Écrit, composé et produit par Smokey Robinson, le morceau sorti en 1964 contient cette phrase qui a toujours laissé JB hautement perplexe: "I'm sticking to my guy like a stamp to a letter." Bon, certes, JB a aussi toujours compris que ce verbe to stick, qui signifie coller, annonce la phrase et le sens et le verbe (à particule) suivants: "We stick together", to stick together signifiant ici non pas littéralement coller ensemble, mais bien se soutenir, rester ensemble. Mais tout de même: "I'm sticking to my guy like a stamp to a letter." ??? Autrement: "Je reste collée à mon mec comme un timbre à une lettre." Ouiii… Bon, JB n'est pas nigaud (quoique) au point de ne pas voir la superbe allitération en -st qui associe stick à stamp. Certes. Et c'est fort joli. Toutefois, JB est également très prosaïque, volontiers pragmatique. Aussi se demande-t-il, forcément taraudé, comment ça marche au quotidien? Le mec et la nana en question doivent avoir aménagé leur appartement pour être tout le temps collés comme ça l'un à l'autre. Comment ils font pour s'habiller? Se baigner et/ou se doucher? Et JB ne parle même pas d'autres activités aussi usuelles que quotidiennes comme le pédalage à vélo (en l'espèce, le pédalo fonctionne à fond) ou "l’articulation des activités individuelles lors de situations de tennis de table"*. Mais même ça sous-entend qu'ils soient collés latéralement. Car si leur encollage les superpose, c'est alors une écrasante majorité d'activités aussi usuelles que quotidiennes qui deviennent fastidieuses… JB n'ose même pas penser aux autres activités intimes ainsi complexifiées. Telles que l'alimentation par exemple, ou l'ingestion de produits liquides: ils doivent être constamment trempés. Quelle vie! Non, JB n'en voudrait pas pour tout l'or du monde, de leur vie encollée. Il préfère être tout seul, tiens. Et, pour être franc jusqu'au bout, ce n'est pas non plus la version originale de Mary Wells qu'il préfère, mais bien celle de Joy White, reggae, datant de 1975.
* Si si. Ça aussi est très sérieux. Un chercheur de l'université de Bretagne (Rennes) a réfléchi et écrit sur la question. Voici le résumé de sa passionnante et transcendante théorie:
Le but de cet article était de décrire et caractériser l’articulation des activités individuelles lors de situations de tennis de table. Des données d’enregistrement audiovisuelles ont été recueillies et complétées par des données de verbalisations provoquées. Les données ont été ensuite analysées en référence au cadre sémiologique du cours d’expérience social (Theureau, 2004). À partir de l’identification des préoccupations archétypes de chaque élève, les résultats ont mis en évidence l’existence de trois formes d’articulation des activités individuelles des élèves. La première se caractérise par des préoccupations partagées mais non convergentes avec les attentes de l’enseignant, la deuxième donne lieu à une activité collective orientée vers la réalisation de la tâche et enfin la dernière révèle l’existence de préoccupations contradictoires. Enfin les résultats sont discutés selon deux axes : (a) l’activité collective dynamique et fluctuante et (b) un engagement original à l’origine d’apprentissages majeurs.
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