Bien sûr, ça fait drôlement ricaner JB qui, comme on le sait, est mauvais comme la gale. Il trouve qu'il y a une espèce de justice naturelle dans cette infestation parasitaire: les temples des prétendus 3B (bon goût, beauté et branchitude) sont envahis par des insectes qui non seulement sont répugnants mais qui de surcroît sucent le sang des humains qu'ils élisent. Et non seulement ça, mais des insectes qui dégagent une odeur pestilentielle quand on les écrase. Genre: la saloperie absolue qui, même morte, continue d'emmerder le monde. Et dans quel monde? Le monde de la mode. Merveilleux!
JB va regarder les informations yankees et tombe sur ce reportage croquignolet où la reporteuse propose comme accroche, avec une inattendue triple allitération en B: "You could have a bed bug in your bra!" = "Vous pourriez vous retrouver avec une punaise de lit dans votre combiné gaine soutif!"
On la voit ici nous servir sa mimique chafouine:
N'empêche, JB fait un peu mons le malin quand il songe à l'hypothèse d'une invasion de punaises dans son palais socialiste. Car JB n'a qu'une phobie: la punaise. Non pas la punaise de lit hématophage dite Cimex lectularius, mais sa cousine: celle qui porte le nom hypocritement joli de Palomena prasina. Verdâtre, elle débarque à la fin de l'été pour entrer dans les maisons. Elle vole en décrivant des cercles concentriques puis se laisse tomber, de préférence sur le crâne rendu glabre par l'efficace et conciliant rasoir à main de JB. Nullement paranoïaque, JB peut même attester de la conspiration des hétéroptères dirigée contre sa personne. Il paraît que les punaises ne visitent pas Berlin. Pourtant, chaque année depuis son installation dans l'est de la ville, une de ces saloperies vient s'égarer dans son palais socialiste. Là, il est tétanisé. Il voudrait appeler der Papa ou die Mama et leur demander d'enlever la laideur à élytres. Mais l'un comme l'autre habitent loin et JB est confronté à sa triste et sombre réalité quotidienne: sa solitude face au combat qu'il doit mener contre entre autres les punaises. Il doit prendre son courage à deux sinon quatre mains (et il en appelle alors non seulement à la tendresse de Michèle Torr mais aussi à la mansuétude protectrice de Vishnou), tente de juguler son exécration et de faire sortir la bestiole. Ça lui coûte. Il prend sur lui. Il fait ensuite d'horribles cauchemars durant lesquels il transpire et gémit dans son sommeil.
JB, entre-temps devenu spécialiste de la langue qui se parle et qui s'écrit, a retenu la leçon apprise pendant ses jeunes années adultes au sein de ce qui est devenu une amicale laïque, à savoir Act Up, laquelle leçon tempêtait: "Connaissez vos ennemis!" Il va donc vérifier l'étymologie du mot punaise dans le Robert historique de la langue française:
PUNAISE n.f., d'abord punoise (vers 1200), puis punaise (1256) est le féminin substantivé de l'adjectif punais, aise. Celui-ci, réfection de pudneis (vers 1138), puis punès (vers 1160) et pugnais, qui signifiait “puant, fétide”, s'employant comme terme d'injure à l'égard d'une personne détestée avec une valeur morale: il s'est employé jusqu'au XIXe siècle et même au XXe siècle (Barrès, Queneau) avec le sens spécial de “qui sent mauvais par le nez”, réactivant son sens étymologique. En effet, punais est issu d'un latin populaire °putinasius, proprement “qui pue”, composé de l'adjectif putidus “gâté, fétide” (-> putain) et de nasus (-> nez).
Minute, punaise papillon!
