dimanche 6 juin 2010

The minister

Ce pourrait presque être une musique du matin. Toujours est-il que le morceau ne me quitte mon crâne pas depuis quelques jours: Ease Up. Je l'avais déjà présenté en mars dernier. C'est un classique du revive. Interprété par les Bleechers, sorti en 1969 et produit par Lee Perry (et non Byron Lee comme indiqué), ce morceau est un petit bijou. Musical d'abord. C'est évidemment le second accord qui fait de la chanson un hit. Le second. Non pas le premier, à savoir les coups de batterie, mais ces notes entêtantes sur l'orgue Hammond qui côtoient les riffs de guitare sans mutuellement se concurrencer. C'est aussi un petit bijou d'écriture. Ease up rime de façon interne avec la supplique release me. La chanson raconte l'histoire d'un homme étouffé par une femme, qui n'en peut plus de leur relation: "You're making me a sufferer", lui dit-il.
Alors en quoi ce morceau est-il une musique du matin. À cause de cette phrase qui m'a toujours interloqué: "But I'm known as the minister of romance and love." Il faut entendre par minister le pasteur, le prédicateur, en bon français: le chantre. Quelle construction étrange: Le chantre de l'amour et du romantisme. Cette auto-désignation est-elle suffisamment singulière pour être modifiée?
J'en veux pour preuve la reprise, un an plus tard, toujours encadrée par Lee Perry et ses Upsetters du même morceau par un autre groupe intitulé The Inspirations, groupe et morceau que je ne connaissais. Hélas, la reprise n'est pas disponible sur toitube. Musicalement, on peut dire d'elle qu'elle sépare davantage l'orgue et la guitare et que la voix est plus haute mais aussi plus reggae, plus années 70 serait-on tenté de dire. Le chanteur est connu, qui n'est autre que Jimmy London. Et que chante-t-il, lui? Ça: "But as long as there's many girls / have romance and love again." Aha… Là, il s'agit très clairement de conquérir d'autres filles, il ne s'agit pas de savoir qui on est, en quoi on se distingue, ce qui fait la qualité d'un homme. On devient une machine à aimer, un gigolo, un queutard. Bon, après tout ça peut être un but dans la vie…
Bref.
Allez, on écoute les Bleechers nous chanter la claustrophobie de l'amour.

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