mardi 23 mars 2010

La Vallée des Moumines

Et puisque je parlais ce matin des Moumine, alors c'est l'occasion de raconter ceci.

L'autre jour, je rangeais mon inexhaustible pile de journaux quand je tombe sur la critique, parue dans la TAZ du… 21-22/03/2008 (voilà pourquoi je la nomme inexhaustible…), du roman de Monika Fagerholm, La Fille américaine, paru en France aux éditions Stock en 2007 et traduit du suédois (de Finlande) par ma chère et si immensément talentueuse collègue Anna Gibson.
Ce qui m'a frappé n'était pas le contenu de l'article, mais bien son ouverture et son titre. De fait, le papier était intitulé Le Pays des Moumines consumé et commençait par la citation suivante, p. 193 dans l'édition française:
"Regardez-moi ça, comme c'est intéressant. On dirait presque une carte de la Vallée des Moumines."
Et là je me suis dit: Pas étonnant. Les Allemands connaissent les Moumines par cœur, et a fortiori leur auteure Tove Jansson, alors qu'en France ces derniers demeurent quasi inconnus de la majorité des gens - à part les grands lecteurs, et encore.

J'ai pu en faire la constatation à maintes reprises, et cela ne va pas sans me poser un sérieux problème pour une traduction à venir, à savoir le tome 5 des histoires de Kurt, d'Erlend Loe, intitulées Kurtby.
Kurt est obligé de prendre des vacances, cinq semaines, et décide donc de faire un tirage au sort avec le reste de sa famille pour savoir où ils vont partir. Anne Lise veut partir à Berlin (on la comprend!) mais, raté, personne ne veut la suivre. Et Kurt de s'exclamer: "Bon, ben je crois que ça va être la Finlande, hein…" Puis Bud de se réjouir car ils pourront ainsi aller visiter la Vallée des Moumines.
Quand je raconte cette histoire à un public francophone (puisque j'en ai fait l'expérience en France comme en Suisse), silence radio. Alors que n'importe quel petit (et grand) Norvégien, Suédois, Finlandais, Danois, Islandais, Allemand (Néerlandais?) éclatera de rire et se bidonnera pendant cinq bonnes minutes. Mais les Français: rien. Pas de réaction. Sinon un silence poli.
"Par ma queue!", ai-je alors envie de m'écrier, paraphrasant ainsi Papa Moumine.
L'effet humoristique est voulu par Erlend. Les histoires sur Kurt sont aussi une longue succession de blagues plus loufoques et tordantes les unes que les autres. Que faire alors, en français, si la blague tombe bien plus qu'à plat puisqu'elle n'a aucun effet sur le lecteur? La laisser, de toute façon, et tant pis si la poilade n'est pas au rendez-vous. Reste alors à espérer que des lecteurs mouminophiles liront le passage. Eux rigoleront, à coup sûr.

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