marylin Monroe?
Carson McCullers.
Carson McCullers.
Carson McCullers.
Carson McCullers avec son regard inquiet, habité, désespéré. Avec son visage chiffonné, déjà malade. Avec son air de garçon manqué … (non, en fait cette expression est horrible)… Avec son air un peu androgyne.
Et puis après Karen Blixen se met à parler. Et ce qui est étonnant c'est d'écouter son accent. Au début de l'entretien, son accent danois est très présent: on l'entend particulièrement dans les [r] et les [s], elle qui en bonne Danoise ne sait pas prononcer le son [z] qui n'existe pas dans les langues scandinaves. Idem pour les [∫] qui n'existent pas non plus. On l'entend aussi à sa façon d'étirer les mots, comme si ceux-ci étaient extensibles - ce qui nous rappelle que les autres Scandinaves disent des Danois qu'ils parlent avec une patate chaude dans la bouche, et ce n'est pas forcément faux.
Puis, au bout de quelques minutes, comme si la baronne s'était habituée, avait retrouvé sa dextérité linguistique. Et, peu à peu, son anglais devient très british. Notamment quand elle prononce le mot love affair…
A love affair…