lundi 7 juin 2010

Majorette

Et JB vient d'apprendre un nouveau mot en norvégien. Un mot qui va opérer à sa vie un tournant radical, si ce n'est un tour à 180°, lui qui a piqué un fard d'enfer (la teu-hon!) en prenant conscience qu'il ne l'apprenait qu'aujourd'hui, lundi 6 mai (mais qu'est-ce qu'il vient foutre ici ce lapsus?!?) lundi 7 juin 2010, alors qu'il l'utilise en français tous les jours, sinon toutes les heures. Le mot en question est:
en drillpike
Késako?
une majorette
Une majorette! Je répète: Une ma-jo-rette!

Jusqu'à présent ça nous évoquait quoi les majorettes?
Immédiatement, les majorettes du photographe français Charles Fréger:

© Charles Fréger/éditions Léo Scheer

Puis en faisant des recherches (et JB, toujours aussi consciencieux, a dû se taper le visionnage de vidéos entières de majorettes en train de tournicoter à Nœux-les-Mines (véridique!), en Belgique, en Norvège, bref), JB est tombé sur ça:



On est le 9 décembre 1968 et, 364 jours avant la naissance de JB, Cloclo pousse la chansonnette à propos des majorettes. Et si ça, c'est pas de la prédestination pour la majorettitude de JB, ben je sais pas ce que c'est [on a vu récemment que la mode sémantique actuelle consiste en la formation de substantifs fabriqués à l'aide du suffixe -itude; donc mon majorettitude est tout à fait dans le vent!]. Car oui, il l'avoue: JB a toujours refoulé sa majorettitude comme certains refoulent leurs pulsions canivettistes par exemple (mais nan, bande de moules à gaufre!, ça n'a rien à voir avec les caniveaux!), ou comme d'autres dissimulent leur passion glacophile. De même qu'il pourrait chanter avec Jacques Dutronc "Toute ma vie j'ai rêvé d'être une hôtesse de l'air", JB pourrait entonner le refrain de Cloclo au sujet des majorettes: "C'est une armée qui me plaît."
Mais… minute, papillon! Une armée? Les majorettes? Les majorettes seraient des militaires?
Pas tout à fait mais presque.

Le terme majorette est un emprunt à l'américain (attesté en 1956) où, je cite le Robert historique de la langue française, "il existe depuis 1941 par ellipse de °drum-majorette, formation hybride correspondant au français tambour-major, avec un diminutif féminin." Ce que nous confirme avec d'autres dates le Online Etymology Dictionary:



Et notre tambour-major, alors? On apprend évidemment dans le Robert sus-cité des choses passionnantes, outre que le terme est apparu en 1651:
Major est lui-même substantivé (1672); dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et jusqu'au XXe siècle, il était appliqué à des infirmiers, des médecins et chirurgiens militaires (1756); par analogie, il a été repris dans l'argot de Saint-Cyr pour le candidat reçu dernier au concours d'entrée, appelé dérisoirement major de queue (1871), puis s'est appliqué normalement (1893) au candidat reçu premier dans toute grande école.
Jusque-là, JB est entièrement d'accord: il aurait voulu lui aussi être major de queue (raté, il est devenu P4) + les majorettes sont des auto-infirmières de l'ego. Ergo.

Plus sérieusement.
En norvégien, le substantif majorette se dit donc drillpike, un mot composé formé du substantif drill = exercice routinier et pike = fille(tte). Drill est un terme militaire emprunté lui aussi à l'anglais et signifie au départ le dressage et, par analogie, je le disais, l'exercice routinier et fastidieux. Mais en drill en norvégien, c'est aussi une perceuse et, par extension, en argot norvégien, la bite.

Plus de doute; la majorette est une militaire dans l'âme.
Mais ça consiste en quoi, être majorette? Là, c'est Wikipédia qui nous renseigne, et c'est un pur bonheur, notamment pour JB et sa majorettitude, cette définition:



"On trouve de nombreux garçons" parmi les majorettes? Mais alors il y a de l'espoir pour JB, même à son grand âge!
Question néanmoins: on les appelle comment les majorettes garçons? Parce que… on voudrait pas dire, mais s'il faut féminiser (et c'est bien normal) les professions jusque-là exclusivement masculinisées, alors il convient de faire l'inverse quand un homme s'empare d'un emploi ou d'une activité jusque-là pratiqués uniquement par des femmes. Est-ce qu'on dit un majoret? Un majorettin? La recherche sur gougueule s'avère… enfer et putréfaction: vaine. Mais on a trouvé une interview dans La Voix du Nord d'une présidente d'association de majorettes (en France, un nombre écrasant de majorettes résident dans le Nord/Pas-de-Calais - pourquoi? voilà une question taraudante!), et Claudine, c'est le petit nom de la présidente, répond ceci:



Moi je dis à Claudine, comme on disait autrefois à Act Up-Paris:
Merci pour votre combat.

Allez, ça suffit les majorettes. On se quitte sur elles, à savoir sur un film d'horreur yankee à donf des années 80, The Majorettes, une série Z, mais alors Zédissime dont voici la BO:

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