mercredi 29 décembre 2010

Valerie S. (et Delphine S.)

Et JB, qui écoute les morceaux de Derrick Harriott & The Jiving Juniors, tombe sur ce morceau de 1962, intitulé Valerie. Il en fait profiter tous ses petits amis:



En fait, le morceau est une reprise d'un hit de 1960, composé et interprété par Jackie & the Starlites, mais en réalité intitulé Valarie. Avec deux A.




Des Valerie, JB en a connu beaucoup - normal, c'était un prénom à la mode dans la Rance quand il était né et même pas encore né. Mais il en est une à laquelle il pense forcément, c'est Miss Solanas, Valerie Solanas, celle qui a tiré sur Andy Warhol et a écrit le SCUM Manifesto et est devenue l'héroïne du roman de Sara Stridsberg, La Faculté des rêves, que JB a traduit. Bon.
Du coup, JB va chercher des images animées où ses petits amis pourraient voir Valerie Solanas. Et il en trouve qu'il ne connaissait pas et qui la montre escorte par la police, enroute pour le palais de justice. On regarde:



Et pour JB, ces images sont (d)étonnantes. Sans doute aveuglé par ce qu'il sait et ce qu'il a lu de et sur Valerie Solanas, par les différentes fictions autour d'elle (le roman de Sara, donc, ainsi que le film de Mary Harron, I Shot Andy Warhol, mais aussi toutes les chansons sur elle, voir infra), il se dit que ces images représentent très exactement la Valerie Solanas qu'il s'est imaginée. Et ce d'autant plus qu'on possède très peu d'images animées la montrant. C'est surtout cette image qui le frappe:


Ce regard que Valerie Solanas a pour la caméra et sans doute plus encore pour le caméraman. Un regard plein de défiance, qui semble dire: "Je sais ce que tu ne sais pas et, quoi que tu saches et que tu fasses et que tu penses, je m'en branle totalement."
Du coup, JB repense aussi à au passage fictionnel inventé par Sara, équivalent aux images de la réalité. JB fait lire à ses petits amis:


Et c'est dernière phrase n'est autre qu'un emprunt à Louise Bourgeois, ainsi que l'avait montré JB en juillet dernier, une citation traduite de la phrase: "I have been to hell and back. And let me tell you, it was wonderful."

Chemin faisant, et aussi parce qu'il a revu Peau d'Âne dimanche dernier dans lequel Delphine Seyrig interprétait superbement (= pléonasme) la Fée des Lilas, JB repense du même coup à la vidéo de Carole Roussopoulos dans laquelle l'actrice lisait à haute voix un passage du SCUM Manifesto, tandis que la vidéaste tapait en face d'elle l'extrait à la machine et qu'une télévision diffuse des images du journal télévisé de TF1 où la violence (masculine) est montrée. JB cherche des images sur toitube, n'en trouve pas, déniche malgré tout une capture d'écran où on les voit toutes les deux, Carole à gauche et Delphine à droite:


Du même coup, JB se dit qu'il ne peut décemment pas ne faire refaire entendre la voix féérique de Delphine. Delphine (un peu comme Bulle Ogier et Aurore Clément) avait une façon très particulière de moduler sa voix. Laquelle avait un timbre mais aussi une couleur très reconnaissables et qui avaient le pouvoir de capt(ur)er emporter le spectateur et l'auditeur.
JB cherche alors un passage où on l'entendrait en même temps qu'on la verrait. Il se dit qu'il va rechercher dans Peau d'Âne, et puis non. Dans Baisers volés, et puis non. Dans L'Année dernière à Marienbad, et puis non. Et c'est là qu'il trouve cette interview réalisée pendant le tournage, en 1974, de Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles, de Chantal Akerman, qui sortira l'année suivante. Et dans cet entretien, à 1'15'', Delphine Seyrig prononce la phrase suivante, à la suite de laquelle JB tombe quasiment à la renverse de son fauteuil tant il la trouve lumineuse:
Je crois que toutes les femmes sont féministes, ou alors on se fusille tout de suite.
On regarde l'entretien dans son entier:



Et JB, aujourd'hui encore, est subjugué par l'intelligence de Delphine Seyrig, de la même manière qu'il est subjuguée par sa beauté, par son talent d'actrice, par sa voix, par tout chez elle: par la femme Delphine Seyrig, par l'actrice Delphine Seyrig, par la militante Delphine Seyrig. JB, jamais à court d'une exagération (mais il s'en tape et contretape) trouve que Delphine Seyrig est la plus grande actrice française qui ait jamais été. Et JB trouve aussi que Delphine Seyrig est partie trop tôt (en 1990 - † RIP). JB est fasciné par Delphine Seyrig parce que, et on le voit et l'entend dans les propos ci-dessus, non seulement ils n'ont pas pris une ride, pas une seule, mais en plus ils sont d'une simplicité et d'une "accessibilité" à toute épreuve, et la vraie intelligence, c'est ça.


Mais JB revient à Valerie Solanas et aux compositeurs de musique qu'elle a inspirés.
Il y a évidemment Lou Reed et John Cale qui interprétaient I Believe en 1990:



Dix ans plus tôt, en 1980 Big In Japan (qui se souvient d'eux?) chantait le bien-nommé Society for Cutting Up Men, donc SCUM comme le SCUM Manifesto de Valerie.



Enfin, plus proche de nous, Matmos, le duo de techno (no no no), a composé Tract For Valerie Solanas, où Zeena Parkins lit des extraits du SCUM Manifesto. Ce morceau est extrait, JB l'ignorait complètement, d'un album intitulé The Rose Has Teeth In The Mouth Of A Beast où chacun des onze morceaux est consacré à un personnage LGBT (comme on dit dans le langage moderne): William Burroughs, Mishima, Patricia Highsmith, etc. On écoute:



Ben voilà, on a fait le tour, hein…

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