Notre cher ami A. nous envoie la copie de la Symphonie n°10 de Gustav Mahler, "recomposée" par Matthew Herbert et publiée chez, excusez du peu, Deutsche Grammophon. Matthew Herbert, même si on écoute très peu de musique électronique, on le connaît. On sait qu'il a remixé pas mal de morceaux de Björk et on sait que c'est un des plus grands.
Mais on sait aussi que les travaux des DJ de musique électronique sur les pièces de musique classique sont loin d'être concluants. On se souvient du massacre de la Pavane pour une infante défunte de notre cheeer Maurice (Ravel) par William Orbit. Depuis, on avait juré qu'on ne nous y reprendrait plus, encore moins avec de la musique électronique qu'on n'écoute de toute façon plus - à part peut-être pour travailler de l'electronica hyper minimaliste (notre héros en la matière: le Canadien Plastikman ou le Norvégien Biosphere) ou alors de la musique dite électro-acoustique des années 50-60-70 (notre héros en la matière, le Norvégien Arne Nordheim ou bien sûr Philip Glass).
Bref.
Et là, la claque.
La véritable claque.
Une des grandes qualités de ce disque tient sans doute du choix opéré par le musicien anglais en matière d'orchestration. Ce choix tient en un mot: l'absence. Ou, pour être moins radical: la distance. Matthew Herbert se fait oublier. Il reste confiné en retrait et tempère ses interventions par quelques accords (souvent des boucles musicales ou des amplifications sonores) disséminés ici et là - faisant donc la part belle à l'orchestre et à la symphonie originelle et originale de Mahler. Sa présence n'en ressort que d'autant plus et c'est une des qualités de son parti pris musical: ne pas avoir essayer de réinterpréter Mahler à la sauce électro, mais d'avoir apporté une proposition symphonique, un ajout mélodique, une superposition mélodique.
Aussi, quand dans le Part 3, à la sixième minute très exactement, sa musique électronique s'impose sur l'orchestre philharmonique, l'assourdit complètement par le sample d'un accord d'orgue répété jusqu'à la folie, c'est là qu'on se prend la fameuse claque. Et non seulement ça: mais cette ligne musicale hystérique te hystérisée finit par s'estomper pour laisser place au hautbois qu'on avait abandonné juste avant, lequel disparaît à son tour pour céder la mélodie à l'accord prolongé d'un groupe de violons aériens, presque éthérés, soutenus par un léger bip électronique.
Et là on pense: wouah! On en vient presque à regretter que ces/ses interventions ne soient pas plus fréquentes, on en vient presque à déplorer que Matthew Herbert ait préféré une mise en sourdine certes avec une humilité qui est tout à son honneur mais qui, en définitive, ne met pas assez en valeur ses capacités symphoniques. Il fallait un petit bémol, c'est celui-là.
Allez, on l'écoute expliquer son travail.
Et on remercie tous A - vielen Dank, mein lieber A.
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