(…) siden nazistene heller ikke trivdes men en så overivrig og bokstavelig miniquisling.
Et le mot qui pose problème est miniquisling, autrement dit un mini-Quisling, du nom du Vidkun Quisling, équivalent norvégien du Pétain français et fusillé le 24 octobre 1945 pour collaboration avec l'ennemi et haute trahison.JB pourrait donc tout simplement traduire:
“D’autant plus que les nazis n’étaient pas non plus à la noce avec un véritable Quisling miniature aussi zélé que lui.”
Mais il serait obligé de faire une note, expliquer qui était Quisling, cela interromprait la lecture sans que l'effet sémantique et l'allusion historique fasse mouche auprès du lecteur français.Bon.
Et il traduit d'autant moins ainsi que quisling est devenu un substantif qui signifie: traître, collaborateur. Dans le roman, le personnage mélange les deux personnages. D'une part l'homme réel qu'était Vidkun Quisling, puisqu'il dit - et c'est JB qui met entre parenthèses) - bokstavelig (mini)quisling, en traduction directe: un (mini)quisling à proprement parler (bokstavelig = littéralement). D'autre part le substantif avec l'emploi de l'adjectif invariable mini qui vient renforcer l'idée tant du dictateur que du collaborateur qu'était l'homme.
Mais cette substantivation du nom, ce qu'en linguistique on appelle une antonomase, ne vient pas du norvégien mais de l'anglais, comme nous l'indique le Wikipédia français:
Voyons ce qu'en dit le Wikipedia anglais, qui a une entrée spécifique pour l'antonomase:
Un quisling, encore une fois, c'est à la fois un traître et un collaborateur - les deux sens sont inscrits dans le mot. Par acquit de conscience, JB va vérifier dans etymonline et trouve la mini(!)bourde suivante, qu'il souligne:
"Dans un contexte suédois", c'est cela, oui… Oh, après tout, tout ça, c'est le Nord, hein… les Vikings, machin, d'autant l'autre gugusse s'appelle Vidkun: Vidkun, Viking, truc, bidule, grüt…
Mais revenons à Quisling et au quisling.
Si le substantif quisling est passé dans le langage courant en anglais britannique (mais moins américain) et dans les langues scandinaves, ce n'est pas le cas en France. Et qu'est-ce qu'on dit en français courant, encore aujourd'hui en 2010? On parle de collabo. Il suffit, pour s'en convaincre, d'aller vérifier les occurrences sur gougueule. De fait, on obtient… 5,9 millions de résultats! 5,9 millions! Si on ramène ça en chiffres, et l'approches comme la recherche sont uniquement quantitatives et non qualitatives, et qu'on la compare au nombre d'habitants en France, on obtient du 10%, cela signifie alors que, dans l'absolu, c'est comme si 10% de la population française utilisaient le mot au quotidien. Pour s'en convaincre doublement, on va voir dans gougueule vidéos et on voit que n'importe qui est passé à la sauce collabo:
Et, en cherchant ces occurrences, JB tombe sur les 10 insultes prononcées pendant l'affaire Woerth et JB ne peut résister au plaisir de rafraîchir la mémoire de ses petits amis avec le mot employé par l'ancien ministre lui-même. C'est Rue89 qui raconte:
Et JB résiste d'autant moins à ce (petit) plaisir que, pas plus tard que tout à l'heure, il lisait dans Le Monde, ce qui l'avait bien fait ricaner:
Bref.
Mais JB revient à ses moutons de traduction.
Et voilà comment il va traduire:
D’autant plus que les nazis n'étaient pas non plus à la noce avec un minidictateur et un collabo hyperzélé comme lui.
Il s'explique.JB a donc doublé l'image. Il a ainsi restitué les deux réalités du mot quisling: tant l'homme politique (= dictateur) que l'antonomase (= collabo). Dans collabo, en français, est sous-entendue l'idée de traître, inutile donc de le répéter. Il a été fidèle à l'emploi par Jonny Halberg de l'adjectif invariable mini, qu'il a pour sa part accolé au substantif dictateur et a suivi ce principe de fidélité avec l'adjectif zélé, transformé pour l'occasion en hyperzélé afin de: 1) restituer l'adverbe så (= si); 2) proposer un effet miroir de l'hyperbole minidictateur.
C'est compris? C'est clair?
Allez, on se quitte sur une des chansons préférées de JB (qui l'a fait écouter sur le blog tatoué et fumeur des fois et des fois), The Wicked, un morceau des Reggae Boys de 1969 qui va si bien avec les quislings en tout genre, y compris l'ancien ministre du Budget (question: le patronyme Woerth deviendra-t-il une antonomase?). Puisque, comme le chantent les Reggae Boys: "As far as I can see at the wicked, they must survive / they wouldn't mind if don't stay alive as long as they survive."
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