mardi 27 juillet 2010

Les tortilles

De bon matin et en plein mois de juillet, JB est encore en butte à un problème de cheveux. Il veut dire: un problème lexicographique de cheveux. Il traduit son "roman ivoirien" et l'un des personnages, Sam, Libérien, dixit si je traduis littéralement: "se tire les boucles". Mais est-ce le bon terme?
JB s'enfonce donc dans la jungle internénettienne pour être raccord avec la terminologie capillaire.

En ce moment, il est très lancé de dire pis que pendre sur Liliane Bettencourt. Les gens sont accro à la démantibulation bettencourtienne. C'est devenu une drogue. Moi je dis, comme le slogan des années 80: dis-leur merde aux dealers! Moi je dis: Stop! Pourquoi tant de haine?
Car grâce à Liliane et à son usine de produits de bôtê, JB en apprend non pas des vertes et des pas mûres mais des choses pas-sion-nantes qu'il ignorait to-ta-le-ment et qui feront qu'il sera couchera moins nigaud ce soir:


JB sait donc d'ores et déjà que Sam a des cheveux crépus. Il le note sur sa petite liste de mots à utiliser pour plus tard (puisque JB fait toujours des listes de mots dont il sait ou sent qu'il les utilisera dans la traduction du roman en question).
Si Sam a des cheveux crépus, comment s'appellent donc ces fameuses mèches enroulées? Des boucles? Des bouclettes? Des frisettes? Des frisottis?
C'est mignon, comme mot, frisottis.
Or non. Grâce cette fois à gougueule, JB découvre le pot aux roses: "Les frisottis sont les ennemis des coiffures sculptées." Argh! Enfer et putréfaction! Donc, adieu les frisottis. Et les frisettes alors? JB va vérifier sur le TLF et trouve ces très singulières définitions:


Ça veut dire qu'on se fait d'abord des frisettes, puis la causette, puis une amusette, puis la sucette et la trempette? Mais c'est porno! Beueueurk…
JB est confus et ne comprend plus rien…
Et JB ne comprend décidément rien car quand il tape cheveux crépus + boucles dans gougueule, il tombe quasi uniquement sur des sites consacrés au défrisage et au lissage des cheveux crépus. Et, dans son for intérieur, il se dit que ça en dit un peu long sur le regard jeté sur les cheveux de type afro-américain, sur les gens qui les portent et enfin sur le regard qu'eux-mêmes se portent. Enfin bon, JB divague sans doute et ne voudrait pousser mamie dans les les maïs (puisque: y a-t-il des orties en Côte d'Ivoire? JB en doute mais n'en est pas certain).

Mais JB s'égare une fois de plus.
Il s'égare mais il s'acharne. Dans gougueule, il tape: frises + boucles + cheveux crépus… et là… ta-dah… il trouve! Inch' Allah! crie-t-il dans son palais socialiste. Grâce à Eva, il sait que les cheveux de Sam sont des… des… tortilles! Des tortilles! (C'est pas un nom de gâteau, ça, au fait?? Bref.) Voyons Eva à l'œuvre. Non, finalement on va pas regarder Eva à l'œuvre car elle est bien gentille, la Eva, mais sa vidéo dure dix minutes et, pff… on n'a pas que ça à faire, hein. Mais Eva est ici pour celles et ceux qui veulent se faire des tortilles.
Néanmoins, comme un JB est un peu le Saint-Thomas de la lexicographie et ne croit que les mots qu'il voit, il va dans gougueule et tape cheveux crépus + tortilles, il obtient 2060 résultats, donc c'est bon, mais il apprend un drame, à savoir:


Oh, marde! La tuile! La tuile aux amandes grillées et calcinées!
Vêtu de son voile de crêpe pour témoigner son deuil, JB va faire une ultime vérification. Quel est le mot norvégien, déjà? Oui: skrukrøllene. C'est un mot que JB n'avait jamais croisé sur son parcours lexicographique de traducteur. Et pour cause! Que dit gougueule à JB?


Donc soit c'est une invention de l'auteur, soit c'est un terme hyper récent. Si JB décompose le mot, il constate sans peine que ce dernier est formé de deux syntagmes: skru, qui veut dire tourner et krøllene qui pour sa part signifie les boucles. C'est parfait pour les tortilles! Car hors contexte, et si on revient à la littérature, le mot tortilles paraîtra peut-être un peu trop technique. Mais en même temps, il est le terme qu'utilisent les personnes ayant des cheveux crépus. En conséquence de quoi, nos tortilles sont par-faites. Et la phrase initiale d'être au final:
Sam regarde par la fenêtre en tirant sur les tortilles de ses cheveux crépus.


En guise de conclusion, JB a découvert lors de ses divagations capillaires internénettiennes que Wikipédia consacrait une page aux cheveux rasés. En voici la copie:


Et il est assez content sinon satisfait de voir qu'on parle des cheveux rasés des skinheads de façon, comme disent les anglophones, non-discriminatoire. Et ça lui rappelle du même coup le morceau des Pioneers qu'il a déjà présenté X fois sur ce blog tatoué et fumeur, Reggae Fever, où ils chantent: "You can know a skinhead by the way he skins his head." Et, à chaque fois que le morceau est mis dans les nighters, au moment où on entend les claquements de main, tous les rude boys et les rude girls tapent des mains en cadence, clap! clap! tout en dansant et en chantant: "It's the fever! The regage fever!" Et là, dans ces moments-là, JB, qui lui aussi fait clap! clap!, lui aussi avec ses "braces and big boots", est le plus heureux des hommes.

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