Le 30 avril 1568, à la suite d'un pet lâché durant un souper au château de Parthenay, Jacques Dudoet est tué d'une balle dans la cuisse et le frère de son agresseur est blessé d'un coup d'épée.
Un coup d'épée dans l'os, songe JB.JB relit le chapô: "Tué pour un pet!"
Ça alors…
Ça rigolait pas dans le temps, hein…
JB se dit qu'il tient l'occasion rêvée pour rédiger un post magnifique et détonnant sur le pet et faire ainsi un magnifique cadeau à tous ses petits amis lecteurs pour la Noël.
Le pet, donc. En tout bien tout honneur, comme le dit l'expression, c'est-à-dire sans arrière-pensées.
Commençons par le commencement, à savoir, comme d'hab sur ce blog tatoué et fumeur: l'étymologie. Car, bien que JB ne soit pas dans son palais socialiste berlinois et ne dispose donc pas de son matériel linguistique, il est néanmoins en mesure de fournir de nombreux éléments ce concernant. Et il en est ravi.
JB se dit dans un premier temps que le terme en question, qu'il soit substantif ou verbe, correspond certainement à une onomatopée. JB a montré maintes fois sur ce blog tatoué et fumeur qu'une quantité très impressionnante du vocabulaire indoeuropéen est issu du bruit: le bruit entendu a formé le mot qui l'a au final désigné. De fait, JB avait longuement glosé sur les verbes susurrer et murmurer. Partant, il songe qu'il en va de même pour le verbe qui nous intéresse aujourd'hui. Il va donc d'abord consulter ce cher Dictionnaire étymologique de la langue françoise (on répète après JB: "françoioioise"). Or que lit-il?
Et, non, il ne s'agit pas d'une onomatopée. Quelle déconvenue linguistique. JB en aurait presque les larmes aux yeux de constater que son flair étymologique l'a orienté vers une fausse piste. Un détour par l'anglais (fart, dans la langue de Shakespeare) le lui confirme - et c'est lui qui souligne:
Fart is a non-onomatopoeia (although its Proto-Indo-European language ancestor °perd- (compare Greek περδομαι and Avestic prd) is more realistic).
Mais, minute papillon. Qu'est-ce qu'on nous dit déjà?
Qu'il y aurait un étymon proto-indoeuropéen commun pour le pet???
Ça alors…
Que nous dit le Wikipédia français au sujet des flatulences? (JB veut dire… au sujet étymologique des flatulences!)
Oh là là! Mais c'est une perle, cette information! La Loi de Grimm (une des toutes premières qui explique les changements consonnantiques et vocaliques des mutations linguistiques et explique en quoi et comment les langues indoeuropéennes sont liées entre elles) — cette Loi phonétique de Grimm, donc, concerne également le pet?!?
Décidément…
Donc on est d'accord: toutes les langues indoeuropéennes possèdent un mot commun pour le pet qui se dit donc °perd-?
Oui, on est d'accord. Toutes les grandes familles sont représentées et unies jusque dans la vesse.
Et, pour ce qui est des langues germaniques (puisque ce blog tatoué et fumeur traduit des langues scandinaves, la branche nordique des précédentes), on peut constater à quel point les verbes sont plus ou moins identiques:
Si nous nous attardons, chers petits amis, au fart anglais, moult commentateurs osent affirmer qu'il s'agit du mot le plus ancien de la langue de Shakespeare. Laquelle est, en la matière, riche:
Donc deux termes en anglais pour distinguer l'intensité aussi bien que la sonorité du vent intestinal? C'est de mieux en mieux! Mais c'est pourtant vrai (malgré la faute sur °perd-):
De fait, en danois, on dit fis, qui est apparenté au fizzle anglais.
Et, pour quiconque voudrait lâcher des vesses dans quasi toutes les langues du monde, c'est ici que ça ce passe. Une visite s'impose, enrichissante, forcément.