JB a besoin de deux minutes, là:
1) Il adore cette définition aussi prosaïque qu'antithétique et tordante (et c'est lui qui souligne):
(…) issu d'un latin populaire °putinasius, proprement “qui pue”
2) Le terme putain vient de qui pue? Ça alors…Il va quand même vérifier:
PUTAIN n.f. est l'ancien cas régime -ain (vers 1121) — du même type que nonnain, ancien cas régime de nonne — de l'ancien français put, pute, adjectif courant jusqu'au XVe siècle au sens de “puant, sale”, à côté de ordorde. Le mot est issu (1080) du latin putidus “pourri, gâté, puant, fétide” et, moralement, “qui sent l'affectation”, dérivé de putere “pourrir, se corrompre” (-> puer). Put, pute, proprement “puant”,a pris dès les premiers textes le sens figuré de “sale, mauvais, vil, odieur, méchant”, s'appliquant spécialement à une femme lascive, débauchée. (…)
◊ Putain, désignant une prostituée, d'où dame putain qualifiant une femme débauchée (1278), a pris vers le XVIe siècle une valeur triviale et insultante: Furetière rappelle en 1690 qu'il “a été un temps qu'il n'estoit point odieux” et ajoute que “la haine qu'on a contre ce nom l'a discrédité chez les honnestes gens” et qu'“il n'est plus en usage que chez le peuple, quand il veut dire une injure atroce”.
◊ Putain, désignant une prostituée, d'où dame putain qualifiant une femme débauchée (1278), a pris vers le XVIe siècle une valeur triviale et insultante: Furetière rappelle en 1690 qu'il “a été un temps qu'il n'estoit point odieux” et ajoute que “la haine qu'on a contre ce nom l'a discrédité chez les honnestes gens” et qu'“il n'est plus en usage que chez le peuple, quand il veut dire une injure atroce”.
JB a encore besoin de deux minutes:
1) JB est aux anges quand il lit un rapprochement linguistique, morphologique et sémantique entre la nonne et la pute.2) Il voit dans la définition ci-dessus l'illustration parfaite de ce qu'il a maintes fois nommé sur ce blog tatoué et fumeur le machisme sémantique. Il veut dire par là: forcément, seule une femme peut être lascive. Un homme n'a pas besoin de l'être, ou s'il l'est, tout est normal.
Mais JB revient à "ses" punaises et recopie la suite de la définition:
◊ Punaise désigne un petit insecte plat d'odeur infecte lorsqu'on l'écrase (…) Par allusion au ventre plat de la punaise et avec la valeur péjorative liée à l'origine du mot, il entre dans la locution figurée plat comme une punaise (1690) “lâche” et, par la suite, désigne une personne vile, méprisable (1836), après s'être dit en moyen français d'une prostituée. La même connotation péjorative se retrouve dans l'appellation familière punaise de sacristie “bigote” (1901). (…) ◊ Son emploi interjectif (attesté en 1947), d'usage populaire, semble régional, du sud-est de la France (souvent associé à funérailles!).
Et, pour la troisième fois, JB a besoin de deux minutes:1) JB s'émerveille de nouveau que la nonne et la putain se voient réunies par et dans le substantif punaise. Il trouve que c'est un juste retour des choses dans la vie sémantique et dans la vie entière, et a de ce fait une pensée émue pour le Marquis qui doit bien se poiler là où il est.
2) Punaise! en tant qu'interjection est un emploi aussi tardif que cela? Ça alors…
À cet égard, Wiktionnaire nous indique qu'il s'agit d'une a) expression d’étonnement, typiquement provençale ; b) forme édulcorée du juron “putain!”
Sinon, aucun des dictionnaires que possède JB ne considère d'un intérêt quelconque de s'attarder sur l'interjection. Bizarre…
Allez, mes petits amis, c'est l'heure de se quitter, en musique naturellement, avec une punaise bien sûr, mais une punaise dite d'amour, a love bug, titre de la chanson des Ethiopians (1970) et qui convient plus que jamais à l'insecte puisque les paroles disent: "Everywhere you go, I will follow. Just like a love bug in your life I'm gonna be."
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