[Parenthèse à la JB, typique de ses associations d'idées erratiques:
À propos de "dépression" et de "Norvège", JB se souvient aussi de cette splendide faute d'orthographe qu'il avait trouvé début août, sur le net, alors qu'il cherchait les occurrences de "dårlige vibber", ces "mauvaises vibes" à propos desquelles il avait glosé ici. Voici la faute en question:
Vous voyez, mes petits amis? Non? C'est le mot deprisjon. En français traduit littéralement: déprission. JB avait été fasciné par cette faute d'orthographe. L'auteur de ce message voulait écrire depresjon qui signifie donc dépression, la dépression non plus atmosphérique mais psychiatrique. En norvégien comme en français, l'adjectif dérivé se dit (et c'est JB qui souligne) deprimert = déprimé; d'où le passage erroné à deprisjon. N'empêche, JB ne pouvait s'empêcher de voir dans cette faute d'orthographe une espèce de message subliminal envoyé par l'inconscient.
JB considère en effet qu'une certaine quantité de fautes d'orthographe ne sont autres que des lapsus non plus de l'oral mais de l'écrit. Pas toutes, évidemment - JB n'est pas hystérique à ce point, quoique… - mais certaines, oui, JB n'en démordra pas. Par exemple, sur une certaine page bleue, un garçon avait écrit à JB, en allemand, qu'il était "ein warer Skinhead" et non pas "ein wahrer Skinhead": wahr signifiant vrai, authentique, véritable, Ware signifiant la marchandise - et JB s'était dit qu'il n'était plus aux yeux de ce garçon que ça: une marchandise. JB s'était dit que cette faute d'orthographe cristallisait l'inconscient du garçon en question, son imaginaire et son désir.
Donc les fautes d'orthographe comme des lapsus.
Donc la deprisjon au lieu de la depresjon.
Qu'est-ce qu'il voulait dire exactement, l'auteur de cette faute?
Qu'il en avait tellement marre de la dépression qu'il n'était plus en mesure de l'écrire correctement? Ou que la dépression le déprimait? Qu'il était déprimé à force d'être atteint de dépression? Ou voulait-il utiliser un autre mot? Son inconscient le guidait-il vers un mot similaire, voire homophone?
JB, qui est hypertêtu et veut toujours comprendre, a donc vérifié dans le dictionnaire norvégien les termes commençant par depri-:
Non, ce n'est pas ça… JB ne pense pas que l'auteur ait songé inconsciemment à déprivatiser sa dépression… Mais que sa dépression le déprime, oui, ça JB en est désormais intiment convaincu.
Et ce faisant et ce pensant, JB se demande, dans l'éventualité où la faute d'orthographe serait française, à quel mot le déprission pourrait éventuellement renvoyer. Il va donc vérifier:
Et là, mes petits amis, JB est aux anges.
Car il a tout le champ lexical de la dépression regroupé dans une petite fenêtre: la dépression comme un de profundis ou comme une déprédation du bien-être, dont certains souhaitent se déprendre et envers laquelle d'autres ont un jugement dépréciatif.
Et ce mot, dépriser, que JB ne connaissait pas et qui est le seul terme rappelant déprimer, il signifie quoi?
Donc un synonyme de déprécier, de mépriser.
Notre auteur déprise le fait qu'il soit déprimé.
Bien sûr, c'est là une projection, une interprétation de la part de JB - il ne le sait que trop bien.
Mais ce qu'il trouve passionnant, en revanche, c'est que, d'un point de vue étymologique, on demeure dans le même champ sémantique: celui du rabaissement. Car quelle est l'étymologie du verbe déprimer?
Voyons à présent ce que nous en dit le Robert historique (et non pas hystérique - hö!) de la langue française:
DÉPRIMER v. tr. est emprunté (1314) au latin deprimere “presser de haut en bas”, de de- et premere (-> presser), d'où “abaisser, enfoncer” et au figuré “rabaisser”.
◊ Le mot a été introduit en anatomie avec le sens physique d'“enfoncer”, “affaisser”. Il est plus courant avec le sens figuré d'“abattre, affaiblir” (1380), avec lequel il a supplanté l'ancien type populaire depriendre (1170) “abaisser, humilier”. La valeur actuelle du verbe est physiopsychologique.
Voilà: déprimer, dépriser, déprécier, mépriser - même si, d'un point de étymologique, les termes ne sont pas apparentés; d'un point de vue sémantique, ils sont proches, contenant tous l'idée proche ou lointaine, toujours en usage ou tombée en obsolescence, d'une humiliation et d'un affaiblissement.Et ça, mes petits amis, ça fait la journée de JB. Il est content comme un petit garçon devant ses cadeaux de Noël.
Pendant qu'il y ait, et histoire de boucler cette looongue boucle, il vérifie l'étymologie de dépression:
DÉPRESSION n.f. est emprunté (1314) au latin depressio “abaissement”, formé sur le radical du supin de deprimere. Introduit par les chirurgiens, le mot (qui semble rare avant le XIXe s.) réalise d'abord le sens concret de “creux dans une surface”, repris ultérieurement en géologie (1864). Divers emplois figurés ont donné naissance à une acception psychologique (1867, chez Baudelaire), devenue courante en relation avec déprimé. En météorologie (1877), le mot désignant une zone de basse pression, s'oppose normalement à anticyclone. ◊ Par emprunt à l'anglais, il a pris le sens économique de “crise caractérisée par le fléchissement de la consommation, la chute des cours” (milieu du XXe s.), euphémisme pour crise.
Quant à savoir si la dépression météorologique provoque une dépression psychologique, c'est une autre question sur laquelle JB n'a qu'une opinion qui non seulement ne l'intéresse pas trop mais se base sur l'empirisme et la psychologie de comptoir.
Bref.
Fin de la looongue parenthèse.]
Car, donc, se réveillant, constatant qu'il pleut, se souvenant qu'ils ont annoncé de la pluie hier à la météo, JB a brusquement entendu la chanson In the Rain, dans sa reprise très soulful reggae par les Chosen Few du tube soul des Dramatics, ici interprété avec des violons dégoulinants typiques des années 70 ainsi qu'avec la flûte traversière - et, à ce sujet, au sujet de la flûte traversière, on en profite pour saluer G au passage, on lui dit bonjour, on lui souhaite une bonne journée, comme à vous tous, mes petits amis: une bonne journée sous la dépression météorologique, mais sans la dépression psychologique:
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