"But don't change your hair for me / Not if you care for me / Stay little valentine stay / Each day is valentines day" - écrivaient en 1937 le duo Rogers & Hart pour une chanson qui allait devenir un standard du jazz (le morceau apparaît sur 3258 disques, nous indique allmusic.com). Mais une version peu connue du grand public est celle de la Norvégienne Radka Toneff, en 1979. On écoute.
"But don't change your hair for me / Not if you care for me / Stay little valentine stay / Each day is valentines day" - schrieben in 1937 das Duo Rogers & Hart für ein Lied, das ein Jazzstandard werden sollte (das Stück taucht auf 3258 Schallplatten auf, teilt allmusic.com mit). Aber eine nicht so bekannte Version davon ist die, die die Norwegerin Radka Toneff in 1979 durchgeführt hat. Lass uns es hören.
Non, ne change pas tes cheveux… - a-t-on envie de dire à une personne particulière.
Radka Toneff a eu une carrière météorique, jalonnée par trois albums et un album en concert (à Hambourg). Et c'est tout. Ça s'arrête là. Elle s'arrête là. Elle se suicide. On la retrouvera dans une clairière non loin d'Oslo, un mélange d'alcool et de cachets ont eu raison d'elle. Et pourtant un doute subsiste: a-t-elle vraiment voulu mourir? Dans sa biographie consacrée à la chanteuse, Marta Breen explique que Radka Toneff a probablement fait une chute, mais que la température (c'est la nuit du 21 octobre 1982) et le mélange ingurgité l'ont empêchée d'être sauvée. Sa mère, Sis: "En fait, elle ne voulait pas se suicider: je crois qu'elle voulait qu'on la retrouve avant que ce ne soit trop tard. C'était un appel au secours auquel personne n'a répondu."
Autre question: peut-on dire que Radka Toneff a une voix typique des années 70? Parfois, on pense à Karen Carpenter, par rapport tant au destin personnel qu'à la couleur particulière de la voix. Elles avaient toutes deux une modulation particulière, une tessiture riche qui leur permettait de passer d'un registre aigu à un registre plus grave - même si celle de Radka Toneff est plus haut perchée que celle de Karen Carpenter.
De père bulgare et de mère norvégienne, Radka Toneff a une éducation musicale classique mais s'oriente très vite vers le jazz. Exigeante envers elle-même mais aussi envers les autres, elle n'aura peut-être jamais supporté la sévérité qu'elle imposait à son interprétation, elle qui semble avoir toujours souffert de ne jamais pouvoir tout à fait jouer ses morceaux. Elle le dit dans une interview, peu de temps avant sa mort: "J'étais plus courageuse autrefois, je n'avais pas tout à fait conscience de ce dans quoi je m'étais lancée, je ne savais pas grand-chose. Mais avec l'expérience et la connaissance vient le perfectionnisme. Et mon objectif demeure celui-ci: sortir un disque avec mes choses à moi: les paroles, la musique, les arrangements - tout."
Récemment, j'apprenais que Ketil Bjørnstad a composé un album avec elle. C'était en 1978, et le disque s'appelle Leve Patagonia, consacré notamment à l'écrivain anarchiste norvégien Hans Jæger (1854 - 1910). J'ai écrit à Ketil pour lui demander. Il ma répondu: "Quand je repense à Radka, j'éprouve une profonde humilité". Et c'est étrange, car en parlant d'elle avec mon ami Åge l'année dernière ou l'année d'avant, il m'avait répondu: "Tout le monde ou presque en Norvège à cette époque écoutait Radka Toneff. Tout le monde était profondément admiratif: de sa voix, de sa personnalité, de ses choix musicaux. Après son suicide, le vide a été pour beaucoup énorme."
Et du coup, le roman de Ketil prend une résonance inédite -
Mais Radka Toneff a interprété une chanson qui a pour moi une importance toute particulière. Parce que c'est une chanson de Kurt Weill, une chanson sur l'exil, sur l'espoir, sur la lucidité. Ce morceau, c'est Lost in the Stars, et l'interprétation qu'on donne Radka Toneff surpasse sans aucun doute toutes les autres. On écoute:
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