Une ultime mention ethno-linguistique nous intéresse pour boucler la boucle de l'assassinat de 1568 au château de Parthenay qui a été la cause de ce post intensément intestinal. Où l'on voit que l'oubli venteux n'a pas été synonyme de mort dans toutes les cultures. Notamment en Chine, où il était de bon ton et très poli d'émettre un gaz ou deux pour témoigner du bon repas dont on venait de bénéficier (ce soir, au réveillon de Noël, lancez… une nouvelle mode, mes petits amis! et invoquez la tradition chinoise):
Comme on le lit, le maoïsme n'a donc pas eu que des mauvais côtés. La question que l'on est dès lors en droit de se poser concerne l'autocritique dont on sait qu'elle était l'apanage du communisme chinois: on faisait son autocritique pour tout. La tradition séculaire de la vesse post-repas ayant été bannie par les Mao et ses camarades, devait-on faire son autocritique si on avait le malheur d'avoir respecté et perpétué cette coutume ancestrale???
Est-ce parce que le mot remonte à un étymon indoeuropéen, toujours est-il que le pet, lexicographiquement parlant, a connu en français une certaine richesse au niveau du sémantisme.
Un simple coup d'œil dans le Littré nous le confirme:
Ouais! Les pets de nonne. Miaaam… Ça c'est bon! JB se souvient que le boulanger de son village en fabriquait des délicieux pour la Chandeleur. Voyez donc:
Wikipédia nous dit tout sur le pet de nonne (re-miaaam):
Alors, le pet ou la paix?
En tout état de cause, "on en vint à le prononcer naturellement et sans rougir".
C'est une bonne chose pour nos papilles.
Mais revenons aux analogies et au sémantisme du pet. Puisque le TLF nous en montre, si nous en doutions toujours, la richesse:
Avoir un pet de travers ou lâcher quelqu'un comme un pet — l'affaire est entendue! L'analogie au vent est évidente, mais aussi à sa vitesse et sa soudaineté. Mais pas seulement. C'est surtout la gêne éprouvée (parfois?) par le/la responsable, consécutivement à l'émission en société du gaz en question, qui motive la richesse des locutions. Il suffit d'aller faire un tour par l'argot pour s'en convaincre et consulter le Dictionnaire de la langue verte:
La définition par le substantif incongruité est judicieuse en ce qu'elle explique la richesse des locutions.
Mais que lit JB et tous ses petits amis avec lui? Les Romains vénéraient un dieu du pet, le Deus Crepitus??? Mais pourquoi ne nous apprend-on pas cela à l'école?
JB, curieux comme
"Prétendument"? Tout cela ne serait qu'une blague? Wikipédia ne se départ par de son vocabulaire et sa rigueur pour nous expliquer on ne peut plus scientifiquement que:
Quoi qu'il en soit, les écrivains les plus prestigieux de la Rance y sont allés de leur histoire. Pensez donc! Voltaire, Baudelaire. Même Flaubert…
Bon. Une énigme de résolue.
Si on en revient à l'argot, on constate que la deuxième entrée au substantif en question explique moult locutions, notamment le curieux faire le pet pour faire le guet.
On comprend donc l'interjection pet! pour danger! À utiliser sur l'air (…) de: "Attention, ça vient!"
Quant à la locution ne pas valoir un pet de lapin, c'est le site expressio qui explique:
Oui, alors?
Et JB se souvient, rapport à cette remarque, que son linguiste et lexicographe chouchou, Pierre Guiraud, a consacré un quart de son ouvrage Structures étymologiques du lexique français à cette question. Il montrait que l'homme (français), se considérant évidemment supérieur à l'animal, n'a eu de cesse d'utiliser ce dernier pour montrer la bêtise du second et, ce faisant, asseoir l'autorité du premier. Pensons à bête comme une oie, tête de linotte, moche comme
Mais, et pour finir, il est une réalité sémantique que tous ces dictionnaires oublient scandaleusement. JB a nommé: le pet de l'ours.
Et JB sait par là même que, dans une certaine grotte quelque part dans la Rance, on se rebellait car on se savait depuis le début oublié. Eh bien non!
Qu'est-ce que le pet de l'ours?
Tout se passe une fois l'hibernation terminée. Là…
Il existe même une gravure médiévale qui prouve aux plus sceptiques des petits amis de JB (lesquels sont certes sceptiques mais ne sont pas comme la fosse - toujours demeurer en lien sémantique avec l'objet de l'étude lexicographique, n'est-il point?) que l'histoire est bel et bien vraie:
Et voilà, c'est fini pour aujourd'hui.
Du coup, JB souhaite un joyeux Noël à tous ses petits amis. Un Noël, comme les nonnes,
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